Carretera Austral (Patagonie Chilienne)

Carretera Austral (Patagonie Chilienne)

Posté par : Eric
26 Février 2015 à 21h
Dernière mise à jour 11 Mars 2015 à 18h
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La « Carretera Austral »

La construction de cette « route » (carretera, en espagnol) a débuté dans les années 70, avec comme objectif de désenclaver cette région du Chili (Patagonie Chilienne) qui n’était alors accessible que par la mer ou par la route, mais via l’Argentine. Le régime militaire de Pinochet en avait fait une priorité pour des raisons « géopolitiques », vu ses relations historiquement tendues avec l’argentine (conflits territoriaux dans le Sud)... Cependant plus de 300 ans de communication presque exclusive avec l’Argentine, a marqué la culture de ce territoire : les « gauchos » locaux ressemblent à leur confrères argentins (« boinas » ou béret basque sur la tête), et surtout le « maté » pris par la majorité de la population locale (le maté est une herbe, originaire essentiellement du Nord de l’Argentine, et utilisée depuis la conquête espagnole comme une espèce de « thé » ou « infusion d’herbe »). La carretera australe démarre à Puerto Montt, 1000 km au Sud de Santiago, et s’étend actuellement sur 1200 Km jusqu’à Villa O Higgins.

Ce territoire ne faisant jamais plus de 100 km de large, cela représente un peu moins de 100 000 km2, soit quand même 20 % du territoire français ! Entre 45 et 55 de latitude Sud, c’est un climat assez humide, sauf dans la région de Coyhaique, où de vastes « steppes » semi désertiques s’étendent et où s’est développée une forte activité agricole (incluant moutons et bovins). Bien entendu le climat est très changeant, avec de vents forts et de la pluie, mais reste relativement « doux » en hiver (influence océanique).

Le changement climatique a cependant une influence ici aussi : sècheresse un peu partout, et nous passerons presque un mois entier sans grosse pluie et avec un soleil par moment extrêmement fort (il faut se protéger car on est à proximité du « trou dans la couche d’ozone » du Pole Sud)). Pour nous, ce sont de nombreux souvenirs, car nous y étions allés en 1989 quand la route venait d’être récemment ouverte (en caravane alors), puis en 2004, avec notre fourgon BOXER PEUGEOT.

Depuis 10 ans elle a changé : des tronçons ont été « goudronnés » et les villes comme Coyhaique ont connu les effets du boom économique du pays depuis les années 90. La région a gardé cependant son côté un peu « bout du monde », on ne capte toujours pas le téléphone hors des villes, et bien sur Internet reste très rare… La région est très escarpée, avec de nombreux fjords, et des glaciers par dizaines (les « campos de hielo Norte et Sur », espèce de « manteau glaciaire » couvrant la chaine des Andes sur plus de 500 Km de long, représentent la plus grande masse glaciaire après celle de l’Arctique et l’Antarctique). Il suffit de regarder une carte pour voir aussi les milliers d’iles et chenaux (les canaux de Patagonie) qui peuplent cette région. Et si aujourd’hui on peut en avoir un « petit aperçu » depuis la « carretera australe » il faut prendre le temps de prendre les routes secondaires, menant dans des régions encore fortement isolées et avec une tradition « patagonienne » encore très forte.. La prochaine « vraie aventure » sera d’ailleurs de pénétrer » les canaux et les iles, encore pratiquement accessibles seulement par la mer.

Deux évènements ont agité la région ces dernières années : les projets de constructions de « barrages hydrauliques » (production d’ électricité , incluant des lignes hautes tension sur 2200 Km pour amener l’électricité à Santiago) sur la plupart des grands fleuves (à titre indicatif, le fleuve le plus important a un débit de 900 M3/S soit 900 000 litres en une seconde, de quoi faire rêver tout « hydraulicien» !) , et l’arrivée d’un Nord Américain, Douglas Tompkins (fondateur de la marque textile ESPRIT) . Actuellement c’est une bataille juridique qui oppose de grands groupes internationaux (Espagnols, Américains) détenteurs en majorité de « droits d’eau » sur ces fleuves, aux associations locales « écologiques » en majorité, qui refusent de voir défigurer la Patagonie, d’où le slogan « Patagonia sin represas » (patagonie sans barrages ») que l’on voit un peu partout.

L’autre fait marquant, a été l’achat par D. Tompkins de milliers d’hectares de terre (anciennes « estancia » d’ovins en général, de 50 000 à 100 000 Ha chacune..) et la création qui a suivi de deux parcs « exceptionnels : Pumalin (au Nord) et « Parque Patagonia » plus au Sud. A titre d’exemple, dans Patagonia il a détruit 650 km de barrières, interdit l’élevage du bétail en « intensif », et créé des zones de camping et des chemins reprenant en général ceux des « muletiers » locaux (« arrieros »). C’est pour nous « exceptionnel », de voir enfin ces terres sans « fil de fer », et de pouvoir profiter de ces zones de « liberté », mais bien entendu, un nord-américain achetant autant de terre et fortement « écologique » a rencontré une opposition d’une partie de la population locale (par exemple, on voit dans ses parcs de plus en plus de « pumas », ce qui signifie des attaques de moutons dans les « estancias » proches, élevant encore des ovins). Par ailleurs,  son objectif est de donner à terme ces parcs à l’état chilien, pour en faire des parcs nationaux, par exemple, Patagonia sera alors relié à deux parcs actuels au Nord et au Sud, représentant au final 250 000 Ha de « parc naturel », avec huemuls (cervidé chilien ressemblant au chamois), guanacos, condors, aigles, renards (« zorros »), et autres animaux, plus une forêt encore primaire dans de nombreux endroits. A profiter dans les très prochaines années avant que ceux-ci ne deviennent trop connus ! Durant les derniers jours, nous sommes descendus le long de cette route, alternant promenade en montagne (près de 90 km à ce jour !) et ballade en camper… Ci-dessous un aperçu avec les photos.

Départ en ferry : il manque encore 80 km au Nord, il faut donc emprunter un ferry pour le début de la route.

Bernadette admire la construction d'un bateau local, fait encore en bois et à la main (à la "serper"), les planches sont chauffées dans un cylindre pour les "courber", et tout est fait "sans plan" !

Paysage de bord de mer , mais assez rare car le carretera reste en majorité à l'interieur des terres.

On retrouve les églises typiques de Chiloe, fabriquées en bois et peintes de couleurs vives, elles restent très nombreuses sur la route.

Vue depuis le ferry , les côtes des "fjords" de Patagonie, pas très beau temps !

Maisons construites par Tompkins : une architecture qui s'inscrit bien dans le paysage et l'emploi de bois locaux ... cela change de certaines "horreurs" vues sur la route...

Une plante très commune : "chico", c'est un "fuschia magallanica"

Les fougères géantes dominent certaines regions dans le Nord, impressionnant la taille !

C'est le mieux qu'on a trouvé pour sécher les chaussures de marche , il est vrai que le terrain peut être humide !

En haut du volcan Chaiten, qui avait eu une explosion en 2008 détruisant une partie de la ville du même nom, il y a encore des fumeroles et on voit bien le "chaudron" créé par l'irruption...

Le panneau décrit l'éruption avant l'ascension, (pour les "hispanisants" !)

Une de nos plus belles ballades : 24 km et 10 heures de marche, pour atteindre le bas du glacier, après avoir remonté la vallée (heureusement peu de dénivelé)

Bernadette au pied du glacier (Ventisquero du Parque Pumalin)

La belle "signalétique" du Parque Pumalin

et celle de la "carretera australe", encore en construction

Point de vue du Ventisquero du Parc Queulat, après une "petite" marche de 2 heures (parc CONAF)

Le glacier que l'on devine sur la photo précédente, pris au "zoom" ...

Nous sommes maintenant plus au Sud : Cerro Castillo, sans doute une des plus belles vues de la Carretera Australe, même s' il est difficile de faire un classement sur cette route !

Avec notre amie Françoise, qui nous accompagnera une dizaine de jours, devant l'embouchure du Lago Carrera.

Dans le camping du Parc Pumalin, les guanacos ne sont jamais très loin...

Vue d'un jeune guanaco (cousin "sauvage" du Lama), ils sont en grande quantité partout dans le Parc.

Sur la route, dans le Parc Patagonia, au loin l'Argentine.

Vue sur le Rio Baker, un des beaux fleuves dans le Sud couleur émeraude (eau des glaciers)

Autre vue du Cerro Castillo.

Ici se termine cette partie de la Carretera australe, il nous reste un mois avant le retour à Santiago, nous remontons donc lentement vers le Nord, et ferons la traversée vers Chiloe le 24 Mars, nous resterons alors une semaine sur Chiloe.

 

 

 

 

 

 

Emplacement

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