Bequia
A Bequia nous attendent 2 missions : faire une housse de protection à Djanguette (Cloclo avait ses Clodettes, Django a sa Djanguette....) affaire rondement menée : rapide (24 heures) et plus qu'efficace Grenadines Sails a plus que bien habillé Djanguette pour un tarif très peu dispendieux (ainsi que le diraient nos amis québécois).
La deuxième mission et sans doute la plus importante à mes yeux car si longtemps attendue: aller rendre visite au sanctuaire des tortues géré par Orton "Brother" King. J'avais vu une émission Thalassa sur ce sanctuaire il y a quelques années et depuis j'attendais.... Patience et longueur de temps faisant plus que force et rage, j'y ai donc passé l'après midi.
Après avoir longtemps été pêcheur de tortues, Orton a eu un déclic avec l'arrivée du plastique dans nos vies. Avec le plastique plus besoin d'écailles de tortues pour fabriquer notamment les montures de lunettes... Orton se rend compte que la population de tortues a largement diminué. Il faut dire que dans cette région la tortue est chassée pour ses écailles, pour sa chair que l'on déguste avec plaisir, sans culpabilité aucune, ainsi qu'on le fait avec leurs œufs....
Orton rentre en résistance sans aide financière aucune il y a 19 ans. Depuis il a redonné à la mer 960 tortues Hawksbill adultes.
Il faut savoir que les tortues de cette région ont une chance sur 3000 d'arriver à l'âge adulte. Avec Orton elles ont 1 chance sur 10!! Comment?
Il récupère les bébés à l'éclosion (en ayant pris soin de surveiller et protéger les œufs ensablés) et les "élève" pendant 6 ans, âge auquel il pense les tortues suffisamment "grandes" pour s'auto gérer et braver les dangers de la mer dont le premier des prédateurs reste l'homme .
Pendant ces 6 années elles passent de bassin en bassin selon leur taille. Il faut savoir qu'elles sont naturellement solitaires et donc que la vie en communauté ne se passe pas sans bagarre, morsure et autres "vacheries". Mais Orton et son équipe veillent.
D'ailleurs, certaines tortues adoptent une position de repos qu'elles n'ont jamais en mer:
En attendant le grand départ:
En attendant le grand départ elles sont nourries de sardines. J'ai donc demandé à Orton si le retour à la vie sauvage posait un problème. Non dit il, lors de la remise à la mer, en bon plongeur qu'il n'a jamais cessé d'être il les accompagne et la première chose qu'elles font: se nourrir. Sachant que pendant leur vie au sanctuaire elles n'ont pas de rapport très proches avec l'homme, il semblerait que 6 ans de captivité pour ces demoiselles qui vivront (si tout va bien) 200 ans, n'ait aucune conséquence sur leur comportement.
Une seule résidente ne retournera pas à la vie "sauvage". Elle est née trop large, trop courte, trop épaisse. En un mot il lui est impossible de nager correctement. Elles serait une proie beaucoup trop facile pour les filets des pêcheurs...
Elle attend juste un bassin plus grand. Comme le toit du sanctuaire attend d'être remplacé. Mais Orton ne bénéficie d'aucune aide, d'aucune subvention. Il ne survit qu'avec le prix du billet d'entrée payé par les visiteurs soit 15$EC (moins de 5€). Certains touristes refusent même de payer!! Volent quelques photos et repartent sans un sourire, sans un merci. Alors je compte sur vous, sur nous, plaisanciers qui avons tant de plaisir à voir des tortues au mouillage, en nav, pour payer non seulement les 15 EC mais pour faire une donation lors de votre visite au sanctuaire des tortues. Un incontournable pendant votre séjour à Bequia.
Bequia mérite de toute façon un arrêt de plusieurs jours. La population y est très accueillante et plus qu'honnête. Je m'explique: Patrick a perdu une VHF portable entre le ponton à dinghies et la station essence. Quelques heures après, je refais le chemin en demandant à droite et à gauche si quelqu'un l'aurait vu. Vous vous en doutez: personne - rien. Pourtant le lendemain, un monsieur m'aborde pour me demander si c'est bien moi qui ai perdu la VHF; oui; elle a été rapportée au poste de police: elle nous y attend! Comme quoi.... Cette même journée, par 2 fois on me dira être content pour nous d'avoir retrouvé notre VHF.... c'est devenu non pas une affaire d'état (St Vincent et les Grenadines ont beau avoir drapeau commun, ils ne se reconnaissent pas) mais une affaire d'île!
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