Bilan de ces deux années de navigation

Bilan de ces deux années de navigation

Posté par : Jean-Louis
18 Décembre 2010 à 17h
Dernière mise à jour 31 Décembre 2014 à 14h
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Comme je m’y étais engagé, voici un article concernant les enseignements que je peux tirer de ces dernières années de navigation à travers l’atlantique et sur l’amazone.  Evidemment, il s’adresse aux amateurs de bateaux et risque d’ennuyer un peu les autres. Vous voilà prévenus.

J’ai essayé de mettre ce qui me paraît essentiel en essayant de faire court. J’ai tout à fait conscience de ne pas être allé suffisamment loin dans le détail pour étayer mes propos. Je reste bien entendu à la disposition de ceux qui le souhaitent pour répondre à toutes les questions, apporter les précisions nécessaires ,  ou échanger nos avis.

Autrement, Mathusalem est en Méditerranée toujours au sec à Port Napoléon. Je compte le remettre à l’eau en mai prochain pour passer l’été en Méditerranée.


P1000533.JPGVoilà donc nos impressions :

ü  Choix du bateau (Dufour 40)

Nous ne regrettons pas le choix du bateau que nous avons fait. La taille (40 pieds) est idéale pour naviguer en couple et occasionnellement à deux couples.

Il s’est montré confortable,  véloce, sensible aux réglages, avec une excellente stabilité de route (le pilote travaille peu), et également robuste. Ce n’est sûrement pas un brise-glace, mais nous ne l’avons pris en défaut à aucun moment.

Nous avons juste eu à déplorer lors du retour des Antilles aux Açores une légère voie d’eau que j’ai difficilement réussi à localiser. Il s’agissait du dernier boulon sur la fuite de la quille qui suintait très légèrement par moments. L’étanchéité est donc à reprendre. 

ü  Faiblesses

o   Ventilation

Pas d’hésitation possible, c’est le gros défaut du bateau. Nul doute que l’architecte a opté pour une ventilation avec hublots ouvrants, en privilégiant la vie au mouillage et en oubliant qu’en navigation, la carène aimait jouer au sous-marin. La réalité est qu’il est impératif de naviguer tous hublots fermés hermétiquement. J’ai bien essayé, sur les conseils de « Dufour », d’installer un ventilateur solaire sur le roof. L’inconvénient est qu’il n’en existe pas de vraiment  étanche, même en position fermée, et qu’ils ne fonctionnent  guère plus de quelques semaines avant de tomber  en panne, sans parler du bruit désagréable qu’ils font  après quelques jours de fonctionnement. Après plusieurs essais infructueux, je l’ai donc remplacé  par un simple aérateur avec chicanes et fermeture étanche, en cas de nécessité.

o   Evacuation eau douche

L’évacuation de la douche se fait au milieu de la cabine à fond pratiquement plat, ce qui fait qu’il est impossible de vider l’eau dès que l’on gite d’un côté ou de l’autre. Petit défaut quand même très ennuyeux surtout que l’on se sert beaucoup de la douche qui est un  élément important de notre confort à bord. Alors, on écope et on éponge…

o   Gréement dormant « Sparcraft »

Il s’agit globalement d’un excellent gréement, mais qui présente néanmoins des points de faiblesse tout à fait inacceptables pour la navigation hauturière.

J’ai dû d’abord remplacer le système d’articulation du vit de mulet qui menaçait régulièrement de céder et d’entraîner des avaries importantes sur la grand voile.

Une cadène retenant une poulie d’écoute de grand voile s’est échappée de son logement.

La soudure de la cadène de hale bas de grand voile s’est rompue (enfin, ce qui ressemblait de loin à une soudure)

Le tout monté avec des rivets en aluminium qui cassent régulièrement et que j’ai remplacés par des rivets monel qui semblent avoir réglé le problème.

Aujourd’hui, ces problèmes semblent être résolus, mais ce fut sans l’aide de « Sparcraft » qui trouve tout cela normal, ces points étant « à surveiller »(sic).

ü  Equipement

o   Energie

Notre production d’électricité  à bord est principalement destinée à couvrir les besoins du frigo, du pilote automatique  et du dessalinisateur.

Plutôt déçu par la production de l’éolienne sur notre bateau précédent (en navigation, ça ne fonctionne bien qu’au près, ce qu’on essaie d’éviter, et au mouillage, on recherche des zones non ventées de préférence), nous avons donc écarté cette solution.

L’élément  essentiel de production  qui nous a paru incontournable a logiquement été le groupe électrogène.  Nous avions choisi un panda 12V- 4kW qui a l’avantage de charger les batteries sans passer par un chargeur qui limite le courant de charge et qui, par conséquent,  augmente  la durée de recharge.

Pour avoir quand même du 220V à bord  (perceuse, sèche-cheveux, fer à repasser  etc…), j’ai installé un convertisseur 3kW, acheté pas cher en Chine, que j’ai limité à 2 kW et à côté duquel  j’ai posé un extincteur. Il a très bien fonctionné quand nous en avons eu besoin (le convertisseur).

Nous avions également opté, en secours,  pour une « aquagène » (hélice traînée dans l’eau).  Celle-ci  produit , au dessus de 5 nœuds , environ 1A par nœud. Par contre en dessous de 5 nœuds, elle contribue surtout à ralentir le bateau, voire à l’arrêter par vent faible. C’est aussi un peu compliqué à mettre en œuvre et surtout à relever. En fait, il faut arrêter le bateau. C’est une bonne solution de secours mais c’est peu probable qu’elle puisse fonctionner 24h/24 pendant plusieurs jours sans rendre l’âme rapidement.

Notre système nous a globalement donné satisfaction. Le seul inconvénient, comme on ne peut pas recharger des batteries à 100% sur une courte période, c’est que ces dernières sulfatent rapidement et perdent de leur capacité. En pratique au bout de quelques semaines en autonomie complète, il est impératif de trouver un quai pour une recharge complète de longue durée pour régénérer les batteries.

Pour réduire cet inconvénient, et aussi pour réduire la durée de fonctionnement du groupe, je viens d’installer 170W de panneaux solaires sur un portique qui servira également pour supporter l’annexe.

Pour conclure sur ce sujet, je confirme que sur un bateau où l’on vit à bord de façon  régulière et  autonome, la seule solution, réaliste aujourd’hui, me paraît être le groupe électrogène.

 

 

o   Eau douce

Nous avons installé un dessalinisateur. Fini les corvées d’approvisionnement en eau douce quand c’est possible, et ça ne l’est pas toujours. Notre choix s’est porté sur un « Dessalator » 12V – 60 m3/h, qui s’est confirmé être fiable, robuste et facile d’utilisation. Seul petit bémol, au début notre eau était très légèrement salée. En fait,  une des membranes  était défectueuse. Elle a été remplacée par Dessalator au titre de la garantie et sans aucune difficulté.

o   Voiles

Nous nous étions équipés  d’un nouveau jeu de voiles «  Momentum » en laminé Vectran qui s’est montré très performant (très faible  déformation). Par contre, après plus de 10 000 miles d’utilisation, il était temps que nous fassions une pose pour un entretien sérieux (reprise renforts, goussets de lattes, protection anti UV… )

Dans le gros temps (nous n’avons jamais eu plus de 50 nœuds), la grand voile réduite au maximum et la trinquette sur emmagasineur nous ont rendu de grands services. Ce fut aussi  un grand confort d’utilisation. C’est une excellente solution que je recommande vivement.

Merci également à notre grand spi triradial de 130m2 qui a été très efficace dans le petit temps.

 

o   Annexe:

 Nous nous étions équipés d’une annexe « Aerotec -AX3 »  et d’un moteur hors bord « Tohatsu » de 3,5 cv.  Ceci a probablement été notre plus grosse erreur. Cette solution aurait été convenable pour des trajets bateau/terre sur une eau plate, mais a été tout à fait insuffisante pour faire des excursions autour de nos mouillages, et aussi dès qu’il y avait du courant ou que  le clapot se levait.

 Depuis, nous l’avons finalement remplacée  par une annexe « AB » semi rigide de 8 pieds (2m55) en hypalon avec fond en aluminium et un moteur Yamaha 2 temps de 8 cv. Cette solution nous autorise à déjauger sans problème à deux (maxi) dans le bateau et nous permet d’aller explorer très loin. Nous regrettons beaucoup de ne pas l’avoir eue sur l’amazone.

Nous stockions généralement l’annexe sous les bossoirs repris sur le tableau arrière. Cette solution s’est avérée incompatible avec la nouvelle annexe plus lourde et le manque de rigidité du tableau arrière. Les bossoirs ont été déposés et elle sera maintenant stockée sous le portique qui supporte les panneaux solaires.

               

o   Capote/Bimini :

La toile a bien résisté mais le fil est complètement cuit par le soleil. Toutes les coutures ont dû être reprises.

o   Moteur auxiliaire

C’est un trois cylindre Volvo saildrive de 40 CV qui a maintenant dépassé les 1000 heures de fonctionnement.  Il a beaucoup tourné sur l’amazone sans aucun soucis.

o   Aménagements intérieurs.

Pas de gros soucis. L’intérieur du bateau a toujours très bonne allure malgré une navigation dans des zones tropicales chaudes et humides.

A signaler tout de même, l’épaisseur des vernis très insuffisante (après 5 ans, ils sont en moins bon état que ceux de mon précédent Dufour 31 après 25 ans), et également  la mauvaise surprise des housses de coussins en alcantara qui, soi disant se lavent en machine,  et qui ne sont plus très présentables. Il va falloir songer à les remplacer.

Le reste :

Si  je n’en parle pas, c’est qu’il n’y a vraiment rien à redire. A vous de conclure…

Emplacement

Bonjour, J'ai lu avec attention votre bilan.TRANQUILA (RM 10.50) est aussi en escale à Port Napoléon. Si tout va bien il sera remis à l'eau en Mai/juin pour d'abord une année en méditerranée. Cela me ferait plaisir de vous rencontrer d'ici là, si vous allez le voir. Cordialement. Jean-Luc

Bonjour, et merci pour votre commentaire sympathique. Moi aussi, je serais ravi de vous rencontrer à Port napoléon où nous devrions nous croiser puisque nous y serons à la même période.

Bravo pour ce blog bien documenté. Mêmes soucis rencontrés sur le vit de mulet Sparcraft que j'ai fait refaire avec des goupilles latérales. Et la douche qui ne se vide pas, idem ! J'ai une Duogen en mode hydrogénérateur qui marche très bien mais il faut avoir une bonne provision de pièces de rechange. Bonnes navigations !

Amie de Jeanne, je suis très heureuse de pouvoir suivre votre périple. Bon vent à tous les 2. Félicitations pour cette belle aventure.

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