Lagos-Madère

Posté par : Anne-Claire et Guillaume
23 Septembre 2016 à 20h
Dernière mise à jour 14 Novembre 2016 à 23h
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Je vous écris en pleine mer, par 3000 mètres de profondeur, entre Lagos et Madère. Nous devrions arriver dans 8h environ à Porto Santo, une ile au nord de Madère. Cette étape nous permettra de faire une étape salvatrice avant Madère qui est encore à 4h de voyage. Nous avons derrière nous 71h de mer, et je commence tout juste à me sentir mieux…ce qui me permet d’écrire ce post. Guillaume vient de crier « terre en vue » ! Ouf on est sauvé… même si moi je ne vois rien… je dois avoir les binocles salies par l’eau de mer.

Nous avons attendu une fenêtre météo pendant une semaine entière. Nous avons pu visiter Portimao, Ferragudo, Alvor et Lagos, en faisant de nombreux mouillages idylliques.

Alvor

Portimao: sur la route de migration des cigognes, qui ont élu domicile sur les grues désaffectées

Ferraguno

Ferraguno

Notre récolte d'amandes à Alvor

Lagos

 

Finalement, nous sommes partis samedi matin, ayant laissé passer une belle perturbation.

Le début du voyage s’est fait au moteur. Nous avons hissé les voiles après avoir passé le cap Saint Vincent. Petit à petit le vent a forci. J’avais déjà des nausées, sous Stugeron, mais je contrôlais assez bien la situation. Au fur et à mesure de la journée, les conditions se sont intensifiées. La mer était très formée avec une houle de 2-3 mètres venant de ¾ avant. A la nuit tombée, nous avions roulé le génois d’une bonne dizaine de tours et pris un ris dans la grand voile. Je suis allée me coucher et Guillaume a pris le premier quart de 21h à minuit. Impossible de dormir, la mer était trop forte. Je sentais le bateau partir au lof. Nous avons finalement pris un deuxième ris et encore quelques tours dans le génois, dans une mer déchainée. Cette manœuvre a eu raison de nos estomacs à tous les deux. Roger, le pilote automatique, a bien tenu de coup, heureusement. La suite de la nuit a été du même acabit. Aucun de nous n’a réussi à dormir, et pendant nos quarts il fallait solidement s’accrocher pour ne pas perdre l’équilibre. C’est là que je me suis rappelée les questionnements de plusieurs personnes avant notre départ : « vous allez faire des quarts de nuit ? N’est-ce pas trop dur, surtout à deux ? Comment allez vous gérer le fait d’être réveillés toutes les 3h plusieurs jours de suite ? ». Ma réponse était toujours la même : « ça ne peut pas être pire qu’une garde ! ». Eh bien, je retire ce que j’ai dit !! Imaginez-vous faire une garde, une nuit blanche, mais dans une pièce qui bouge tellement que vous êtes littéralement projetés contre les 4 murs en permanence. Il faut déployer tellement d’énergie pour rester debout ou même assis ou couché qu’on a l’impression de faire un cours d’aérobic pendant 24h. Imaginez ensuite que, pendant votre garde, quelqu’un vous verse un seau d’eau salée sur la gueule toutes les heures environ… pour vérifier si vous êtes bien réveillés. Evidemment vous êtes malade, le simple fait de changer de place peut vous faire vomir. Vous avez froid et soif mais vous n’osez pas boire de peur de vomir encore. Quand enfin vous rentrez chez vous, quelqu’un a jeté toutes vos affaires par terre, c’est Bagdad à la maison. Les pires pensées vous traversent l’esprit. Au petit matin, j’ai fini par écouter de la musique à fond pour me remonter le moral (la compil Zouk 2013 de Tropique FM est géniale pour ça !). Je zoukais, kizombais et zumbais devant les vagues comme pour répondre à leur défi. Je leur adressais les paroles d’une chanson : « I’m ready, if you’re ready, take my body, dance with me, we don’t have to know each other ! ». Le tableau devait être assez drôle à voir ! Les effets de cette méthode Coué ne durèrent pas. La « garde » se prolongea jusqu’en début de nuit suivante, quand la mer se décida enfin à se calmer un peu.  J’étais tellement éreintée que je n’arrivais plus à dormir.  

Heureusement le jour suivant fut plus calme et nous étions amarinés, mais le contre coup de la fatigue m’empêcha d’apprécier la traversée. Je réussis quand même à faire un crumble !

Levé de soleil

Aujourd’hui ça va beaucoup mieux, plus de mal de tête, moins de fatigue. Guillaume a été réveillé par la chute d’un poisson volant sur une des banquettes du cockpit ! Il a ensuite pêché 4 petites bonites que nous avons mises en conserve.

la douche en navigation

Porto Santo est bien en vue maintenant, nous arrivons bientôt ! 

AC

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