Manevaï est à Brest, je mets le dernier blog d'Eric en ligne. Au revoir. Mich

Samedi 18 octobre :
Cathy est repartie il y a deux jours. Nous avons passé une petite semaine à nous balader dans Horta, bien sûr mais aussi dans l'île de Faial et celle de Pico. Deux îles assez différentes, Pico est plus "rude" que Faial. Le souvenir de la chasse aux cachalots est vivace dans toutes les îles mais sans doute plus présent encore à Pico (là je vais sans doute me faire des ennemis !). Et je ne dis pas cela uniquement parce deux musées y sont consacrés : celui de Lajes do Pico sur la chasse proprement dite (avec une construction récente d'une baleinière qui est un chef d'œuvre de charpentier naval) et celui de Sao Roque plus orienté vers l'aspect industriel de l'exploitation du cachalot une fois tué et ramené à terre. Pico cherche aussi à faire revivre son passé viticole. La vigne y était (et y est toujours même si beaucoup de lopins sont à l'abandon) cultivée dans de tout petits lopins de terre enserrés dans des murets en Basalte censé rediffuser la chaleur du soleil (photo). Aucun tracteur ne peut y accéder, on est aux antipodes de la mécanisation à outrance de certains de nos vignobles. Egalement toujours le même plaisir de se promener (les mauvaises herbes le long des routes s'appellent hortensias aux Açores !(photo et encore on était très tard dans la saison) dans une ambiance portugaise, avec son architecture, ses habitudes. Car aux Açores, et même si la région est autonome on est vraiment au Portugal.
Les prévisions météo ne laissent pas entrevoir à horizon visible de fenêtre "acceptable" pour entamer la deuxième partie (30/35 Nd de NE …). Je profite donc d'une journée de NW virant au nord pour faire un saut de puce (70 Nq) vers Terceira et sa capitale Angra Do Heroismo.
Lundi 27 octobre :
Je serai finalement resté neuf jours à Terceira à attendre une fenêtre météo. Mais il y a des endroits plus désagréables que Terceira pour attendre !
L'île est encore plus "douce" que Faial et donc que Pico. Des champs, des pâturages verdoyants, même les points les plus hauts de l'île sont cultivés à la différence de Faial et de Pico. Les colons sont arrivés du nord du Portugal, cela est clairement visible dans l'architecture des quintas et des églises.
Angra Do Heroismo est quant à elle une ville absolument magnifique. Classée au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco elle ne porte presque plus aucune séquelle de sa quasi destruction (80%) par un séisme le 1er janvier 1980 (voilà une décennie qui commençait mal !). Une vraie ville, avec une homogénéité architecturale (XVI/XVII ème siècles) tout à fait remarquable (voir photos). Elle a longtemps été la "capitale" des Açores, lieu de résidence des "Capitães generais" et prétend d'ailleurs toujours l'être. Mais les autres îles ne sont pas d'accord ! Chose peu connue, Batman y avait une résidence secondaire (photo) : ente gens héroïques on est faits pour s'entendre….
Terceira se distingue aussi des autres îles sur deux points : une passion sans borne pour les taureaux depuis que ceux lâchés sur une plage ont empêchés les espagnols de débarquer (ce qu'ils ont quand même fait deux ans plus tard et là ils se sont montrés rancuniers…). Le lâcher annuel de taureaux dans les rues reste la distraction qui passionne le plus et à longueur d'année, des écrans de télévisions en montre les passages les plus croustillants dans presque tous les magasins. Il y a aussi les Império (maisons de l'esprit saint) d'une architecture souvent très kitsch et qui détonne franchement avec le reste.
Donc fin du séjour açorien ce jour du 27 octobre, Môssieu l'anticyclone a enfin consenti à revenir à sa place habituelle, les vents repassent à l'W.
Départ en douceur, NW 3/4 hormis le passage d'un front qui nous a gratifié d'un vent de N 7 pendant deux heures.
Mardi 28 octobre :
Pétole, mais c'était prévu. Mon idée première était de ne pas monter trop vite en latitude pour ne pas trop se rapprocher des dépressions qui passent dans le nord. Les prévisions du jour montrent que ces dépressions sont moins vigoureuses que prévues et surtout qu'il y aura des vents de nord forts assez loin de la côte portugaise (les fameux alizés portugais ou Nortadas). Changement de stratégie, on met du nord dans le cap.
Mercredi 29 octobre :
Journée paisible. J'ne profite même pour me lancer dans des préparations culinaires sophistiquées (pour moi) : un gratin dauphinois.
Mais elle se termine avec un bon SW6, et la nuit se passe sous deux ris, GL sous deux ris également.
Jeudi 30 octobre :
Le front annoncé nous arrive dessus en début de matinée. Un bon SW 8. Puis cela se recalme, tellement d'ailleurs qu'il faut tirer des bords au grand largue pour faire porter à peu près décemment le génois.
Pas de doute nous quittons la zone subtropicale : l'ambiance s'est nettement rafraîchie même si la mer n'a perdu qu'un degré depuis notre départ de Terceira.
Vendredi 31 octobre :
Mauvaise journée, une de celle que l'on aimerait oublier. Le vent forcit rapidement – 30 nds, alors que les prévisions MTO allemande, américaine et les Grib ne nous donne que 20 nds – et la mer est beaucoup plus forte que le vent. La faute à la grosse dépression qui s'est bloquée entre l'Irlande et l'Islande. Grosse frayeur vers 13h, le bruit d'une explosion, la secousse d'une explosion : ce n'est qu'une vague qui est venue taper (c'est le cas de le dire) sur le flan Bd de Manevaï. Sur le coup j'ai cru que le hublot au-dessus de la table à cartes avait explosé sous le choc d'autant plus que j'ai pris quelques gouttes par la dorade située au-dessus. Mais heureusement rien de cela mais le baro a eu un hoquet de 18 mb, c'est dire la violence du choc.
Et pour "mal" finir la journée, le radar nous lâche dans la nuit…
Samedi 1er décembre :
Tout bien pesé, n'ayant pu obtenir l'assurance de tous les pêcheurs bigoudens qu'ils démarreraient leur AIS ni de tous les concurrents de la route du Rhum qu'ils le regarderaient, je décide de me dérouter sur la Corogne pour faire réparer le radar.
La météo reste toujours aussi désagréable. SW 8, on est sous trois ris trinquette. En milieu de journée une autre vague vicieuse vient taper sur l'arrière cette fois. Je m'apercevrais plus tard qu'elle a fait rentrer de l'eau dans le circuit d'évacuation d'air du compartiment moteur. Cela nous était déjà arrivé dans le sud du cap Farewell dans le gros coup de chien que nous avions eu. Il va donc falloir mieux protéger cette grille d'évacuation.
Dimanche 2 novembre :
Journée de répit après la journée d'hier. Et petite nuit puisque pas de radar. Mais journée seulement car baston annoncée pour la soirée et la nuit. L'arrivée sur la Corogne avec ses pêcheurs promet d'être animée. Commençons à attaquer le rail en début de soirée.
Lundi 3 novembre :
3h du matin : nous y voilà. Le vent monte jusqu'à 47 nd. Sous GV seule 3 ris, le bateau avance à plus de 8 nds. J'espérais qu'en raison de ce temps de chien les pêcheurs seraient restés au port : eh bien non, ils sont dehors, je les vois gigoter en traînant leurs chaluts. Mais ils ont tous le bon goût d'avoir leur AIS en fonction ce qui me simplifie largement la tâche.
Le vent aussi a le bon goût de se calmer en début de matinée. Mon idée première était d'aller mouiller en baie de Betanzas (je n'étais pas chaud pour aller manœuvrer dans une marina étroite avec ce vent et après 1.5 nuit blanche). Cette accalmie qui me permet de remonter bout au vent au moteur m'encourage à plutôt choisir d'aller mouiller au fond de la baie de la Corogne. Mais en me rapprochant je m'aperçois avec regret que la houle de SW rentre jusqu'au fond de la baie rendant le mouillage plus qu'inconfortable. Nous irons donc à quai. Ce qui est fait en milieu de matinée.
Pour les amateurs de chiffres, pour cette deuxième partie :
- 1011 Nq au loch soit 11.8% de route en plus
- Vit moyenne 6.06 Nd
- 9.6 h de moteur (la pompe à eau se repose…)
Samedi 8 novembre
La cause de la panne du radar n'a pas été facile à trouver mais le coupable a finalement été démasqué : le moteur d'antenne.
350 Nq jusqu'à Brest, ce n'est pas très long mais maintenant on est tard en saison. Et les coups de vent se succèdent à bonne cadence. Il me faut donc accepter d'en avoir au moins un sur le parcours sinon je passe l'hiver à la Corogne. Ce n'est pas que la ville soit désagréable, bien au contraire. On ne se lasse pas d'arpenter le centre historique, les rues piétonnes ou le bord de mer.
Mais quand faut y aller faut y aller ! J'appareille donc en milieu de journée dans un vent de NW à grains….marqués : 40 nd à peine sorti de la baie.
Dimanche 9 novembre
Les grains continuent de se succéder à bonne cadence mais ils sont maintenant nettement moins virulents. Le vent a par contre la mauvaise idée de passer N ce qui me fait tomber sous le vent de la route directe. Ce n'est pas grave car avec la rotation au SW attendue lundi les choses rentreront aisément dans l'ordre.
La soirée est magnifique, le vent est tombé à F4, la visi est plus qu'excellente, la lune est pleine : c'est le cadeau du golfe de Gascogne pour ma dernière nuit en mer de l'année : merci
Lundi 10 novembre
La rotation attendue au SW se fait en tout début de matinée. Cela va virer au coup de vent, je le sais, c'est annoncé depuis le départ pour midi. Réduction des voiles sagement anticipée, nous nous retrouvons sous GV seule deux ris à partir de 15h. Ce qui ne nous empêche pas d'avancer à 8.5/9 nd ! Je précise pour ceux qui connaissent pas ou mal le bateau qu'un Garcia ne déjauge pas : non !
Passage de la chaussée de Sein vers 17h. Le vent ayant la malencontreuse idée de virer au SE, et comme il faut bien compenser et la dérive et le courant, c'est à un bon plein un peu arrivé que nous continuons vers Brest ce qui est nettement moins confortable car le vent est maintenant établi à 40/45 nd avec la mer qui va avec.
Comme je n'ai nullement envie d'entrer dans la marina du Château avec de telles conditions nous nous arrêtons à Camaret à 21h30 pour y mouiller et y passer la nuit.
Mardi 11 novembre
Et les derniers nautiques se font sous le soleil….. Cathy, les amis Jean et Yvette sont là pour nous accueillir.
Fin de la "campagne 2014" : nous aurons parcouru plus de 10 000 Nq en un peu moins de six mois.
Nous n'avons pas pu franchir le passage du NW mais ce fût quand même une belle navigation, exceptionnelle même au sens propre du terme.
Manevaï s'est remarquablement comporté et nous n'avons quasiment aucune casse à déplorer. Un plein de nourriture et il est prêt à repartir.
Les enseignements techniques sont par contre nombreux et le bateau aura droit à quelques "améliorations" la saison prochaine. Mais elles ne sont que mineures et je ne peux que saluer l'architecte (Philippe Harlé) et le chantier (Garcia) qui l'ont conçu et construit : bel ouvrage !
FIN
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Anonyme (non vérifié)
17 Novembre 2014 - 12:00am
Merci...