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Vendredi 18 et samedi 19 juillet 2014.
AASIAAT 68°43’N – 52°53’W
Vie à bord :
L’après-midi a été consacrée pour partie en shopping ; il a bien fallu acheter quelques souvenirs et compléter les provisions du bord. Ensuite, il a été procédé à quelques réparations. La drisse de grand-voile ayant présenté une usure anormale à une trentaine de centimètres de l’œillet du point de drisse, elle a été retournée faute de ressources locales en bouts. Enfin, l’éolienne qui avait été remontée sommairement a reçu de nouveaux silentblocs et un petit nettoyage.
Samedi matin, nous avons assisté au départ vers le Nord d’AVENTURA. Denis, dont l’appareil photo avait cessé de fonctionner en raison d’une défaillance inexplicable imputable à des causes exogènes, a foncé dans l’une des grandes surfaces, celle où Josiane avait acheté des bottes en peau de phoque à prix bradés car ici c’est l’été, pour y acquérir un nouvel appareil, profitant même au passage d’une réduction de près de 30%.
Navigation :
A 10 heures, à l’instar d’Aventura, nous avons appareillé pour l’île de Disco. Le vent calme et la mer belle nous ont fait faire la route au moteur. Cela avait le mérite de permettre de recharger les batteries, le port d’AASIAAT n’ayant pas de courant à quai. Evidemment, presque au débouché d’un immense glacier qui vêle tout ce qu’il peut comme icebergs, nous avons slalomé entre ces impressionnantes montagnes de glace. Après avoir tenté un petit coup de pêche dans un mouillage intermédiaire, nous avons repris la route, toujours entre les icebergs et les growlers pour nous approcher de l’île de DISCO où nous avons mouillé dans le port de QEQERTARSUAQ (Godhavn) 69°15’N – 53°33’W dans peu d’eau au droit du musée de la ville qui était l’ancienne capitale administrative avant le transfert à AASIAAT. Cela était évidemment imputable à la quasi disparition de la chasse à la baleine qui constituait le poumon économique de la ville.
Le bateau en ordre, nous sommes descendus à terre pour une visite complète de cette bourgade du bout du monde. Le port est un abri parfait par tous les temps. La ville est directement adossée à de hautes montagnes sans débords sous-marins qui pourraient gêner l’approche de ce havre qualifié justement de « bon port » par les premiers occupants. L’habitat y est évidemment dispersé, ce qui est la norme au Groenland. Les maisons sont coquettes comme partout peintes aux couleurs vives. Sagement rangés près de celles-ci, les motos-neiges semblent attendre le retour de l’hiver. Une multitude de chiens de traineau, retenus par des chaînettes, sont éparpillés tout autour des maisons, la plupart paresseusement étalée comme écrasée par la chaleur estivale (10°) qui leur fait perdre le pelage comme s’ils avaient la gale. De la ville, la vue sur la mer est époustouflante ; les icebergs viennent s’échouer dans les fonds moindre en toile de fond.
Une visite impromptue au restaurant du coin qui du dehors paraissait fermé s’est avérée fructueuse. Il y avait une petite boutique de vêtements et d’objets usuels divers ainsi qu’une salle de restaurant très conviviale où des touristes (si, si, de véritables touristes) dînaient. Seule ombre au tableau, une rupture de stock de bière pression nous a privé de ce breuvage dont il est formellement établi qu’il a au moins sept mille ans d’existence. Tant pis !
Mon propos ne serait pas exhaustif si je ne vous indiquais pas l’existence d’un grand hangar supermarché, du café 41 et d’un coiffeur, le tout à un jet de pierre d’une sorte de marina rustique pour les petits bateaux à moteur.
Dimanche 20 juillet 2014.
Navigation :
Nous appareillâmes heureux et confiants, les GRIBS paraissant favorables, pour aller rendre visite au glacier le plus célèbre du Groenland en fond de baie à environ 50 nautiques (inscrit au patrimoine de l’humanité ; c’est dire !). Hélas, trois fois hélas, Eole en avait décidé autrement et c’eût été bout au vent si nous voulions persister dans notre escapade touristique. Le cap a donc été mis pour faire une route vers UPERNAVICK 72°47’N – 56°09’W malgré un coup de vent de Sud annoncé sur la zone. Pour une fois cela allait être une allure portante. Forcément, le vent a rapidement levé une mer forte de l’arrière et la pluie s’est mise de la partie. Comme nous avions les icebergs à veiller et ils étaient nombreux, le quart se prenait dans le cockpit et il était très humide comme vous vous en doutez. Le froid devenait mordant et les couches de vêtements nous enveloppaient le plus efficacement possible. Pour tout dire, malgré des vents forts et pour une fois dans la bonne direction, cela n’a pas été une étape agréable. Mais il fallait bien monter vers le Nord pour nous préparer à traverser vers le Canada.
Toutes options pesées, il devenait naturel de s’octroyer une pose dans un petit mouillage avant la nuit. Le projet étant d’ailleurs opportunément présenté dans le livre d’Andrew.
C’est donc vers 19 heures 30 que nous avons jeté l’ancre dans 10 mètres d’eau, entre deux îles, sur celle à l’Ouest était niché, à flanc d’un mouvement de terrain assez pentu, un joli petit village du nom de KANGERSUATSIAK (Prøven) 72°23’N – 55°33’W, comme toujours peint aux couleurs vives. Il y avait bien une cinquantaine de maisons, une église, une école, un grand dock et une petite usine à poissons qui enserraient une baie où mouillaient sur bouées de nombreuses petites embarcations très modernes qui n’auraient pas dépareillées dans une petite marina en France. Ce qui nous a semblé être une sorte de bateau-taxi est venu débarquer sept passagers manifestement revenus d’une grande ville (Upernavik ?) au regard des sacs et autres cabas qui les encombraient.
Mardi 22 juillet 2014.
Navigation :
Dans la nuit, un sloop de 50 pieds du nom de SNOW DRAGON II, immatriculé en Alaska, est venu mouiller à proximité. Cela a été l’occasion d’établir un contact fructueux avec deux jeunes femmes : Frances et Krystina, une troisième étant restée sur leur bateau, pour une discussion animée autour d’un café à notre bord. C’est un équipage audacieux qui navigue sur pratiquement toutes les mers du monde ; l’une peint des tableaux (francesbrannwatercolors@gmail.com), Krystina Scheller, (snowdragon2@ocens.net), rédige des articles pour des revues. L’histoire ne dit pas ce que fait la troisième, notre naturelle et proverbiale discrétion nous ayant interdit de poser des questions personnelles.
An fin de matinée, nous avons appareillé, sans être préalablement descendus à terre, pour foncer, sous brise Perkins soutenue, en direction du Nord en empruntant pour la nième fois une route intérieure qui nous a fait passer au raz des montagnes parfois impressionnantes par leur falaises escarpées et leur couleur un peu étrange à dominante rouge.
A 18 heures, nous sommes rentrés dans le port de UPERNAVIK 72°45’N – 56°09’W en évitant les icebergs qui en gardaient l’entrée (voir photo de Jo qui surveille). Comme partout maintenant, nous avons été accueillis par de la pluie de plus en plus intense. Attendons demain pour voir si cela s’améliore !
En principe nous allons appareiller pour le Canada jeudi 24 dans la journée pour autant que nous ayons pu procéder aux avitaillements et surtout fait le plein de Gasoil et d’eau ce qui semble simple en apparence mais qui devrait se compliquer.
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