Porto Santo – Madère – Porto Santo

19 Aout 2012

Après notre première traversée de deux jours une nuit vers Minorque, celle de Barbaté à Porto Santo soit quatre jours quatre nuits fût la plus longue de ce début de périple.

 Plaisir de se retrouver au milieu de l'océan, filant au milieu des étoiles, porté par cet air doux se confondant parfois avec l'eau, bercé par cette longue houle océanique si différente de notre Merméd, accompagné de ces grands dauphins d'océan surfeurs d'étrave et sauteurs invétérés. Bon il faut savoir que les avis sont quand même partagés sur ces traversées qui peuvent sembler longues, ennuyeuses et terrifiantes par la noirceur de leurs nuits.

Comme l'histoire d'El Capitan qui n'a vraiment eu de fin que lors de notre seconde rencontre à Puerto Soller (fera l'objet d'une anecdote), l'histoire des filets dérivants n'aura eu une fin qu'au coucher du troisième jour où, terminant notre souper tranquillement dans le cockpit, le moteur babord cale d'un seul coup. Après toutes les vérifications (eau,huile moteur, huile inverseur, puis rotation villo...) on décide de poursuivre notre route sur un moteur et d'y voir plus clair le lendemain matin, la nuit noir ne facilitant pas le diagnostic. Et mañana por la mañana... surprise... une trace marron d'une vingtaine de mètres derrière le moteur babord... huile ? gas oil ? Et bien non... filet !!! Arrêt du cata, petite plongée matinale accompagné d'un p'tit Némo qui ne comprenait pas ce que ces deux gros trucs blancs et cette grosse bête pleine de poils faisaient là. Après dégagement de l'hélice et récupération du filet qui remplit entièrement le volume intérieur de l'annexe, Porto Santo nous voilà ! Mouillage de nuit dans l'avant port et ce n'est que le lendemain que nous découvrons toute la sécheresse et l'aridité de cette terre plantée dans l'Atlantique où Christophe Colomb aurait vécu et rencontré sa belle..
Au fait, oui, nous avions rendez-vous... Et nous arrivons en retard ! Christophe et Françoise sont à Funchal sur Madère et nous rejoignent d'un trait de ferry. Visite de l'île
à dos de scooter p'tites roues (c'est là que je regrette le 600 XT...) ballade sur la longue plage de presque 8 Km d'un sable miraculeux pour les articulations, fêtes des vendanges après s'être mis au mouillage juste en face du village.
Et il est déjà temps de raccompagner nos amis, membres voyageurs du prestigieux SCP(dont je salue obscéquieusement la Présidente, Maïté,les JAC nous manquent).

Mouillage à la baie d'Abra sauvage et poissoneuse puis à Machico, deuxième ville de Madère où nous arrivons en pleine fête. Chaque village des alentours dessinent dans la montagne environnante à l'aide de torches enflammées qui un vaisseau, qui le portrait de la vierge ou encore une barque de pêche. Les jeunes «pyromanes» descendent alors tous en courant dans le village se poursuivant et s'emplâtrant à l'aide des boules de suif dont ils se sont servis pour les torches. Rencontres de fantômes noircis dans les rues sombres de la ville du plus bel effet ! Au petit matin je dépose nos amis en annexe au taxi qui leur fait sauter la vallée pour les amener à l'aéroport.

Quant à nous nous prenons la direction de la marina de Quinta do Lorde où nous laisserons le bateau pour pouvoir visiter Madère tranquillement, d'abord en car puis en Smart. Routes de montagne digne de nos chères Cevennes, sinueuses à souhait où la Smart se montre d'une agilité et d'une vivacité surprenante. Porto Moniz et ces piscines naturelles (naturellement payantes, ils ont tout compris) les lévadas, canaux qui font circuler l'eau des montagnes vers les cultures et les villes accrochées aux vallées, à côtés desquels vous pouvez excursionner, Funchal et son téléphérique qui vous amène au jardin botanique, ces illuminations nocturnes féériques, le vieux Funchal quartier des artistes qui transpire le Fado (complainte à l'époque utilisée par les portuguais pour dénigrer la dictature). Toute la végétation de l'île est luxuriante, tropicale et les fruits et les légumes y poussent à foison et sans retenu. Le raisin y est roi et les vignes y sont bancellisées en treilles ombragées. Les anciennes maisons en toit de chaume y sont maintenant plus rares mais on en trouve encore quelques spécimens pas piquées des vers du côté de Santana.

Tiens tiens, des amis viennent faire un tour à Madère et c'est avec plaisir que nous passons avec eux une journée de randonnée et de fado. André et Maryvonne nous ont fait découvrir le restaurant du Fado familial absolument charmant.
La ville de Funchal est bouillante d'activité et de touristes, ce qui pourrait faire penser que la crise n'a pas le droit de citer dans ce petit paradis portuguais...

Hélas elle y est bien là elle aussi :
Nombre de maisons vides, nickel chrome, dont les habitants ont immigré en Afrique du Sud, en Amérique du Sud, ou en Afrique Noire pour y trouver du job et qui reviennent passer quelques mois de l'année.
Marina entièrement neuve laissée à l'abandon faute de crédits pour la terminer, projet immobilier laissé en standby pendant un an en attendant l'hypothétique reprise, j'en passe et des plus graves.
Enfin brèfle, on a trouvé notre mouillage de rêve dans un aquarium juste à côté des parcs à poissons, face au Nord Est, entouré de falaises multicolores et nous passons 10 jours en autonomie complète (ce qui préaugurent des mois entiers dans le Pacifique...)

Allez, encore une fête, connue en France sous le nom de fête de la mer, elle a pour nom ici Fête de la Vierge  la fête de Nossa Senhora da Piedade de Caniçal et c'est avec Commandant Totoph Dali et sa chère et tendre Chantal à lui, qu'après une sortie en mer pour aller chercher le portrait de la vierge à la p'tite chapelle de Quinta do Lorde, nous nous sommes abreuvés et sustantés de Caïpirinha et d'épées de bœuf sur la plage de Caniçal. (500 g de viande et 2 g d'alcool / pers SVP !)

Mais, ouh là là, on s'est laissé endormir par la douceur de cette île trop picale (ou pas assez, selon les goûts et les couleurs) et il est déjà le 16 Sept quand nous rejoignons une fois de plus notre p'tit paradis de Porto Santo et y attendre le bon vouloir de cette foutue Nadine (tempête tropicale qui nous nargue depuis une semaine en venant nous lécher (hummm !) et en faisant le yoyo avec les Açores)Pas grave, j'ai du bricolage à faire à bord de quoi patienter jusqu'à la fin de cet épisode hurricanesque, triplemant arrimé à la marina de Porto Santo...                          

                                                                                                                              25 Septembre 2012