Le retour - Transat des Bermudes aux Açores

Le retour - Transat des Bermudes aux Açores

Posté par : Francine
25 May 2019 à 20h
Last updated 25 May 2019 à 20h
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Le retour -  Transat des Bermudes aux Açores

 Le top de départ, afin de profiter d’une météo des plus favorables, est fixé au 9 mai. Nous nous présentons donc au ponton des douanes de Saint-Georges à 8 heures précises pour faire notre clearance de sortie. Le ponton est déjà occupé par un bateau et un gars se met à gesticuler quand nous approchons du ponton. Nous comprenons après moult éc  hanges qu’il s’agit d’un organisateur de  l’ARC qui tente de réserver tout le ponton pour les bateaux participant au rallye transatlantique. Aucun bateau ne se présente en même temps que nous, nous nous amarrons donc, faisant fi des imprécations de cet hurluberlu. Nous ne voyons d’ailleurs pas pourquoi, ils seraient prioritaires ! Et quand j’entre dans le bureau des douanes, je retrouve la très sympathique douanière de l’arrivée qui m’avait prise en sympathie  et qui m’accueille avec un « My friend ! » et aussitôt laisse tomber tous les dossiers des skippers des autres bateaux qu’elle refile à sa collègue pour s’occuper de moi… Comme quoi, ça a des avantages parfois d’être skipper au féminin. Nos formalités sont donc vite expédiées et après avoir chaleureusement pris congé de ma copine douanière, nous nous dirigeons vers le ponton à gasoil où nous pouvons aussi faire le  plein d’eau. A 9 heures nous quittons les Bermudes.

 Les deux premiers jours de traversée sont, comme prévu, assez inconfortables. Nous naviguons au près par 15 à 20 nœuds de vent, et plus. Nous devons même envoyer le solent pendant quelques heures le vent ayant un peu monté. Mais très vite le vent se calme et après une demie  journée au moteur car c’est vraiment trop calme, la brise se relève et nous nous passons plusieurs jours au largue par un vent très modéré.

       

Occupations à bord : apéros, sudoku, ménage, s’exercer à la navigation à l’ancienne…

Ce temps calme est propice à de saines occupations, comme la cuisine. Nos réserves de frais s’épuisent au bout d’une semaine, et il faut confectionner du pain, agrémenter  nos repas de desserts pour combler le manque de yaourts : crème aux œufs, blanc manger coco ou mangue… Les temps fort de notre gastronomie : le rizotto aux champignons et chorizo, le couscous poulet (faute de boulettes !). Malgré la bonne volonté de Daniel, nous ne parvenons pas à prendre le moindre poisson. Il faut dire que pendant plus de la moitié de la traversée la mer est encombrée de sargasses qui s’accrochent à l’hameçon.

      

Confection du pain et fabrication de pâtisserie

Notre route, sur les conseils du routeur, reste assez sud pendant une semaine, nous commençons à remonter vers le nord à partir de la moitié du chemin. Nous marchons ainsi pendant cinq jours, par vent de sud de travers, avec en moyenne 15 nœuds de vent ce qui nous fait bien avancer. Le bateau est à son affaire à cette allure et notre fidèle régulateur fonctionne très bien.

Le 21 mai nous subissons le passage d’un front froid. Le vent monte et tourne brusquement pendant la nuit entrainant un empannage. Tout le monde se retrouve sur le pont sous la pluie !

Le passage de cette dépression au nord génère une grosse mer : une forte houle avec des creux de 2 à 3 mètres. Nous renonçons à notre étape à Florès située plus au nord, donc plus sous l’influence des dépressions et surtout dans la houle.

Les derniers nuages de la dépression s’en vont assez vite

La température de l’air et de l’eau baisse plus nous progressons vers les Açores, il faut ressortir les couettes, duvets, pantalons, bonnets et polaires. Le passage du front froid accentue brutalement le phénomène et il faut supporter en plus l’humidité générée par la météo. Fini les vacances sous les tropiques !

Les derniers jours nous naviguons de concert avec le « Rara Avis » pendant plus de 24h. Nous avons quelques échanges sympathiques  à la VHF, une promesse de rendez-vous au bar (que nous n’honorerons pas… Ils sont vraiment trop allumés !). Le « Rara Avis » (Oiseau rare), jolie goélette à trois mats, appartient à l’association AJD (Aumônerie de la jeunesse délinquante) fondée par le Père Jaouen.

      

 Navigation de concert avec le « Rara Avis » qui disparait et ré-apparaît dans la grande houle de l’Atlantique

Les derniers jours nous avons tous les jours la visite de dauphins qui nous accompagnent un moment. Les visites de nuits aussi, sont encore plus appréciées. Et le dernier jour de traversée, c’est un vrai festival, plus d’une dizaine de dauphins nagent et sautent autour du bateau pendant de longues minutes.

      

 Les dauphins nous font un vrai festival… Quel bonheur !

Il n’y a pas que les dauphins qui nous accompagnent. Depuis notre départ de Saint-Martin nous observons sur la surface de la mer, un animal étrange. Nous avons fini par l’identifier. Il s’agit de la Physalie, une variété de méduse très présente en Atlantique particulièrement autour des Açores. On l’appelle aussi la galère portugaise. N’y toucher surtout pas c’est extrêmement urticant.

   

La Physalie (à droite photo Google)

Le 23 mai dans la soirée nous sommes à 35 milles de Horta. Nous finissons notre traversée au moteur, car le vent nous abandonne. Nous voyons apparaitre progressivement de nombreux bateaux sur l’AIS qui tous convergent vers la même destination. Nous n’étions finalement pas si seuls en mer, même si,  il ne se montrait pas souvent un cargo ou un autre voilier à l’horizon. Nous mouillons finalement le 24 mai à 3 heures du matin, heure locale, dans la baie d’Horta après avoir parcouru 1945 milles en 13 jours et 15 heures. Une belle navigation, que l’accompagnement de notre routeur (Michel Meulnet) nous a permis de réaliser en toute sécurité et dans les meilleures conditions possibles. Merci Michel !

Et merci aussi à Xavier qui, comme lors de toute nos grandes étapes, a relayé les nouvelles envoyées quotidiennement par Iridium à nos proches ; et merci à tous ceux qui nous encouragés avec un petit message.

 Et pour la plaisir des yeux, de magnifiques couchers et lever de soleil et surtout deux rayons verts !

Un grand merci à nos équipiers aussi, qui nous ont stoïquement supportés pendant ces deux semaines d’isolement : à Daniel pour son calme et sa disponibilité à toute épreuve ; à Rafik pour avoir meublé nos silences et proposé de saines séances de réflexion. Un petit exemple des réflexions induites par Rafik, à l’heure de la sieste : «  Vaut-il mieux la Justice ou la Liberté ? » ou « Est-on rebelle quand on est libre ? ».

 Un verre de rhum pour arroser cette transat…

   

   

…et l’Equipage de transat du Free Vikings vous salue bien !

Un petit bilan technique. Aucune casse, la météo était si favorable que c’eut été un comble, en ayant bien préparé le bateau. Nous sommes toujours aussi contents de notre régulateur d’allure Hydrovane qui a parfaitement fonctionné nous libérant à 100% de barrer. Notre approvisionnement en eau du bord a été un peu juste, il a fallu limiter les douches à une tous les 3 jours, mais nous avons raté notre plein d‘eau du départ, il manquait environs 100 litres. Par contre, pour l’eau de boisson nous avions largement ayant calculé 1.5 litres/personne sur 20 jours et comme il fait moins chaud, on boit moins ! Notre alimentation est restée diversifiée grâce aux nombreuses conserves embarquées, mais 2 semaines ce n’est pas la mer à boire, si j’ose dire!

Nous avons quand même eu une surprise. Nos gilets de sauvetage datent de l’année du bateau (2000). Et ces instruments de sécurité ont une durée de vie de 12 ans (hum !), ce que nous ne savions pas. Nous avons constaté que le plastique du gilet, complètement cuit, se découpait autour du l’insert de gonflage. Alors, si comme nous, vous ne vérifiez que la date de péremption de la bouteille de gaz et du déclencheur, sachez que le gilet lui-même a une durée de vie limitée. Il faut ouvrir l’enrobage en tissu et regarder ce qui est inscrit sur le plastique… Il semblerait qu’il faille même les faire réviser tous les deux ans. Procédure que, je pense peu de plaisanciers suivent ! Bref nous sommes bons pour racheter quatre gilets de sauvetage !

Free Vikings au mouillage à Horta avec le volcan de Pico en fond

Location

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