Les Açores composent avec Madère, les Canaries et le Cap Vert la Macaronésie.

 

Étymologiquement, Macaronésie signifierait « l’ile des bienheureux ». Cela correspond parfaitement à l’état d’esprit dans lequel nous avons vécu cette escale.

Bienheureux d’avoir le droit de débarquer à terre (après un test Covid), bienheureux d’avoir la liberté de nous déplacer entre les îles de l’archipel, bienheureux d’user nos chaussures de marche après de longues semaines d’immobilisme, bienheureux de découvrir d’incroyables paysages, bienheureux enfin de faire une cure de bons fromages et de bons vins après de longues années de carence !

 

Les Açores sont des îles portugaises d’origine volcanique, géologiquement assez jeunes : entre -4 Ma et 300 000 ans. (Contre -56 à -5,5 millions d’années pour les petites Antilles, ou -20,5 à -1,10 Ma pour les Canaries à titre de comparaison).

Le plateau des Açores se situe à l’intersection de trois plaques lithosphériques séparées par deux structures tectoniques majeures ce qui explique leur origine volcanique. (1)

 

Le volcanisme des trois îles les plus anciennes (Santa Maria, Corvo, Florès) est éteint tandis que celui des six autres plus récentes (Saõ Miguel, Terceira, Graciosa, Saõ Jorge, Pico et Faial) est toujours actif, comme en témoigne une longue liste d’éruptions historiques. Trois d’entre elles se sont d’ailleurs produites au 20 ème siècle (1964 Saõ Jorge, 1963 Pico, 1958 Faial) alors que les scientifiques estiment importante la probabilité d’une éruption d’ici 150 ans à Faial, Pico ou Saõ Miguel. (2)

 

Vulcão dos Capelinhos à Faial, dont l'éuption en 1958 a agrandi l'île de 2,5 km².

 

Si ces îles ne sont pas toutes apparues en même temps, elles ont également été façonnées par des dynamismes différents.

 

 

Il en résulte des paysages très variés (coulées de lave, volcans à caldeira, crêtes, rides, tunnels,...) et souvent à couper le souffle.

 

Vulcão dos Capelinhos, Faial

 

Maar ou Lac de cratère de Fogo, Saõ Miguel

 

Baia de Entre Morros, Saõ Jorge

 

e climat est marqué par une forte saisonnalité (parfois même on peut avoir les 4 saisons dans une même journée !) et si nous avons profité de mois estivaux très ensoleillés, d’importantes précipitations le reste de l’année arrosent une nature généreuse, où cohabitent essences endémiques, tropicales, et continentales.

En été, on assiste à une véritable explosion de fleurs et notamment des hortensias bleus dont le nombre et la taille sont surréalistes ! Ce sont d’interminables haies voire parfois des murs d’hortensias qui bordent les routes et séparent les parcelles.

 

 

Si l’on retrouve beaucoup de points communs entre chaque île (les maisons blanchies à la chaux aux volets verts, les pignons en volutes des églises, les motifs élégants des pavements noirs et blancs, les moulins, les pâturages, les volcans, les piscines naturelles, ...), chaque île a sa propre identité.

 

 

Nous avons commencé notre découverte de l’archipel par Faial (puisque nous ne pouvions pas faire notre entrée à Florès à cause du Covid.)

Horta, sa ville principale est une escale très prisée par les navigateurs.

Sa marina et son grand avant-port dans lequel il est possible de mouiller offrent un très bon abri.

 

Vue sur le port d'Horta depuis Porto Pim, Faial

 

Horta, Faial

 

L’ile ne manque pas non plus d’attraits et nous avons été très vite conquis par la beauté et la diversité des paysages que nous y avons découverts pendant plus d’une semaine.

 

Caldeira, Faial

 

Miradouro da Ribeira das Cabras, Faial

 

Nous avons seulement parcouru 5 miles (9 km) pour nous rendre ensuite à Pico, où nous avons mouillé dans le petit port de Madalena.

 

Madalena avec le mont Pico en arrière plan, Pico

 

A Pico, le volcanisme est omniprésent, que ce soit au travers de ses maisons en pierres noires, du Mont Pico (plus haut sommet des Açores et du Portugal qui culmine à 2351 mètres) ou des plants de vigne séparés par un maillage très étroit de murets en roche volcanique également. Le mariage du sol volcanique et de l'atmosphère iodée produit d’excellents vins que nous avons dégusté avec plaisir.

 

Dans les nuages, au sommet du Mont Pico

 

Saõ Jorge a été notre troisième étape. Cette longue île étroite aux falaises abruptes n’offre qu’une seule possibilité d’accès aux voiliers : la baie de Velas. Lors de notre arrivée, un vent de secteur Sud rendait le mouillage si inconfortable que nous avons trouvé refuge dans la marina. Peu entraînés aux manœuvres de port, nous redoutons toujours le moment où nous devons nous frayer une place au milieu des autres voiliers. Notre bateau lourd et difficilement maniable ressemble alors à un véritable éléphant au milieu d’un magasin de porceleine...

Après quelques sueurs froides, nous avons savouré notre place au calme dans cette jolie marina aux pieds des falaises, et y avons abandonné Pythéas en toute sérénité pour aller randonner aux quatre coins de l’ile.

 

Baie de Velas, Saõ Jorge

 

Nous avons eu un vrai coup de cœur pour cette île très verte, aux magnifiques "fajas", ces coulées de laves qui en dévalant les falaises ont créé des plateaux en éventail sur lesquels se sont installés de petits villages à l'écart de tout, noyés au milieu de vignes en terrasse.

 

Pico da Esperança, Saõ Jorge

 

Faja da Ouvidor, Saõ Jorge

 

Piscine naturelle Simao Dias, Saõ Jorge

 

Faja de Saõ João, Saõ Jorge

 

Saõ Jorge est la capitale Açoréenne du fromage et les visites de ses coopératives laitières nous auront laissé un délicieux souvenir.

Cap ensuite vers Graciosa, une petite île au Nord, un peu à l’écart des circuit des plaisanciers mais à tort, car nous avons eu un autre vrai coup de cœur pour cette île.

Moins grande, moins montagneuse, moins touristique moins peuplée, moins ... que les autres, c’est sans doute à nos yeux une des îles qui a le plus de cachet. Elle nous a paru un peu “hors du temps”.

 

Plage de Praia, Graciosa

 

Beira Mar, Graciosa

 

Santa Cruz, Graciosa

 

Peu de mouillages abrités permettent malheureusement de s’y arrêter par n’importe quelle météo. Une nouvelle fois, nous avons du nous réfugier à l’intérieur du petit port de pêche de Praia pour nous abriter de la houle de SW. Cette fois ci la gageure n’était pas de se faufiler entre les voiliers puisque nous étions les seuls mais de franchir l’étroite entée du port !

Quelques jours plus tard à Santa Cruz nous avons testé un mouillage insolite à l’intérieur d’une marina encore en construction...

 

Marina de Santa Cruz en construction, Graciosa

 

Première empreinte d'une longue série laissée dans la marina en construction, Graciosa

 

Changement radical de décor en arrivant à Angra de Heroísmo la capitale de Terceira classée au patrimoine mondial de l’Unesco, depuis la restauration des dégâts causés par un important séisme en 1980.

Nous n’avons pas testé le mouillage dans la grande baie naturellement protégée par le Monte Brasil et sommes allés directement dans la marina au pied de la ville où nous avons retrouvé le bateau copain Manua avec qui nous avions sympathisé à Velas.

 

Angra de Heroismo et le Monte Brasil à l'arrière plan, Terceira

 

Terceira est réputée être une île extrêmement festive, particulièrement en juillet août où pas un jour ne passe sans parades, concerts, processions,...

Cette année tout aura été annulé pour cause de Covid... mais nous en profiterons tout de même pour découvrir les richesses d ‘Angra et de belles randonnées en forêt.

 

 

De l’autre côté de l’ile, nous sommes allés mouiller dans la baie très bien abritée de Praia da Vitoria, jolie station balnéaire, pour attendre le vent favorable qui nous emmènerait jusqu’à Saõ Miguel, à un peu moins de 100 miles (180 km).

Saõ Miguel est la plus grande île et la plus peuplée de l’archipel. C’est là que se concentrent les activités économiques, administratives et politiques des Açores.

C’est là qu’aterrissent également la plupart des vols internationaux ce qui explique sans doute que nous y ayons rencontré plus de touristes qu’ailleurs.

La Marina de Ponta Delgada si fréquentée en “temps normal” avait néanmoins beaucoup de places vides. Nous avons saisi l’occasion pour nous entraîner aux manœuvres en marche arrière, ce qui n’a pas du manquer d’intriguer les autres occupants des bateaux qui attendaient gentiment le bon moment pour venir attraper nos amarres. L’exercice a été laborieux et a prouvé (s'il le fallait) qu’il y a encore du pain sur la planche dans ce domaine...

Saõ Miguel regorge de randonnées et de paysages très différents les uns des autres : cascades, lacs de volcans, gorges, fajas, villages perdus, plantations de thé, plages de sable, ...

 

Lac de Sete Cidades, Saõ Miguel

 

Maia, Saõ Miguel

 

Plantations de thé Gorreana, côte Nord de Saõ Miguel

 

Agua de Alto, Saõ Miguel

 

Nous aurions pu prolonger davantage l’escale mais le mois d'août étant grandement entamé, il était plus prudent de commencer à surveiller les météos pour la dernière partie de notre transat.

 

C'est pourquoi nous avons renoncé à regret à aller à Santa Maria et avons préféré retourner au mouillage de Praia da Vitoria (Terceira) où nous sommes mieux placés pour attendre la bonne fenêtre météorologique .

 

Il y aurait encore tant et tant de choses à dire au sujet des Açores, la gentillesse de ses habitants, la propreté de ses îles (peut-être grâce à la profusion des poubelles de tri?), le faible coût de la vie, la douceur de son climat en été, ses eaux cristallines et les nombreux hôtes qui les fréquentent faisant de cette destination un haut lieu du whale watching (après avoir été longtemps un haut lieu de la pêche au cachaolot), les liens particuliers qui unissent les Açoréens aux Etats-Unis ...

Nous ne nous attendions pas à être autant séduits par ces îles, et nous vous invitons chaudement à vous laisser surprendre à votre tour.

 

 

(1) CANIAUX, Guy. Les littoraux volcaniques. Une approche environnementale, Clermont-Ferrand : Presses Universitaires Balise Pascal, Morphologie des littoraux aux Açores, p.15-36.

(2) CANIAUX, Guy. Analyse statistique de la fréquence des éruptions volcaniques aux Açores : contribution à l’évaluation des risques. Bull. Soc. géol. Fr., 2005, t. 176, no 1, pp. 107-120. Disponible à l’adresse : https://www.researchgate.net/publication/263889597_Statsitical_analysis_...)

 

 

Infos pratiques pour les navigateurs :

Clearance d'entrée : Uniquement à Horta (Faial) ou Ponta Delgada (Saõ Miguel) en juin 2020 à cause de la crise du Covid. En "temps normal", sur n'importe laquelle des 9 îles.

Gratuit

Clearance de sortie : Sur n'importe quelle des 9 îles.

Formalités (simples et rapides) à faire entre chaque île.

Ports & Mouillages : (pour notre bateau de 11,80 m)

Faial : Mouillage dans l'avant-port : 6,82 € / jour. Bon abri, tenue moyenne sur fond un peu rocheux; douches : 1,5 € ; laverie : 5€ lavage et 5 € séchage.

Pico : Mouillage dans le port de Madalena : gratuit. Peu de place (max.2 ou 3). Bonne tenue sur fond de sable mais préférer ce mouillage par beau temps car peu de place pour étaler de la chaîne et il ne faut pas gêner le passage des Ferrys.

Saõ Jorge : Mouillage gratuit devant la marina de Velas. Bonne tenue dans du sable si on ne mouille pas trop près de la côte. Inconfortable par des vents de secteur Sud.

Marina : Exiguë mais excellent accueil du Harbour master francophone. 13,65 €/ jour.

Douches : 1,5 €; Laverie : 5€ lavage et 5€ séchage.

Graciosa : Mouillage gratuit devant Praia. Inconfortable par des vents de SW à NW. 1 place le long du quai à l'intérieur du port de pêche, gratuit.

Marina en cours de construction à Santa Cruz.

Terceira : Mouillage gratuit devant Angra de Heroismo (pas testé).

Marina d'Angra : mêmes prix que dans les autres marinas citées plus haut.

Mouillage gratuit, bien abrité et de bonne tenue sur fond de sable à Praia da Vitoria.

Marina à Praia da Vitoria (pas testée).

Saõ Miguel : Grande marina à Ponta Delgada, mêmes prix que dans les autres marinas citées plus haut (douches incluses dans le prix). Excellent accueil, encore francophone.