2006-Le grand départ : De La Rochelle à Venise

2006-Le grand départ : De La Rochelle à Venise

Posté par : Olivier
23 Mars 2012 à 15h
Dernière mise à jour 19 Janvier 2016 à 18h
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Je m'aperçus rapidement que ma célébrité était bien moindre que celle de Joshua  ou Pen Duick et qu'en fait, Morgane jeune artiste peintre débutante avait encore des progrès à faire pour que l'on puisse me reconnaître en vrai.

Ce n'était pas grave, j'avais eu mon heure de gloire et j'aspirais à couler des jours heureux dans mon port.

Mais "on ne nous dit pas tout" et en début d'été un copain de Marc que je connaissais déjà me fit faire une sortie en mer qui prit une salle tournure à la sortie des Pertuis : Cap Sud Ouest. Çà recommence, et en plus cette fois c'est un kidnapping, je suis un bateau volé!! L'individu me dit de me calmer et m'explique qu'il n'est pas un voleur et que Marc lui a demandé de m'amener en mode "convoyage rapide" vers une destination dont je n'ai jamais entendu parler et que ça va durer un bon mois.

Je ne connaissais pas le fonctionnement en mode" convoyage rapide" mais j'ai vite compris : Tu ne t'arrêtes jamais sauf quand tu es complétement nase et que tu n'as plus de bouffe, d'eau et de gas oil et éventuellement à Force 9.

Aprés un petit bonjour à mes collègues randonneurs du chemin de ST Jacques  de Compostelle, l'Alizé Portugais nous pousse rapidement jusqu'à l'entrée étroite d'un grand Golfe avec plein d'iles. On se croirait à l'entrée du golfe du Morbihan à Port Navalo avec le courant et les bateaux (en plus gros) qui défilent sur ce tapis roulant. La mer devient plus bleue, la houle disparaît et le vent plus capricieux. On m'explique alors que l'on vient de passer le détroit de Gibraltar et que l'endroit où l'on se trouve n'est pas le Golfe du Morbihan mais la mer Méditérrannée. Je me souviens de certaines discussions avec mes collègues de l'Atlantique où ils parlaient de cet endroit avec mépris, comme étant une marre à canard avec pas de vent ou trop de vent. Pour confirmer les persiflages des Rochelais, les locaux, Zeus, Neptune et Eole se chargèrent de nous accueillir avec 40 Knts dans le nez en mer d'Alboran. Bienvenue les Charentais et tous aux abris pendant plusieurs jours, le temps que ça se calme. Puis on repart sur une mer chaotique pour arriver sur une île inconnue dans un grand port bizarre où vivent des gens bruns et basanés vêtus de noir ,coiffés d'un chapeau et portant tous des lunettes noires. J'appris alors que nous étions arrivés en Sicile à Palerme la capitale de la mafia, pays où il est de coutume d'offrir un pistolet de 9mm à chaque jeune garçon en cadeau de première communion.

Les aventures de Tintin ou d'Astérix ce n'est pas pour moi : je ne suis qu' un honnête et paisible bateau charentais et mon inquiétude grandit quand je vis mon convoyeur préparer ses bagages. Il ne va pas me laisser là , tout seul, je suis mort.

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Quel soulagement quand je vis embarquer Dominique , Marc et Morgane. Ils me sortent rapidement de cet endroit maudit et on repart en mode croisière vers les Iles Eoliennes où je découvre à Vulcano et Stromboli une autre particularité locale : les volcans, ces montagnes qui crachent feux, cendres et souffre, génèrent des sources d'eau chaude bienfaisantes et sont capables de déclencher quelques Tsunamis fatals pour nous, pauvres bateaux . Leur chef d'orchestre s'appelle parait-il Vulcain, un collègue du diable.

Nous réchappons à cet endroit diabolique pour tomber dans un autre piège : le terrifiant détroit de Messine et ses courants tourbillonnants et plein de ferries et cargos qui s'obstinent à t'éperonner. Si tu réchappes à ses pièges, ne t'avise pas de faire escale sur ses rives : d'un côté il y a  Scylla et ses affreux mafieux calabrais et de l'autre Charybde et  ses  horribles mafieux siciliens qui t'attendent.

On en ressort vivant. Allez ! on se tire de là vite fait. Tous d'accord pour réenclencher le mode convoyage et quitter au plus vite ce pays en forme de botte qui cherche à nous écraser.

Passé le talon de la botte on remet cap au Nord, c'est bon signe , ils me ramènent à la maison en passant par la mer Adriatique. Je suis tellement content de rentrer que je bats mon record de vitesse, de nuit , sous spi et pilote. L'équipage apprécie moins et m'explique que c'est encore les vacances  et qu'ils veulent prendre le temps de visiter l'espèce de mille feuilles d'iles longues et étroites qui se présentent devant notre étrave et qu'ils appellent la  CROATIE. On reprend donc le mode croisière touristique en alternant les mouillages  et les visites  incontournables : Dubrovnik, Split , Korcula  etc.

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     Je reste serein car je vois grandir chaque jour la valeur de la latitude de mon GPS et même si quelques orages secouent mes circuits électroniques on réchappe au terrible vent local , la BORA.

Maintenant c'est tout bon, on a presque atteint la latitude de Bordeaux. quelques heure encore et je vais retrouver mon petit catway avec ma prise électrique et mon robinet et mes copains.

Mais ce voyage se termine en cauchemar  de bateau : devant moi il n'y a plus d'eau mais des plaines et  des montagnes  qui se nomment Dolomites. Marc réussit quand même à trouver assez d'eau et une île  qui s'appelle CERTOSA. Des gens me sanglent, me hissent vers les cieux et me posent sur mes deux quilles le long d'un hangar. L'équipage range , nettoie , la bise et Ciao!

Un cauchemar vous dis-je: comment et quand vais-je rentrer chez moi?

 

 

 

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