Lanzarote

Le 20 août , départ de l'île de la Graciosa à 8h30 où les trois derniers jours , le vent a été assez soutenu , 20 noeuds avec rafales à 30 à l'ancre , cette force de vent était prévue . Nous avions changé de baie car l'ancre ne tenait pas  pour un mouillage plus près de la plage Francesa . Contents d'avoir récupérer l'ancre qui était coincée dans une épaisse plaque de lave , nous nous dirigeons au moteur vers le Nord de Lanzarote face au vent . Passé la pointe de l'île , le petit génois prend le relais . Quinze noeuds et six de vitesse au GPS , nous surfons à sept noeuds car la houle et le vent nous pousse . Nous apercevons les villages et petites villes aux maisons blanchies , les sommets des volcans sont sous la brume .

A 4 milles du port , la ville d'Arrecife s'étend sur plusieurs kilomètres le long de la côte  

On  revient dans la civilisation , dans le monde de la consommation et du bruit . Après six heures de navigation tranquille , nous accostons dans la marina d'Arrécife . La Marina nous convient , prix très  raisonnable , sécurité de première , à proximité de la ville , calme , très bon accueil et disponibilité du personnel . Nous décidons de louer une voiture pour deux jours .

Lanzarote ; Longue de 50 km et 16 de large , déclarée Réserve de la Biosphére par l'UNESCO en 1993 , plutôt basse par rapport aux autres iles de l'archipel . Elle est composée de cônes volcaniques arrondis et d'une grande plaine spectaculaire de lave noire , paysage lunaire et volcanique . Ile aux 300 cratères , de mille et une couleur . Les éruptions qui sont à l'origine de ces cratères ont débuté en 1730 et ont duré six ans , repoussant le rivage de huit kilomètres à l'ouest . Comme dit un guide " la lave , c'est comme les nuages . Avec un peu d'imagination , on y voit tout qu'on veut !"

Malgré sa nature sèche et aride , elle présente plusieurs facettes  

Lanzarote , avec son sol volcanique chargé de minéraux et sa climatologie est un lieu où l'aloe s'adapte à merveille . 

César Manrique ( 1919-1992 ) est né à Arrecife , la capitale de Lanzarote . Peintre , architecte , sculpteur et expert en communication , l'ensemble de sa production artistique se caractérise par une volonté manifeste d'intégration au milieu naturel . Il a vu la beauté de Lanzarote et a su la rendre belle aux yeux du monde . De l'art partout . Manrique sera l'architecte qui dessinera l'avenir de Lanzarote et changera son  destin . 

Pas un rond-point sans une sculpture                                                              Il a combattu les interventions invasives sur le paysage . Pas de panneaux publicitaires , câbles électriques enterrés , très peu d'immeubles et pas plus de quatre étages . Toutes les maisons sont blanches , aucune ne dépasse les deux étages , toutes respectent l'architecture traditionnelle de l'île . Pas de grands échangeurs routiers , de tunnels éventrant les montagnes , peu de zones industrielles .Il n'y a pas d'exotisme forcé , de folklore artificiel pour touristes .

Face à ce paysage de désolation , de destruction , par ces champs de lave , César y a vu la vie . Il concrétise son idéologie artistique qu'il nomme " nature-art / art-nature à travers ses interventions dans l'espace de Lanzarote . Il sublime les lieux et joue avec la nature du nord au sud de l'île .

Manrique a construit sa première maison à Tahiche " Taro de Tahiche "; refuge , au beau milieu des coulées de lave pétrifiée , qui est dans son ensemble une représentation parfaite du concept art-nature/nature-art . Cette maison dont la fonction principale est actuellement celle d'un musée , est devenue le siège de la fondation César Manrique , nous l'avons visité . 

Une grotte volcanique ouverte sur le ciel , cinq bulles volcaniques-naturelles en sous sol au beau milieu d'une coulée de lave gigantesques  reliées entre-elles par des tunnels en basalte et aménagées en jardins et salons meublés dans un style pop, propre aux influences artistiques de l'époque   

 Des esquisses de ses peintures murales , des dessins , quelques sculptures mobiles et des céramiques sont représentées .

Il s'était engagé à conserver l'identité culturelle et les paysages de son ile natale , ce qui lui a valu les honneurs posthumes du gouvernement de l'île qui s'est engagé à poursuivre le chemin que César Manrique à tracé . Il a intégré son travail créatif dans des espaces choisis de la nature . Plusieurs sites touristiques actuels ont l'empreinte de Manrique , nous ne pourrons pas en visiter plus car les employés de l'île sont en grève et cela depuis deux semaines .

Néanmoins nous pouvons admirer les différents paysages qu'offre Lanzarote

Au nord , vue exceptionnelle par un temps dégagé sur L'île de la Graciosa , curiosité de la route , la hauteur que l'on pouvait apercevoir de notre mouillage à la Playa Francesa sur Graciosa est surmonté du Mirador del Río ( fermé ainsi le site "Jameos del Agua" ; grottes volcaniques rendues accessibles par Manrique ) .

Le jardin de cactus est fermé ,                                

ce sont des photos volées par dessus le mur  

Au Sud , 

-le parc National de Timanfaya est un aperçu du volcanisme récent et historique qui offre l'un des spectacles visuels les plus impressionnants des Îles Canaries , Montañas del Fuego ( les montagnes de feu ) . La quasi-absence de végétation , la rugosité des formes et la variété des couleurs , comme les rouges , les ocres , les noirs et les oranges , les champs de lave vierges , les volcans , constituent l'un des spectacles visuels les plus pittoresques des Îles Canaries .

Nous contemplons ce paysage de la route car site fermé , une visite en bus est sinon possible néanmoins nous profitons du centre d'informations avec tout ce que l'on veut sur les volcans en plusieurs langues sauf le français qui est d'ailleurs absent sur les Canaries . 

Non loin " activité touristique ouverte aux abords du parc , -"Echadero de los camellos " , des dizaines de chameaux transportent les touristes pour un tour de vingt minutes , sur les pentes en cendre volcaniques , leurs pattes n'endommagent pas le sol contrairement aux piétinement des touristes . Un petit bonjour à ces grands animaux nous a suffit.

-" Salinas de Janubio " au sud-ouest , c'est la plus grande saline des Îles Canaries ,

différentes de celles de Guérande mais qui ont la même fonction , les bassins de sel dont les bords sont construits en pierre de basalte  

Visibles d'une bonne hauteur pour contempler ses couleurs et de les imprimer sur un cliché , semblent partiellement entretenues et cultivées .

En longeant la côte Sud-Ouest - "Les Hervideros " ; falaises très découpées où les vagues viennent se projeter et pénétrer dans les cavités rocheuses ( tubes volcaniques qui débouchent sur la mer ) . De nombreux touristes s'y attardent pour immortalisé cette beauté 

-" El  Golfo " , ce qui vaut le détour ! Rien ne nous laissait deviner cette rareté . Un cratère au niveau de la mer

suite aux éruptions de 1730 , s'est formée cette espèce d'amphithéâtre ouvert sur l'océan . Le lagon vert a surgi suite à l'inondation du cratère et  sa couleur est due aux algues qui habitent à la surface , ce vert contraste avec sa plage de sable noir .La falaise est sécurisée car la pente est très friable  

-" La Geria " ; classée au Patrimoine de l'Unesco , au Sud dans les terres , zone vinicole de la Geria . Un ensemble d'excavations coniques en terre volcanique accueille la vigne , la protège du vent et de la sécheresse grâce à de petits murs de pierres volcaniques .    

Il y en a une concentration importante à cet endroit , on a vu cette même implantation avec de petits champs au nord . Les agriculteurs se sont adaptés à la rigueur du climat de l'île .Tout est fait à la main , ils produisent d'excellents crus , quel travail ! Une petite dégustation s'impose évidemment .

Après cinq nuit de port , le vent se calme , nous nous dirigeons en bateau vers le Sud , à l'ouest de la pointe Papagayo  pour le mouillage  

De belles plages bien abritées avec en arrière-plan le Parc de Timanfaya , une vue très agréable  

Les plages sont accessibles en voiture par une piste mais sont payantes . 

Comme à Graciosa , le calme règne le matin et soir lorsque les bateaux locaux et scooters des mers rentrent au port . Les plages se vident à la tombée du jour . L'eau est à 26 degrés, translucide même avec 8 mètres de profondeur , aucune algue . Différents bancs de petits poissons autour de Géo nagent avec nous , colorés de gris clair ou foncé , jaune pâle ou vif , rayés ou non , on ne s'en lasse pas . Le fond de roche volcanique et de sable en fait une bonne tenue pour l'ancre . Nous y restons deux jours avant d'aller à l'île de Lobos ( Lobos  ; loups en espagnol ) à 4.5 milles .

Lanzarote est  une ile  aux milles couleurs  que l'on a  appréciée   , elle est restée authentique  .