LES JOIES DU REARMEMENT

LES JOIES DU REARMEMENT

Posté par : Jean-Louis
23 Mai 2012 à 15h
Dernière mise à jour 31 Décembre 2014 à 14h
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Bonjour à Tous !

Voilà, c’est terminé,  ou presque. Maintenant que j’ai du temps qui n’est plus compté, j’ai pensé que ce pourrait être  instructif de faire connaître les joies du réarmement à ceux qui ne savent pas. Quant à ceux qui savent, ils devraient se reconnaître et peut être lire ces quelques lignes avec un sourire au coin des lèvres, bien installés dans leur fauteuil. Attention, il s’agit d’un réarmement tout ce qu’il y a de plus normal. Je n’ai pas la prétention d’égaler le récit des galères de « Marie Soizic », que ce soit dans le style, ou dans le contenu. 

40 pieds, c’est petit sur l’eau, mais c’est déjà un gros morceau, pensez y quand vous choisissez la taille de votre bateau. Pour donner une petite idée, la quantité de travail croît au moins comme le carré de la longueur. Donc, si vous n’avez pas la fortune pour entretenir un équipage pour faire le travail à votre place, à bon entendeur…


 

D’abord, l’arrivée à Marmaris s’est faite de nuit. Bien sûr, j’avais demandé qu’on m’installe une échelle pour accéder au bateau, et bien sûr on m’avait dit OK. Toujours est-il qu’en arrivant, d’abord j’ai mis près d’une demi-heure pour trouver le bateau qui avait été déplacé, et ensuite il n’y avait pas d’échelle, évidemment.  Je me suis donc dirigé vers le poste de garde pour renouveler ma demande. C’est ainsi qu’un bon quart d’heure après j’ai vu arriver un préposé sur sa voiturette électrique avec à bord une échelle acier 100%, fabrication maison, environ 50 kg (Ils sont ainsi assurés qu’on ne leur volera pas). J’ai donc enfin pu monter à bord.  Première opération, tourner les interrupteurs des batteries, et la lumière fut…j’avais laissé les panneaux solaires en service, les batteries sont « plein pot », donc tout va bien. Maintenant duvet et dodo…

Maintenant, J’ai 5 jours devant moi pour préparer tranquillement le bateau avant la mise à l’eau. J’ai établi la liste des travaux que j’évalue à une cinquantaine d’heures, et je suis seul, donc il ne va pas falloir chômer. Je suis seul mais je ne le regrette pas. Les conditions de vie à bord d’un bateau au sec ne sont pas idéales. Gérer en plus les complaintes de quelqu’un à qui ça ne conviendrait pas serait un peu compliqué sauf à avoir le partenaire qui soit vraiment partie prenante,   mais ça, c’est une autre histoire…En plus de la pénibilité des opérations dans la chaleur, il n’y a aucune commodité à bord. Néanmoins le chantier est très bien équipé : sanitaires, cantine, restaurant, shipchandler, entreprises et même fitness center, piscine, bar, superette etc…

En me réveillant, je constate qu’il y a du café à bord et des petits gâteaux. Il n’y a plus qu’à mettre le gaz en service et à brancher un flexible pour l’eau, ce qui fût fait aussitôt.

Je constate quand même en mettant le nez dehors que le bateau est très sale. Après un bon petit déjeuner et une bonne douche, je suis prêt à me mettre au travail.

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-        -            Nettoyage du pont  et du cockpit :

C’est bien sûr la première chose à faire pour ne pas rentrer la poussière à l’intérieur du bateau. Après un bon coup de jet à grandes eaux pour enlever le plus gros, cette première opération est effectuée au lave-pont et à la lessive Saint Marc. C’est déjà bien  mieux, la crasse accumulée pendant l’hiver a disparu, mais je constate que le gelcoat du rouf est incrusté de taches de rouille. En jetant un coup d’œil alentour, je réalise que des travaux ont été réalisés à côté de mon bateau pour empiler des bungalows. Les ouvriers ont été amenés à meuler et au lieu d’utiliser des bâches de protection comme font les ouvriers sérieux, ils ont arrosé mon bateau avec des gerbes d’étincelles. C’est donc les projections de meulage oxydées que je retrouve incrustées dans le gelcoat. Heureusement, j’ai à bord un reste de bidon de nettoyant gelcoat très efficace « On & Off » acheté à Trinidad. Comme c’est une solution à base d’acide, j’enfile des gants de protection et je fais un test avec une petite quantité appliquée au pinceau. Eureka ! Ça marche. Il faut un peu de patience, mais l’oxydation est dissoute et après rinçage, il ne reste rien. Petit problème, je sens des picotements sur les doigts et je constate que les gants sont déjà attaqués par l’acide. Après une bonne séance de lavage des mains, je me souviens que j’ai dans un coffre des gants résistant à l’acide. Je les enfile donc et après une bonne journée de travail en opérant par petites surfaces successives, il ne reste pratiquement plus une trace de rouille. Ouf !

Tout est propre, mais le pont en teck est toujours un peu gris. Je procède alors à un nettoyage à l’éponge avec une solution bien diluée d’acide oxalique. Dès le lendemain, je constate que le teck, une fois sec,  est redevenu bien blond, presque comme neuf. Voilà donc une bonne chose de faite.

Dès le lendemain matin, il me faut songer à contacter un voilier pour réparer un gousset de latte sur la grand voile. J’arrive à en contacter un par téléphone que j’avais rencontré en octobre dernier. Rendez-vous est pris pour l’après midi.

P1040924.JPGIl me faut aussi songer à récupérer tous les coussins du bateau et aussi la capote que j’ai confiés à un sellier quand j’ai quitté le chantier. Les housses des coussins en alcantara étaient devenues vraiment minables après quelques lavages sûrement un peu trop chauds. Le séjour en Turquie était une bonne opportunité pour les faire refaire à un moindre coût avec un matériau moins fragile cette fois, du skaï. Quant à la capote, le fil ayant cuit au soleil, les coutures étaient à reprendre. Après contact téléphonique, il me ramène l’ensemble l’après midi. Le résultat est remarquable. La réalisation des housses est parfaite.

Comme il commence à faire très chaud, alors qu’on grelotte en France, j’installe la capote et le bimini et les cagnards. Le bateau commence à prendre vie.

Le voilier qui devait venir n’a pas dû me trouver. Dès le lendemain, j’en contacte un autre qui vient aussitôt et qui me rendra la GV réparée et lavée trois jours plus tard.

-          Antifouling :

P1040912.JPGPour la première fois cette année, j’ai décidé de ne pas le faire moi-même. Il y a nombre  de professionnels présents sur le chantier qui viennent proposer leurs services à des conditions très honnêtes. C’est donc une bonne manière de s’alléger la tâche et de leur donner du travail. J’avais commandé la peinture et pris rendez-vous pour l’application en octobre dernier. En une journée de travail à deux, les deux couches furent appliquées dans la journée et la coque polishée. On croirait un bateau neuf.

-         -           Récupération des drisses

J’ai l’habitude d’envoyer toutes les drisses en tête de mât et de les lover au pied du mât en les protégeant des UV avec une bâche. Cette solution permet de conserver des drisses en bon état et avec une meilleure allure beaucoup plus longtemps. Il me faut donc déballer tout ce beau monde et ramener les drisses au niveau du pont en utilisant les bouts de récupération que j’avais préalablement installés. Pour une fois, cette opération se déroule sans ennuis : aucun bout cassé ou bloqué quelque part, tout redescend comme prévu, c’est magique.

Il me reste quand même à tout remettre en ordre en repassant toutes les manœuvres  vers le cockpit : drisses génois, grand-voile, spi, trinquette, balancines, hale-bas, Cunningham… Pas facile de reconstituer cette toile d’araignée dans le bon ordre. Cette fois, j’avais eu la précaution de faire des photos avant de désarmer et je me félicite de cette bonne idée qui me fait gagner un temps précieux.

-          Visite en haut du mât

Cette excursion est impérative pour remettre en place le capteur de l’anémomètre, frapper la drisse de trinquette qui est moufflée, et remettre en place lazy-jacks et drisses de pavillons, sans oublier une petite pulvérisation de WD40 sur les réas en tête de mât.

Pour effectuer cette opération sans assistance extérieure, je me suis équipé depuis longtemps d’une échelle textile que je hisse avec la drisse de grand-voile. L’utilisation est facile et permet une ascension en toute sécurité en s’assurant avec un harnais muni d’un stop-chute sur une autre drisse.

Même si l’ascension est plutôt facile, il est raisonnable d’essayer de tout effectuer en une seule opération. Me voilà donc équipé de la girouette dans une main, une banane autour de la taille avec dégrippant, quelques outils et drisses de pavillons, drisse de trinquette et  lazy jacks attachés à la ceinture. Et hop, c’est parti.

Arrivé en haut (environ 20 m), je commence à remettre en place la girouette/anémomètre. Je jette un œil pour vérifier que tout va bien, je lubrifie les réas et je commence la descente jusqu’au point d’amure de la drisse de trinquette que j’assure avec un beau nœud de chaise. Et là, M….. (Excusez-moi), je m’aperçois que j’ai fait passer la drisse à travers les bas-haubans. J’ai beau chercher une astuce, je n’en trouve pas. Il n’y a plus qu’à défaire la drisse que je laisse tomber sur le pont et à recommencer. Je continue ma descente jusqu’aux poulies des lazy jacks  que j’enfile dedans sans oublier de les passer à travers les barres de flèches pour les éloigner un peu du mât et ainsi éviter un claquement permanent. Et je redescends jusqu’en bas. Là, je démêle la drisse de trinquette en la faisant passer du bon côté et je recommence l’opération, sans oublier aussi de mettre en place les drisses de pavillons. Voilà, c’était pas compliqué…

Arrivé en bas à nouveau, je vérifie que l’anémomètre fonctionne bien. J’en profite pour passer en revue tous les instruments. Tout semble OK.

-          Travaux intérieurs

Pas mal de petites bricoles à remettre en place, en particulier remontage de la VHF que j’avais dû ramener avec moi car le squelch filtrait tout. Remplacement aussi du poste de radio qui fonctionnait de manière très aléatoire. J’en ai profité pour installer un autoradio un peu plus sophistiqué avec entrée auxiliaire, prise USB, carte SD. Je peux maintenant brancher mon MP3 et écouter de la musique pendant des heures sans toucher à rien. C’est génial… J’ai rajouté aussi des baffles à l’extérieur de chaque côté de la colonne de barre, ça aussi c’est génial… ça nécessite quand même deux découpes dans le polyester à la scie sauteuse, puis  le branchement. Heureusement le pré-câblage avait été effectué par Dufour et je  n’ai pas eu à repasser des câbles. 

J’ai ramené aussi un nouvel iridium avec un nouveau support à installer pour remplacer l’ancien modèle dont les connections étaient défectueuses.

Il faut aussi penser à nettoyer l’intérieur du bateau qui est très poussiéreux, en commençant par les fonds, l’intérieurs des coffres après les avoir vidés, les vaigrages, les planchers etc…

-          L’annexe

Je l’avais laissée à poste suspendue sous le portique et enveloppée dans une belle housse de protection. En arrivant, je constate qu’elle a été décrochée d’un côté et qu’elle pend verticale à l’arrière du bateau. La housse est toujours bien en place et après inventaire, le matériel qui était dedans, réservoir essence, banc, écope, rallonge de barre, etc… sont bien à l’intérieur.  Je pense qu’elle a été mise ainsi pour pouvoir serrer davantage les bateaux, l’espace est compté… Heureusement, rien n’est perdu. Il n’y a plus qu’à la remettre en place et tout va bien.

Il faut aussi s’occuper du moteur hors-bord avec lequel j’avais eu une petite avarie l’an dernier, manette d’inverseur cassée que j’avais remplacée depuis. Mais pour pouvoir démarrer le moteur embrayé, j’avais dû retirer une petite biellette que j’avais bêtement fait tomber dans l’eau. C’est le concessionnaire Yamaha du Havre qui a finalement réussi à m’en procurer une nouvelle. Le problème, maintenant, c’est pour la mettre en place. C’est une toute petite biellette qui s’encliquette sur deux rotules en plein milieu du moteur  et j’aurais bien besoin d’une fée pour y accéder. Je commençais à sombrer dans le pessimisme, mais je me suis muni d’une petite pince à becs fins, d’un tournevis et d’une frontale pour y voir clair. Contre toute attente, voilà que j’arrive à présenter la biellette au dessus d’une des rotules, j’appuie dessus avec le tournevis, et je sens un clic. Il ne me reste plus qu’à correctement l’orienter et à faire la même opération sur la seconde rotule, et clic, et tout fonctionne à nouveau.

-          Contrôle de la barre

Depuis l’année dernière, j’avais une inquiétude suite à un jeu de l’axe de barre dans le sens longitudinal. En fait, quand je serre le frein de barre, ça fait reculer l’axe de la barre vers l’arrière et ça ne freine rien du tout.  J’ai rencontré Lewmar au salon nautique et tout ce qu’ils ont su me dire c’est que ça pouvait être inquiétant et qu’il serait bon de démonter pour vérifier ce qui se passe.

J’ai donc commencé par démonter le palier avant. Rien d’anormal,  le roulement est en bon état. J’ai donc procédé au remontage puis constaté qu’il n’y avait plus de jeu. Je pense que j’ai dû remonter l’axe dans la cage du roulement en forçant un peu et que c’est suffisant pour bloquer l’axe. Je pense aussi qu’il y aurait bien un problème de conception du frein de barre que je n’utiliserai plus. En tout cas, j’ai la certitude qu’il ne peut pas aller plus loin quoiqu’il arrive.

-          Mise à l’eau

Comme prévu le bateau est prêt pour la mise à l’eau. Le chantier aussi ce dont je doutais en arrivant quand j’ai vu le nombre de bateaux qu’il fallait déplacer pour laisser la voie libre. Mais c’est la période des mises à l’eau et ça va très vite. Les bateaux sont pris par une remorque hydraulique qui s’adapte directement aux bers métalliques et hue cocotte…

P1040923.JPGNous voilà donc partis et en plus à peu près à l’heure prévue. Dans la cale de mise à l’eau, je remonte tranquillement sur le bateau pour vérifier que tout va bien, en particulier qu’il n’y a pas de voie d’eau. Et là, horreur, les fonds sont pleins d’eau. Comme j’ai fait changé le joint coque/saildrive, je soupçonne immédiatement une fuite à ce niveau. Je mets la pompe de cale en route et j’inspecte la cale moteur : pas d’eau. La pompe de cale vide rapidement les fonds (finalement, il y avait très peu d’eau) et l’eau ne semble pas revenir. J’inspecte également le compartiment où j’avais déjà eu une fuite sur un boulon de quille  dont j’ai refait l’étanchéité, pas de soucis. C’est donc une fausse alerte. Il doit simplement s’agir d’eau qui avait été piégée dans le contremoulage et qui s’est déplacée lors de la manutention du bateau.

Maintenant, il faut démarrer le moteur qui part au quart de tour. Là encore petite inquiétude en voyant l’eau de refroidissement qui n’arrive pas aussi vite que d’habitude, d’autant plus que j’ai fait nettoyé l’échangeur qui était en partie obstrué par des morceaux de pales d’impellers . Nouvelle fausse alerte, l’eau arrive bien. Il fallait simplement attendre que le moteur se remplisse. Tout tourne rond.

Maintenant que le bateau est à l’eau on va pouvoir remettre en service les différentes utilités :

-          Les WC et leur pompe électrique toujours aussi bruyante et indiscrète.

-         Le dessalinisateur : je l’avais rempli de biocide pendant la période d’hivernage. Il nécessite donc un bon rinçage à l’eau douce pendant un bon quart d’heure. Ensuite, on remet une nouvelle cartouche filtrante 5µ pour l’eau de mer, on ouvre les vannes et on démarre. La pression monte rapidement, le débit aussi pour atteindre les 60m3/h. Tout fonctionne.

-         Le générateur Panda : il tousse un peu, puis finit par démarrer. Le temps que j’aille au filtre à eau de mer pour vérifier si le refroidissement fonctionne, arrêt sur alarme température haute. Je démonte aussitôt la pompe eau de mer et je retrouve un impeller en petits morceaux. Visiblement, il a fonctionné à sec. Je remplace donc l’impeller par un neuf et je contrôle la pompe booster qui elle ne fonctionne pas. Le courant n’y arrive pas. Je remonte le circuit, le fusible est bon, j’arrive au bornier de connection sur le générateur et je trouve un branchement suspect, très corrodé. Je nettoie, je remplace la cosse et je rebranche. Le courant arrive et la pompe se met a fonctionner. Je refais donc une nouvelle tentative de démarrage et cette fois tout fonctionne.

Les voiles sont aussi maintenant à poste : génois et trinquette enroulés, Grand-voile enverguée, ferlée sur la bôme, et bien protégée dans son taud.  Ce n’est pas non plus une petite affaire de manipuler des voiles qui pèsent jusqu’à près de 50 kg.

Le réglage des galhaubans qui avaient été mollis a également été repris en conservant les mêmes repères que précédemment. Il n’y a plus qu’à vérifier sous voile que c’est correct.

Les winchs ont été démontés, nettoyés puis proprement regraissés et remontés.

On peut dire que tout est prêt pour naviguer même si il reste encore beaucoup de petits détails qui seront revus au fur et à mesure.

                                                    Et vogue la galère…P1000533.JPG

 

Bonjour Jean-Louis, Bravo pour les commentaires, ce sera au tour de CALLIPYGE la 1ère semaine de Juillet à RAIATEA, j'espère que ce sera pas trop la galère. Tout doit être minutieusement vérifié avant de reprendre la mer, j'en suis bien conscient et vais m'y employer. Je vais prendre contact avec STW pour créer un blog. Bien amicalement, Gérard

Mouai ! ça me rappelle quelque chose de trés récent en Floride où nous venons de laisser le bateau ...profites en bien maintenant, bonne nav, jjmcdetao.

moi je préfère le plancher des vaches mais j'admire tes prouesses quoique toutes ces petites choses à mettre en oeuvre me rappellent les joies de la conversation administrative...pour contacter notre service veuiller appuyer sur la touche X ..problème technique veuillez rappeler ultérieurement....veuillez composer votre code département...nous ne pouvons lire votre code veuillez rappeler etc etc et huit jours après ...le canard est toujours vivant, enfin grimper au mât c'est peut être plus amusant!.BON COURAGE quand même à bientôt, Jean-Noël.

Bravo pour ton blog sympa que nous avons toujours du plaisir à suivre. Amitiés. Patrick de Caramel

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