MAI EN BEAUTE
EN MER TYRRHENIENNE VERS L'ILE D'ELBE ET LE LONG DE LA COTE ORIENTALE CORSE
Du 11 au 31
Je n'ose même pas imaginer la furie des moteurs en été dans le Golfe de Cannes quand je vois l'agitation rugissante des hors-bords plein gaz sur les îles de Lérins en ce dimanche de début mai !
La côte que nous avons suivie depuis quelques jours est sans conteste une des plus belles que nous ayons eu à longer le temps de notre périple, le rouge flamboyant des massifs bordés de verdoyante végétation et mouillés par la mer couleur azur... Son attractivité auprès des plus fortunés la rend inaccessible aux plus humbles, pour exemple la privatisation des bords du littoral, de la plage aux splendides villas sur les bords de mers.
Nous ne serons jamais privés de cette vision... et jamais blasés !
L'équipage s'organise pour la vie à bord dès le départ en fin de matinée, peu de vent dans les voiles annoncé par météo consult, ce qui nous change de nos conditions de navigation des premiers jours.
Une vitesse de 5 nœuds à l'heure en moyenne contre un courant contraire d'environ un nœud, nous avons le temps d'admirer les côtes françaises et italiennes et de jeter la ligne de pêche en eau profonde, plus de 2000 mètres de fond... pas une voile ni un yacht en vue pendant toute notre traversée! La brume tombe en fin de soirée, les étoiles scintillent les unes après les autres, le soleil se couche, la nuit tombe...
La nuit est douce et silencieuse, peu de bruits en dehors du moteur et du bruissement des vagues contre l'étrave de notre voilier, ce sentiment particulier d'être seuls au milieu de l'immensité et de ne dépendre que de soi et de son bateau... pas d'inquiétude pour les marins mais la conscience d'un nouveau challenge à dépasser...
Les quarts de deux heures pour chaque équipier se succèdent sans difficultés et de lever de lune en lever de soleil nous voyons apparaître les côtes corses aux premières lueurs orangées du jour... Waouh ! Les dauphins bondissent en quête de leurs premiers poissons et les poissons lunes reconnaissables à leur nageoire battant alternativement de gauche à droite s'évanouissent dans les eaux à notre approche !
Les côtes sauvages du Cap corse bordées des plus belles plages et d'abris plus naturels rendent cette partie de l'île de beauté moins attractive pour l'installation des belles villas, sa nature est mieux préservée.
En Mai fait ce qu'il te plait ! Pour nous ce sera l'ile de Beauté et sa voisine italienne l'île d'Elbe
Bonjour les bastiais et cap corsins !
Marine accrochée à la montagne elle affiche ses maisons colorées altières et imposantes dans un dédale de vieilles rues autour de la citadelle, cette bastiglia (qui a donné le nom de Bastia) accueille le musée de l'histoire de la ville, déambuler dans cette cité chargée d'art et d'histoire c'est aussi ressentir un esprit plus authentique de la corse et de ses habitants.
Le vieux port s'anime le long des quais au fil des journées, les serveurs des restaurants guettent les touristes qui flânent nonchalamment sans se décider à se restaurer...déjà au rythme de l'île pas tranquille et air contemplatif. Sympathique séjour de quatre jours à découvrir la cité et à profiter du bien-être engendré par une belle météo et une avant-saison pas trop bousculée par l'affluence de touristes..
Nos deux vacanciers attendus fraichement débarqués du ferry n'ont pas tardé à prendre les us et coutumes locales...
Les îles toscanes nous attendent pour quelques jours et plus précisément l'isla Elba comme le disent les italiens... la plus belle, la plus riche et la plus grande ! Vent Est-Nord Est, pas vraiment la bonne direction pour nous, le ciel s'assombrit et la température baisse... Capt Pat n'en oublie pas de mettre le pavillon de notre hôte de ces îles, la toscane et l'Italie nous attendent.
Le mouillage du Golfe di Campo sur la côte ouest ne nous laissera pas le souvenir d'une nuit calme ! Houle rentrante et vent forcissant 5 à 6 nous auront malmené pendant quelques heures.
Le carillon de la petite église entonnant « Ave Maria » n'aura pas suffit à nous retenir...
Porto Azzurro nous accueille dans une baie d'un vert éclatant et nos premiers pas sur terre italienne nous amènent à découvrir les chemins du littoral et la beauté des paysages
Des maisons colorées et fleuries bordent la marina bordée de sculptures en marbre brut, une des exploitation de pierre présente sur l'île à destination des palais italiens, des vignes cultivées sur une terre rouge, des plantations d'oliviers sur les hauteurs et une végétation méditerranéenne omni-présente.
Je ne résiste pas à l'envie de vous faire partager cette beauté en fleur...
Une petite escapade d'une journée et d'une nuit en terre toscane et continentale à Salivoli, l’occasion d'apercevoir des dauphins et d'émerveiller nos marins novices, étape vite décevante au premier abord car industrielle et sans attrait autour de la marina mais le charme de la vieille ville et l'ambiance des vieilles ruelles en fin de journée atténue notre impression...
Le temps menaçant et l'annonce d'une grosse perturbation nous amènent à chercher un abri sûr et agréable, Porto Ferraio nous attend au pied de ses fortifications et le port le plus important de l'île accueille les bateaux de croisière ainsi que le flot incessant des ferries.
Les côtes italiennes sont visibles et ensoleillées ainsi que Capria sa voisine îlienne .La vieille ville ceinte de la citadelle construite au XVIème siècle par le grand duc de Toscane Côme I de Médicis resplendit dans les tons roses sur fond de mer turquoise.
Parole de Biomousse : Qui dit port de plaisance au cœur d'une vieille ville dit nécessité d'y implanter des installations sanitaires d'autant que le manque de marées empêche le travail naturel de renouvellement des eaux... Que dire d'un port touristique qui accueille des milliers de touristes descendus des bateaux de croisière amarrés dans le port et d'un état sanitaire des eaux stagnantes du vieux port polluées par les déversements continus des bateaux de plaisance qui ne peuvent utiliser que des installations municipales payantes, lointaines et fermées aux heures de pleine journée ! Vous avez dit belle plages !...
Le retour vers Bastia se déroule sans encombres le long des côtes verdoyantes de l'île d'Elbe et une belle houle nous amène vers les rives corses... nous sommes contents de revenir chez les cap corsins d'autant que nous avons une petite affection pour le vieux port de Bastia, même si la capitainerie n'a pas encore appliqué les horaires d'été... ni les horaires d'hiver voire pas d'horaire du tout !! Difficile de décrypter l'âme corse...on s'adapte avec souplesse et sans animosité, avec le soleil et de si beaux paysages on pardonne tout...
L'ile d'Elbe nous a enchantés par ses golfes et son patrimoine, la luxuriance de sa végétation … à revoir sûrement pour en apprécier d'autres escales... Pourquoi aussi peu d'entrain à valoriser les atouts de l'île, les vieilles pierres et les sites touristiques ? L'esprit latin et la vie facile ?
Deuxième phase de notre croisière corse en double équipage, à partir de cette escale nous avons une équipe à terre avec la voiture et une équipe en mer avec le bateau...Selon les navigations et les temps de parcours nous alternerons.
Retrouvailles des deux équipages sur le ponton de la marina de Taverna commune de Santa Maria Poghju, Capt Pat et son équipier du jour Jean-pol ont avalé les 25 miles accompagnés d'un bon Nord-Nord Est et pas peu fier de leur belle moyenne horaire... Pas de quoi épater les femmes affalées dans de confortables fauteuils d'une des sympathiques terrasses de la marina!
Nôtre première belle plage de la côte orientale, seul Jean-pol aura le courage de se plonger dans l'eau azur !
Les paillotes du bord de mer s'installent...doucement ! Pour le 1ier juin date officielle du démarrage de la saison, même si nous rencontrons beaucoup de touristes allemands.
Les côtes bordées de sable blanc défilent sur le tribord, la ligne de traîne paresse au cul du bateau, les îles toscanes à bâbord, Elbe et Monte Christo dominent l'horizon, la neige perdure sur les monts corses, l'équipage Capt Pat et son équipière habituelle Florence parcourent la quarantaine de miles qui les séparent de Solenzara … Les aiguilles de Bavella émergent de la masse orageuse qui assombrit les côtes, la mer et le vent forcissent de concert, les cirés sont de retour !
Cette journée de navigation en ce lundi de pentecôte ne sera pas un jour à retenir, 47 miles pénibles en bords et en vents changeants pour 32 annoncés … Le petit port construit au pied du massif montagneux est sympathique bien que cette station balnéaire n'ait pas le cachet des vieux ports que nous avons quitté.
Porto-Vecchio nous attend à une vingtaine de miles, une escapade vers le col de Bavella à plus de 1200 m d'altitude nous permet de découvrir un panorama grandiose entre mer et montagne...
La route vers Porto-Vecchio longe la mer où notre voilier mené par notre équipage masculin avance au moteur car le vent fait la grasse matinée...
Comment le dire … l'approche de ce petit St Tropez corse ne nous ravit pas aux anges ! Des belles villas aux grands murs qui nous privent du panorama, des constructions anarchiques dans des anses inabordables car privatisées par les paillotes... Allons ne nous laissons pas aller à des conclusions hâtives, donnons nous le temps de la découverte. C'est ce qu'ont fait nos marins hommes partis de Solenzara sans vent en rase-cailloux enchantés par les côtes escarpées et les belles plages de sable.
C'est ce qu'ont fait nos marins hommes partis de Solenzara sans vent en rase-cailloux enchantés par les côtes escarpées et les belles plages de sable.
Ambiance régate sur les pontons, départ d'une course pour habitable entre l'île de Maddalena et Bonifacio, des équipages italiens et corses, soirée animée et lever aux aurores ! Des aventuriers allemands rencontrés deux jours avant à bord de leur petit voilier particulier et accompagnés d'un gentil chien nous ont donné quelques frayeurs car partant vers l'Italie sans moteur au top (vieux et mal entretenu), le réseau ponton mi-corse mi-italien et notre attention pour téléphoner aux mécanos locaux n'ont pu résoudre la question mécanique...
Découverte de l'Alta Rocca par la forêt de l'Ospédale, une des plus belles de Corse du Sud
Découverte des sentiers en sous-bois vers les sommets à 1300 m d'altitude avec des panoramas superbes sur le golfe de Porto-Vecchio et le lac.
La cascade de Piscia di Gallo se mérite après une descente rocheuse très escarpée le spectacle est au rendez-vous
Halte de quelques jours pour découvrir les environs, les plages et les montagnes, la saison s'annonce un peu plus animée que les deux dernières années, les touristes allemands en vacances en mai ont profité des journées ensoleillées et de l'avant-saison …
Le vieux quartier de Porto-Vecchio et sa citadelle surplombent le port et le golfe, place aux boutiques de souvenirs et aux boutiques pour les touristes en mal de dépenses, pas de muraille à investir ni de donjons à gravir, la découverte patrimoniale est limitée à l'église Saint-Jean Baptiste.
Le commerce du liège s'amenuisant et les produits de la production du sel ne suffisant pas à faire vivre la population, les invasions successives dévastant les territoires, les corses se sont dans un premier temps orientés vers la montagne; le tourisme de luxe leur offre depuis quelques décennies des opportunités de développement plus rapides...
Parole de Biomousse : la Corse a résisté collectivement à l'implantation d'incinérateurs sur l'île, l'enfouissement des déchets y est encore pratiqué, quel avenir pour la gestion des déchets en Corse ?
Pour notre part nous n'avons trouvé aucun container de tri au port hormis le verre, la troisième ville de l'île ne nous semble pas exemplaire... Ne parlons même pas d'économie d'énergie !!
Notre dernière escapade avec nos équipiers nous mène par la route au golfe de Santa Giula, splendide plage de sable blanc bordée d'une eau azur
Défigurée hélas par des résidences hôtelières et des villas lui ôtant son accessibilité sur une bonne partie du golfe ( du bienfait des lois de protection du littoral même tardives...)
Bonifacio, toujours éclatante dans son écrin de falaises blanches...
La cité génoise s'embellit en réinvestissant sur ses hauteurs les espaces délaissés par la légion étrangère et la mise en valeur de sa forteresse majestueuse habitée en sa ville haute de façon très plaisante pour les touristes attire la foule en ce début Juin, son port est un lieu de prestige et de découverte des plus beaux voiliers,
Nous n'hésiterons pas à descendre les 187 marches de l'escalier du roi d'Aragon qui selon la légende fut taillé en une nuit par les soldats du roi et mène au pied des falaises de craie...
Notre dernière soirée en Corse et avec nos équipiers de la saison...
L'apéritif a été partagé avec l'équipage d'un voilier belge en route pour leur hivernage à terre dans une île grecque pour un an, c'est une belle rencontre encore nous en sommes persuadés aura une suite... Bonjour à eux, Nadine, André... et la chienne Mafia
A bientôt,
L'équipage d'AUDILIEN III
Florence et Patrick
Vous devez vous identifier pour laisser un commentaire : cliquez ici pour vous connecter .