Navigation Cuba-Bahamas
Note spéciale du blog pour raconter notre navigation au départ de Santiago de Cuba.
Départ prévu le vendredi 11 janvier mais en consultant la météo nous décidons d'attendre 24 heures, le 12 c'est notre dernier jour possible à Cuba, nos visas expirent aujourd'hui. Départ à 8 heure du matin mais la Guarda Frontera n'est pas là pour nous donner notre « despacho international » pour sortir de Cuba. Tanpis la marina est payée ainsi que le timbre de sortie du pays. Je dis que j'ai pas besoin de cette clearence de sortie quand j'arriverai aux Bahamas ( cela s'avéra vrai ) et décide de partir afin d'être au petit matin au cap à l'est de Cuba, le fameux « Windward passage » réputé venteux et difficile à passer d'ouest en est.
A peine sortie en mer le loch speedo, qui indique notre vitesse ne fonctionne pas. C'est une petite hélice qui hélas et c'est là qu'est l'os ne tourne plus. Elle doit être encrassée après 4 jours au port.
Je plonge donc sous la coque avec une brosse pour le nettoyage, mais avec les vagues, je dois faire attention à la coque qui pourrai me retomber sur la tête. Opération réussie l'hélice tourne.
Alors « envoyez la grande voile matelot » mais la drisse ( cordage qui hisse une voile vers le haut )
est bloquée en haut du mat.J'essaye de la décoincée mais en vain. Florence se propose de monter, assurer avec un harnais, elle préfère y aller car me hisser avec le winch, c'est trop physique.
« Flo a 11 mètres de haut, avec la houle ça va bouger, t'es sûr? » et là elle me répond « regarde la drisse est décoincée, vas-y hisse la GV » Ce doit être un signe : deux embrouilles à peine partie, ne serait-il pas plus sage de faire demi-tour ?.... Mais nous continuons.
Le bateau avance à vive allure, ça tape quand tout à coup un bruit ? De ferraille semble-t-il ? Je vais voir au niveau du mat et j'aperçois qu'un coulisseau de grand voile à casser. Et bien sûr je n'ai pas la pièce de rechange à bord. Système D : j'opte pour un boulon, un peu court mais que je scotcherai, afin de maintenir la latte de GV en place.
En route contre le vent nous remontons vers l'est. Devant Guantanamo, je traverse la frontière maritime des USA, j'entends baragouiner à la radio, et ne comprends pas qu'il s'adresse à moi. Quelques minutes plus tard un bateau pneumatique noir, avec des hommes en noirs arrive droit sur nous, je vire et repasse la frontière maritime. Puis l'armée américaine s'arrête à bonne distance et nous observe nous éloigner.
La mer est déjà bien formée, le vent est fort, la nuit tombe. Nous avançons avec la GV réduite à 2 ris et les moteurs, à la barre, le pilote auto tient le cap.
Vers 22 heures Florence sort de sa couchette et me dit qu'elle entend de l'eau sous les planchers de la coque bâbord, je vérifie sous les planchers, c'est plein d'eau ??? J'allume la pompe de cale et nous commençons à écoper.
Mais l'eau ne descend pas ??? On prend l'eau. Par où ? Un passe coque ? Le loch-speedo, une vanne ???
Soudain sous le lavabo j'entends de l'eau couler. Elle coule depuis un trou d'une grosse gaine électrique ??? J'en déduis qu'on prend l'eau par l'avant. La cabine dans la pointe avant est pleine d'eau, les matelas flottent. J'enlève tout, j'ai de l'eau jusqu'en haut des cuisses. Je lis dans les yeux de Florence de la peur, nous coulons.
Thomas comprend la situation et pleure, il a peur. Nous le rassurons. « Un catamaran a deux coques il ne peux pas couler même avec une coque pleine d'eau » , enfin je crois. Nathan ne dit rien sur le moment mais avouera avoir eu peur de couler, il pensait que la coque avait un trou. Il restera très maître de ses émotions et fera exactement ce qu'on attendait de lui c'est-à-dire veiller sur son petit frère qui dormait dans notre couchette (l'avant tapait trop fort!).
Mais d'où provient l'eau ??
Je vais voir dans la baille à mouillage s'il n'y a pas un trou dans la coque. Elle est pleine d'eau à ras bord (plus d'un mettre cinquante d'eau) je ne me suis pas rendu compte que le cata était plus lourd sur bâbord. Alors je décide de me mettre vent arrière pour être dos aux vagues et stabiliser ainsi le bateau. Voiles à 2 ris afin d'avancer doucement pour éviter que le bateau se mette travers à la vague et risque de chavirer.
On écope avec les seaux le niveau d'eau descend, on ne prend donc pas l'eau ??? Ouf, la pression retombe un peu mais difficilement.
Mais que s'est-il passé ?
Analyse de la situation : l'écubier ( le trou d'évacuation de la baille à mouillage ) est bouché. La plaque inox qui le protège est enfoncée, une vis est manquante. Comment cela s'est-il produit ??? Le choc des vagues??? Donc en pleine nuit, on a pu assécher au maximum les fonds puis on a poursuivi notre route.
Résultat : le moteur du guindeau a été complètement immergé dans l'eau et ne fonctionne plus.
Plus de peur que de mal, maintenant je dois donc remonter la chaîne (40 mètres) et l'ancre (26 kilos ) à la main.
C'est la première fois que j'entends qu'un écubier bouché aurait pu faire couler un bateau !!
Pendant le quart de Florence, elle me dit avoir entendu un bruit suspect sans rien constater de particulier. On se rendra compte, au mouillage qu'une goupille sur la poulie de GV avait, elle aussi, cassé.
Au petit matin, le vent à encore forcit ; nous avons des vagues de 4-5mètres. Nous serons obligés de nous mettre accroupi à la barre lors des manoeuvres tellement il était impressionnant de monter et descendre sur ces vagues. Impossible d'avancer sans casse alors nous rebroussons chemin. Nous décidons d'aller à Baïtiquiri, l'abri le plus proche moyennant 6 heures de navigation. Quel affront pour un marin!
Nous comprenons alors pourquoi les vagues furent si grosses : le vent contre le courant levait une mer particulièrement forte.
La navigation dans l'autre sens, avec les vagues dans le dos fut moins éprouvante. Nous en profiterons pour nous reposer afin d'avoir les idées aux clairs car l'entrée dans Baïtiquiri est très délicate surtout par vent de Sud-Est, ce qui n'est pas le cas pour nous.
Nous mettrons quelques temps à trouver l'entrée et appréhendons que le chenal ne soit plus indiqué par les bouées rouges et vertes compte tenu du passage du cyclone Sandy. Plus on se rapproche et plus j'angoisse. Nous prenons le cap indiqué sur notre guide nautique pour se caler dans l'axe de l'entrée. Ca déferle de part et d'autre de la passe mais Florence m'indique, avec soulagement, que les bouées tant attendues sont bien là. Allez, on y est, concentration maximum. On sert les fesses, 5 mètres de chaque côté du bateau et...... ça passe!! A l'intérieur du lagon, la mer est calme, comme un lac, véritable havre de paix.
Photo entrée de Batiquiri
Les guardia fronteras ne tarderont pas à venir contrôler nos papiers et le bateau (une fois de plus). Ils nous demanderont de nous déplacer devant leur bureau pour, soit-disant, veiller sur nous, nous traduirons cela par « nous surveiller »! Mais bon, ils se montreront très aimables (comme tous ceux que nous croiserons à Cuba). Seulement, nous leur causerons bien du tourment car nous n'avons pas le fameux « despacho ». Le lendemain, un supérieur viendra réécouter notre version et prendre des photos des dommages subi sur le bateau (mais les fonds et la baille à mouillage n'ont plus d'eau!).
Un membre de l'immigration viendra spécialement de Guantanamo pour contrôler nos passeports.
Après ces deux jours de transit, sans avoir le droit de mettre le pied à terre, nous reprenons la mer, en soirée avec deux militaires perchés en haut du phare métallique pour nous saluer et s'assurer certainement que nous prenions bien la direction du large.
Photo phare, dans le rond les militaires
Cap Maisi – pointe Est de Cuba : 2ème!
Nous changerons cette fois notre angle d'attaque en prenant un cap beaucoup plus au large pour éviter la zone de vent contre courant (non mentionnée sur la carte mais bien réelle!). Et après 24 h de navigation, au prés serré, et une boule à l'estomac, nous arrivons à Great Inagua Island, première île des Bahamas.
Maintenant, nous remontons tranquillement les îles des Bahamas direction les Exumas Bank, puis ce sera retour vers l'est. Malgré une part importante consacrée à la navigation car les distances sont longues, nous nous efforçons de nous poser. Là, nous apprécions les langoustes bahamiennes et surtout les eaux turquoises qui ne manquent pas à leur réputation.
L'équipage est parfaitement opérationnel, seul le skipper a mal à une fesse. Et oui lors d'une prise de ris la sangle que l'on passe dans l'oeillet s'est cassée nette résultat je suis tombé lourdement sur le pont suivis d'une roulade arrière sur le trampoline. Bien sûr c'était la nuit et Florence à la barre a vu ma frontale disparaître d'un coup, pensant que j'étais tombé à l'eau.
J'ai donc du mal à rester assis, il me faut un oreiller moelleux sous les fesses. Cela pourrait laisser sourire si seulement je ne devais pas rester toute la journée à la barre car le pilote auto ne fonctionne plus.
Merci pour vos commentaires. Oui, les photos avec de l'eau bleue font rêver. Mais le rêve a un coût physique et moral.
Effectivement, en voilier, en autonomie avec la famille, ces lieux paradisiaques, loin de tout ne sont pas toujours faciles à atteindre. Cela demande de faire des choix, une responsabilité pas toujours évidente à assumer pour un capitaine enfin sans un certain stress. A cela il faut rajouter la fatigue, les nerfs à vifs. Autant d'aspects négatifs qui ne permettent pas toujours d'apprécier l'instant présent alors il nous faut faire un break, allez à terre, changer de rythme afin de repartir sereinement.
Oui c'est un périple, un changement de vie que de vivre sur la mer, de naviguer et de voir si l'eau est plus bleu de l'autre côté de l'horizon.
Bien sûr nous sommes conscients que nous vivons une expérience unique et sommes heureux de la partager avec vous......
Nous sommes depuis le 15 janvier dans la deuxième moitié du voyage. Alors nous pouvons vous dire que nous touchons du bout des doigts la zenitude, surtout le soir après un bon apéro bien arrosé.
Dernières photos de Cuba
Après deux mois et demi de co-navigation, nous quittons notre bateau copain « Yaëlle », non sans émotions.
A couple avec Yaëlle à la marina de Santiago de Cuba
En attendant que la météo soit favorable, nous visiterons la ville de Santiago. Chaleur, pollution vétusté, une autre monde...
Taxi : une 404 de 30 ans et 1 million de km.
Bus local cubain ou la bétaillère cubaine, on préféra prendre le taxi surtout avec la poussette
Boucherie où nous achèterons des patates.
Il ne faut pas être très regardant sur l'hygiène et la chaîne du froid, sinon vous êtes déjà malade. Je ne vous parle même pas de l'odeur.
Lavage des mains systématiques avec du savon, puis du chlore et de l'eau pour finir, ceci pour éviter une éventuelle épidémie de choléra après le passage du cyclone Sandy.
Ou est la logique ?
Cargo Florence. Après une dépression tropicale (en août 2012), voici un cargo qui porte également mon prénom. C'est dire la renommée du prénom!!
Maintenant Les Bahamas !
tableau de chasse sous-marine aux Bahamas : Mérou, perroquet, maquereau pagre et carangue.
Voilier traditionnel Haïtien, sans moteur, rien qu'à la voile même pour rentrer dans le port, respect !
L'aventure continue !
Vous devez vous identifier pour laisser un commentaire : cliquez ici pour vous connecter .
Anonyme (non vérifié)
26 Janvier 2013 - 12:00am
Quel voyage! CUBA semble si
Anonyme (non vérifié)
26 Janvier 2013 - 12:00am
Après tant d'émotions
Anonyme (non vérifié)
26 Janvier 2013 - 12:00am
D'habitude, vous nous faites
Anonyme (non vérifié)
26 Janvier 2013 - 12:00am
Profitez bien de votre
Anonyme (non vérifié)
26 Janvier 2013 - 12:00am
Possibilité de communiquer
Anonyme (non vérifié)
4 Mars 2013 - 12:00am
Un petit coucou de chez nous.
Anonyme (non vérifié)
28 Janvier 2013 - 12:00am
bonjour la petite famille;
Anonyme (non vérifié)
11 Février 2013 - 12:00am
salut, quel voyage, désoler
Anonyme (non vérifié)
26 Avril 2013 - 12:00am
Bonjour à vous,
Anonyme (non vérifié)
4 Mai 2013 - 12:00am
merci pour votre commentaire,
Anonyme (non vérifié)
2 Août 2013 - 12:00am
A votre place moi, sur ce
Anonyme (non vérifié)
4 Août 2013 - 12:00am
Ok olivier pour le DVD tu me