Croatie – Monténégro 7 – 15 Août.

Notre périple Dubrovnik – Dubrovnik nous a donc fait découvrir les îles croates. Notre moteur, après les travaux opérés semble marcher normalement, mais nous le ménageons et le surveillons de près !
L’avant-dernier jour de ce périple, le 7 Août, le vent nous a fait quitter tôt le matin notre mouillage et naviguer au près, arisés, par 25 à 30 nœuds de Nord – Nord – Est, pour rejoindre l’île de Lopud, le long des îles de Mjlet, Jakljan. Les panoramas sur ces îles boisées accompagnaient bien la navigation ardue. La bordure de notre grand-voile soumise à rude épreuve s’est déchirée et c’est sous artimon et génois, largement suffisants pour propulser le bateau que nous avons continué. A 9 heures, après 4 heures 30 de navigation au près puis au travers, le vent est tombé et nous avons terminé au moteur notre navigation de ce jour. Arrivés à notre mouillage de Lopud, où Hédonist devait nous rejoindre, nous avons pris contact avec un artisan voilier, de manière à ce qu’il puisse réparer la grand-voile durant notre deuxième escale à la marina Dubrovnik. Nous avons goûté au repos d’une journée au mouillage et avons admiré les couleurs changeantes du ciel.
Le calme au matin du mardi 8 Août a permis de dégréer la grand-voile et de la plier de manière à ce qu’elle soit prête à laisser au voilier dès notre arrivée à la marina, à 10h15. Celui-ci ne peut pas faire toute la réparation en une seule journée ; il nous la livre réparée jeudi 10 à 19 h 30, et nous la gréons immédiatement, satisfaits du travail accompli. Nous avons différé notre départ au vendredi 11 Août, au petit matin, pour rejoindre Hédonist qui nous attend à Cavtat afin d’effectuer les formalités de sortie du territoire croate. Cela nous permettra de naviguer devant Dubrovnik éclairé par les premières lueurs de la journée.
Pendant cette escale à la Marina, nous avons visité Dubrovnik, effectué un certain nombre de menus travaux d’entretien : nettoyage des inox, réparation de la première marche de l’échelle de bain… ; les équipages se sont renouvelés ; et après les amis, nous avons accueilli nos enfants : Blandine et son mari Grégory.
Nous gardons un bon souvenir de notre séjour croate, par la qualité des paysages que nous avons vus, des sites que nous avons visités, et agréablement surpris par l’accueil et la gentillesse souvent rencontrés. On nous avait parlé de la froideur des Croates, et bien sûr nous avons été confrontés à l’apparent manque d’amabilité de certaines personnes, mais cela n’a pas été une généralité, loin s’en faut !
Pour la suite de notre navigation, nous avons choisi de descendre au Monténégro tout proche de manière à visiter les Bouches de Kotor. Il s’agit d’un vaste golfe constitué de trois bassins reliés par des passages étroits entre les montagnes qui tombent de manière abrupte dans la mer, parfois hautes de plus de 1000m.
Après les formalités de sortie de Croatie, nous naviguons tantôt à la voile, tantôt au moteur, tantôt avec les deux, de manière à atteindre l’entrée du Monténégro et effectuer les formalités d’entrée dans ce territoire vers 16 h 30. L’entrée dans le premier golfe est encadrée de forts, montrant bien les tensions qui ont toujours existé dans cette région.
L’accès au quai des formalités n’a pas été simple, et après un premier accostage sur un quai industriel dont nous avons été refoulés, nous avons enfin abordé au quai réservé aux plaisanciers. Mais l’accueil a été pénible pour nos skippers, sous le soleil ardent, interdits d’entrée dans la guérite climatisée des policiers, peu aimables et ne parlant pas anglais…
Nous oublierons vite ces désagréments en reprenant notre navigation dans le premier goulet pour rejoindre le deuxième bassin, dans les couleurs du soleil du soir. Le spectacle des pentes boisées est terni par les fumerolles des incendies qui couvent depuis plusieurs semaines sur ces pentes. Nous ne verrons pas un seul canadair ou hélicoptère bombardier pour lutter contre ces feux…
Nous mouillons au Sud de l’île Stradioti (aussi appelée Sveti Marko), dans une anse boisée, où se devinent les paillotes d’un ancien centre de vacances. Pour l’atteindre, nous avons contourné un îlot sur lequel se dresse un monastère, apportant un calme particulier à ce lieu.
Samedi 12 Août, nous quittons ce lieu paisible et rejoignons le second passage qui nous mènera dans le golfe de Kotor.
Le goulet d’accès à ce troisième et dernier bassin est particulièrement étroit et les traversées incessantes des bacs qui permettent le passage d’une rive à l’autre nécessitent une attention de tous les instants, en plus de la découverte des lieux.
Au débouché de ce passage, nous nous trouvons face aux îlots St Georges (l’île des morts, avec son cimetière entouré de cyprès) et Gospa od Škrpjela (Notre Dame des Rochers). Cette dernière île a été construite de toute pièce par les habitants du village en face sur la côte, avec des rochers ou des épaves, selon les versions. Nous comptons bien tenter de mouiller l’ancre sur les quelques mètres carrés où les fonds sont annoncés pas trop profonds, mais une première tentative n’a pas été probante et les bateaux de promenade sont fort nombreux !
Nous abandonnons la partie pour cette heure de la journée, et allons dans l’anse à l’Ouest de ces îlots pour le déjeuner : Donji Morinj. Sommes-nous au bord d’un lac de montagne ou en pleine mer méditerranée ?
Des courants d’eau particulièrement froide parcourent l’anse, et le vent nous fait surveiller de près notre mouillage. Ce même vent nous fait tenter un petit bord de voile pour rejoindre les îlots puis Kotor au Sud Est. Les caprices du vent tombant des montagnes nous environnant nous font vite abandonner la partie tant il est instable.
Lors de notre deuxième passage, Yannskipper et propriétairer d’Hédonist propose une visite de l’île de Notre Dame des Rochers que nous rejoindrons en annexe ! Aussitôt dit, aussitôt fait, elle est à l’eau. Yann et Elise y prennent place et viennent chercher Clotilde sur Nissos. Le vent qui s’est bien levé, fait dériver l’annexe sur l’îlot, pendant que les deux voiliers tournent autour en attendant. L’église est de toute beauté, montrant la dévotion des marins pour la Vierge, par le nombre d’ex-voto en argent, et la richesse des décorations.
Un rapide tour de l’îlot à pied pour admirer le site, et les explorateurs rejoignent leur bord respectif en ramant et en se laissant porter par le vent.
De là, nous partons vers Kotor dans le Kotorski Zaliv (Golfe de Kotor). Nous naviguons dans un fjord, entourés de hautes montagnes, avec quelques hameaux, sur les berges un peu plus hospitalières, offrant quelques quais ou pontons pour les bateaux. Au fond, Kotor, est une ville au ras de l’eau entourée de remparts qui ensuite montent le long d’une proéminence entre deux gorges, jusqu’à un fort veillant sur la cité.
Il n’y a pas de place pour nous dans la marina qui accueille une flottille (bateaux de location naviguant groupés pour rassurer les locataires les moins expérimentés), et nous mouillons au fond du golfe. Blandine et Grégory partent en reconnaissance dans la ville et reviennent avec un plan, et des informations diverses pour organiser nos moments de visite.
Malheureusement, dans la nuit des orages alentours et des vents catabatiques nous font déraper, et nous levons l’ancre, sans réussir à nous remouiller correctement. Nous décidons de tourner dans le golfe de Kotor en espérant une accalmie ; mais les rafales atteignent les 40 nœuds. Nous ne sommes pas le seul voilier à tourner ainsi dans ce golfe étroit et nous nous surveillons les uns les autres pour éviter une collision. Vers 5 heures du matin, après une nouvelle tentative vaine de mouiller, nous décidons de nous amarrer sur le quai des paquebots, comme d’autres l’ont fait avant nous. Après quatre heures passées à parcourir une dizaine de milles dans le golfe, nous nous offrons trois bonnes heures de vrai sommeil réparateur. A 8 heures, nous sommes poliment réveillés par le personnel du port qui nous annonce l’arrivée imminente d’un paquebot et qui nous demande donc de libérer la place. Nous regagnons le mouillage, près d’Hédonist qui avait réussi à remouiller dans la nuit, et voyons arriver tout d’abord un grand voilier de croisière qui mouille dans l’avant-port et ensuite le paquebot qui vient se mettre à quai. Rapidement les passagers débarquent pour visiter, il y a beaucoup de monde en ville ce jour-là !
Notre matinée de ce dimanche 13 Août se passe à surveiller notre mouillage jusqu’à ce que Blandine et Grégory qui étaient allés faire quelques courses en ville, reviennent nous annonçant que les voiliers de la flottille quittent leur place définitivement ; nous décidons donc de nous présenter et de prendre une place sans attendre une éventuelle autorisation à la VHF, car il faut récupérer du manque de sommeil de la nuit précédente.
En effet, ce n’est pas dans nos habitudes de nous installer sans autorisation sur une panne, mais la veille, à la VHF, il nous avait été répondu qu’il y avait des places et au moment d’approcher de la panne, une personne, sur la panne vide, avec force gestes nous faisait signe que nous pouvions nous amarrer ! Nous avons compris ensuite qu’elle attendait la flottille que nous avons vu arriver le soir tard. La personne, qui la veille nous refusait l’accès et qui s’avère gérer les places, nous fait signe qu’il y a de la place et nous accueille tout de suite ; le fonctionnement de la marina est surprenant : pas de passage dans un bureau pour remplir de papiers, un vague reçu avec un cahier à souches, directement sur la panne, des sanitaires ou plutôt des douches au fond d’une impasse entre les remparts et le centre culturel, avec si peu de lumière qu’il faut laisser la porte sur la ruelle ouverte ! Néanmoins, cela nous permettra de visiter Kotor, (les plus courageux monteront au sommet des remparts) et d’avoir une bonne nuit de récupération après ces émotions.
La ville de Kotor toute en pierre elle aussi, est formée de ruelles et places sans plan défini, au détour desquelles on découvre des façades sculptées, des églises et chapelles avec des fresques paléochrétiennes, d’autres plus récentes.
Les pavements des sols sont lustrés ici aussi par les passages.
Après cette expérience de navigation dans le Golfe de Kotor, nous décidons de rejoindre le littoral et de poursuivre notre descente vers le Sud du Monténégro. Nous appareillons lundi 14 Août après les derniers approvisionnements, et parcourons à nouveau les golfes successifs et les détroits, jusqu’à la pleine mer croisant un premier paquebot de croisière au mouillage, puis un deuxième qui sort du détroit de Verige, puis un troisième dans l’autre détroit… bref l’endroit est très fréquenté !
La suite de la côte reste belle alternant les falaises, les grottes, et les pentes boisées, puis les montagnes arides au-dessus, et parfois quelques constructions qui la défigurent. L’urbanisme harmonieux n’est pas vraiment de mise ici. Enfin le vent du large nous pousse et nous pouvons hisser le spi pour quelques heures.
Nous atteignons un mouillage très joli au Sud de Budva : Sveti Stefan, sous une presqu’île reliée à la terre par un isthme sablonneux.
Malheureusement, la zone de baignade est plus grande que celle annoncée sur nos guides et le mouillage devient intenable, ouvert à la houle. Nous remontons vers Budva et mouillons devant une grande plage, à l’est de la pointe Zavalla, sur du sable, dans une eau claire et pouvons envisager une nuit calme.
Mardi 15 Août, nous appareillons dès 7 heures, car nous devons atteindre Bar, plus au Sud, dans la matinée, pour permettre à Blandine et Grégory de prendre un bus qui les ramènera à Dubrovnik.
Cela leur laissera un peu de temps pour visiter la ville avant de prendre leur avion mercredi, pour rentrer en France. Pour nous ce sera l’occasion de faire les formalités de sortie du territoire monténégrin. Un ferry est en train de débarquer ses passagers italiens et il a fallu insister auprès des policiers pour qu’ils acceptent d’effectuer les formalités nous concernant sans attendre la fin du débarquement !
Espérons que l’arrivée en Grèce prévue pour jeudi, soit moins compliquée…
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