Apprentis nomades

Posté par : Philippe
19 Septiembre 2015 à 23h
Última actualización 19 Septiembre 2015 à 23h
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Apprentis nomades…

Escale météo à Hyères qui est un superbe mouillage par mistral. Il y a du vent mais nous sommes bien protégés et il a un soleil radieux. Plage pour tout le monde, sauf pour moi car je n’aime pas laisser le bateau seul au mouillage quand il y a plus de 15 nœuds de vent. C’est une bonne excuse car la plage… j’avoue qu’à part jouer avec Adrien je n’y trouve pas d’intérêt majeur...

Dés le coup de vent passé départ pour Cabasson, petit pèlerinage pour Vanessa où elle passait ses vacances d’enfant, quarante ans après avec sa famille, en bateau… Donc bien sur plage pour tout le monde après la mise en place de l’ancre. L’antenne VHF (radio) se baladait bizarrement au bout du mât. Pas le choix… j’enfile la chaise de mât, Jean-Luc au winch électrique, heureusement  pour lui, et me voilà suspendu à 24m au-dessus de l’eau… suspendu au bout du mât qui se ballade horizontalement de deux à trois mètres à chaque petite vague…Je revisse l’antenne VHF qui était complètement dévissée en m’agrippant comme possible au mât avec les jambes. Je me suis trouvé un petit côté chimpanzé … mais beaucoup moins à l’aise qu’eux ! J’avoue que je ne traine pas en haut… En redescendant je m’aperçois que la drisse (corde qui fait monter une voile) du code 0 (la plus grande voile qui est devant le mât) est abimée… On verra quand on sera à quai, cela bouge vraiment trop au mouillage ! Puis Jean-Luc me descend doucement… puis nous rejoignons tout le monde sur la plage.

Nous longeons la côte que nous commençons à bien connaître car c’est le troisième passage chez le fournisseur d’électronique en trois mois… Cette fois c’est pour « normalement » finir l’installation…

Le vent tombe doucement et nous finissons au moteur.  J’ai horreur du moteur : c’est bruyant, sonore et cela coûte cher… que des avantages ! La nuit tombe et j’en ai marre alors nous mouillons dans la baie de Briande, arrivée de nuit… Nous comptons 4 feux de mouillage… et nous nous mettons au milieu. Le lendemain matin nous comptons 17 bateaux ! Il n’y en avait que 13 de non allumés, un détail! Ils ont su nous éviter...

 

Le souvenir qui me restera de la réception de notre bateau, que ce soit au chantier Catana ou chez Code Bleu à Cogolin, c’est vraiment le manque d’organisation : on attend toujours quelque chose, une pièce, un outil ou simplement l’ordre de faire... Il y a constamment plusieurs réparations menées de front sur différents bateaux, des urgences absolues sur d’autres bateaux qui font que tout est commencé mais que rien n’est jamais fini… J’avais prévu un mois pour les travaux et il en a fallu trois! La seule chose qui me console c’est que tout à l’air bien fait… et que tous les skippers des autres bateaux rencontrés vivent la même chose. Sans doute faut-il crier plus fort que nous le faisons ? Je n’avais pas envie de me fâcher, c’est un achat bonheur notre bateau, mais il a fallu quand-même devenir un peu désagréable pour que les choses avancent. Visiblement les boites n’engagent pas et tournent à effectif insuffisant. Quand on en parle deux grands points ressortent systématiquement : trouver des personnes compétentes qui ont envie de travailler et la lourdeur des charges salariales…

Les techniciens sont adorables et très compétents mais ils arrivent sur le bateau à 9h le matin, travaillent une heure puis leur téléphone portable sonne une fois de plus et on les revoit à 14h… Bien sur c’était une urgence absolue mais nous on se sent les couillons absolus…  

 

Nous naviguons depuis maintenant trois mois dans le golf du Lion et l’on est vraiment obligé de jouer à cache-cache avec les coups de mistral. Ils arrivent d’un coup, le vent monte en 5mn de 10 à 30 nœuds, les vagues se forment et l’on se fait secouer dans tous les sens… Il faut plutôt être rapide pour diminuer les voiles ! Donc très vite, un peu face au vent avec le pilote automatique, voir avec les moteurs pour garder de la vitesse, j’affale la grand voile jusqu’à la marque du premier ris (on descend le sommet de la grand voile), je mets la bosse du premier ris (ce qui permet de tendre la voile vers le bas) sur le winch de solent (celui de gauche),  je mets la manivelle de winch en place « religieusement » car j’en ai déjà fait tomber deux à l’eau dans l’action du fait de la petite pointe qui permet au winch électrique de passer en manuel quand on met la manivelle. Cette pointe reste bloquée certaine fois et quand on met la manivelle un peu vite elle s’enfonce mal et dés qu’on la lâche elle semble propulsée vers le haut, décrit un arc de cercle jusque sur le pont où elle tombe dans un fracas d’enfer, franchie allégrement le bastingage malgré nos efforts désespérés pour la rattraper et disparaît définitivement dans l’eau…  La caisse de bord n’a guère apprécié…  Je vérifie que la manivelle est donc bien en place et je tourne jusqu’à la marque sur la bosse. Il ne reste plus qu’à regarder la tête de la voile, si tout est correct, puis  j’étarque la grand voile (on tire sur le haut de la voile pour la tendre maintenant qu’elle est attachée en bas) mais là avec le winch électrique… C’est là que je perdais la manivelle … Maintenant j’utilise  le winch électrique, tant pis pour les batteries… mais cela m’évite de perdre des manivelles…

Je commence à être rodé à force de le faire… mais j’avoue être toujours content quand c’est fini ! On reprend notre cap, extinction des moteurs… Assez impressionnant au début, puis c’est comme tout on s’y fait, on trouve les gestes, on comprend quelle est la meilleure façon de se tenir pour rester debout sans trop se cogner partout. Au début chaque prise de ris impliquait deux ou trois bosses sur mon crâne, je gardais la casquette même de nuit car cela amortit un peu le choc ! De jour cela va, mais de nuit et sous la pluie je finis trempé…

Ce sont les moments que j’aime le moins, on manie des forces importantes. Il faut vraiment anticiper et éviter de se laisser surprendre, sinon galère assurée…

Un petit détail pour les éventuels acheteurs d’un Bali 4.5 : le winch qui est à gauche de la barre est très mal placé, il pourrait s’appeler le « winch lumbago » car on tourne la manivelle en étant debout devant la barre alors que le winch est à notre arrière gauche… Donc on est complètement tordu … Par beau temps on peut se mettre à genoux sur la banquette, mais par 30 nœuds c’est un peu chaud… Il existe une option « winch de solent électrique » à ne pas oublier de prendre pour les sensibles du dos…  

Départ matinal, 6h, juste à la pointe du jour pour Cogolin, petit-déjeuner en passant devant Saint-Tropez où j’évite d’aller pour l’ambiance « bling bling »  mais qui reste très beau vu de la mer et mouillage devant le port de Cogolin. A 14h je vais chercher les deux techniciens et à 18h ce n’est toujours pas fini mais c’est l’heure de débauche donc on arrête… Le lendemain matin vent de 25 nœuds, plein Est donc on est pas du tout protégé… Vers 11h je commence à négocier pour rentrer au port mais il me demande 55 Euros pour l’après-midi… Ils rêvent… bien sur je refuse, j’informe Code bleu que je m’en vais et finalement Code bleu s’arrange pour que je puisse rentrer gratos… Accostage par 25 nœuds sur lez ponton d’accueil, un peu sportif mais on s’en sort… avec un gros hématome sur le tibia pour Jean-Luc !

 

Les techniciens arrivent, je branche le courant, Vanessa se précipite sur la machine à laver, on fait de l’eau… le rituel habituel chaque fois que l’on est à quai, c'est-à-dire pas souvent vu les prix pratiqués par les ports Français : pour nous 150 euros par nuit semble une moyenne… Il vaut mieux être riche pour faire du voilier ou dormir dehors… Alors on dort toujours dehors et on s’arrange pour trouver un port le moins cher possible car Adrien à besoin d’aller à terre.

J’en profite monter au mât pour visser définitivement l’antenne VHF (du moins j’espère !). Les escales au port sont toujours des moments très intenses car l’on en profite pour laver tout le linge,   la machine à laver ne pouvant tourner uniquement quand on est branché au  220v du quai, rincer le bateau à l’eau douce, bricoler…On n’arrête pas…

Tout semble marcher, démonstration de l’Irridium convaincante et à 19h, le vent étant tombé on retourne au mouillage devant le port : financièrement on s’en sort bien et les travaux sont finis : il manque juste un programme que Furuno (la marque de l’électronique du bord) n’a pas fourni… à recevoir par la poste ! Objectif presque atteint, on peut recevoir la météo par le téléphone satellite.

Mercredi 9 Septembre, départ pour la baie d’Agay, à Saint-Raphaël. On longe à nouveau la côte qui est magnifique, beau temps, mer bleue, 10 nœuds de vent pour faire avancer le bateau… le rêve ! A 17h 30 on prend un coffre dans la baie, 38 Euros la nuit, raisonnable. On descend faire quelques courses, petit bistrot offert par Jean-Luc, merci ! Le lendemain marché pour les filles et je remonte au mât m’occuper de la drisse : je monte trois fois, cela devient une habitude ! J’en faits profiter Jean-Luc et je l’envoie en tête de mât juste pour le plaisir !

Marie et Jean-Luc décident de quitter le bord un peu plus tôt que prévu, avant la traversée vers la Corse. C’est plus pratique pour eux et 15 jours de bateau semblent être largement suffisant : c’est une vie spéciale, à un autre rythme, en espace relativement restreint… puis jusqu’à maintenant nous avons constamment suivi la côte mais maintenant cap au large, en perdant toute terre de vue, donc autre situation que Marie semble quelque peu « appréhender » ; Il vaut mieux descendre avant dans ce cas.

A 17h nous quittons le coffre, direction le Corse, Calvi car la fenêtre météo semble bonne ! Nous voyons les terres Françaises s’éloigner dans le crépuscule, c’est vraiment le début de notre aventure ! Nuit de navigation par vent de travers (l’idéal pour un catamaran), un bon grain 30 nœuds nous tombe dessus sans prévenir à 5h du matin, je finis trempé… puis calme et nouveau et nouveau grain à 9h, mais celui là je le vois bien venir !

Arrivée à Calvi à 13h30, on prend une bouée car le port est hors de prix comme d’habitude !

Ballade dans la vieille ville, montée à la citadelle, ambiance nouvelle, parfums nouveaux…Puis descente de la Corse, arrêt au mouillage à Galeria où nous pêchons notre premier poisson, visite de la réserve de Scandola avec ses falaises rouges, prise de coffre pour deux jours pour laisser passer n coup de vent à Girolata qui est un petit port naturel qui n’est accessible que par la mer ou à pieds, superbe avec son fort génois ! Descente vers Ajaccio où nous restons une nuit au port sur un quai flottant à l’extérieur du port, pour quand-même 98 euros la nuit et où l’on se fait secouer comme ce n’est pas permis. Je passe l’après-midi à essayer de m’amarrer le mieux possible, une vague plus grosse fait taper le bateau contre le quai et fait une belle éraflure sur le gel coat… Je suis ravi… La houle rentre et un ressac se crée sur la digue, l’horreur. Finalement on dégage un peu énervé et on prend un coffre de la CCI sans rien demander à personne : on commence à être des vrais voileux… On visite le marché, la ville avec le petit train ce qui enchante Adrien : on joue au touriste… Et je refais du gel coat pour réparer, on range le bateau…Belle ville, très bon jambon, trois jours de repos… Et personne ne nous a rien dit pour le coffre jusqu’à ce soir où là il faut que nous dégagions demain… car il semblerait que l’on ait passé trois jours sur le coffre de la pilotine du port (le bateau qui amène les pilotes de port aux paquebots…). Demain départ pour Bonifacio puis les îles Lavezzi.

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