Teranga est fin prêt pour son troisième tour de l'Atlantique. Du haut de ses  16 ans il donne toujours satisfaction à son propriétaire qui se plait à dire à qui veut bien l'entendre que si c'était à refaire , ce serait la même chose (sauf qu'à ma connaissance, il n'existe pas d'équivalent aujourd'hui dans les catalogues des chantiers, les goûts et les normes de calcul ont bien évolués en 20 ans). Sur les 16 ans, il est sorti de son port d'attache pendant  environ  3 ans. 

Teranga  neuf

Le problème de l'aluminium c'est la peinture, qui au bout de 5 ans commence à cloquer:  la question est maintenant réglée sur TERANGA avec son revêtement de pont en liège SEACORCK (7 ans sans aucun problème),  ses bandes  blanches, bleues et noires en adhésif plastiques sur la coque (5 ans  sans problème) et enfin des reprises de surface  suivant besoins     avec de la peinture industrielle polyuréthane bicomposant (produit détaillé à la demande et en vente dans la distribution automobile pour les poids lourds).

    Teranga en 2014

Coté coque, sur les  10 cadènes soudées il y en a une qui se corrode lentement mais surement, probablement un défaut de l'alliage; il est prévu d'en souder une nouvelle peut-être fournie par le chantier ALUBAT, qui a coupé les ponts   d' avec la personne morale d'il y a 16 ans suite à ses difficultés financières(pas de nostalgie svp).

La chaine de mouillage (80 m) a été changée en 2016 suite aux premiers six mois d'immersion dans les eaux tropicales  (plus à cause de la rouille que de l'usure du métal qui était inférieure à 20% et ce très ponctuellement). Afin de répartir au mieux l'usure  et prolonger sa durée de vie au maximum, l'avant et l'arrière sont dorénavant inversés  à chaque   TAN.   Les charbons du guindeau ont été changés à titre préventif, cela a permis de vérifier que la partie électrique  était en bon état et que la partie mécanique devra faire l'objet d'un démontage complet au retour du TAN, la flasque-frein côté guindeau restant indémontable pour une raison non identifiée.

Le grément en tête, avec ses quatre bas haubans et ses quatre barres de flèche non poussantes,    est  très rassurant; l'étai a été changé en 2014, avant le premier TAN à titre préventif.  On a profité du dématage pour mettre des poulies en tête du mat avec insert en laiton pour éviter les  problèmes d'ovalisation, pour changer les drisses et refaire les branchement électriques et étanchéités diverses. Le réa de balancine a été également changé suite à une    fissuration dans le plastique. 

Côté voiles, la grand voile et le génois ont été renouvelés en 2017 et sont réservés aux TAN, les anciennes voiles, renforcées plusieurs fois à la main et à la machine pendant le premier TAN,    finiront leur vie sur la    méditérranée (j'ai appris à cette occasion que le point faible c'est le fil de couture qui à partir    de cinq ans mérite la plus grande  attention, la    bande anti-UV de mon premier génois s'est gentiment décousue , partiellement heureusement, dans les Alizés du premier TAN). Le geenaker a  été retaillé à la baisse pour éliminer l'équivalent de la  bande anti-UV qui était cuite; cette voile reste en permanence sur son emmagasineur et souffre donc beaucoup du soleil. Si elle sert rarement, elle m'a apporté les plus belles sensations de glisse, c'est la voile plaisir par excellence.

Le moteur, Volvo D255, a maintenant 2500h, chaque TAN en ajoutant un peu plus de    500 . Il    a subi un démontage en règle de l'échangeur de température, y compris échange de certaines durites remplacées par des transparentes pour mieux voir les difficultés éventuelles dans la circulation de l' eau. Le coude d'échappement a été changé pour la deuxième fois et ce coup ci il a fallu recharger à la soudure alu la portée du coude sur l'échangeur qui était trop corrodée pour permettre  une étanchéïté. J'ai d'ailleurs eu de la chance de ne pas tomber en panne,   en voulant enlever la durite eau    de mer sur le branchement du coude, c'est le métal  complètement  oxydé qui ne tenait plus qu'avec la peinture qui a cédé. Les deux alternateurs Valéo de 60 AH ont été remis à neuf par un professionnel auto  (les charbons étaient  au bout rouleau et les régulateurs ont été changés). Tous les automnes le moteur reçoit  sa douche de WD40 ce qui a permis a sa peinture de conserver un bel aspect    (éviter tout de même que la    brume arrive sur l'alternateur, les charbons ont horreur de la graisse et des poussières qui s'accumulent, usure prématurée garantie). J'ai installé un capteur de pression d'huile et un indicateur de température, ça permet de suivre l'usure du moteur  et d'identifier plus facilement les pannes. Enfin je ne lui donne plus que du gasoil filtré 50  micons   (entonnoir RACOR)    additivé avec un antibactérien (Yachticon diesel plus)    depuis les péripéties du dernier TAN (cf billet Ibiza-Cadiz 2017).

  en haut le chargeur d'alternateur (en rouge) et une ventilation forcée sur l'alternateur supplémentaire

Côté énergie, le parc de servitudes dispose de 4 batteries AGM Génois  de 107 AH qui ont cinq ans et semblent encore en pleine forme.   Au moteur la recharge rapide est assurée par  un chargeur d'alternateur Sterling de 130A, aucun soucis à signaler,  le temps de rechargement des batteries est divisé    au moins par deux (à noter toutefois que les deux alternateurs ne débitent pas de la même façon,   quand l'alternateur    supplémentaire est à 50 A l'alternateur moteur    est à 15A;    c'est l'échauffement du premier qui arrête le cycle de boost qui reprendra automatiquement dès que la température aura baissé, d'où l'idée    d'optimiser la ventilation de l' alternateur    qui prend la plus grande part de la charge).

    alternateur d'arbre

En navigation ,  un alternateur d'arbre à aimant  permanent Windblue Power DC 540 fournit 3 à 4 A dès 4 noeuds   et plus de 8 A dès 6 noeuds. Il suffit à compenser le bilan énergie qui  s'établit comme suit, 50 AH pour le frigo (60l avec plaque évaporation    directe qui consomme bien moins que la plaque eutectique qui a rendu l'âme il y a trois ans), 30 pour l'électronique (essentiellement l'AIS, émission réception) et 30 pour le reste (éclairage, ordi....) .

Une nouvelle éolienne type Savonius hélicoïdale (conception et fabrication en polyester sur mesure) est directement montée sur l'alternateur à aimant permanent de rechange (j'en ai déjà "grillé" un  en le faisant tourner avec le moteur)  pour patienter au mouillage pendant    les coups de vent de mistral en Corse (j'espère qu'elle va  produire    à partir de force 4, à suivre) . 

    Eolienne 2020

Teranga est équipé de deux grand éviers  (un et demi d'origine) et j'ai du refaire  le plan de travail avec du gel coat une deuxième fois (décollement du premier essai au bout de deux ans). Pour la troisième fois  ce sera un revêtement en stratifié épais ( 6 mm) trouvé à la demande chez France Equipement après de très longues recherches. Les 400 l d'eau du réservoir suffisent pour une traversée de 20 jours (le besoin tourne autour de 15 l par jour par personne). On boit l'eau du réservoir ( protégé de la corrosion par une anode magnésium de chauffe eau ) à travers un filtre Katadyn  (plus de gout désagréable), ça évite la corvée de transport des bouteilles.

Les charbons du pilote automatique (Raymarine ST 6002) ont été changé à titre préventif (à noter le SAV de Lecomble et Schmit toujours aussi efficace  et agréable); il restait du potentiel (je ne m'en sers qu'au moteur donc par mer calme et j'évite de le faire forcer en réglant son niveau de réponse  au minimum). Le capteur d'angle de barre a rendu l'âme et est donc neuf.

Depuis 4 ans Teranga est équipé d'un régulateur  d'allure Hydrovane (acheté d'occasion), matériel fiable d'une exceptionnelle robustesse (Les canadiens    font pas dans la dentelle). Voir le billet du blog pour imaginer les performances. Compte tenu de sa position peu favorable sous le portique j'ai fabriqué deux aériens en profil aile d'avion symétrique le plus épais possible pour maximiser l'efficacité (un en mousse shapée, l'autre en  balsa).     La fixation sur Teranga pour sauver l'espace de la jupe a été un vrai casse tête, voici la solution adoptée:

   Fixation Hydrovane sur la jupe

Enfin  côté    communications,  un AIS permet de repérer Teranga jusqu'à plus de 40 miles.  C'est l'équipement qui change tout pour les    navigations de nuit , la majorité des    points lumineux    aperçus sur l'eau étant dans les 2 minutes identifiés comme dangereux ou pas.

Pour les traversées , un Iridium permet de recevoir un fichier météo en genéral quotidien pour surveiller et optimiser la route. Les gribs globalmarinenet reçus avec la boite mail Skyfile donnent entière satisfaction.   Il faut compter 50 unités pour l'aller  dans les Alizés (une météo tous les deux jours et un mail news famille) et 150 pour le retour (météo quotidienne et beaucoup plus attentive). 

Voilà pour le bilan, Teranga est prêt pour repartir au 1er octobre 2020 et faire escale  aux Baléares  (Puerto Colon sur Majorque), Cadiz, Lanzarote, Martinique, Culebra, Saint Barth, Açores au minimum et si la météo le permet, Séville,  Faro, Madère, San Juan et autres opportunités qui ne manqueront de se présenter.

Bon vent à tous les navigateurs et à ceux qui rêvent de le devenir.