c- Maio et Santiago

Santiago
Le 23/10
Départ de Boa Vista à 17h en direction du Sud vers l'île de Maio , ile sous le vent à côté de l'île de Santiago . Après s'être dégagé de l'île il fait déjà nuit , il est 18h . Vent nord-est toujours à 10 noeuds , génois et GV en ciseaux , Géo file dans la nuit à 5 noeuds . Il fait 24 degrés , l'air est doux . On aperçoit les lumières des maisons sur la côte . En partant le soir , on arrivera au jour demain matin , vu qu'il y a presque 70 milles à parcourir . La journée n'aurait pas suffit , on serait arrivé de nuit et comme nous ne connaissons pas le mouillage , il faut être prudent . Le vent diminue , il nous pousse à 4 noeuds faiblement le soir , à 5 par une nuit étoilée et humide .
Au petit matin le moteur prend le relais des voiles . En nous approchant du nord de Maio , nous apercevons des cônes puis une côte très basse en avant . Des barques de pêcheurs sont sur leurs lieux de travail dès sept heures . Nous , on est encore bredouille ! Arrivés le 24/10 au mouillage devant Villa do Maio à 9 heures , l'ancre à deux reprises ne tient pas bien . Sur la plage où nous devons descendre en annexe nous devinons des vagues déferlantes . Selon les occupants d'un voilier déjà présents , c'est chaud bouillant lors du retour en annexe ( prévoir maillot de bain ) plutôt qu'à l'arrivée sur la plage . Sadaya qui a passé une nuit très houleuse ne reste pas plus longtemps ici .
Le village à l'air très attrayant avec ses maisons colorées , son église bleue et blanche domine sur l'océan . L'île fut découverte au mois de mai 1460 par deux navigateurs qui lui ont le nom de Maio . Elle a la forme d'un œuf étoilé entouré de belles plages visibles dès ce matin au nord , assez plate et désertique . Son point le plus haut est Monte Penoso qui culmine à 436 mètres d'altitude .
La décision est prise de partir directement pour Santiago à 24 milles avec Sadaya , en direction du port de Praia au Sud de l'île . Arrivés en début d'après-midi , nous allons voir la police maritime pour la clairance , aussitôt fait il faut impérativement voir le service de l'immigration car à l'île de Sal nous n'avions pas réussi à avoir notre passeport tamponné , nous ne sommes pas en règle . Nous devons revenir demain pour avoir notre fameux tampon d'entrée sur le territoire car la personne de l'immigration est absente . Il y a seulement trois Iles où nous pouvons faire notre demande d'autorisation d'entrée et de sortie ( ile de Sal ( à Palmeira ), Santiago ( port de Praia )et São Vicente au port de Mindelo ). Nous sommes seuls devant la plage au mouillage avec le cata Sadaya . La police nous a averti qu'il y avait des cambriolages sur les bateaux à l'ancre , ne rien laisser de visible à emporter , bien fermer et surtout ne pas laisser le bateau sans surveillance surtout le soir et la nuit . Ça promet et ça ne donne pas envie de rester trop longtemps .
Santiago (ou Santiagu en créole du Cap-Vert) est la plus grande des îles (991 km2) et la plus peuplée du Cap-Vert . Elle est située dans le groupe des îles de Sotavento ( Iles sous le vent )entre les îles Maio et Fogo. C'est l'île africaine , la population présente une morphologie beaucoup plus africaine que dans le reste de l'archipel , car les esclaves gardés sur l'île vivaient et se reproduisaient . C'est le centre économique du pays . Avec 290 000 habitants environ , Santiago accueille plus de la moitié de la population du pays dont la capitale Praia qui compte à elle seule près de 128 000 habitants . Sa principale ressource économique est l'agriculture avec notamment la culture du maïs, de la canne à sucre, de la banane, de la mangue , du café , haricots , piments , patates douces , maïs , ignames , cacahuètes , tabac , pois d'Angole ..... La moitié des terres cultivables de l'archipel est concentrée sur l'île de Santiago . Un agent de la police nous disait que cette année il n'a pas plu mais que l'année dernière , la pluie est tombée pendant quelques jours créant des trombes d'eau qui ont dévastées les cultures . Nous reviendrons peut-être visiter l'île plus tard car c'est sur notre route du retour .
25/10
Rdv à l'immigration vers 10 h à côté du port de pêche . Nous décidons avec Sadaya d'y aller en annexe directement . Nous arrivons parmi les bateaux qui sont en train de décharger leur pêche . Il y a un seul passage pour sortir à pied de cet endroit . Nous devons escalader le bordé d'un bateau de pêche pour arriver parmi la vente directe de poissons afin de sortir par l'unique porte des lieux , gardée par un agent de la police . Seules les femmes ont l'autorisation d'acheter les poissons . Elles les déposent dans leur bassine qu'elles portent sur leur tête afin de rejoindre leur véhicule . Elles s'occupent de la revente sur les marchés de l'île .
Petite escapade sur les hauteurs de la ville de Praia devenue capitale en 1772 est essentiellement une ville administrative . À l'origine , simple village situé sur le Platô , c'est le quartier historique .
En fin d'après-midi nous allons au marché aux fruits et légumes . Cela n'a rien à voir avec les iles précédentes car presque tout les produits viennent d'ici . De très nombreux stands tenues par des femmes sont disposés sur les deux étages du bâtiment, avec des fruits et légumes à volonté . Nous achetons des bananes , oranges vertes , avocats , tomates , carottes et de petits concombres .
Ce soir nous entendons des cris , il y a un match de foot à 100 mètres de la plage dans le stade . Le football est le sport roi au Cap-Vert . Symbole de l'unité nationale , l'équipe nationale masculine , dénommée " les requins bleus " , a créé l'exploit en 2012 en se qualifiant pour la première fois de son histoire à la Coupe d'Afrique 2013 en atteignant les quarts de finale de la compétition . La ville s'éteint à notre tribord puis à notre bâbord , coupure d'électricité , ce qui est fréquent au Cap Vert , les générateurs prennent le relais dans les hôtels et les bâtiments importants et les maisons doivent attendre la réparation .
Retour à Santiago ,
Départ de Furna de l'île de Brava pour Santiago le 6/11/2017 à 6h15 . Adios Brava , super accueil des villageois et très belle Ile , ils nous restera que de bons souvenirs . Première heure de navigation , vent dans le nez avec une mer agitée et de la houle car on veut passer au nord de l'île de Fogo en direction de Tarrafal au nord-ouest de Santiago mais nous allons à 2,5 noeuds , pas assez pour arriver avant la nuit . Nous décidons après réflexion de passer au sud de Fogo puis d'aller plutôt à Praia au sud de Santiago ce soir et demain remonter l'île par l'ouest . Après changement de cap , Géo avance à 6,5 noeuds à la voile pendant une heure puis comme on se trouve à l'abri de Fogo , on est obligé d'allumer le moteur . Il est huit heures trente, les rayons du soleil commencent à nous réchauffer . Nous arrivons au sud-est de Fogo à 10h30 avec un vent de 30 noeuds , une grosse houle de face et une mer très agitée . Nous avançons seulement à 2,5 noeuds en étant secoués . Changement de programme , demi-tour vers le port de Vale do Cavaleiros à l'ouest de Fogo , au moteur . On aperçoit la proue et le mât d'un bateau échoué au bord de la falaise . Au Cap-Vert , il a eu beaucoup de naufrages et nombreuses épaves sont encore sous l'eau .
Deuxième départ le 8/11 à 6h vers le nord de Fogo , au moteur , la mer est calme . Nous pouvons admirer le paysage montagneux et verdoyant , l'île est illuminée par les lumières des rues . Les falaises tombent à pic dans la mer . Le jour se lève doucement à 6h30 . Il fait bon , nous sommes en tee-shirts et short . Je termine le livre d'Alain Bombard " Naufragé volontaire " commencé hier , Pascal l'a déjà lu , lecture passionnante . Quel sacré bonhomme , 65 jours de mer des Canaries à la Barbade aux Antilles à bord d'un canot pneumatique . Il a démontré qu'un naufragé peut survivre exclusivement sur les produits de la mer et à démontré , même démuni de toutes ressources , qu'il peut survivre sur un engin pneumatique . De son expérience de naufragé volontaire en parcourant plus du quart de la circonférence terrestre ( avec ses autres expériences ) il a réalisé un exploit et a contribué à faire évoluer la sécurité en mer . Nous avons acheté le canot de survie neuf avant notre départ , espérons que l'on en n'aura pas à s'en servir . Nous avons passé le nord de Fogo en admirant sa côte puis sommes entre l'île de Fogo et Santiago distantes de trente milles . Devant nous se dessine l'île de Santiago dans toute sa longueur et derrière la très haute ile de Fogo . Après une journée de douze heures au moteur car vent dans le nez avec une houle moins importante qu'il y a deux jours tout de même , nous sommes bien contents d'arriver au mouillage parmi plusieurs bateaux dont Sadaya . La baie est calme , la plage et la ville de Tarrafal sont juste devant nous .
Le 9/11 , promenade en ville , nous décidons directement d'aller en aluguer à Chão Bom à trois kilomètres afin de visiter l'ancien pénitencier qui est devenu un musée, un site de mémoire douloureux , témoin du prix de la liberté . Pénitencier disont selon les informations en français inscrites " le camp de la mort lente " . En 1936 ce camp de concentration devint une solution du système sous le régime de Salazar , qui était un régime totalitaire , antiparlementaire et antilibéral , pour réduire au silence les opposants politiques Portugais , jusqu'en 1956 . En 1962 , l'établissement rouvrit ses portes à nouveau avec le nom de Camp de travail de Chão Bom , cette fois destiné à incarcérer des anticolonialistes de l'Angola , de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert , de nombreux prisonniers sont morts . Le 1er mai 1974 , à la suite de la Révolution des Œillets , le 25 avril de la même année au Portugal , le camp rouvrit ses portes , cette fois-ci pour mettre en liberté les prisonniers encore incarcérés et les fermèrent pour garder à jamais un symbole de résistance contre les diktats du régime de Salazar .
Retour à la ville à pied , nous remarquons beaucoup de maisons en cours de constructions ou qui ne seront jamais terminées . Un petit tour au marché couverts de fruits , légumes, poissons , petits artisans avec leur machine à coudre prêts à vous rendre service ou artisans en train de faire des semelles de chaussures ou petits stands de vêtements , bibelots , chacun trouve ce qu'il lui faut . Après nos achats alimentaires nous décidons de manger juste à la sortie du marché , de petits restaurants sur la place servent une assiette bien garnie et délicieuse pour 250 escudos soit à peine 2,4 euros . Ils ont le sens de la présentation et du goût . En allant à la plage , nous nous arrêtons bien-sûr voir l'arrivage de la pêche , les pêcheurs arrivent chacun leur tour dans leur barque multicolore , toutes plus belles les unes que les autres . Il faut dire qu'ils en prennent grand soin , elles sont très bien entretenues . Les femmes par dizaines se chargent de vider , rincer , trier les poissons , de beaux spécimens sont dans les cuvettes .
Retour au bateau pour prendre la décision de quitter l'île car du vent défavorable est annoncé pour les jours à venir ce qui nous bloqueraient ici un certain temps . Décision prise , départ vers São Nicolau cet après-midi , 85 milles à parcourir ce qui nous ferait arriver demain matin au jour . Déception de ne pas avoir visiter l'île dans sa globalité , il nous faudra revenir !
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