Cyclones's story

Cyclones's story

Posté par : Jean Luc
25 Septiembre 2017 à 22h
Última actualización 17 Agosto 2019 à 20h
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La saison cyclonique aux Antilles s'étend officiellement du 1er juin au 1er décembre, avec un risque accru entre le 15 août et le 15 octobre de chaque année.

Sachant cela, dès notre arrivée en Guadeloupe nous avions étudié les différentes possibilités qui s’offraient à nous pour négocier ces 6 mois délicats :

1. Jouer en restant en Guadeloupe et en espérant très fort qu’aucun ouragan majeur ne s’y invite, comme c’est le cas depuis 1989 (Hugo).

2. Ruser en restant en Guadeloupe mais en prévoyant une solution de repli soit dans la mangrove de Grand-Cul-de-Sac-Marin soit dans une des marina de Point-à-Pitre ou de Basse-Terre.

3. Rester prudents en évitant de nous trouver sur la trajectoire des cyclones et en restant mobiles.
Et devinez quelle solution nous avons choisie…. suspens…… La n°3 !

Restait à décider de quel côté de la Guadeloupe nous irions nous mettre à l’abri. Historiquement, les cyclones ont eu tendance à passer davantage au Nord. De plus, les vents sont moins forts au Sud qu’au Nord des cyclones. C’est pourquoi nous avons mis cap vers le Sud. Voilà. Ça c’est pour la théorie. Ça a l’air assez simple. Dans la pratique, lorsque vous vous retrouvez réellement en situation de devoir éviter un ouragan pour sauver votre bien le plus précieux, l’équation paraît subitement moins évidente à résoudre… Pour notre première mise à l'épreuve, « notre baptême du vent », nous avons été gâtés puisque nous avons du fuir Irma, l’ouragan le plus fort jamais enregistré dans l’Atlantique, d’après les météorologistes…

Grâce aux progrès de la science et au miracle d’internet, nous avons aujourd'hui la chance et le luxe d'être informés plusieurs jours à l’avance de l’arrivée d’une tempête.

L’avantage, c’est qu’on a du temps pour réfléchir à la bonne décision à prendre; l'inconvénient, c’est aussi qu’on a du temps pour réfléchir à la bonne décision à prendre. Lorsqu’ Irma est devenu un phénomène préoccupant et menaçant, nous nous trouvions en Martinique.

 

 

Connectés une bonne quinzaine de fois par jour sur les différents sites météos, nous avons eu le temps de passer par tous les états : utopistes : « ça va se dégonfler » , sceptiques : « et si ils se trompaient tous et que ça passait au Sud? », attentistes : « voyons voir venir », alarmistes : « et si tous les abris étaient déjà remplis de bateaux », indécis : « à combien de distance devons nous nous tenir du cyclone? », etc…

Finalement, nous avons réussi à ne pas céder à la panique. Nous avons temporisé quelques jours en Martinique pour surveiller l'évolution du cyclone avant de nous décider à descendre le plus au Sud possible nous mettre à l’abri, pas tant du cyclone lui-même que de la houle dangereuse qu’il risquait de générer à des kilomètres à la ronde. Il ne fallait pas non plus se décider trop tard car juste avant l’arrivée du cyclone, il n’y a généralement pas de vent… et du vent, on en avait besoin pour avaler le plus de miles possibles.

Au terme d’une navigation de 36 h moyennement venteuse (2/3 à la voile 1/3 au moteur) mais agrémentée de jolies rencontres marines (dauphins et cachalots au large de Sainte-Lucie),

https://www.youtube.com/watch?v=Cjx-GZdOOTo

nous avons débarqué à Carriacou, dans les Grenadines de Grenade dimanche 3 septembre 2017.

Nous avons jeté l’ancre à Hillsborough, une grande baie quasiment déserte, ce qui nous a tout de suite plu car à défaut d’être protégés de la houle, nous étions prémunis du risque que peuvent représenter les bateaux voisins si leur ancre ou la nôtre dérape…

 

 

Pas complètement rassurés non plus, nous sommes allés le lendemain en bus inspecter la baie voisine, Tyrell bay, pour voir si elle représentait un meilleur abri. Nous y avons retrouvé le bateau copain Belissima de Rémy et Sylvie , au milieu de dizaines d’autres voiliers… ce qui nous a dissuadé de changer Pythéas de mouillage.

Le cyclone Irma est arrivé près des Antilles mardi 5 septembre. Même si nous nous trouvions à plus de 600 km de son œil, je ne pouvais m'empêcher d’être inquiète, principalement parce que je ne savais pas à quoi m’attendre. Un cyclone est une énorme dépression qui aspire les vents dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Bien qu’il se déplace d’Est en Ouest, les premiers effets ressentis sont des vents d’Ouest avec une houle d’Ouest qui persistera même quand le vent continue de tourner Sud puis Sud-Est, etc…

 


En fin de matinée la houle d’Ouest a commencé à rentrer dans la baie, pas très grosse mais suffisamment courte pour qu’on se fasse correctement brasser.

https://www.youtube.com/watch?v=FR6dOOAKQoU

L’après-midi, la houle et mon stress augmentaient de concert, pendant que Jean-Luc jugeait le moment opportun pour faire de la spéléologie dans les coffres arrière.

 

 

Cela aurait pu m’inquiéter sur nos capacités à manœuvrer en cas d’urgence, finalement, cela fit diversion et la fin de journée arriva sans que je m’en rende compte.

Le soir, alors qu’ Irma passait aux abords de la Guadeloupe et s'apprêtait à ravager les îles du Nord, à Carriacou la houle ne grossissait plus mais le vent avait tourné Sud et le bateau perpendiculaire à la houle tanguait encore plus inconfortablement.

Mercredi matin tout était fini pour nous, le cauchemar commençait pour le Nord…
Quelques jours plus tard, nous avions rendez-vous à l’ambassade des États-Unis de la Barbade pour préparer la suite de notre voyage… José venait de passer derrière Irma et nous avions une fenêtre météo assez favorable pour cette navigation un peu compliquée contre le vent contre la houle et contre le courant. Après avoir passé une journée et demie en mer qui a tenu toutes ses promesses en terme de difficultés, nous avons eu la désagréable surprise le lendemain de notre arrivée à la Barbade d’apprendre que tous les rendez-vous de la semaine avaient été annulés en raison du surplus de travail pour l’ambassade occasionné par les dégâts d’Irma dans les îles américaines…
Voilà tout ce que nous aurons eu à déplorer comme désagréments liés au passage d’Irma : un peu de houle et un contretemps dans notre emploi du temps de vacanciers. Autant dire rien du tout, au regard de ce qu’ont traversé les réelles victimes de l’ouragan.
Pour autant, nous sommes assez fiers de notre première « gestion de crise »; et comme la répétition consolide l’apprentissage, nous avons eu un deuxième cas pratique assez rapidement avec l’arrivée de Maria moins de deux semaines plus tard.

Les données de l'équation étaient quasiment les mêmes : un gros ouragan, qui passe un peu plus au Sud qu’Irma. On était bien moins inquiets, parce qu’on savait un peu à quoi s'attendre et parce que Maria devait être beaucoup moins forte qu’Irma. Finalement, dans les 24 h qui ont précédé son approche des Antilles, Maria est passée de la catégorie 2 à la catégorie 5. Certains analystes ont même dit que si elle avait existé, l’ouragan aurait pu être classé catégorie 6…

Quoiqu’il en soit, nous avons adopté la même stratégie, un peu améliorée, qu’avec Irma. De retour de la Barbade, nous sommes allés nous mettre à l’abri dans les Grenadines de Saint-Vincent, à Mayreau, où nous avons trouvé une petite baie quasi déserte mais cette fois-ci parfaitement abritée de la houle d’Ouest, avec vue sur les Tobago Cays.

 


Quand la houle a tourné Sud, nous sommes remontés à Bequia, dans la grande baie de Port-Elizabeth,

 


où malgré l'éloignement du cyclone (400 km) une longue houle résiduelle à perduré pendant plus de trois jours après le passage dévastateur de Maria sur la Dominique et Puerto Rico.
En Guadeloupe, aucun de nos amis voiliers ou plongeurs n’a déploré de casse…

Nous nous réjouissons pour eux, nous nous réjouissons de notre sort de privilégiés mais ne pouvons nous empêcher de penser aux sinistrés de toutes les Antilles, et en particulier ceux de la Dominique, où nous sommes passés il y a si peu de temps, et qui payent aujourd’hui un très lourd tribut malgré un écho médiatique moins retentissant que celui d’Irma…
Le mois de septembre aura été particulièrement chargé puisqu’il compte déjà 20 jours de tempête. Il reste encore un bon mois à surveiller le ciel, mais surtout encore de belles semaines à explorer les Grenadines et le Sud.

Bref, soyez rassurés, l'équipage a toujours le moral au beau fixe !

 

Retrouvez plus d'infos sur notre périple en allant sur notre site : www.levoyagedepytheas.wix.com/2015

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