Blog 10 - à STORNEWAY (Hébrides)

10 – Blog
Mardi 3 juin 2014. Toujours au ponton à Stornoway par 58°12,553’N et 006°23,384’W (c’est plus facile lorsque je vous mets les coordonnées n’est-pas ?), nous ne nous sommes pas laissés endormir par excès de paresse. Les corvées du bord vites expédiées, nous avons pris les renseignements nécessaires et suffisants pour organiser nos deux ou trois jours dans ce port dont les dominantes d’activité sont la pêche et les transits en Ferry. Nous vous avions déjà parlé d’une ville austère ; c’était pourtant une joyeuse luronne à côté de celle-ci. Ici, il ne manquait que les buissons ronds, poussés par de méchantes bourrasques de vent, à l’instar des villes désertes de l’Ouest américain pour que l’illusion soit parfaite. Même une église y était à vendre ! Si glaciale était l’ambiance, le fond de l’air se faisait fort de l’être à l’unisson. Une horde de jeunes automobilistes au volant de leur voiture « customisées » se livraient à d’interminables allées et venues dans des rues presque désertes en faisant rugir des pots d’échappement qui feraient dégainer les sifflets de gendarmes français. Vers 20 heures 30 après un dîner pris à bord, nous nous sommes lancés dans la quête d’un pub ayant du caractère et fleurant bon l’Ecosse traditionnelle ; nous n’avions pas le prétexte de chercher un point Wifi car nous avions cette technique miraculeuse directement livrée à bord par la marina (pour les initiés : cela marche mieux qu’à la SNEM). Cependant, le pli étant pris, nous nous sommes naïvement réjouis à la perspective de nous fondre dans cette ambiance tellement « scottish » à laquelle nous adhérions à l’unanimité. Peste et damnation ! Rien de tel à l’horizon ! Nous errions dans un entrelacs de ruelles désertes sans même un chat pour nous distraire. Dans un moment de fureur aveugle, Denis a hurlé à la cantonade : « store (comme un magasin) no (comme non) way (comme rue) ».
Note : j’explique avec des commentaires détaillés, pour nos admirables lecteurs et lectrices, car, en raison de la distance qui maintenant nous sépare, vous pourriez ne pas comprendre la finesse, que dis-je, la subtilité du cheminement de nos pensées.
Revenons donc à nos rues à l’évidence sans âme qui vive à part les frénétiques et leurs bolides rutilants. Comme il fallait impérativement trouver un « laundry » (non ce n’est pas un pub, c’est là où l’on lave le linge) et un commerce digne de ce nom, nous avons entamé une recherche méthodique, au pas de charge et sous les frimas, de ces lieux magiques. Compte-tenu de l’étendue de la ville ou plutôt du village, cela a été rondement mené et les horaires d’ouverture et de fermeture dûment mémorisés.
Mercredi 4 juin 2014. La journée a été consacrée à du shopping (les commissions quoi !) important. Une nouvelle fois nous avons traversé les rues de la ville en poussant un chariot débordant de marchandises avec le sentiment de culpabilité de gamins venant de chiper des caramels chez l’épicière du coin. Par ailleurs, quelques menus travaux du bord assez chronophages nous ont, non seulement bien occupés, mais ont nécessité de surcroit une activité neuronique intense pour trouver des solutions adaptées. Cela a suffit à faire monter la température du bord qui, il faut l’avouer, devient de plus en plus fraîche et une méchante buée se forme dans la nuit pour vicieusement nous tomber sur la table mise le matin pour le petit-déjeuner. Cela ne fait que commencer ! Nous avons évidemment raisonnablement abandonné l’idée de faire une flambée au milieu du carré bien qu’au supermarché Tesco (publicité dans l’espoir de nous faire sponsoriser) il s’y vend des montagnes de charbon de bois pour barbecue.
L’après-midi a été consacré aux ballades et vous pourrez voir quelques photos sur l’album photo justement autrement celui-ci ne servirait à rien et se nommerait forcément différemment. J’attire votre attention sur le château qui était en fait un collège subissant une totale refonte et vous serez ravis d’apprendre que ce sont des fonds européens qui financent les travaux de cette bâtisse à plusieurs corps qui jouxte, mais c’est un pur hasard, un immense terrain de golf au gazon manifestement tondu avec un coupe-ongle. Le mystère plane sur le devenir de ce château et, malheureusement, Achille Rutabaga est toujours en mission sur le Weverley ; il ne nous est donc d’aucun secours.
Il nous faut, à ce stade du récit, corriger notre première impression concernant Stornoway. Si nos critiques avaient une certaine virulence, le soleil revenu, l’examen attentif de la ville et plus spécialement de la marina ainsi que du port nous ont imposé de faire amende honorable. De jour, les rues fourmillent de chalands affairés ; la marina est moderne (d’ailleurs neuve) très bien équipée de pontons flottants de la meilleure facture ; le port commercial accueille de grands navires. Une importante flotte de pêche occupe toute une partie du bassin pour le plus grand régal de deux couples de phoques qui attendent avec impatience le retour de tel ou tel autre bateau d’où leurs sont jetés des poissons.
Je pourrais vous parler de l’accueil téléphonique détestable de madame la consule de Reykjavik dont le principal souci n’est pas celui de renseigner les français qui ont l’impudence de faire appel à elle pour un petit service ou une information. Elle n’en vaut pas la peine ! Richissimes yachtman et yachtwomen (comme vous le savez), nous avons finalement une préférence pour le Yacht-club local pour un accueil islandais à la hauteur de nos espérances.
Le soir, sans chercher à nous abriter derrière un prétexte fallacieux, nous nous sommes rendus dans un pub qui nous avait été chaudement recommandé par un employé du port lequel nous a d’ailleurs aimablement véhiculé dans la journée.
Jeudi 5 juin 2014. Tiens, voilà la pluie ! Bonjour madame la fée ! Mais quand reverrons-nous le soleil ? Grande discussion toute la matinée avec le skipper et son épouse du Joly Harry, amarré au même ponton, qui a non seulement fait le passage du Nord-Ouest mais qui a également écrit un gros bouquin très détaillé avec croquis et photographies de son périple depuis l’Angleterre.
Vous devez vous identifier pour laisser un commentaire : cliquez ici pour vous connecter .