9 décembre 2019 – 7 janvier 2020 Martinique - Guadeloupe

9 décembre 2019 – 7 janvier 2020 Martinique - Guadeloupe

Posté par : Dominique
10 Février 2020 à 22h
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Lundi 9 décembre, au matin, nous quittons le mouillage de Sainte-Anne pour nous rendre à la zone de carénage du Marin. Nissos est rapidement et méthodiquement sorti de l’eau et installé sur ses bers pour cinq jours de travaux divers : grattage et nettoyage de la coque marquée par les « dents de chien » qui y ont très rapidement élu domicile dès le mois de juillet, et nouvelle peinture ;

changement du « presse-étoupe » ou plus exactement, du joint tournant, qui avait chauffé à notre départ de Grenade, l’eau de mer ayant séché à l’intérieur ; révision annuelle du propulseur et reprise d’une pièce qui relie plusieurs collecteurs de diamètres différents (évacuation de l’eau du puits aux chaînes, évacuation de la salle de bains avant, connectés au tuyau d’évacuation vers le puisard des eaux grises).

Bénéficiant de la proximité de l’aire de carénage, de la zone artisanale Archimer, (accessible également en annexe, en longeant la mangrove, puis en suivant le cours de la rivière Manuel, petite balade dans le calme et le silence), nous avons acheté un panneau solaire souple de 120 watts, tiré les câbles de connexion jusqu’au régulateur ; nous avons ainsi amélioré notre capacité à charger les batteries pour les garder opérationnelles, lors d’un séjour prolongé au mouillage, le panneau souple étant installé sur la bôme d’artimon.

Nous avions programmé de faire changer la bague hydrolube, qui assure la bonne rotation de l’arbre d’hélice dans le passage à travers la coque, mais cela n’a pas été nécessaire.

En revanche, les techniciens d’Amel ont pu constater la fermeture incomplète du volet du propulseur dans la coque, sous l’étrave, ce qui n’est pas optimum pour la vélocité du bateau. Après examen de l’ensemble de l’installation, ils ont pu retirer un écrou dans la fixation supérieure du moteur et gagner ainsi quelques millimètres permettant une meilleure fermeture du volet lors de la remontée du propulseur. Ces ajustements ont aussi permis d’améliorer la compression des joints néoprènes aidant à l’étanchéité du dispositif et la mise en place de la goupille de sécurité (évitant une descente du propulseur sous les coups de boutoir des vagues).

C’est donc un Nissos à la coque lisse et bien peinte (deux couches plus une troisième sur la ligne de flottaison) qui retrouve l’eau vendredi 13 décembre, en fin de matinée, après de longues heures d’attente pour prendre son tour sous la grue. Le mécanicien a organisé sa matinée de travail pour venir s’assurer que le joint tournant remplit bien son office, une fois le bateau à l’eau et le moteur en route. Une fois libéré de ses sangles, Nissos peut glisser jusqu’au mouillage de Sainte Anne.

Nous terminons cette première année de navigation aux Antilles en appréciant la douceur de vivre de La Martinique ; mouillage à Sainte Anne, avec du vent et donc des journées de repos et surveillance du mouillage, et aussi plaisir de son petit marché de Noël ; une petite navigation jusqu’à la Grande Anse d’Arlet et retour quand le vent se calme, pour tester et apprécier les nouvelles performances du bateau : tout en continuant à apprécier les paysages de la côte : Sainte Luce, Trois-Rivières et leurs champs de canne à sucre, et cette espèce de col alpin qui plonge en mer Caraïbe, en face du Rocher du Diamant ; enfin nous prenons un poste à quai au Marin le 23 décembre en fin de matinée.

Pendant ce temps, nous partageons des moments d’amitié avec Hervé et Claudie (sur « Happy ») et Joëlle et Philippe (sur « VoileOvent »), rencontrons Marc (sur « Nééma ») qui vient d’achever sa transat. Nous prenons le temps de préparer notre réveillon de Noël que nous passerons sur « Happy » avec Joëlle et Philippe, nous plongeant dans l’intense activité des centres commerciaux. Claudie et Hervé, pour leur deuxième réveillon, savent où s’approvisionner, notamment en langoustes. Il nous a fallu organiser le transport de spécimen de deux kilos chacune dans le coffre déjà bien plein de la voiture !

Le temps a l’air clément et nous ne devrions pas être ennuyés par des grains. Claudie et Hervé ont préparé un cockpit de fête avec une table superbement décorée, tandis que Joëlle et Philippe ont décoré leur annexe d’une guirlande multicolore. Une belle soirée d’amitié et de convivialité, accompagnée par les chants traditionnels de Noël adaptés en Créole, façon Zouk…

Le lendemain, le lever de soleil sur le Marin était à l’image de la fête de La Nativité : la paix emplissait le paysage, éclairé par le soleil levant, l’église se reflétant sur le plan d’eau.

 

 

La fin du mois de décembre s’est écoulée paisiblement au Marin, entre divers travaux d’entretien du bateau (nettoyer le puisard à eaux grises, changer le tuyau de gaz, réviser le moteur hors-bord…), divers dossiers administratifs (même en mer, ou au loin, ils nous rattrapent toujours !), et de nombreux moments de convivialité. Nous avons ainsi pu prendre un peu de temps avec Jérémie, qui avait traversé peu après nous l’année dernière, et que nous avions aperçu plusieurs fois lors de la remontée vers La Martinique, à bord du catamaran qu’il « skippait ».

Le lundi 30 décembre, les travaux ayant bien avancé, nous décidons d’écourter notre séjour à la marina, et de partir faire un premier tour de découverte vers le nord, et ce d’autant plus que la météo est très favorable.

Le 31, après les formalités d’usage, nous appareillons, et partons en direction de Saint Pierre, l’ancienne capitale de La Martinique. La mer est calme, le vent nous pousse, nous longeons la côte, parfois au moteur, reconnaissant depuis la mer ce littoral parcouru plusieurs fois en voiture. En fin de journée, nous mouillons au sud immédiat de la ville, dans l’Anse Turin ; nous sommes seuls sur ce mouillage, quelques autres voiliers sont devant la ville, des familles se baignent sur la plage, des enfants jouent dans le sable. Le soleil couchant éclaire Saint Pierre et sa cathédrale, tandis qu’au-dessus, les champs de lave, verdoyants montent jusqu’à la Montagne Pelée qui se dégage petit à petit de ses nuages.

Après la convivialité de ces derniers jours, nous sommes heureux de passer ce réveillon en amoureux et de repartir naviguer à deux.

Au petit matin de la nouvelle année, La Montagne Pelée se dévoile sans un nuage dans le contrejour du soleil levant.

C’est une navigation agréable, comme on en rêve, qui nous conduit jusqu’à Portsmouth, au nord de La Dominique. Le canal entre Martinique et Dominique, d’ordinaire difficile, se passe bien, par 15 nœuds de vent au travers, dans peu de houle. Puis nous longeons, au moteur, la côte caraïbe de cette île que nous découvrons, essayant de retenir quelques noms de pointes ou de baies, avant une escale de découverte, en janvier. Nous nous arrêtons pour la nuit dans Prince Ruppert Bay, vaste anse au nord de l’île, occupée par Portsmouth, l’ancienne capitale, protégée au sud par la Pointe Ronde (plateau qui s’avance dans la mer, de forme arrondie), et au nord par la pointe formée par deux mornes Ouest et Est Cabrit.

Nous découvrons une anse calme, avec un mouillage organisé sur bouées, dans sa partie nord ; les bateaux sont nombreux au mouillage, mais l’atmosphère est calme : les enfants jouent dans l’eau autour des bateaux sans risques, les barques des « boat boys » passent à petite vitesse, et certains utilisent même les rames de leurs annexes.

Nous sentons bien que cette île mérite que nous y arrêtions plus longuement et c’est ce que nous comptons faire à partir du 7 janvier, avec « Happy » qui doit nous rejoindre depuis La Martinique.

Mais pour l’instant, nous allons directement en Guadeloupe, aussi dès le lendemain, 2 janvier, nous appareillons, au lever du jour. Une fois encore le spectacle du lever de soleil est magnifique : des nuages semblent en feu au-dessus de la partie sud de la baie et dans les vallons derrière Portsmouth, le soleil levant embrase les dernières ombres de la nuit.

Devant nous, au nord, les îles des Saintes paraissent à portée de main, éclairées elles-aussi par le soleil levant.

C’est encore une belle journée de navigation, au près bon plein, avec un vent allant de 10 à 20 nœuds, dans un canal, au nord de La Dominique, pas trop houleux. Tout autour de nous, les terres de Dominique, Marie-Galante, des Saintes ou de Basse-Terre sont sous des grains, mais nous les évitons. A l’ouest, sur Basse-Terre, la diffraction de la lumière à travers le rideau de pluie le teinte de toute la palette des couleurs de l’arc-en-ciel.

Basse-Terre apparaît très verte et de vastes champs façonnent le paysage au-dessus des quelques falaises rouges, jusque sur les pentes de La Soufrière.

Nous poursuivons notre route jusque dans la Baie de Pointe-à-Pitre, délaissant le mouillage sous l’îlet Gosier qui nous paraît bien plein, et empruntant le chenal d’entrée dans la baie, nous mouillons au nord de l’îlet à Cochons. Profitant d’une légère accalmie, nous allons en annexe jusqu’à la Marina Bas-du-Fort, pour les formalités d’entrée et repérons ainsi ses abords, puisque nous avons réservé une place du 4 au 7 janvier.

Le mouillage est agréable et surprenant : l’îlet à Cochons paraît sauvage, et derrière nous, au nord, se trouve le quai des porte-conteneurs. Nous entendons ainsi le ronronnement de l’activité portuaire sans que le bruit soit trop pénible. A l’ouest de cette partie de la baie, des cayes et des bancs se découvrent à marée basse, devenant le rendez-vous des jeunes dans un va-et-vient assez bruyant de petites vedettes rapides et de jet-ski. Au soleil couchant le site est plein de charme ! Malheureusement, le vent assez soutenu d’est-sud-est, ne nous laisse pas l’opportunité d’une exploration en annexe de l’îlet et de ses cayes.

Notre séjour à la marina Bas-Du-Fort est marqué par la qualité de l’accueil que nous avons reçu. Des avis sur les blogs et guides signalaient une eau stagnante et malodorante ; il est vrai que les fortes pluies survenues durant notre séjour ont favorisé par moments, des effluves d’égouts, mais ce n’est pas le seul port que nous connaissons qui présente cet inconvénient, et à Marseille comme à Pointe-à-Pitre, l’évacuation de grosses quantités d’eau dues aux fortes précipitations reste problématique…

Entre deux averses, nous sommes partis découvrir Pointe-à-Pitre ; la sous-préfecture de La Guadeloupe n’est qu’à deux kilomètres de la marina ; mais nous avons été surpris par la pauvreté ou l’impression d’abandon qui se dégageait des quartiers que nous avons traversés pour rejoindre le centre-ville. Après le Crous et la Cité Universitaire, puis le Carénage, nous sommes passés à travers des cités qui dégageaient une impression de désœuvrement assez pénible, ou dans des rues aux anciens habitats plus ou moins abandonnés. La rue Raspail qui est le plus court chemin entre la marina et le centre-ville est très populaire et les femmes aux accents hispanophones assises face aux quelques bars, ne laissent aucun doute sur l’activité de cette rue ! Sur une vieille case, à un carrefour, une fenêtre a été rénovée, mais on a laissé pendre les anciens volets à claire-voie à moitié détruits !

De nombreuses façades, ou barricades en tôles sont peintes apportant un peu de gaieté à ce paysage que nous avons découvert par temps gris.

 

Le centre-ville de Pointe-à-Pitre nous a paru assez triste également, mais nous avons commis l’erreur de le visiter un samedi après-midi, où tout est fermé ! La place de la Victoire s’ouvrant sur La Darse était vide, quelques marchands ambulants pliaient leur étal ; le théâtre qui menace ruine est tout étayé et des palissades marquent un vaste périmètre de sécurité. La statue du général Félix Eboué est bien seule !

Quelques belles anciennes demeures créoles ou coloniales embellissent la place ou les rues voisines. Construites sur un soubassement en pierres, elles ont un étage en bois ou en briques, avec un balcon (en bois ou avec une colonnade en fer) qui court tout autour de la façade, et le dernier niveau sous la toiture est aéré par des « chiens-assis » qui permettent une bonne ventilation de la maison.

 

La « cathédrale », église Saint-Pierre et Saint-Paul, ouvrait ses portes à notre arrivée et nous avons pu admirer son architecture métallique qui n’est pas sans rappeler celle de la cathédrale de Castries (sur l’île Sainte-Lucie), mais sans en avoir la riche décoration…

Coupant au plus court pour rallier le centre-ville depuis la marina, nous n’avons pas exploré le bord de mer et son immense Mémorial ACTe, « Centre caribéen d’Expressions et de Mémoire de la Traite et de l’Esclavage ». Sa longue façade en « moucharabié » et au toit ondulant s’étire le long de la baie de Pointe-à-Pitre et était bien visible depuis notre mouillage. Certains soirs, à la tombée de la nuit, tambours et chants rythmaient la soirée.

Nous n’avons fait qu’un court passage à Pointe-à-Pitre, cherchant à éviter la pluie. Il nous faudra prendre le temps d’y revenir, sous le soleil.

Outre une première découverte de certains aspects de La Guadeloupe, le but de notre bref passage était de récupérer notre pile à combustible qui était chez le réparateur depuis le mois de mai… Après avoir acquitté notre facture, nous avons replacé pile et bidons de combustible en espérant avoir retrouvé un matériel efficient pour fournir de l’énergie, en complément des panneaux solaires, pour les jours de pluie… Le réparateur nous a certifié avoir réussi à la refaire fonctionner.

La météo se gâte, une grosse dépression s’annonce au nord avec des répercussions dans notre zone (alerte grosses vagues dans les canaux). Nous partons le 7 janvier au plus tôt pour rejoindre « Happy » et « Nééma » qui sont déjà arrivés dans Prince Ruppert Bay, en Dominique. La descente du canal Guadeloupe – Dominique se fera dans des conditions bien différentes de la remontée : le vent est tendance est-sud-est, entre 20 et 25 nœuds avec des rafales à 35 nœuds, et la houle commence à enfler rendant la mer forte. Le bateau est bien équilibré avec ses trois ris dans le génois et un ris dans la grand-voile, et file 6,7, voire 8 nœuds au près, et passe bien la houle.

Le carénage, l’ajustement du volet du propulseur et les voiles neuves ont bien amélioré les performances de Nissos et ces jours de navigations parfois calmes parfois plus « sportives » dans ces paysages magnifiques entre Guadeloupe et Dominique restent de grands moments de bonheur.

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