Corse suite et fin, début Sardaigne

Corse suite et fin, début Sardaigne

Posté par : Philippe
27 Septiembre 2015 à 16h
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Corse, suite et fin et début Sardaigne

Lundi 21 septembre, levé tôt car nous partons d’Ajaccio. Grande étape, au moins 50 milles (1,852km par mille) et conditions un petit peu musclées pour nous, à savoir 20 nœuds… Vent idéal pour faire avancer un catamaran comme le notre mais nous sommes en équipage très réduit. En navigation je suis en gros tout seul à la barre et à la manœuvre, Vanessa s’occupant d’Adrien. Quand j’ai vraiment besoin de Vanessa nous avons un protocole : Adrien met son gilet de sauvetage puis on l’attache sur la banquette de barre avec Vanessa qui prend la barre et je m’occupe des voiles. J’évite un maximum cette situation sauf dans les endroits abrités comme les arrivées dans les ports ou les mouillages. En mer le pilote automatique prend la place de Vanessa mais il peut décrocher…et cesser de fonctionner, donc méfiance…

A 7h le ferry « Pascal PAOLI » s’amarre à moins de 100m de nous dans un vacarme infernal. La pilotine revient à la charge pour voir si nous partons vraiment et tente de me faire la morale... « Ils sont là pour travailler… » Je sais que j’ai tord mais je leurs réponds que tous les coffres de la CCI sont occupés par des plaisanciers et que j’étais en situation délicate avec un quai qui ne nous protégeait pas et de nuit… J’oublie juste de dire que cela fait quatre nuits que nous sommes là… On ne devait donc pas trop gêner... Car personne n’est rien venu nous dire… Depuis hier soir ils s’énervent un peu… Mais ils nous ont laissé passer la nuit… Je pense qu’ils sont conscients des réalités mais qu’il y a le règlement…Nous sommes sans doute restés un peu longtemps…Notre passage risque de laisser des traces… J’ai protégé ma famille et mon bateau quand le ponton devenait dangereux, ce sont les seules choses qui m’importent. Leur règlement passe loin derrière…

La CCI d’Ajaccio ou le port n’a qu’à offrir un ponton correct où l’on est vraiment protégé, pas comme ce ponton visiteur  où la houle rentre violemment. Puis les prix sont prohibitifs : 98 euros la nuit: le seul but est de faire du fric sans se préoccuper de la sécurité des visiteurs.

Donnez un produit correct  et les plaisanciers ne feront plus de squat sur les bouées de la CCI! Les employés sont sympa, font ce qu’ils peuvent et  nous ont déplacés mais cela n’a pas changé grand-chose… 

Bon voilà j’étais un peu colère…

A part tout cela Ajaccio est une belle ville que nous voyons s’éloigner doucement car nous partons au moteur, vent nul et houle de nord-ouest qui nous fait surfer  gentiment…

Nous longeons la côte vers le sud, le vent arrive, toujours soudainement. J’établis les voiles, grand-voile avec un ris et solent : je suis toujours un peu méfiant…

La côte défile, les tours génoises font le gai depuis quelques siècles et nous regardent passer sans broncher. Le nombre de tours est impressionnant sur toute la côte Corse que nous avons longée. Elles sont dans un état qui semble remarquable pour leur âge.

Comme c’était prévu le vent monte progressivement, 15 puis 20 nœuds, le bateau accélère, je prends le deuxième ris à la grand-voile puis je diminue un peu le solent…le bateau accélère toujours nous sommes entre 8 et 10 nœuds. Les vagues commencent à devenir plus grosses, quand on croise un bateau on ne le voit que quand on est en haut de la vague puis il disparaît jusqu’à la prochaine vague… Le plus impressionnant est de regarder en arrière et de voir cette grosse vague qui nous domine et surtout qui nous rattrape… puis qui nous fait monter en nous accélérant. D’un coup on domine la mer, on voit les autres bateaux ou simplement un mât et une voile puis à nouveau on redescend… Il y a de tant à autre une vague un peu plus grosse et on accélère plus. L’Ipad enregistre une vitesse max à 13,2 nœuds… La position du poste de barre où dans ces conditions je reste presque constamment me permet de parler avec le reste de l’équipage ce qui est un gros avantage. Lors d’une petite accalmie je descends dans le cokpit et je vois que Vanessa a mis son gilet à Adrien…Un peu de flip quand-même… On croise un gros grain bien noir qui s’éloigne de la terre vers la mer juste devant les cailloux du « banc des moines » qui nous barrent la route : comme cela on a le vent, le grain et les cailloux tout en même temps… Ce ne serait pas la loi de Murphy, à savoir la loi de l’emmerdement maximal… Je vois les autres bateaux serrer tout de suite la côte pour éviter le grain et je fais pareil. Sur la carte pas beaucoup d’abri… puis d’un coup le vent cesse comme si quelqu’un avait appuyé sur le bouton « arrêt »… il y a toujours un peu de houle, mais c’est le calme… Je pense que le vent du grain à annulé le vent du gradient (le vent dû aux systèmes dépression et anticyclone), donc le vent ne va pas tarder à revenir dès que le grain sera passé… Je déroule le solent mais garde la grand-voile réduite. Cela nous permet de passer la balise qui signale les cailloux à 6 nœuds, tranquillement, sans gilet pour Adrien qui apprécie bien…

Le vent revient mais moins fort, 15 à 20 nœuds, ce qui nous semble rien… Nous arrivons sur Bonifacio, le spectacle est grandiose avec le coucher de soleil qui illumine ces grandes falaises… et un ballet de dauphins nous accueille. Ils sautent dans les vagues, semblent faire les fous. Vanessa fait un super film.

Heureusement que l’on a le GPS car on ne voit qu’une falaise… et c’est vraiment tout prêt que l’on voit le trou de l’entrée du port ! Spectacle grandiose avec le village perché sur la falaise. On rentre dans le boyau qui pénètre la falaise, la houle s’écrase sur les rochers de chaque côté du bateau ; c’est là que l’on apprécie d’avoir des moteurs avec des chevaux ! On pousse la manette et on passe !

Appel radio au port, il y a de la place à 130 euros la nuit au quai et 50 euros sur une bouée… On choisit bien sur la bouée… On arrive sur place et pas de bouée mais des cordes qu’il faut attraper sur la falaise (on appel cela des pendilles)… On rappel à la radio… Personne du port ne peut venir nous aider… Cela continue… normal on est encore en France. Pour encaisser il y a toujours quelqu’un mais pour le service c’est plus rare… « Vous n’avez qu’à venir à quai » nous répond le port à la radio… Bien sur ce n’est que  130 euros la nuit ! Donc on ressort du port, il y a un petit mouillage au nord… Finalement nous jetons l’ancre dans l’anse de Paragnanu avec deux autres bateaux… Ce doit aussi être des pauvres…Un peu étroit à mon goût, protection pas terrible mais cela ne peut pas être le luxe tous les jours. Il faut s’habituer à ce genre de mouillage… Après une journée de navigation un peu musclée c’est quand-même pas mal de pouvoir prendre un apéro dans un tel cadre, de manger un plat bien chaud que Vanessa, remise de ses émotions, nous a concocté ! La cuisine c’est vraiment de l’amour quand on voit le temps qu’il faut pour préparer le plat et le temps qu’il faut pour le manger !

Je préfère dormir dans le carré pour être à poste car la falaise n’est qu’à 60m… mais tout se passe bien.

Nous repartons après le petit-déjeuner vers les îles Lavezzi en longeant les falaises de Bonifacio dont les tarifs du port ne sont pas compatibles avec notre budget. Heureusement pour nous le spectacle est à l’extérieur et c’est gratuit !

Chaos caillouteux extraordinaire dans lequel nous entrons vers 11h, avec la stèle qui nous rappelle le naufrage dramatique de la Sémillante, transport de troupes Français en 1855 et qui fit 773 morts… Les cailloux défilent de chaque côté à 15m du bateau… un peu bof avec le vent… heureusement pas trop fort ! Nous entrons dans la Cala Lazarina. Il y a déjà plusieurs bateaux et les places sont prises… Demi-tour donc entre les cailloux et les bateaux. Je ne veux pas aller me mettre en double file…ou dans les cailloux ! Dans les « Bouches de Bonifacio » le vent peut monter très vite. C’est un détroit qui sépare la Corse et le Sardaigne. Il y a toujours un à deux nœuds de courant et le vent, canalisé entre les montagnes des deux îles montent très vite à des forces que j’apprécie peu. En gros c’est un coin à courant d’air… et qui fait facilement éternuer !

Il y a un coup de vent de prévu et j’avais le choix entre partir sur la Sardaigne et avancer mais je me prive du téléphone ou aller me cacher en Corse où j’ai repéré une baie bien abritée sur la carte et où j’ai toujours le téléphone. Comme le dessalinisateur ne démarre plus je ne veux pas me priver du téléphone pour pouvoir essayer de réparer. Les choix tiennent à pas grand-chose. Si le dessalinisateur avait marché nous serions surement partis pour la Sardaigne.

Nous allons donc doucement plein nord et je fais le fenian en ne mettant que le solent (la voile d’avant). Nous avançons quand-même à 4 ou 5 nœuds et il n’y que 6 milles à faire. Nous longeons  l’île Cavallo, les Cala di Zeri, di Greco sont plus ou moins occupées. On pourrait s’y glisser mais nous préférons aller tôt au mouillage choisi pour la nuit pour avoir une « bonne place ». Malgré la fin de saison il y a encore beaucoup de voiliers. Donc direction le golf de Rondinara sur la partie sud de la côte Est de la Corse entre Bonifacio et  Porto-Vecchio.

Nous mangeons tranquillement en navigation, la progression le long de la côte Est nous permet d’avoir moins de vent car il souffle de l’Ouest. Il n’y a plus que 10 nœuds de vent, de travers, le pilote barre, c’est super ! Je peux m’occuper d’Adrien, rester dans le cockpit avec Vanessa. Nous déjeunons tranquillement en avançant. On fait les touristes…

La baie de Rondinara est quasiment circulaire. Quelques bateaux y sont mouillés, un peu loin de la plage à mon gout si le vent se lève. Il y a un caillou à un mètre sous l’eau en plein milieu de la baie et ils sont restés derrière. Je mesure les distances sur mon écran, on peut mouiller devant entre le caillou et la plage. Je me faufile donc entre eux, je contourne le caillou et je vais mouiller juste devant eux, face à une belle plage de sable blanc à ras des bouées jaunes qui limitent la zone baigneur. Je lâche mes 50 m de chaîne minimum, c’est la meilleure garantie d’une stabilité…  Et je vérifie la mesure sur l’écran. Tout est bon. Les systèmes GPS ont révolutionné la navigation, depuis longtemps. Aujourd’hui je peux faire des mesures sur mon écran avec une marge d’erreur de 4m… sur 80m de chaîne d’ancre l’incertitude n’est pas très importante et permet vraiment d’avoir une idée précise des distances de la plage, d’un caillou, d’une bouée… Il suffit de mettre le doigt sur l’écran au point voulu et cela s’affiche. Quand cela marche c’est magique ! Pour l’instant tout marche…

Le mouillage d’un bateau est une science  très complexe… Ce n’est pas comme garer une voiture : il y a une place ou il y en n’a pas : ici même quand il n’y a pas de place il y en a, puis détail important il n’y a pas ni flic ni PV…Il y a quelques lois simples à respecter « normalement » : connaître la nature du fond qui permet ou non à l’ancre de s’enfoncer (roche, sable, herbe, vase…) pour savoir si l’on peut espérer une bonne « tenue » de l’ancre puis surtout il faut lâcher de la chaine : on nous apprend trois fois la hauteur d’eau en théorie mais en pratique cela ne marche pas terrible avec un catamaran : il faut lâcher au moins 50m de chaine… La chaîne joue un rôle d’élastique si l’on peut dire vis-à-vis de l’ancre. Quand le bateau tire sur la chaîne elle se tend, son poids fait revenir le bateau vers l’ancre qui en général est très peu sollicitée. Quand toute la chaîne est sortie elle doit peser plus de deux cents kilos sur le sable alors que l’ancre n’en fait que trente… Mais cela donne un grand rayon autour duquel on tourne et il y a toujours un petit malin qui vient essayer de se mettre entre l’ancre et le bateau… Il faut donc se faufiler mais pas devant un catamaran car il a certainement lâché beaucoup de chaine… Au début je me faisais avoir mais maintenant je lutte… Quand je vois un bateau arriver au mouillage il faut monter sur le pont, se faire voir et en général cela est dissuasif, il va plus loin… Il ne faut surtout pas hésiter à gueuler fort s’il se met trop prés… Les bateaux se collent souvent les uns aux autres et mettre les défenses est souvent  nécessaire car il y a risque de contact… Depuis fin août les mouillages sont moins fréquentés mais toujours du monde… Nous descendons aussitôt l’annexe et plage pour tout le monde. On joue au ballon, on fait  des châteaux de sable, baignade… Je relaie un peu Vanessa et Adrien coure partout. Le masque et le tuba ce n’est pas encore cela, mais on va y arriver. Leçon de natation : je le tiens avec les deux bras et il commence à faire les mouvements de brasse… Des choses simples mais toujours riches en émotion pour moi qui ait passé ma vie au cabinet dentaire... Que c’est loin aujourd’hui ! Nous sommes 24h sur 24 avec Adrien, nous le voyons évoluer au jour le jour et le temps passe très vite. Nous revenons aux choses simples de la vie auxquelles on ne pense même plus à terre, on apprécie même le beau temps… Dire que quand je travaillais le soir je ne savais même pas le temps qu’il avait fait durant la journée. Aujourd’hui c’est ma principale préoccupation!  Quel changement !

 

Retour de la plage et tous les bateaux sont venus se mettre devant le caillou, comme nous. Il suffit qu’il y en ait un qui le fasse… Examen du dessalinisateur après la plage car Adrien est TOUJOURS la priorité: Je suis conscient de lui imposer un style de vie, certes avec des avantages mais aussi avec des inconvénients : espace restreint, manque de contact sociaux… et j’essai de compenser, de répondre à ses besoins.

Visiblement  la courroie qui entraine la pompe semble patiner… tout au moins pas très tendue… Mais il y a plusieurs systèmes de réglage et je ne voudrais pas désaxer le dessalinisateur. Coup de téléphone à Audrey de Catana qui rentre du salon de la Rochelle et qui n’est pas là mais je laisse le message. Je sais qu’elle agira dés réception.

 Audrey a une place très importante dans notre aventure car l’achat du bateau s’est fait avec elle et tous les contacts avec le chantier ce ne pouvait être qu’Audrey ! Nous avons beaucoup apprécié son efficacité, son professionnalisme, son tact, sa gentillesse, sa bonne humeur de tous les moments... Audrey  nous a permis de faire agréablement cette pré-aventure qu’est l’achat d’un numéro UN (le premier bateau d’une série et tout le monde dira qu’il ne faut jamais prendre le numéro un : notre expérience montre que c’est faux) et d’en arriver où nous en sommes aujourd’hui. Merci pour tout ! Bonne continuation et surtout prend garde à ne pas changer ! Le système est terrible… mais nous sommes sur que tu sauras résister !

Soirée dans un mouillage confortable, sans houle et sans falaise à proximité. Juste quelques allemands un peu bruyants mais qui ne m‘ont pas empêché de dormir d’un sommeil profond très réparateur!

Il fait beau, pas encore de vent et l’on profite de la plage avec Adrien. L’eau est transparente, très belle  et encore assez bonne… Mais pas beaucoup de poissons…

Comme d’habitude Audrey a été efficace et un technicien du chantier, Yannick, m’appel à 11h30 et m’explique comment retendre la courroie. C’est fait aussitôt  après la sieste, toujours priorité Adrien, et miracle tout remarche. J’en profite pour faire 250 litres d’eau douce, ce qui nous remet bien à niveau… C’est extraordinaire de pouvoir faire son eau douce à partir de l’eau de mer ! Pendant ce temps là rodéo dans le mouillage : un anglais touche le caillou au milieu et vient taper dans un autre bateau, les allemands bruyants ont leurs copains qui arrivent sur un autre bateau de location et bien sur ils essaient de se mettre à couple… Spectacle super avec toutes les figures imaginables, les ancres mélangées, les bateaux qui raclent l’un contre l’autre dans des hurlements gutturaux ! Tout finalement rentre dans l’ordre, sans doute un peu de gel coat arraché… Deuxième nuit tranquille à Rondinata…

Quand on est dans un bon mouillage et que l’on est bien placé on devient très vite une vraie larve où le cerveau reptilien prend le dessus.... On s’occupe à ne rien faire. On sait que l’on a plein de choses à faire, mais que c’est bon de ne pas les faire ! Je m’occupe d’Adrien, on joue ensemble car en navigation ce sont plus des journées « maman ». Puis en général, l’après-midi, après la sieste, alors qu’Adrien dort encore on s’aperçoit que l’on a vraiment rien fait, que la « do liste » (chose à à faire, terme que j’empreinte à l’excellent livre « Histoire de partir à lire absolument !)) contient  quand-même des choses importantes. Alors on s’active à fond pendant une heure et on avance vraiment… Puis Adrien se réveille et la période de folie s’arrête : On redevient normal et on ne fait plus rien… Jusqu’à l’apéro que l’on a bien mérité car on a quand-même un peu avancé…

Prise météo c’est bon pour demain, départ donc soirée téléphone pour dire « au revoir » à tout le monde car en Italie, le téléphone on sait pas si cela marchera ni à quel tarif… Mais ce n’est pas le désert l’Italie ! Enfin c’est une étape de plus, nous quittons la France…

 

Départ tôt, 7h branle bas de combat ! Nous quittons Rondinata. La fenêtre météo semble bonne, vent prévu de 10-15 nœuds, donc comprendre 15-20 nœuds… Mais les Bouches de Bonifacio je m’en méfie… Je prends un ris d’emblée à la grand voile, nous sommes déjà à 12 nœuds de vent… La sécurité est mon  premier soucis : j’ai toujours au moins 5 nœuds d’avance pour les prises de ris. Normalement prise de premier ris à 20 nœuds et je le prends à 15…ainsi de suite. Cela me permet une marge de manœuvre confortable car je suis seul à la manœuvre. Certes nous allons moins vite, mais comme nous ne sommes pas pressés…

Nous descendons plein Sud entre 5 et 7 nœuds, le bateau marche bien, l’allure est confortable. Nous croisons un paquebot, un cargo dans l’entonnoir des Bouches. C’est toujours impressionnant d’être à côté de ces monstres de ferraille de 150 à 300m qui arrivent à 20 nœuds…

Nous avons une électronique de bord complète, ce qui est toujours dans l’esprit de la sécurité. Avec l’AIS (système pour éviter les abordages) tous les bateaux que l’on croise et qui ont aussi l’AIS  s’affichent avec leur nom sur l’écran de barre (j’ai toujours deux écrans d’allumés en navigation, si l’un s’éteignait….).  Un doigt sur le petit triangle sur l’écran et toutes les informations s’affichent: distance, vitesse, cap, destination, longueur, largeur… et même dans combien de temps ils peuvent nous pulvériser si l’on ne fait rien… Ils nous voient aussi sur leur écran mais je ne pense pas que l’on soit une de leur préoccupation majeure…

Nous avançons, les montagnes de Corse disparaissent doucement en devenant monochrome… Et nous longeons les iles du nord de la Sardaigne, La Maddalena, Caprera qui sont des réserves et où il faut acheter un permis de navigation pour pouvoir pénétrer. On reviendra sans doute, alors on passe. Le vent descend un peu, je remets la grand voile haute et le code 0 (c’est une grande voile d’avant qui permet de bien avancer… Pour les connaisseurs c’est pas loin du génois mais les voileries ont voulu donner des noms barbares à plein de types de voiles pas très différentes où je me perds un peu vu mes besoins…). Enfin on avance bien à 6-8 nœuds à 60° du vent avec une petite houle trois quart arrière qui nous pousse bien. Nous avons souvent eu quand il y a peu de vent une houle qui est un reliquat du précédent coup de vent et qui n’est pas dans le même sens que le vent…

Puis la Costa Smeralda défile, repère non pas de millionnaires  mais de milliardaires... Tout y est hors de prix selon le guide… On passe aussi ! J’espère pouvoir aller au moins jusqu’à Olbia, ville pas terrible mais le seul mouillage possible est un peu loin…

Vanessa n’a pas très envie d’aller dans cette ville, le guide note des vols sur les bateaux…

Le vent se lève vers 15h, normal c’était prévu, juste avant  l’isole Mortorrioto... Rien que le nom donne envie de prendre un ris…Toujours aussi soudain et je saute sur la manivelle pour rentrer le code 0, mettre le solent (petite voile d’avant) et prendre un ris à la grande voile. Je commence à être entrainé… Cela va maintenant assez vite ! Le bateau retrouve son aspect confortable  immédiatement. La vitesse chute un peu mais ce n’est pas notre soucis, bien je voudrais arriver avant la nuit ! Nous passons l’entrée d’Olbia, Vanessa a vraiment pas envie d’aller dans ce port et nous préférons aller jusqu’au mouillage... Un peu loin mais ce que femme veut…Nous nous dirigeons vers un énorme caillou bordé de falaises à pic, l’isola Tavolara, et hérissée d’antennes impressionnantes sur sa partie Est… Pas très sympa mais très original ce bloc de granit tout gris clair de quelques centaines de mètres de haut… Cela change des falaises rouges de Corse.

Le vent tombe, nous passons au moteur et jetons l’ancre à 19h dans Porto Brandinghi, limite… Le mouillage est super, quelques bateaux mais de la place sans problème, belles plages… Il n’y a qu’à regarder Vanessa pour deviner que l’on va rester là quelques jours…

Deux jours  superbes (je commence à apprécier la plage…) à la « plage de Tahiti »…, glandage absolu, juste le blog à écrire, voir la météo pour les jours suivants, la route qui nous attend... On rencontre des gens sympa, Adrien joue avec un petit Léonard de Stuttgart et se comprennent très bien quand il faut manger le 4 heure, chacun dans la gamelle de l’autre… On découvre le jambon Sarde délicieusement poivré, des fruits et légumes locaux, des gens charmants et on baragouine une espèce de langue mi Français en mettant des i ou des o pour faire italien, mi anglais dans les cas désespérés mais on arrive toujours à se comprendre. Il faut partir d’ici ? 

 

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