3. Quartier de la Vieille Ville

Le regard embrasse toute la baie et se repait de soleil comme tous les promeneurs savourant la douceur de la ville.

D'ici, en regardant vers l'Est, on aperçoit le fort St Jacques, jaune, construit au XVIe pour se protéger des attaques de pirates et corsaires français , anglais ou hollandais. Il se situe maintenant à l'extrémité de ce quartier.

 Quelle ville ne possède pas sa vieille ville? Ici pas de remparts puisque la mer, très profonde offre une protection naturelle. Nous prenons notre journée pour flâner dans les petites rues pavées et visiter.

 A l'entrée de la vieille ville se dresse un bâtiment monumental, inauguré en 1940, sous le régime de Salazar. Ce marché des Laboureurs (ou Mercado dos Lavradores)) offre tous les matins un spectacle unique d'odeurs, de couleurs et de saveurs, si vous acceptez les nombreuses dégustations qui sont proposées. L'intérieur est structuré avec des escaliers, des patios, des ruelles qui délimitent les espaces.

Les marchandes de fleurs, habillées en costume traditionnel, dessinent un tableau hyper coloré: estrelicia ou oiseau du paradis, becs de perroquets, protée et arums de toutes couleurs ...

Dans le patio, les producteurs font rêver avec leurs fruits tropicaux, riches en couleur: anones, papayes, mangoustans ...

A l'arrière le marché aux poissons est à lui seul une véritable pièce de théâtre: les vendeurs s'attaquent à la machette ou à la scie à des thons rouges. Ils s'égosillent et s'activent devant leurs étals, remplis de poulpes ou d'espadas, ce poisson noir des grands fonds aux grandes dents et aux yeux globuleux. C'est ici l'emblème des restaurants !

A l'étage, quelques spécialistes vantent les différentes variétés de maracuja, les vertus des piments (piri piri) dont les couleurs chatoyantes illumineront toujours les souvenirs de cette visite.

La rue de Santa Maria traverse le quartier de part en part. De café en resto, d'échoppe en petite église en réfection, nous parvenons au fort. Plus de militaires ici. Les artistes madériens contemporains ont pris possession des lieux. Nous resterons longtemps à admirer la vue sur la grande baie, le bleu puissant, le jaune safran, la douceur du soleil, comment résister ? Alors nous dégustons notre repas en terrasse, une brochette de viande pour l'un, une brochette de poisson pour l'autre et un petit Madère en dessert!

Il y a peu de monde, la saison se termine. Pour nous c'est bien agréable. L'horizon est si vaste que les idées s'envolent et se perdent. Seul l'instant présent nous distrait avec quelques baigneurs en contre-bas.

Nous reprenons la petite rua, bien étroite, s'arrêtons devant des portes colorées par tout un chacun avec des coquillages pour évoquer le bord de mer, ou à la peinture parfois en trompe l'œil.

Au coin d'une rue une flèche peinte sur un mur nous invite à entrer dans le Madeira Story Center. C'est un musée épatant qui retrace l'histoire de Madère (en français) de façon très ludique et interactive. Depuis la terrasse on découvre toute la flore. Puis les origines volcaniques sont mises en lumière. Les premières découvertes font une part belle à Christophe Colomb. Quand arrive le commerce du sucre et du vin, on entend les pourparlers de tous ces "traders". Puis l'ère du tourisme nous fait découvrir des aspects plus oisifs. On peut même s'installer dans l'hydravion qui a fait la navette entre Southampton et Madère jusqu'en 1956. Une visite plaisir !

William Bolton est des premiers négociants anglais en vins de Madère. Ses lettres nous donnent beaucoup de détails sur la vie au XVIIIème à Madère

 En sortant nous sommes pris dans le tourbillon tintinnabulant des danses folkloriques avec leurs costumes traditionnel rayé rouge, vert et blanc.

Dépaysement garanti !

Nous sommes arrivés au pied du téléphérique mais ce sera un autre jour ... pour un autre quartier.