Cache Cache avec le meltem

Cache Cache avec le meltem

Posté par : Karyotakis
13 Septembre 2017 à 18h
Dernière mise à jour 28 Février 2018 à 16h
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Après un tour dans les petites Cyclades en mai, nous ne pouvions naviguer qu’en aout compte tenu de notre travail. Aout est synonyme de meltem dans les Cyclades et généralement en mer Egée.  Mais l’envie était trop forte de revenir à Syros et continuer vers Milos. Au fond nous espérions une année sans meltem comme il en existe. Raté. Départ programmé le 30 juillet, on épluche les cartes météo, rien à faire. Ca souffle, 25-30 nœuds, rafales à 35 ! On élabore notre stratégie, gagnante. OK il y a du vent mais on l’aime au  3/4 arrière ou de travers. Il y a des répits, 1-2 jour jamais plus, on profitera pour les longues traversées.

Alors cap vers le golf Argosaronikos, longtemps méprisé, coté voile, mais  avec l’âge on révise nos a priori!  Première étape, Nea Epidavros, que nous ne connaissons pas, tout le monde va à Palaia Epidavros. C’est un bourg de vacances, un peu oublié, on se croirait dans les années 50 en Grèce. Le petit port est sympa et il y a même des pendilles ! Après une belle journée, de baignade et voile, la nuit fut plus dure. Visite à minuit au centre de santé  à 22Km de là, suite à des fortes douleurs à l’estomac de Suzanne qu’elle a compressé sur le balcon avant en essayant de décrocher l’ancre ! Le lendemain tout est en ordre et nous visitons l’ancien théâtre d’Epidaure.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Seconde étape Methana. Ce village est connu pour ses thermes. Mon grand-père y venait chaque année pour 2 semaines, et j’ai voulu enfin voir l’endroit.  Methana est une presque ile, et on a vite fait le tour. Elle est très boisée, on trouve des très jolies plages, une acropole mycénienne, une grotte à voir et enfin le volcan. La dernière éruption date de 270 avant notre ère, et il faut une heure de marche pour faire l’aller-retour. Mimosa est au port et subit des rafales à 30 nœuds qui l’éloignent du quai, heureusement.

Ca fait déjà 4 jours dans la région et la première fenêtre pour traverser vers les Cyclades s’ouvre. Notre plan est, de Methana aller à Poros, y attendre 2-3 heures de l’après-midi et ensuite 45 milles à l’est c’est Kythnos. En route donc à l’anglaise, tout génois dehors, 25 nœuds de vent arrière. En peu de temps on mouille à Poros, face au palais d’été, et après quelques minutes, voilà notre ami Robert avec Lysigée, ancien voisin à  Licata, sur son chemin de retour à Licata  après un periple jusqu'à Rhodes! Il nous a vu sur l’AIS, et nous partageons le repas de midi ensemble. C'est Robert qui nous a fait les 3 photos suivantes alors que nous quittons Poros. A 14h on lève l’ancre, on traverse le chenal de Poros et nous voilà en mer Egée ! Notre modèle météo (WRF maille 4Km) a bien prévu la réalité ! 25 nœuds de travers, rafales à 30, faiblissant le soir. 

A 22h après une navigation superbe, on jette l’ancre à Kythnos à Fikiada, ma baie préférée. Un banc de sable sépare Kolona   à l'ouest de Fikiada à l'est  et relie Kythnos à   l'ilot Ag. Loukas. Nous sommes réveillés par le bruit des clochettes de quelques chèvres qui traversent le banc pour aller brouter dieu sait quoi sur l’ilot.

La baie de Fikiada Kythnos                               

Nous voilà au royaume d’Eole, celui qui nous dictera la route et sera le maitre de notre temps. On quitte Fikiada, destination Serifos. L’équipage est plus aguerri déjà. Jacques est passé du dériveur à l’habitable en quelques jours et maintenant s’amuse à la barre, dans la houle et les vagues par 25-30 nœuds, toujours à l’anglaise. Les non  habitués des Cyclades    pensent trouver refuge au port de Serifos, mais c’est bien le contraire qui arrive. 30 nœuds au large   et 35-40 au fond de la baie. On se prend par deux fois pour que notre Rocna morde le sol, juste derrière le port, protégés par un promontoire rocheux, le cimetière ! Vers 17h on décide de rentrer dans la minuscule marina. Vent 30 nœuds un peu de travers qui nous pousse dedans. On engage la manœuvre, il semble qu’il y a quelques places libres. A l’entrée du port, déjà tout le monde est dehors et nous observe.  Au dernier moment  on nous prévient, plus de pendilles et impossible de jeter l’ancre. Faut faire vite, une place le long du quai externe est libre, mais pas facile avec ce vent. On doit représenter une menace, les bateaux autour s’équipent de parbattages, et les conseils pleuvent pour se perdre dans le vent. Après une manœuvre délicate, sans toucher personne, Mimosa est bien amarrée le long du quai. Ouf  on est à Serifos!

 

 

Pendant deux jours, le meltem se déchaine. Le matin du troisième, l’équipage a du mal à me croire. Nous partons vers Syros, au Nord Est !!!! Et pourtant la météo est formelle, 30 nœuds au port et 4-5 milles plus loin, vers le nord, une légère brise de 15 nœuds et en plus au près bon plein. Les visages sont un peu crispés quand on lâche la dernière amarre. Ca souffle, 2 ris dans la GV et génois arrisé. Après une heure on laisse Serfopoula à bâbord et tout se calme, on mettra le moteur pour 30 minutes ! C’est la mer Egée ! Mais le vent reprend, et l’arrivée à Finikas Syros sous 25 nœuds et une mer croisée, est moins drôle.  Mais après avoir parcouru ces contrées avec Rose de Sable un Janneau 2000, pendant 10 ans c’est un jeu d’enfant avec Mimosa, et le soir nous trouve amarrés dans le petit port, avec deux pendilles, face au Nord. On est chez nous !  A la maison. On retrouve un lit qui ne bouge pas, le jardin, les amis. Hélène et Jacques nous quittent le 9 aout, et nous attendons Sylvie et André le 16 aout. Neuf jours à Syros, mais de toute façon on n’a vu personne partir, sauf une équipe de régatiers. Sur 9 jours un jour de répit, et de la petole  ce jour!

 

Sylvie et André, nous rejoignent à bord. Leur 1ere fois en Grèce et la 1ere fois sur un voilier. Nous programmons un départ vers Sifnos, Vathy, après une belle visite de Syros de deux jours. Cette fois mon modèle météo s’est trompé. Au lieu de 20 nœuds au  3/4 arrière on a 28 nœuds, et des vagues de 2 mètres. A l’entrée de Vathy 35 nœuds. Ca n’impressionne pas plus nos hôtes ! C’est un bon signe !

Face à nous Kimolos, Polyaigos et Milos. Un ensemble d’iles volcaniques, avec des paysages minéraux, plein de couleurs avec une domination du blanc. En route vers Polyaigos avec un joli vent de 15 nœuds, toutes voiles dehors. J’avais à peine fini de prévenir l’équipage qu’à l’entrée du chenal entre Kimolos et Polyaigos il se passera des choses et faudrait prendre un ris, que le vent passe de 15 nœuds à 25 nœuds en 3 minutes et avec toute la voilure. Accrochez-vous !

Polyaigos (ca veut dire beaucoup de chèvres) est inhabitée, propriété de l’église il me semble. Les paysages sont à couper le souffle. La clarté de l’eau et les couleurs des roches sont uniques. On passera toute la matinée et le début de l’après midi, dans un mouillage paradisiaque avant d’aller au petit port de Kimolos.

Kimolos à l’ombre de Milos, 600 habitants aujourd’hui mais habitée depuis l’antiquité. La craie en grec se dit kimolia, l’ile en produit. Avant 1940, 1000 habitants. L’ile est auto-suffisante. Produit de quoi manger, produit même un coton pour faire les vêtements, il y a des artisans de tout. Elle est bien sûr tournée vers la mer et 40 bateaux originaires de Kimolos sillonnent les mers et servent de lien avec le monde. Le village ancien est construit autour de deux cercles de murailles, le kastro. Ce sont les maisons externes, construites l’une à côté de l’autre qui font les murs. Le centre tombe en ruines après 1940, et le village s’étend au-delà de kastro aujourd’hui.

 

 

De Kimolos à  Milos, j’ai un mauvais souvenir. Il y a peut-être 10 ans, on flânait le long de la cote, pas de vent,   moteur presque au ralenti, quand soudain on effleure un rocher avec la quille. Plus de bruit que de mal, quelques éraflures sous la quille mais ça pouvait être pire. Cette fois ci on a un peu de vent mais de face, alors ça sera moteur jusqu’à Polonnia de Milos et ensuite voile avec   un vent faible. L’arrivée dans la baie de Milos est grandiose. On passe le rocher de l’ours et un joli village de pécheurs, Klima,    avant de tourner vers le port.

Milos vaut un séjour de 3-4 jours pour bien la découvrir. André et Sylvie doivent nous quitter dans 2 jours pour la France et c’est au pas de course que l'on   visite. Baignade à   Sarakiniko, déjeuner à Polonnia, l’après-midi à Mandraki et baignade de nouveau à Palaiochori et ses sources chaudes, le soir en ville !

 

Nous voilà à   deux maintenant. On doit hiverner le bateau à Koilada, dans le golf Argolikos. L’idée est de traverser vers Monemvassia et remonter le long du Péloponnèse avec des vents plus faibles en principe. Départ matinal, nous avons 70 miles en vue. A la sortie de la baie de Milos et entre Milos et Anti-Milos le vent dépasse 30 nœuds au près bon plein. Ça promet. Mais quelques miles après Anti-Milos, il tourne de travers et faiblit à 25 nœuds. Mimosa lâche ses chevaux et nous parcourons le restant de la distance à une moyenne de 7,5 nœuds, pas mal pour un 35 pieds. Monemvassia, la dernière fois qu’on était là, il y a 38 ans on se déplaçait en bus ! Ma savoyarde a attrapé ici sa 1ere poulpe, en fait elle venue elle-même se coller sur son dos, semant la panique ! Un bébé poulpe ! Depuis  elle  se sent mieux en mer !

                                                             

Notre 1ere priorité est de nous abriter tout en gardant la possibilité d’aller facilement à terre. Un coup de vent est annoncé, N, NE rafales à 40 nœuds. Les pécheurs m’indiquent un bon emplacement à l’intérieur du port, alors qu’un plaisancier grec refuse de se déplacer de 3m afin de me mettre le long du quai. On jette l’ancre, on s’attache avec 4 amarres, les pécheurs me prêtent même une ancre traditionnelle, Tessarochali,   au cas où …. On est parés, alors on profite pour visiter le rocher avant la tempête.

Le vent monte dès le lendemain. A midi nous enregistrons 35 nœuds N NE pile face  à nous. On ne bouge pas, malgré     25m de chaine dans 5 m de fond,  vive la Rocna. Le bateau de location à coté recule sur le quai, après deux ou trois reprises de la chaine, le skipper ne se préoccupe plus. Le bateau cogne contre le quai  enfin sur les 2-3 parbats ! Au 3me jour, on se concerte avec les 2 autres voiliers et on décide de quitter le port à la 1ere accalmie. Ainsi on se retrouve au 3eme soir au mouillage dans la baie la Veille Monemvassia, 2 milles au nord du rocher,  un havre de paix, alors qu’à 1 mille le vent fait tout trembler ! Voici en  video notre sejour à     Monemvassia  https://www.youtube.com/watch?v=Cim0ZgWOnNw

 

Le temps est venu d’affronter notre 1ere navigation au près. On veut remonter vers Spetses avec une escale, soit à Plaka (Leonidio) soit un peu avant Fokianos. La météo n’est pas bonne, 25 nœuds au près rafales à 35. On doit y aller. Après 4-5 bords et 2-3 heures, le miracle se produit. Le vent tourne à l’est de 30 degrés et on file vent de travers direct sur Fokianos. On ne va pas dire non !!! Fokianos est une baie de rêve à 1ere vue. Mais après avoir mouillé par vent du nord, près de la plage, il suffit d’une heure et le vent tourne au sud ! En effet c’est un vent connu à la région qui accompagne le meltem, mais j’avais oublié. En plus il faut se battre avec les guêpes. La visite de deux jeunes grecques qui veulent  voir un voilier   nous fait passer un bon moment. Le lendemain avec une brise de rêve 10-15 nœuds au près, nous arrivons à Spetses avec un bord, port bondé comme un œuf et nous jetons l’ancre sur la cote en face   à Porto Cheli. C’est une station balnéaire et il y a plus de 200 bateaux au mouillage. Mais on a besoin de vivres et d’eau.

Il ne nous reste plus que 15 milles pour notre destination finale, et on décide de faire un dernier mouillage à Korakonissia, un ilot pas loin de la cote du Péloponnèse, 5 milles après Porto Cheli. La végétation est luxuriante et les villas de très riches sont à peine visibles dans la foret ! Par 5m de fond je trouve un demi   coquillage, que nous appelons pina. Sa chaire sert plus pour faire des appâts. Plus de 50cm de longueur quand même .

                                                                                                                                                                            

Derniers milles pour 2017, sous l’orage, la pluie et le vent ! On garde le moteur alors qu’il y a du vent. La lassitude après un mois de mer ! Arrivés    à  Koilada,  sortie  de Mimosa, préparation   à     l'hivernage, fin de saison 2017 !

                     

 

Voilà   notre itinéraire pour ce mois d'aout. On a réussi de faire moins de 5 heures de près  avec un fort meltem !  https://drive.google.com/open?id=1gH538q5TgjPsBBUnMTxcVO1cEYQ&usp=sharing  .    Nous postons regulierement  nos billets sur Facebook   https://www.facebook.com/VoilesMimosa  pour  ceux qui ont un compte.  

The end pour cette année.   Retour déjà depuis une semaine. 8 mois avant de retrouver Mimosa, mais 8 mois pour rêver des nouvelles destinations. Ça sera le nord de la Grèce et qui sait Constantinople en bateau.

Sympa de vous lire et de voir les photos, cela nous rappelle de bons souvenirs . Cette année il était bien présent le MELTEM...bon courage pour la rentrée

En effet nous avons escaladé jusqu'au sommet et cette grotte désignée comme le centre du volcan ! Nous avons suivi aussi votre blog en Grèce et en Croatie que nous avions visité en 1985 pendant plus de 6 semaines entre les bouches du Kotor et Pola. Un des 1ers grands voyages pour nous.

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