Martinique

Au moment où j’écris ce post, nous sommes en train d’attendre un mécanicien en Dominique… Cela fait un mois que nous accumulons les pannes et autres casses… mais là je crois bien que c’est la pire : le moteur démarre puis s’arrête doucement au bout de 2 minutes…
Mais revenons à la Martinique. Quel plaisir de retrouver la France et ses fromages ! Après les 2 jours de mouillage à la Barbade, nous sommes allés directement à la marina du Marin.
La Barbade
Nous avions réservé depuis la Barbade mais la période de Noël étant la plus chargée pour le port du Marin, c’est l’affluence ! Nous attendons bien 1h-1h30 sur une bouée avant d’être placés ! Guillaume réussit avec brio la manœuvre pour se garer cul-au-quai avec une bouée à l’avant. Nous sommes le 24 décembre et il fait une chaleur à crever ! Alors que nous n’avons dormi qu’une heure chacun pendant la traversée entre la Barbade et la Martinique, nous ne prenons pas le temps de nous reposer. Le soir même nous avons prévu de fêter Noël avec les équipages de Zen, Pascal et Fanfan avec qui nous sommes venus de la Barbade, et de Happy Squid, Julie et Victor, qui sont arrivés une semaine plus tôt. Au menu : acras, boudins créoles, foie gras, ananas flambé et ti punch ! Nous savourons tous ces mets après 15 jours de transat et 2 jours à la Barbade (où tout est hors de prix et ultra-chimique). Le lendemain, dimanche, on se repose. Il va falloir optimiser notre temps à la marina pour réparer la fuite d’eau de la cale moteur, qui nous a valu d’écoper toutes les 3h pendant la transat et toutes les 1h30 pendant la traversée La Barbade-Martinique. Une de nos hypothèses est une fuite provenant le la jupe arrière, au niveau des plaques inox et du bouchon que l’ancien propriétaire a installé à la place de l’échelle de bain. Le soir du 25 décembre est l’occasion de voir Flavien, Marion et leurs enfants, un ami d’enfance de Guillaume installé en Martinique depuis 10 ans, et Marc et Corinne, mon ancien chef de service de réa et sa femme, en Martinique depuis 4 mois. Marion nous a gâté en sa qualité de cuisinière hors pair ! A ce rythme-là, on va vite reprendre les kilos perdus pendant la transat !
Lundi, on s’y met : Guillaume démonte les plaques inox et le bouchon : le bois en dessous est détrempé. L’eau devait sûrement passer par là. On laisse sécher le bois tant bien que mal entre les grains, Guillaume refait de la stratification, nous rachetons un bouchon de meilleure qualité. En deux jours, la jupe est étanchéifiée ! Le lendemain, nous avons prévu d’emmener Marc et sa famille aux anses d’Arlet. Ce sera l’occasion de vérifier cela en navigation.
Le lendemain, impossible d’actionner la manette des gaz… Elle nous avait déjà fait le coup en arrivant à La Barbade, mais nous avions réussi à la débloquer. Là impossible, elle ne veut rien entendre… Il faut la changer ! En même temps, Guillaume objective une fuite d’eau au niveau de la pompe à eau de mer servant à refroidir le moteur… ça commence à faire beaucoup. On croise Pascal et Fanfan qui nous proposent leur aide pour ces réparations. Pascal et Guillaume se penchent sur la pompe…qui s’avère impossible à démonter, l’ancien propriétaire ayant tout soudé !! Il faut racheter une pompe à eau de mer. Avec Fanfan, nous installons la nouvelle manette des gaz… bon on a tout monté et démonté 3 fois parce qu’on avait oublié des trucs… mais au final on était très fières ! Avec tous ces cadeaux de Noël, Maracudja est flambant neuf… et nous, on a laissé un bras chez Mécanique Plaisance !!
Dans l’après-midi, on a rendez-vous pour faire un Skype avec la famille de Guillaume. On n’est pas en avance, on se dépêche de rassembler nos affaires pour partir dans un café afin d’avoir du wifi. Je m’élance donc vers l’avant du bateau pour récupérer mon T-shirt qui séchait quand tout-à-coup mon bras est retenu par quelque chose… C’était le dernier leurre que Guillaume s’était acheté 3 jours plus tôt et qu’il avait suspendu au tableau de bord ! Le leurre faisait 25cm de long, et 2 crochets s’étaient enfoncés dans mon avant-bras. J’ai réussi à en enlevé un mais l’autre était beaucoup trop enfoncé… On se demande alors comment faire et tout le ponton participe : « il faut appeler les pompiers », « il faut aller au CHU à Fort-de-France », « non, il faut aller au petit hôpital du coin (qui n’a pas de service d’urgences) », « il faut prendre des antibiotiques tout de suite»… N’étant pas motorisés, on décide quand même d’aller au petit hôpital/maison de retraite du Marin. On avait à peine fait 100 mètres, le rapala toujours planté dans le bras, qu’un motard s’arête et nous propose son aide. Il nous explique qu’il est pêcheur et que ses enfants sont coutumiers du fait. Il faut continuer d’enfoncer l’hameçon car l’émerillon empêchera toujours de le retirer. Je lui propose de faire cela au bateau, sous anesthésie locale. Guillaume se charge, avec beaucoup de courage, de l’anesthésie. Puis Jean-Yves, notre motard-pêcheur enfonce l’hameçon et peine énormément à passer la peau… Guillaume jette un coup d’œil sur l’opération et se retourne immédiatement. Je lui demande : « ça va ? tu ne vas pas tomber dans les pommes ? », « non, non, ça va » me dit-il, et Jean-Yves d’ajouter : « c’est moi qui vais tomber dans les pommes ! ». Il était en sueurs ! Enfin il y arrive et coupe à la pince-coupante l’autre extrémité de l’hameçon avant de le retirer complètement. Fin de l’opération !
Nous partons finalement aux anses d’Arlet ! C’est au tour du sondeur de déconner… il n’affiche plus rien depuis notre départ du Marin le matin même… La navigation est très plaisante, à ceci près que le parcours est truffé de casiers. D’ailleurs, Guillaume en attrape un et perd un leurre ! Nous déjeunons avec Zen et Happy Squid à Grande Anse puis repartons vers Fort-de-France pour assister au feu d’artifice du 30 décembre avec Flavien, Marion et leurs enfants.
Le lendemain nous repartons à Grande Anse pour y passer 3-4 jours. Depuis notre arrivée à La Barbade, pas une soirée ne se passe sans que nous soyons invités sur un bateau ou que que nous invitions des amis ! Notre étape à Grande Anse ne va pas déroger à la règle puisque nous y retrouvons Zen et Happy Squid. Autour des bateaux un ballet de tortues se joue chaque matin ! Nous passons le réveillon chez Marc et sa famille à Fort-de-France, laissant Maracudja sous la surveillance de nos 2 bateaux-copains.
Pascal et Fanfan sur Zen
Julie et Victor sur Happy Squid
Un navigateur en solitaire qui s'est fait suprendre par un grain juste avant d'arriver aux anses d'Arlet... ert qui a déchiré son génois!
Il pleut toute la journée du 1er janvier, quasiment sans discontinuer. Dans l’après-midi, Guillaume décide de partir en annexe explorer la pointe en combi-palmes-masque-tuba-fusil. Vers 17h50 au coucher du soleil, je scrute l’horizon avec nos jumelles à la recherche de l’annexe et de Guillaume… mais je ne vois rien. Le vent souffle fort sous les grains. Vers 18h20, un peu inquiète, je m’équipe à mon tour pour aller voir Happy Squid. Julie m’apprend que Guillaume est parti avec Victor. Ils sont 2, cela me rassure un peu. On décide avec Julie d’attendre encore une quinzaine de minutes avant de partir les chercher. Au bout de 15 minutes, on arme l’annexe de Happy Squid, mais impossible de démarrer le moteur. On va donc à la rame voir Zen, par une nuit noire. Quand Pascal et Fanfan apprennent que Guillaume et Victor ne sont pas revenus de la chasse, ils réagissent immédiatement. Pascal met son annexe à l’eau, quand soudain les garçons apparaissent, épuisés d’avoir ramé depuis la pointe. Le moteur de notre annexe avait lâché… La leçon du jour : ne pas partir pêcher sans VHF portable ou téléphone portable dans un sac étanche ! Bon ils avaient quand même rapporté un poisson perroquet que l’on a tous dégusté à bord.
Le lendemain nous sommes partis à pied vers le village d’Anse d’Arlet, situé à une trentaine de minutes par la route. Nous y avons rencontré Christian et Marie-Hélène, qui naviguent sur Entrecôtes et que l’on avait croisés à plusieurs reprises sans jamais se parler. Après la transat, leur réputation les précédait : ils ont recueilli un héron sur leur bateau pendant toute la transat. L’oiseau était mal en point et ils ont réussi à l’apprivoiser et à le « retaper » avant qu’il s’envole en voyant la Martinique ! Une vidéo retrace l’aventure sur leur site « Lili la mouette ».
Guillaume réussit à réparer le moteur de l’annexe : le carburateur était encrassé, tout simplement. L’essence achetée au Cap Vert n’était sans doute pas très bonne.
Le lendemain nous repartons vers Sainte Anne, pour y accueillir l’oncle de la tante de Guillaume venus passer une dizaine de jours en Martinique. Sur le trajet, l’hélice se prend dans un casier un peu avant le Diamant. Le coupe-orin joue bien son rôle et coupe le bout reliant les bouteilles en plastique (censées signaler le casier) et le casier mais le bout de ficelle reliant les 2 bouteilles reste entortillé dans l’hélice. Par dessus le marché, le maillot de bain de Guillaume qui séchait sur les filières tombe à l’eau en roulant le génois. Guillaume plonge sous la coque pour démêler la ficelle puis on fait des ronds dans l’eau pour récupérer le maillot de bain à la gaffe ! Pas une journée sans un petit soucis… je crois qu’on s’ennuierait sinon ! On fait le reste du trajet au moteur (vent de face) et nous retrouvons Marc et Christine à Sainte Anne. Nous constatons que la fuite d’eau salée persiste dans la cale moteur… affaire à suivre…
Les jours suivants sont consacrés à la visite de la Martinique : Sainte Anne, les marchés de Fort-de-France, les jardins de Balata, l’habitation Clément, le Vauclin, Sainte Luce, les magnifiques plages des Salines, de l’anse Trabaut, la baignoire de Joséphine…
Nous faisons également une sortie en voilier avec Marc et Christine ainsi que Marc, Corinne et leur fils Cyril à Anse d’Arlet. Nous mouillons juste avant et découvrons des fonds magnifiques pleins de poissons tropicaux et de coraux.
Notre problème de sondeur reste entier… nous démontons le boitier pour le faire tester dans un magasin d’électronique marine : celui-ci semble fonctionner. Le problème viendrait soit de la sonde elle-même, soit des câbles… que je n’arrive pas à suivre dans leur cheminement dans la coque… Cela ne nous pose pour l’instant pas trop de problème, le mouillage de Sainte Anne étant très plat, aux alentours de 3 mètres de profondeur. Nous nous en sortons bien avec les cartes marines.
Mais c’est une autre histoire lorsque nous arrivons à la tombée de la nuit au mouillage de Saint Pierre. C’est un mouillage de sable noir volcanique et les fonds descendent très vite. Il paraît que l’on peut observer les baleines depuis la jetée ! Au début, l’ancre ne croche pas… nous dérapons 3 fois de suite. La quatrième tentative sera la bonne mais impossible de vérifier l’ancrage de nuit sur une plage de sable noir… Nous partons dîner chez nos amis un peu inquiets, d’autant plus qu’il y a en cours une alerte jaune à la houle qui est exceptionnellement orientée au nord et entre donc bien dans la baie de Saint Pierre ! Le roulis nous empêchera d’ailleurs de dormir la nuit suivante. La houle se calme petit à petit les jours suivant.
Le dimanche nous emmenons toute la famille à Grande Anse, qui décidemment nous plait ! La houle est encore présente et les pauvres terriens en ressentent vite les effets. La baie de Fort de France est très agitée, le vent souffle à 25 nds au près ! Les petits de 2 et 4 ans sont bien accrochés et presque pas impressionnés !
Nous quittons nos amis et la Martinique pour la Dominique, à 35 milles au Nord. A ce stade, nous avons toujours une fuite d’eau salée dans la cale moteur et un sondeur en panne… La traversée du canal est très sportive : sous 3 ris et le génois enroulé de 6 tours, au près, nous appuyons au moteur pour nous dégager rapidement du canal. Le moteur lâche après avoir traversé un quart du canal environ. Guillaume pense que le bateau était trop gité et que cela a désamorcé l’arrivée de gasoil. Enfin dégagés de la houle et sous le vent de l’lîe de la Dominique, nous redémarrons le moteur pour finir la route… mais celui-ci lâche au bout de 5 minutes ! Impossible de le redémarrer malgré toutes les tentatives de Guillaume. J’essaie tant bien que mal de faire repartir le bateau avec le peu de vent qu’il y a… on réussit à s’approcher du mouillage de Roseau. Enfin on voit un bateau sur l’AIS (oui, curieusement ils avaient tous disparu quand on était dans la mouise !). On l’appelle à la VHF et on lui demande s’il veut bien se dérouter pour nous remorquer jusqu’au mouillage. Il s’agit d’un catamaran de 42 pieds appartenant à des Quebecquois trop sympas !! En s’approchant de Roseau, les boy-boat nous proposent des corps-morts que nous acceptons tout de suite. Nous faisons connaissance de notre équipage de sauveurs en leur apportant une bouteille de Bordeaux et une terrine de canard à l’Armagnac.
Le lendemain nous tentons d’analyser la panne à tête reposée. Le moteur démarre puis crachotte, refuse de monter en puissance puis s’arrête tout seul. Le moteur n’a tourné que 30 heures depuis le dernier entretien (avec changement de tous les filtres) effectué au Cap Vert. Les filtres sont en effet propres. Guillaume pense que l’arrivée de gasoil se fait mal. Il démonte les tuyaux et constate la présence de grosses impuretés. Après vérifications sur internet, il faut laver les tuyaux et le réservoir de gasoil. Il est même conseillé de sortir le réservoir du bateau et de le secouer avec du gasoil pour éliminer la couche d’impuretés stagnant souvent dans le fond. C’est parti pour la vidange des 45L contenus dans le réservoir ! Le fond n’est pas si sale. On le nettoie à l’aide d’un tourne-vis long équipé d’une poupée de sopalin, puis on désobstrue les tuyaux grâce à un bout de câble de vélo. Evidemment, on perd une poupée de sopalin dans le réservoir, que l’on repêche avec un hameçon ! On décide de ne pas sortir la cuve qui après examen à la lampe torche est propre. On replace le bouchon et la jauge et on bouche avec énormément de silicone. Le filtre à gasoil est également endommagé : son pas de vis est abîmé ce qui empêche l’étanchéité de se faire en le fermant. Le lendemain, on part en ville en taxi à la recherche d’un nouveau filtre à gasoil…Le taxi-man nous trimbale à travers la ville et fait une dizaine de magasins de bricolage à la recherche du filtre. Finalement, nous achetons une nouvelle vis au lieu de remplacer tout le filtre, impossible à trouver. De retour au bateau nous ré-installons le filtre. Nous démarrons le moteur pleins d’espoir… toujours pas. Il joue la même rengaine qu’avant toutes ces manœuvres : il démarre puis crachotte et s’arrête. On n’a plus d’idée… C’est là qu’intervient le mécaniciens que j’attendais au début du post…
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Aquilon
4 Février 2017 - 6:43pm
Panne moteur