Premiers pas dans l’Atlantique : de Gibraltar à Porto Santo (584 mn ; 5 jours)

Premiers pas dans l’Atlantique : de Gibraltar à Porto Santo (584 mn ; 5 jours)

Posté par : Lisiane et Julien
27 Août 2015 à 18h
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Voilà nous y sommes. Départ de Gibraltar au petit matin, trois heures après la pleine mer comme conseillé dans les guides nautiques. Avant de partir nous avons encore installé la balise EPIRB et la nouvelle ligne de vie Wichard. Lisiane a également profité d’un prix défiant toute concurrence pour s’acheter un vrai pantalon de navigation. Il s’agit de la salopette Gill OS2 qu’elle a eue pour 121 €, au lieu de 240 € chez les fournisseurs habituels. Pour une bonne affaire, c’est une bonne affaire !

Lisiane dans sa nouvelle salopette

Nous quittons gentiment la baie de Gibraltar pour traverser le célèbre détroit reliant la mer Méditerrané aux eaux de l’océan Atlantique. Les Colonnes d'Hercule, telle était le nom donné au détroit par les grecs, elles symbolisaient la frontière entre le monde civilisé et un monde inconnu. Et c’est devant cette inconnue que nous nous dirigeons maintenant. Sereins, mais un brin silencieux… Comme nous avons attendu plusieurs jours pour que le vent d’ouest diminue, il y a aujourd’hui très peu de vent, alors c’est au moteur que nous remontons le détroit et atteignons le phare de Tarifa. Julien en profite pour mettre à jour la météo sur l’iPad et réceptionner le signal navtex.

«GIBRALTAR STRAIT: W 3 OR 4 DECR VRB 2 OR 3, AND INCR LATER TO E 4  OR 5, OCNL 6 AT END. SMOOTH INCR LATER TO SLGT.»

Le phare de Tarifa et derrière nous, la Méditerrané aussi

Après le détroit nous avons dû décider de notre route. Partir au sud et couper le rail de trafic directement ou rester au nord et profiter d’un vent favorable plus longtemps. Ne voulant pas croiser la route des pétroliers et autres cargos pendant la nuit nous décidons de mettre le cap au sud. Comme le préconise d’ailleurs notre guide nautique. Une fois le rail traversé le vent se lève et avec lui les voiles d’Hrmanito. Nous passerons ainsi notre première nuit en Atlantique sous voile. Nous avons établi un plan de quart. Lisiane prendra le premier quart (21h-0h), Julien s’occupera du second (0h-3h), … jusqu’à 9h00. Après, pendant la journée, on fait au bon vouloir. Cette première nuit a été calme et nous avons bien pu nous reposer. De plus Julien, avec l’aide précieuse de Lisiane, s’alimente bien mieux que lors de la traversée entre la Corse et Minorque.

«SAO VICENTE:

 - IN SE: VRB 2 TO 4. SMOOTH.

 - OTHERWISE: N 4 OR 5. SLGT OR MOD.»

 

Au petit matin nous devons nous résigner à remettre le moteur en marche. Nous savions que le vent devait se calmer, mais nous étions tellement bien sous voile que nous aurions voulu continuer ainsi. Mais bon, il faut bien qu’on avance alors on met les gazes.

Premier point de midi pour la traversée. Afin suivre notre progression nous avons acheté une carte maritime et allons faire le point chaque midi pour voire notre progression. C’est nettement plus motivant de faire un joli trait d’une centaine de mille, que de regarder heure après heure l’écran du ploter sans voire notre position évoluer. Distance parcouru depuis hier 114 milles nautiques. Ok, ok, ceci inclus 6 heures moteur…

Notre carte avec les cinq points de midi

L’après-midi se passe sans soucis. Julien n’arrive juste pas à capter le signal navtex de la station de Tarifa. On fera sans. La nuit se profile à l’horizon. Vroum, vroum, le moteur continue de tourner. Heureusement que c’est un bon moteur. Lisiane prend son quart et Julien va dormir. Julien prend son quart et Lisiane va dormir. Lisiane prend son … … … jusqu’au matin. Rien de spécial pendant cette nuit de navigation, nous avons seulement inauguré une nouvelle façon de faire son quart. Un minuteur et toute les 15 minutes on fait le tour de l’horizon, on contrôle le cap, le vent (toujours rien), et on peut de nouveau s’assoupir 15 minutes. De cette façon la nuit passe nettement plus vite.

Point de midi, 123 milles nautiques. Ok, ok, rien que du moteur… Mais à midi pile nous pouvons enfin remettre les voiles. Comme annoncé par nos fichiers GRIB. La prévision météo est aussi précise qu’une horloge suisse, sur ce coup-là. Une fois sous voile Julien se met à la cuisine. Fait assez rare qui mérite d’être souligner. Bon quand il est en cuisine c’est souvent très bon. Aujourd’hui une ration de protéine avec des bonnes petites côtelettes de porc à la poêle.

Julien en cuisine. Quoi ?! Le capitaine en cuisine !

Après le diner le vent monte assez rapidement est au crépuscule nous pouvons envoyer la trinquette. Le vent n’est pas menaçant, les problèmes se sont les nuages et les rafales. Avec la nuit : "Il se mit à faire plus noir que dans le cul d’un taureau par une nuit sans lune." The Big Lebowski. Julien s’est ramassé un bon petit paquet de mer dans la gueule. Bien sympa, un peu froid ouais. Nous ne dormons pas autant bien que les deux premières nuits et nous avons hâte de revoir le jour. Les quarts ne sont plus tout à fait respectés. Tan pi c’est comme ça et pi c’est tout. Le matin venu ? Julien se fait une bonne petite poêlée de Rösti. Et oui, il n’y a pas d’heure. Pendant que l’on rétabli la génois on découvre un passager clandestin dans les cordages ?! Comment est-il arrivé là ? Bonne question. Julien dit à Lisiane qui se trouve à l’avant du bateau : « Eh y a un calamar dans les cordages ! » Réponse de Lisiane : « Qu’est-ce qu’il fout là ? »...

Passager clandestin ou première prise ?

Point de midi, 106 milles nautiques. Pas mal, et cette fois c’est uniquement à la voile. La journée est magnifique, grand soleil, vent régulier, les batteries sont chargées à bloc et l’équipage peut se reposer. A 18h00 Julien choppe avec un peu de chance la météo sur RTTY.

Beau temps en perspective pour cette quatrième nuit de navigation, la seconde sous voile. Nous avançons entre 3-4 nœuds très calmement. Pas beaucoup d’étoile pour nous accompagner mais il ne fait pas autant noir que la nuit précédente. Les quarts s’effectuent à nouveau selon notre plan. Cette nuit fut bien plus paisible que la précédente.

Point de midi, 101 milles nautiques. Ouf l’honneur est sauf, nous ne sommes pas tombés sous la barre des 100 milles. Par contre, il y en a un qui est bien tombé c’est le vent. Nous décidons d’essayer, encore une fois, le Parasailor. En plein Atlantique, sympa. Ça ne va pas comme ça devrait et l’équipage commence à être un peu tendu. De la merde ! On range tout, moteur ! Lisiane est un peu déçue mais bon faut bien qu’on avance. De son côté Julien commence à devenir anxieux. Pourquoi ? Pour rien… la fatigue, peut-être.

Il a des petits yeux le Julien

Il a besoins de sommeil et Lisiane va payer cher cette nuit. Sur l’ensemble de la nuit Julien a dû être de quart entre 2 et 3 heures, le reste a été assuré par Lisiane. Qui subira les contre coup de la fatigue plus tard. Heureusement nous abordons notre dernière nuit de navigation. Demain la terre sera en vue. Si le GPS n’a pas merdé…

Le matin l’île de Porto Santo est en vue. Soulagement, nous sommes heureux d’arriver et content d’avoir atteint notre première destination Atlantique.

Terre !

 

Emplacement

On vous souhaite bonne route. Yannis et Suzanne Qui vous ont acheté votre storm bag

Votre carnet de route se lit bien. Cordialement et bonne suite!

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