Cuba - Cienfuegos
Cuba - Cienfuegos
Le 10 mars nous larguons les amarres en direction de Cuba. Comme tous les jours le temps est couvert et tend à être pluvieux à Port Antonio. Nous assistons juste avant notre départ à la manœuvre du « Corwith Cramer ». C’est un navire école américain qui appareille vers les îles Caïman. Nous le suivrons un bon moment avant que nos routes ne se séparent. Nous passons deux nuits en mer poussés par un bon vent de 20 nœuds en moyenne, avant d’atteindre le sud de la côte cubaine. Le 12 mars matin, jour de notre arrivée le vent tombe et nous devons nous aider au moteur afin d’arriver avant le soir. Nous souhaitons faire nos formalités d’entrée le jour même afin d’être tranquilles. Notre pilote automatique tombe en panne, il avait déjà donné des signes de faiblesse lors du contournement de la Jamaïque ! Nous devrons donc nous relayer à la barre pendant les heures de moteur, le régulateur d’allure ne fonctionne pas dans ces conditions.
Au départ de San Antonio, le « Corwith Cramer » appareille en même temps que nous.
A l’entrée de la baie de Cienfuegos, un canal étroit relie cette vaste baie fermée, à la mer. Dans ce canal se trouve un poste de la Guarda qui surveille l’entrée. Nous les contactons par VHF pour demander l’autorisation d’entrer. Nous ne comprenons rien à leur réponse et, ne les voyant pas s’agiter outre mesure, nous continuons notre chemin vers le fond de la baie où se trouvent la ville et la marina de Cienfue
gos. Un militaire de la Guarda nous attend. Il nous demande de nous amarrer au quai, nous prend nos passeports et nous demande d’attendre à bord le médecin. Celui-ci arrive une demi-heure plus tard, nous demande si nous allons bien, remplit son formulaire et repart. C’est ensuite la visite de 3 agents de la douane. Ils montent à bord, rentrent à l’intérieur du carré, et commencent par nous demander si nous avons une bière. L’un remplit ensuite un formulaire sur son PC, le second est vêtu d’une combinaison bleue et farfouille dans sa mallette pour finir par nous délivrer un certificat. Le troisième, très jovial, tient en laisse un chien de chasse un peu mou, qui est sensé rechercher des stupéfiants. Ces derniers font partie de la brigade anti-drogue. Le premier s’avère être un officier d’état civil, mais nous n’en sommes pas sûr. Il nous délivrera un peu plus tard, un visa d’un mois en nous rendant nos passeports. Nous devons répondre aux questions habituelles, décrire la nourriture que nous avons à bord, les cigarettes, les éventuelles armes… Mais tout cela est fait dans une ambiance décontractée. Deux heures plus tard, après avoir signé un énième formulaire, le règlement du mouillage, et avoir payé 240 $ pour nos visas et les frais (le taux de change CUC – Cubain convertible peso /dollar est un peu pour nos frais !), nous sommes enfin libérés de ces obligations.
Premières images de Cuba dans le canal d’entrée de la baie : les anciennes maisons coloniales, le fort del Castillo, un ferry bondé.
Nous avons la bonne surprise de retrouver au quai « Itran », Marie et Corentin. Il était prévu que nous nous retrouvions à Cuba, nous avions échangé des mails, mais comme ils arrivent de 12 jours en mer depuis la Guadeloupe, nous avions quelques doutes sur le timing. C’est une heureuse coïncidence d’arriver presque à la même heure. Après ces joyeuses retrouvailles, nous avons l’autorisation de passer une nuit à quai avant d’aller mouiller devant la marina, ses quais étant essentiellement occupés par des bateaux d’une flotte de location.
Les quais de la marina avec l’hôtel club au fond et les petits bureaux qui abritent aussi un bureau des douanes
« Itran » (à gauche) et « Free Viking » (à droite) au mouillage devant la marina
Nous passons une semaine très riche à Cienfuegos.
Il nous faut tout d’abord s’occuper du bateau. Philippe doit changer les charbons du moteur du pilote qui sont complètement usés et sont la cause de notre panne. Il passe ensuite le jour de son anniversaire dans la cabine technique (c’est-à-dire au fond du coffre) à décoincer la jauge de la cuve à eaux noires et à changer les filtres. Joyeuse occupation ! Pour les néophytes, la cuve à eaux noires c’est la m… !
La ville de Cienfuegos a été fondée par des populations d’origine française qui ont fuis la Louisiane et les Anglais à l’époque de la guerre d’indépendance des Etats-Unis. S’y sont greffés ensuite des émigrés bordelais. Nous découvrons une ville très active, très gaie avec une architecture de style colonial et des avenues très larges soit disant inspirés du baron Hausmann ?
Dans les rues de Cienfuegos, les hôtels, les bâtiments officiels et autres églises magnifiquement restaurés et…
…d’autres de joli style qui supporteraient un coup de peinture !
La rue principale de Cienfuegos, hommage au Che une statue humaine.
Les rues sont dégagées et y circulent toutes sortes de véhicule. Des automobiles façon Pays de l’Est, bien sûr les belles voitures américaines des années 60 retapées (ou pas !), des vestiges des véhicules qu’ont connu, nos parent : 404 Peugeot et autres... A ceci se mêlent des motos ou vélos triporteurs, qui font taxi, et des carrioles à cheval.
Quelques spécimens automobiles pour les amateurs
A l’intérieur de la 404 complètement délabrée et de la Chevrolet bien restaurée
Une balade en carriole à cheval
Beaucoup de maisons arborent un panneau indiquant que des chambres y sont à louer (une ancre inversée bleue). Le développement assez récent du tourisme permet aux habitants d’améliorer leur ordinaire de cette façon, car les hébergements manquent. De très beaux hôtels entourent la marina où nous allons boire un cocktail vers 18 heures car tous les soirs des groupes viennent y jouer de la musique cubaine. La musique est présente partout.
Maisons d’habitation des quartiers bourgeois (arh, quel vilain mot !) et la révolution est gardée dans tous les esprits, par de la propagande !
Soirée musicale avec nos jeunes amis au Club Cienfuegos
La vie n’est pas du tout chère à Cuba pour des occidentaux. Par contre l’avitaillement est très limité. Le marché aux fruits et légumes de Cienfuegos, contient trois petites allées d’étals, soient moins d’une dizaine de vendeurs qui ont tous la même chose : des aubergines, des concombres, des poivrons ou piments, des tomates, des ananas, des oignons, des fruits locaux (dont nous n’avons pas retenu le nom) qui ressemblent à un mélange de pommes de terre et de poire et des légumes secs. Dans les petits supermarchés c’est à peu près le même style. Il y a les denrées de bases qui sont présentée sur des rayons interminables qui contiennent tous la même chose. Il y a des denrées inattendues comme des mètres de rayons de « Pringles ». D’autres articles sont très difficiles à trouver, voire impossible, comme le chocolat ou les yaourts. Il faut parfois faire plusieurs magasins pour acheter un article précis. Les œufs ne se trouvent qu’à des vendeurs dans la rue (qui en profitent !) ou dans certains magasins. La viande est essentiellement surgelée (comme un peu partout aux Antilles) : poulet, porc ou bœuf, ou alors des kilomètres de chorizo ou de cervelas. Nous achetons donc selon l’inspiration du moment, nous adaptons à ce qu’il y a, et continuons à vider nos réserves du bord. Même le commerce de la langouste est étroitement contrôlé et on n’en trouve pas comme cela.
Le miteux marché municipal et ses pauvres étals
Théoriquement, les touristes ne peuvent payer leurs achats qu’en CUC, mais dans les marchés où pour commercer avec les habitants « non officiellement », il faut payer en CUP. Nous avons donc dû, d’une part aller aux rares distributeurs de billets retirer des CUC, et ensuite trouver une autre banque pour changer une partie de nos CUC en CUP. Et là nous avons fait la queue pendant pas loin d’une heure, habitude locale des pays des anciennes républiques socialistes ! Ces pratiques de commerce, interdites il y a quelques années, sont maintenant tolérées et les CUC étant convertibles en CUP et inversement c’est une situation un peu hypocrite.
Le 15 mars nous fêtons l’anniversaire de Philippe en allant déguster des langoustes dans un restaurant à touristes. Une agréable soirée avec Marie et Corentin. Ces derniers ayant confié aux serveurs la raison de notre soirée, Philipe a eu droit à une bougie sur son gâteau et ils sont venus lui chanter « Bon anniversaire » en cubain, un moment mémorable ! Les cubains ne ratent aucune occasion de chanter ou danser !
La soirée d’anniversaire
Le 16 mars nous prenons un taxi pour aller visiter Trinidad, une cité historique située à 70 km de Cienfuegos. C’est l’occasion de voir un peu l’intérieur des terres. C’est un pays agricole très vert, avec des cultures de bananiers, de manguiers, de canne à sucre… C’est étrange que nous ne trouvions, ni banane, ni mangue sur les marchés en ville. Nous pourrons en acheter sur le bord de la route à des ventes directes du producteur au consommateur. La route longe la mer et à un endroit précis sur plusieurs kilomètres nous assistons à la migration journalière des crabes qui traversent la route, y laissent un lourd tribut !
Sur la route de Trinidad à bord d’une Plymouth un peu délabrée qui nous a bien secoués !
La ville de Trinidad est très différente de Cienfuegos. L’architecture est beaucoup plus hispanique. Le centre est très touristique avec ses échoppes de souvenirs, ses restaurants, ses jolies maisons avec des cours intérieures souvent transformées en bar. Et la musique est ici aussi omniprésente. Par contre dès que l’on s’éloigne du centre-ville, on retourne deux siècles en arrière. Les rues pavées déjà bien défoncées ailleurs sont là impraticables en voiture, il n’y a que les voitures à chevaux qui s’y aventurent. L’eau qui coule au milieu nous semble bien être l’égout. Les petites maisons pauvres sont accolées les unes aux autres et des vieux, des jeunes gens inactifs se tiennent assis sur le pas de porte.
Ambiance de Trinidad
Le centre historique
L’envers du décor
Les derniers jours à Cienfuegos se passent tranquillement au mouillage ; en échanges et apéros entre Français ; en aller et retour à l’hôtel voisin pour communiquer avec la famille et les amis, et poster ce billet.
La veille du départ nous devons régler nos comptes avec la marina et obtenir un « despachos », c’est-à-dire un laisser-passer. Pour cela il nous faut déclarer les endroits où nous souhaitons nous arrêter, et les gardes côtes le valident entièrement, ou bien ils barrent certaines escales interdites.
Et nous nous préparons à repartir vers les jolis mouillages du sud de l’île…
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