Barbade, paradis et enfer. La route de la Martinique
LA BARBADE
Nous avons mouillé par un beau clair de lune à 22h00 le samedi 10 décembre 2016 après une navigation magique de 14 jours, le temps de faire le saut au dessus de l'Atlantique. Et, c'est satisfaits et heureux que nous avons jeté l'ancre à la Barbade, au mouillage de Bridgetown. La mer était grosse et le vent 6B avait fait que nous avions pris 1 ris dans le génois. D'autant plus heureux que malgré des conditions météo plutôt musclées, rien n'était cassé et que nous avions pris beaucoup de plaisir à cette navigation.
La matinée du dimanche 10 fut consacrée aux formalités administratives dont un bureau pour la santé, un pour l'immigration et un pour les douanes. Le personnel de ces bureaux travaillent à l'ancienne avec du papier carbonne en 3 exemplaires, chaque exemplaire étant recouvert ensuite de trois tampons chacun et de signatures. Tout s'est passé au port de commerce, avec un accostage au quai des douanes délicat car fait pour les gros cargos et gros transports de passagers et non pour les voiliers de plaisance. On cale comme on peut notre voilier sur un des énormes pare-battage du quai, puis on escalade toujours comme on peut avec un équilibre précaire ce pare-battage pour atteindre le quai. Le retour est aussi accrobatique.
La Barbade tient son nom d'un explorateur portugais Pédro A. Campos qui nomma l'île en 1536 Os Barbados (les barbus) en voyant les longues racines aériennes de certains ficus qui lui faisait penser à de la barbe.
La Barbade a été pendant 3 siècles sous domination britannique et a pris son indépendance le 30/11/1966. Elle fait maintenant partie du Commonwealth.
Nous avons pris plaisir dans ses eaux turquoises et chaudes à nager en palmes, masque et tuba avec des tortues vertes et des tas d'autres poissons au mouillage. Par contre, celui-ci n'est pas de bonne tenue. Le sable est composé de couches de coraux fossiles et de débris de coraux plus récents dans lesquels l'ancre ne peut s'enfoncer. Nous avons dû comme tous les autres bateaux mouiller à plusieurs reprises afin d'obtenir un minimum de tenue, d'autant plus que les rafales de vent restaient fortes.
En fin de matinée des cavaliers avec leur chevaux viennent se baigner ! c'est un spectacle très étonnant que de voir les chevaux avec de l'eau jusqu'au cou, qui n'ont plus "s abot" et côtoient ainsi les premiers bateaux du mouillage, quand même à plus d'une centaine de mètres de la côte.
Lors d'une virée autour de l'île nous avons pu voir, fascinés, des singes verts traverser la route devant la voiture l'obligeant à s'arrêter. Spectacle trés inhabituel pour nous qui voyions par le passé plutôt des sangliers ou des chevreuils !
quelques vues de l'île .
Le sens religieux est très développé à la Barbade et en cette période de Noêl, une crêche en plein air est installée à la marina :
Bon nombre de navigateurs et navigatrices se détournent de Barbade car il n'y a pas de port pour eux. Une petite marina existe pourtant bel et bien mais elle est réservée aux locaux. Nous réussirons à y obtenir 4 nuits afin de refaire le plein d'eau. Une autre marina plus au nord (Port St Charles) est réservé aux supers yachts. Deux mouillages forains existent également, mais il faut des autorisations qui nous ont été refusées.
Le seul mouillage possible est donc celui où nous sommes, mais il est de mauvaise tenue et sans aucun service annexe. Bien au contraire, les équipages sont mis à mal avec la musique des boites de nuit de la plage ! Ce n'est pas du Mozart ni du Chopin ni même une musique jazzique ou de la biguigne qui nous est desservi au mouillage depuis la plage toute la journée et surtout toute la nuit mais une musique binaire, bien marquée sur les tempos et dont les basses font vibrer les cloisons en bois de "Légende du Val" ! A cette musique s'entrecroise celles des bateaux remplis de touristes qui visitent la plage et les tortues à grands coups de décibels ! Les cloches et les nombreux carillons de la ville ne sont même plus audibles, recouverts par cet épais magma sonore auquel se rajoute le bruit moteur des scooters de mer qui aiment virer tout près des bateaux et créer ainsi une bonne vague qui vient perturber l'équilibre précaire du navire. Au port situé en plein centre ville la situation décibelle est quasi la même . Les orchestres y sont nombreux en cette période de fête . Le croassement strident des minuscules grenouilles qui tentent de rivaliser de concert avec les sirènes des voitures de police, vient s'ajouter à la musique ambiante, déjà associée aux klaxons et aux bruits de moteurs divers (pétrolettes et autres), aux annonces sonores des passages piéton qui signalent gentiment que c'est maintenant que tu peux traverser, aux conversations et aux éclats de voix ou de rires, aux cloches et aux carillons très nombreux. Le bruit fait donc partie intégrante de la vie barbadienne et met à mal le pauvre navigateur et navigatrice transatlantique dont les oreilles ont gardé les douces sonorités de la mer.
Aprés avoir refait les différents bureaux et payé notre quittance, nous levons l'ancre le 22 décembre vers 10h00 pour une navigation de 140M vers la Martinique. Nous espèrons arriver le lendemain matin vers 8h00. Mais mauvais calcul ! Nous allons trop vite et nous y arrivons en pleine nuit ! Au départ, à peine avons nous largué toute la toile qu'un fort coup de vent accompagné de bourrasques de pluie nous fait regretter notre imprudence. Le bateau gite fortement et la situation est plutôt inconfortable. Nous prenons aussi vite que nous le pouvons 2 ris dans le génois puis 2 dans la GV. La bourrasque durera 1h30 avec des rafales à 30 /35nds. Nous battrons une nouvelle fois notre reccord de vitesse avec un surf à 16,5nds !
16.5 nds vitesse maxi enregistrée sur le GPS portatif.
Durant cette petite navigation, un mayday relay pour le voilier "Louise" se fera entendre à plusieurs reprises. Puis l'équipage de "Louise" déclenchera la balise de détresse. Ils sont trop loin de nous 44M dans notre Ouest avec 2 personnes à bord. Un voilier et un hélicoptère iront les aider. Nous retrouverons ce bateau un peu plus tard au port du Marin à la Martinique. Ils sont sains et saufs et souffraient de problèmes techniques dont une panne radio. Un peu paniqué avec la météo, ils ont préféré se faire remorquer jusqu'au port !
C'est sur les coups de 4h00 du matin que nous jetons l'ancre dans l'anse de Ste Anne, au sud de la Martinique. Nous restons par prudence très en arrière des bateaux déjà à l'ancre, la nuit les distances sont complétement écrasées et nous avons peur des engins de pêche invisibles de nuit. Un coup d'oeil avec la monoculaire nocture nous assure que nous sommes bien positionnés. Nous laissons le GPS portable allumé avec les alarmes en cas de dérapage et nous nous couchons heureux et satisfait d'être revenus dans les territoires français !
Vous devez vous identifier pour laisser un commentaire : cliquez ici pour vous connecter .