2009- Chez les Turcs De Marmaris à Leros

2009- Chez les Turcs De Marmaris à Leros

Posté par : Olivier
23 Mars 2012 à 18h
Dernière mise à jour 18 Janvier 2016 à 18h
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Un hiver à Yacht Marine à Marmaris

       Après 3 mois en Grèce j'apprécie de retrouver une marina moderne avec piscine, salle de musculation ,laverie , cantine et restaurant chic avec club house, et secrétaires top modèle. Je ne suis pas le seul et entre les à sec et les à flot on doit approcher les 3000 résidents.

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     Mon voisin est un beau Lévrier des mers et comme il parle aussi français je trouverai le temps moins long pendant cet hivernage.

    Tu viens d’où ? Du Sud ouest de la France. Mais encore? de La Rochelle. Le monde est petit, d'autant  plus que nos deux proprios habitent à 40 Kms l'un de l'autre.Il revient d'un tour du monde de 7 Ans en pointillés et après avoir réchappé aux pirates Somaliens en remontant la mer Rouge , il est bien content de retrouver confort et sécurité.

     Il n'est d'ailleurs pas le seul car il semblerait que cette marina soit une sorte de maison de retraite pour bateaux de voyage. Beaucoup viennent de fort loin et ont de belles histoire de voyage à raconter et leur équipage plus tout jeune à décider de les installer ici. De voyageurs ils sont redevenus sédentaires. On comprend mieux la démarche de leur capitaine quand ils habitent  en Europe du Nord car il n'y a pas photo quand il faut faire le choix entre naviguer en Turquie ou en mer du Nord. Au printemps et à l'automne leur équipage leur fait faire des ronds dans l'eau et l'été ils rentrent chez eux pour s'abriter du soleil et du meltem. Comme ils connaissent le coin à fond, j'écoute leurs conseils de patriarche:Il te faut au moins 100 m de chaîne de 12 et une ancre de 20 Kg; comment ça tu n'a pas encore de capote, bimini et barbecue?. Je n'ose pas leur dire que je n'ai que 35 m de chaîne de 8 et une ancre de 14 kg et que mes proprios considèrent qu'un chapeau et un tee shirt sont suffisants pour s'abriter du soleil.

      D'ailleurs les voila qui reviennent me chercher début Juillet et ils m'expliquent le programme de la saison: Mois de Juillet on descend au SUD jusqu'à Antalya puis Août et Septembre on remonte la côte Turque le plus au nord possible. Là je pense qu' ils sont devenus complétement cinglés ou séniles car tous mes vieux collègues d'hivernage m'avaient donner la règle d'or : En été, ne jamais descendre au Sud tu vas mourir de chaleur et ne jamais remonter au Nord car tu auras le meltem dans le Pif d'un bout à l'autre.

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      Mais il sont tétus comme des mules et nous voilà partis vers le sud le long de la côte Lycienne et malgré la présence du massif du Taurus qui culmine à 3700 m au dessus de la côte , qu'est ce qu 'on a eu chaud. Le frigo, le premier a baissé les bras et eux ils cherchaient tous les moyens pour se rafraîchir : à Kas ils ont loué un 4*4 pour monter voir les neiges éternelles du Taurus, à Antalya ils sont restés une journée entière dans le musée. Certes il y a de belles choses mais surtout  il est climatisé , et puis finalement il m'ont abandonné quelques jours dans la marina d'Antalya pour aller se rafraîchir en Cappadoce en bus climatisé.

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      Mais que la côte Lycienne est belle. Il y a, certes quelques points communs avec la Grèce : Le Giros s'appelle Kebab, l'Ouzo devient Raki et la biére Mythos se nomme Efes.

     Mais les différences sont prédominantes. La plus spectaculaire étant l'absence totale d'îles habitées car les grecs leur ont piqué toutes les îles . En contrepartie ils ont hérité de golfes et de baies enchâssés dans un cadre montagneux verdoyant, et épargnés par les accès routiers et donc des excés de la civilisation. Qui dit pas d'ile dit pas de Ferrys. En remplacement ils promènent  les touristes sur de jolis bateaux traditionnels en bois , les caiques ou gullets. Leurs capitaines ont un comportement étrange et louvoyant en navigation mais sont des virtuoses du mouillage à la turc: Mouiller , reculer, plonger, nager et porter des amarres à terre sur arbres ou rochers. C'est pas faute d'avoir essayé, mais le résultat fut souvent médiocre voir catastrophique. C'est vrai que je ne fais pas le même poids que les caiques et chaque risée par le travers a une incidence sur mon caractère volage.

       Autre différence notable : fini les équipements portuaires des années 50, et nous sommes bien en l'an 2000 avec nombreuses marinas confortables, corps morts ou pontons installés par les taverniers locaux qui vous offrent généreusement leurs installations en échange d'un repas dans leur établissement. On comprend rapidement que les turcs ont le  sens du business bien plus développé que leurs collègues grecs. Heureusement il reste encore d'innombrables possibilités de mouillages gratos. Il y en a donc pour tous les goûts et toutes les bourses d'où une très forte concentration de bateaux de propriétaires et de locs. Mais il y a de la place pour tout le monde.

     Autre chose à savoir : Les turcs ont le culte du football, d'Attaturk et de leur drapeau national. Ce sont des sujets sur lesquels il ne faut pas plaisanter et si vous ne voulez pas vous faire remarquer par les gardes côtes il est préférable d'avoir un drapeau turc en très bon état et au bon endroit. Si vous assistez à la cérémonie des couleurs du matin et du soir par les gardes côtes vous comprendrez qu'ils ne badinent pas avec le sujet. C'est aussi impressionnant et spectaculaire que les cinq prières du muezzin.

     Les gardes côtes sont bien présents mais sont plus là pour la prévention que la répression, mais comme nous ne sommes plus en Europe il est préférable d'avoir ses papiers en règle, de respecter les règles complexes d'entrée et sortie du pays et de mise sous douane en cas d'absence prolongée. Des "agents" se feront un plaisir moyennant quelques sous de s'occuper de ces formalités. Vous pouvez le faire vous même mais cela peut être fort long et pénible pour 4 tampons. Les îles grecques du Dodécanèse étant juste en face de la côte turque nous avons pratiqué la formule simple du changement de drapeau et de papier suivant le pays. Ce n'est pas franchement légal mais comme nous sommes en méditerranée il y a une certaine tolérance , jusqu'à nouvel ordre.

    Evitez les pollutions trop visibles, du genre faire tomber  le contenu du jerrycan de l'annexe ou le flacon de produit vaisselle dans un mouillage à l'eau turquoise. Il n'y a pas que les européens qui ont le sens de l'environnement.

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      En respectant ces quelques consignes on profite sereinement du joyau de la côte Lycienne et certains vous diront qu'il n'existe pas plus beau que les golfes de Goceck et de Kekova et leurs innombrables mouillages et que la région de Kas /Castellorizzo est une pure splendeur.

    Au détour d'un chemin, vous vous trouverez immanquablement nez à nez avec quelques tombeaux en pierre, certains étant monumentaux et le long de la côte Lycienne vous en découvrirez des centaines. Ce qui laisse à supposer que les Lyciens les habitants des lieux 2000 ans avant JC devaient tous bosser pour les pompes funèbres Roc- Eclerc . Leurs tombeaux c'est pas de la camelote et ils pourront servir encore quelques millénaires.

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       Côté vieille pierre c'est aussi le paradis : les architectes byzantins, grecs et romains se sont laissés à aller  à une débauche de constructions et de Cnide à Alanya en passant par Patara , Myra, Phaselis, Pergé et bien d'autres vous pourrez vous goinfrer jusqu'à l'overdose de Stadium , Agora, Odéon, Théatre, Thermes et Temples.

    De plus les Turcs sont accueillants et vous serez surpris par leur honnêteté quand vous prendrez un Dolmus, ces minibus qui leurs servent de très pratiques transports en commun: Un billet partira du fond du bus pour payer le trajet et circulera de mains en mains jusqu'au chauffeur et la monnaie reviendra au propriétaire en sens inverse. essayez de faire la même chose dans un bus français !

     Après un hiver passé à Marmaris à écouter les récits et conseils de mes collègues et après ces quelques semaines à sillonner paisiblement la côte Lycienne je décidai de leur faire une proposition : puisqu'on était arrivé au bout du bout de la méditérrannée, que La Rochelle était à des milliers de milles , que les infrastructures étaient confortables , la météo clémente, et la côte superbe pourquoi on ne ferait pas comme tous les autres : on pose nos pénates, tranquille dans un coin et on navigue pépère dans le secteur. Que n'ai je pas dit? Ils me mettent la honte : Je suis un randonneur voyageur dans la force de l'âge et je veux prendre ma retraite ? Il reste tant de choses à faire et à voir et ils me font le coup du violon : peut être qu'un jour je reverrai mes chères huîtres et retrouverai les odeurs de varech à marée basse.

     Bon , on oublie la résidence pour bateaux âgés Yacht marine à Marmaris et on enchaîne le voyage vers le Nord par la côte Carienne qui s'étend de Marmaris à Bodrum. La presqu'ile de Datça sépare le golfe d'Hisanoru et sa perle grecque Symi de celui de Bodrum. C'est au moins aussi beau que la côte Lycienne et comme c'est plus sauvage et que le meltem est plus présent la fréquentation s'en ressent , surtout dans le golfe de Bodrum. Si il fallait faire un choix turc, notre coup de cœur irait au golfe d'Hisanoru.

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    A partir de Bodrum on attaque la côte Ionienne et jusqu'à Cesme le mot attaque est bien le mot qui convient car on est au mois d'août et le maître des lieux s'est installé pour l'été. Il me l'avait bien dit à Marmaris :tu auras le meltem dans le pif en permanence. Heureusement il garde le plus fort de ses ardeurs pour les Cyclades et il nous réserve un petit 25 knts quasi permanent le long de la Turquie et comme les îles du Dodécanèse cassent bien la mer, c'est jouable et à chaque jour sa peine: Sous trinquette et 2 ris on part à la quête de nos  milles quotidien au louvoyage ou dans le meilleur des cas au prés serré. Bizarre on ne rencontre quasiment pas de bateaux qui font la même route que nous ! A la presqu'ile de Bodrum défigurée par les constructions succède une zone de côte  sauvage fortement occupée par les fermes aquacoles.

    Une halte dans la toute nouvelle marina de DIDIM donne un peu de repos à mes quilles et eux ils en profitent pour visiter en une seule journée les sites antiques de Didim, Milet , Priène et lac Bafa. Ils en reviennent sur les rotules. Bien fait pour eux, ils n'ont qu'à m'écouter.

    Un beau mouillage de bout du monde à Port St Paul, ou deux barques ouvertes de pêcheurs viennent passer la nuit en attendant le départ à la  pêche à l'aube. Chapeau les pêcheurs turcs ! Si ce n'est la motorisation de leur barque , il n'y a pas du y avoir grand changement depuis St Paul.

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  Une escale à Kusadasi pour visiter la très touristique Ephèse et Selçuk et ses environs et on approche de Cesme et de la côte Eolienne. Pourquoi éolienne ? Y aurait il du vent ? Facile à reconnaître, des éoliennes ils en ont installées partout et les spots de planche à voile fleurissent dans chaque baie. Celui d'Alacati est mondialement connu. En fait comme on s'est bien habitué  au vent depuis Bodrum on ne fait plus trop la différence et on suppose que le meltem doit  continuer à souffler une grande partie de l'année. Pour nous ce sera visite d'Izmir en bus, de Chios en scoot avec escale dans la "nouvelle marina" et du petit joyau de Ouinoussa et on en restera là pour la remontée vers le nord car le louvoyage c'est comme le ski de rando en montagne : 5 heures de galère en montée pour 1 heure de bonheur à la descente.

     A propos, il y en a un qu'on a pas vu depuis le début de la saison : c'est le spi, il se refuse à sortir d'hibernation dans sa chaussette.

     Génois déroulé et à fond les manettes au portant jusqu'à Kusadasi pour faire la sortie officielle de Turquie et direction la belle Samos et son charmant port de Pythagorion en attendant un couple de blaireaux montagnards. Pour les mettre dans le bain on leur fait goûter le fameux vin de Samos puis du Retsiné local et leur choix est vite fait. Les montagnards ont une grande faculté d'adaptation et il faut reconnaître qu'il y plus désagréable qu'une croisière au portant entre Samos , Patmos lipsi et Leros. Nous rencontrons quelques bateaux qui ont eu l'excellente idée d'aller passer leur vacances d'été dans les Cyclades et à écouter leur récit l'enfer serait presque le paradis par rapport à ce qu'ils ont vécu. C'est sur que ceux-là vont terminer vite fait leur carrière maritime à la résidence Yacht marine. Les fichiers de Poséidon sont suffisamment significatifs pour comprendre leur état de terreur. Il parait que c'était une année avec un très bon cru de Meltem.

     Fin septembre approche, le meltem est toujours là et commence juste à donner quelques signes d’essoufflement, je franchis la spectaculaire passe d'entrée de la baie de Lakki à Leros . Je connais et j'aime bien ce coin avec la joli petite marina de Lakki mais cette année j'ai droit à la mise à sec à Leros marina au fond de la baie, la seule marina labellisée STW de Grèce. On m'a gâté, on en reparlera la saison prochaine.

 

    

    

  

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