Automne 2010 : Saïdia - Hammamet
Mardi 21 septembre 2010
20h30, après la chaleur étouffante de l'aéroport d'Oujda, le transfert ultra rapide avec arrêt remplissage carburant clandestin dans les montagnes, un détour dans une ville pour y déposer une dame, nous voilà enfin à Saïda, Josiane, Danièle et moi toujours capitaine. Il fait nuit.
Bien gardé l'accès au ponton, à peine sommes nous sortis du taxi, que deux personnes viennent vers nous, nous demandent où nous allons; pardi ! Sur Frankiz leur dis-je. Puis y a quoi dans les bagages ? Vu mon regard et mon silence, ces messieurs se présentent : Douanier et employé de la marina. Bien, je comprends mieux, là et leur explique que ce sont nos affaires personnelles. Bienvenue au Maroc. Normal ce contrôle, cela me rassure au moins, Frankiz était bien gardé durant ces 2 mois.
Mercredi 22 septembre
Toujours une vingtaine de bateaux dans la marina prévue pour en recevoir 1500 !!!Journée consacrée à la préparation de Frankiz pour cette croisière à destination de la Tunisie, en passant par l'Espagne, les Baléares et la Sardaigne. Il y a un petit super marché à la marina Saïda, "Marjane", mais voilà les filles ne sont pas satisfaites, pas assez d'alimentation, elles ne trouvent rien !!! Toujours compliqués ces avitaillements. Une bonne chose, le magasin "breuvage" est ouvert, mais je laisse le soin à Danièle le choix des millésimes, j'avoue elle est meilleur connaisseuse que moi.
Dans la soirée, je prépare les prochaines navigations et propose aux filles les futurs escales, sachant que nous devrons être à Alicante au plus tard le 1er octobre, Josiane ayant son avion pour la France le 2. Les météos annoncées pour les jours prochains ne sont pas optimistes : Aujourd'hui nous avions un vent faible d'ouest, demain 20 noeuds d'ouest et vendredi 30 à 35 toujours d'ouest, samedi le vent prévu sur les fichiers GRIB sont de l'ordre de 15 noeuds toujours d'ouest. Bien ! nous avions prévu de faire une escale à Melilla, enclave Espagnole au Maroc, distante de 35 milles à l'ouest de Saïda, donc dans tous les cas au près avec plusieurs bords à tirer, aie ! Aie ! J'en connais une qui ne va pas être heureuse dans cette figure. Lorsque j'annonce aux filles que l'on n'ira pas à Melilla, elles se sont rebiffées contre moi : Ah si ! Nous ne sommes pas venues ici pour rien, nous irons visiter Melilla, débrouilles toi ! Bon nous verrons cela demain.
Jeudi 23 septembre
Aujourd'hui le vent à forci et d'ouest, ça moutonne pas mal sur la mer, de toute façon Josiane et Danièle n'étaient pas pressées de partir : nous n'avons encore rien vu de la région, on a le temps, il fait beau, on ne va pas se plaindre .....
Journée consacrée à la visite de la vieille ville de Saïda distante d'environ 8 km de la marina, trajet en bus, en cette saison pas de touriste à par nous trois. Restaurant local le soir, qualité moyenne, nous nous attendions à mieux, mais l'accueil est chaleureux, les Marocains discutent volontiers avec nous.
Vendredi 24 septembre
Météo du jour : force 7 et d'ouest, donc Frankiz reste sagement au ponton. Nous partons pour la journée en taxi visiter la ville de Nador. Nous profitons aussi de nous rendre dans l'enclave Espagnole de Melilla proche de Nador. Passeport obligatoire au poste frontière. Nous devons réaliser une sortie du territoire Marocain car nous allons nous promener en Europe sur la terre d'Afrique. Contraste insolite entre Nador et Melilla, L'Afrique face à l'Europe, la pauvreté, bien que Nador est une ville en pleine expansion, face à la richesse, la saleté face au tout propre.
Retour le soir en taxi : La peur de ma vie, un danger public, c'est pas un accident avec personnes décédées qui a arrêtée la frénésie du chauffeur, nous étions heureux d'arrivée à Saïda, nos vies sont sauves, plus jamais ça je me suis promis, alors que le matin notre chauffeur avait une conduite exemplaire.
Samedi 25 septembre
Météo du jour : Ouest 4 à 5 et prévisions pour les jours suivants pas de vent. Nous partons aujourd'hui.
10h30, après les formalités de sortie, nous appareillons. Pas facile le chenal qui sépare les 2 bassins de la marina, Frankiz avec son 1,92 m de tirant d'eau racle les fonds de sable, un agent du port doit nous guider à partir du quai pour franchir ce chenal. Pour entrer dans la marina j'avais eu un pilote, pour sortir personne n'est venu nous guider. Mis à part ce petit chenal, le reste de la marina est clair, enfin avant d'atteindre les fonds de plus de 10 mètres il faut faire quand même attention.
Route sur Almeria, sur la cote Espagnole, 90 milles au nord. Une petite houle très sec nous secoue un peu, un petit vent de 10 à 15 nœuds de travers nous propulse à plus de 7 nœuds, si cela pouvait rester comme cela, la traversée serait rapide pour Josiane.
A 15 milles de la côte, nous croisons un gros bateau de pêche Algérien, beaucoup de marins à bord, Ils étaient tous heureux de voir un voilier français, ils criaient "Vive la France". Dans l'après midi le vent à forcit un peu, aux environs de 20 nœuds, 1 ris et génois légèrement enroulé nous avançons toujours correctement et Frankiz est plus facile à tenir dans les quelques rafales. La mer est peu agitée. En début de nuit le vent tombe, nous avançons encore à la voile, mais vitesse 3 à 4 nœuds
Si jusque là la traversée de la mer d'Alboran a été calme, peu de bateaux croisés, à 25 milles au sud d'Almeria, à l'approche du rail maritime, les affaires commencent à se compliquer, il y a de plus en plus de cargos, des paquebots aussi. Vers 23 h, alors que je me reposais, Danièle qui était de quart me réveille, car elle avait un doute sur un énorme cargo qui visiblement faisait route collision avec nous; ma surprise a été grande lorsque j'ai vu tous ces feux de navigation dans tous les sens, notre cargo lui est passé sur notre arrière mais pas très loin de nous. C'est indéniable que l'AIS reportée sur l'écran de navigation extérieur est d'une grande aide. Chaque bateau est représenté par un petit triangle gris, nous pouvons suivre sa route et connaître toutes sortes de renseignement le concernant. Mais quelle a été ma surprise aussi en arrivant sur le pont de voir l'écran de navigation bien gris par la présence de nombreux bateaux dans les parages. Nous abattons légèrement pour éviter de naviguer dans le rail matérialisé sur l'écran. Cela me semble un peu une grande pagaille, mais bon, y a pas le choix il faut passer. Notre vitesse est faible, donc j'enroule le génois et route moteur, plus grand voile, vitesse 6 nœuds, ainsi nous sommes plus manoeuvrant pour louvoyer entre ces mastodontes. Ouf ! vers 2h du matin, tout danger est paré, ce n'était pas simple car les bateaux étaient rapprochés et parfois il fallait faire route parallèle pour pourvoir les croiser par l'arrière. Route Almeria, encore 15 milles, nous remettons les voiles, un peu plus calme pour les filles qui dorment dans les cabines.
Dimanche 26 septembre
4h30 : Allez houst les filles ! sur le pont nous arrivons à Almeria. Nous entrons dans la petite marina du Club de Mar, visiblement pas de place. Un monsieur arrive en bout de quai, les filles l'interrogent en Espagnol, elles devaient bien s'exprimer vu son étonnement !!! Mais bon je suppose qu'il nous a vu arriver et que nous cherchions une place, car ce monsieur nous a indiqué, en bon Français, une place libre au fond de la marina et est venu nous aider à nous amarrer. Il nous fournit tous les renseignements possibles sur Almeria, nous a donné la clé des sanitaires pour aller aux douches maintenant. Ho là ! Dodo lui répondis-je, car en 24 heures je n'avais dormi que 1 heure.
Almeria est une grande et belle ville, avec une immense "Remblas" boisé au centre et la vieille ville au passé moyenâgeux et musulman. Nous sommes dimanche, tous les magasins sont fermés, même le vieux fort "La Alcazaha" qui domine la ville. Le soir un éclairage puissant donne une vue superbe de cette construction.
La marina est très, très classe avec son restaurant, sa piscine privée. Néanmoins c'est ici que nous paierons le moins cher la place d'accostage : 23 euros par jour.
Lundi 27 septembre
Dans la matinée, dès le retour des filles parties s'avitailler en ville et faire les magasins bien sur, nous quittons Almeria, route sur San Rosé distant de 22 milles environs, vent faible de sud ouest au début puis forcissant à 20 nœuds bien sur lors de notre entrée dans le petit port de San Rose. Juste une place de libre à l'entrée de la marina, pas facile de s'amarrer avec le vent et les longues pendilles. Très chère la place pour un mois de septembre, 48 € pour 1 nuit.
La ville de San Rose est une petite citée balnéaire, composée uniquement de touristes espagnols.
Mardi 28 septembre
Nous remontons vers le nord en longeant la côte montagneuse, désertique, très aride mais magnifique. Vent faible, nous alternerons voile et moteur, car ce soir il faut que nous soyons à Aguilas à 45 milles. Nous mettons la ligne à l'eau et très vite 2 coryphènes viennent mordre le leurre. Les filles sont heureuses, ce soir repas amélioré.
Peu avant le port de Garucha, vers 13 heures nous mouillons l'ancre proche d'une plage, et profitons encore que l'eau soit à une température de 20° pour prendre un bain.
Dans la soirée, alors que nous sommes proches des marinas de Aguilas, vu les conditions météo, nous nous dirigeons vers le mouillage de l'anse de Puerto el Hornillo. Juste avant la nuit, au coucher du soleil, nous mouillons entre la montagne de La Aguilica et l'immense quai où venaient se déverser des trains entiers de minerais dans des cargos. Heureusement que nous sommes arrivés de jour, car l'endroit grouille de casiers de pêche. Soirée très calme, nous n'irons pas à terre faire notre petite ballade digestive du soir, vu que nous n'avons pas d'annexe. Hé oui ! Elle a été volée fin juillet à Barbatte, il faudra bien trouver une solution car sans annexe, pas facile les mouillages, dur rappel !
Mercredi 29 septembre
La nuit a été très calme, pas un bruit. Au petit matin les pêcheurs, avec de petites embarcations, arrivent relever les casiers et filets de pêche.
Route sur Cartagena, distante de 32 milles dans le nord est. Comme nous avons appareillé de bonne heure ce matin, nous sommes dans la marina du Yacht Port Cartagena vers les 14 heures, très bon accueil des marineros dont un parle Français.
Comme cela nous allons pouvoir visiter cette très belle ville. Mais voilà aujourd'hui 29 septembre c'est la "Vuelga General en Espagne". La ville est déserte. Tous les magasins sont fermés, même les bars, pas moyen de se rafraîchir, Danièle peste, moi aussi. Dans la soirée quelques magasins ouvrent leur grille. Tiens, face au port un Pub est ouvert, allez vite une table et c'est l'heure de l'apéro, bien sur une sangria bien fraîche, qu'elle était bonne !
Jeudi 30 septembre
Appareillage tôt dans la matinée, Alicante est encore à plus de 60 milles. En sortant du port de Cartagena, vers l'est, un immense chantier naval enlaidit le paysage. Une énorme plate forme pétrolière est en cours de construction. Sitôt avoir dépassé ces chantiers, et contourné le Cabo Del Agua, la cote redevient sauvage, mais magnifique avec tous ces tons de roche. Peu de construction, pratiquement désertique. Depuis Almeria le paysage est pratiquement le même, aride et désertique, pas de grande citée balnéaire bétonnée. Cela ne pouvait pas durer, car à l'approche du Cabo De Palos de grandes tours se profilent à l'horizon. Aussi, si jusque ici nous croisions peu de bateaux, maintenant nous ne sommes plus seuls, vedettes et voiliers sont nombreux sur zone, fini la tranquillité. Nous passons entre le Cabo De Palos et les îles Hormigas. Il reste environ 45 milles à parcourir avant Alicante. Je décide de faire escale à Torrevieja à 20 milles dans notre nord.
Torrevieja est un immense port de plaisance, d'après les renseignements recueillis sur le site des marinas STW, je choisis la marina International. Mais même fin septembre visiblement il y a peu de place. Nous sommes mis en bout de pontons, ici tout est très cher, la marina, l'eau et l'électricité. Pour une nuit nous ne prenons ni eau ni électricité. Ville très touristique, mais plaisante, ambiance Espagnole assurée.
Vendredi 1er octobre
Route sur Alicante, distante de 25 milles. Peu de vent aujourd'hui, cela va être une navigation à l'aide de la risée "Yanmar", c'est à dire au moteur. Il fait beau temps, grand soleil. La température de la mer est de 21°. Vers midi, alors que nous étions entre le Cabo de Santa Pola et Isla De Tabarca, à 10 milles de Alicante, nous décidons d'aller au mouillage face à la playa De levante, juste avant le port de Santa Pola. La mer est belle, pas une ride et plate en plus, nous y serons très bien pour une bonne baignade et un bon déjeuner.
Les derniers milles vers Alicante sont vite avalés, le vent s'est levé, 15 nœuds d'est, parfait pour le dernier jour de navigation de Josiane.
16 heures, port de Alicante, Marina Deportiva del Puerto, plein de gaz oïl en arrivant au ponton d'accueil, passage obligatoire à la capitainerie pour l'obtention d'une place dans la marina. Très bon accueil et personnel très sympathique, marina bien surveillée, tout cela pour 39,92 euros pour 1 nuit, il y a pire et puis nous sommes très bien placés, certes il faut marcher pour aller en ville et même à la capitainerie. Nous pouvons rester plusieurs jours dans la place qui nous a été attribuée, cela tombe bien car dès dimanche il est prévu un coup de vent, enfin nous verrons cela au jour le jour.
Très vivante la ville d'Alicante, le soir ça grouille de touristes étrangers et espagnols dans les rues. Les nombreux restaurants sont bien occupés, bien sur nous en profitons aussi car c'est le dernier soir de Josiane avec nous, demain elle prend un avion pour la France. Danièle et moi sommes triste de laisser partir la Patronnée.
Samedi 2 octobre
Josiane est partie. L'avion de la compagnie Ryanair atterrit à Beauvais et ce même avion nous renvoie un équipier : Jean Paul retrouve Frankiz qu'il avait quitté à St Martin aux Antilles après la transat 2009. Après les joies des retrouvailles, surtout Danièle qui n'avait pas vu Jean Paul depuis novembre 2009 à Rabat, pot de bienvenue à bord. Dans la soirée, nous promenons notre nouvel équipier dans la ville et pour fêter son retour, nous allons dans un petit restaurant comme il y en a plein de bons à Alicante.
Les 3 et 4 octobre
Avis de coup de vent d'est sur les Baléares et sur la zone Cabrera , donc ballade dans la ville et visite du Castillo de Santa Barbara, forteresse imposante qui domine la ville sur les hauteurs du mont Benacantil.
Mardi 5 octobre
Après 2 jours de vents forts, il n'en reste plus beaucoup pour nous, j'ai comme l'impression qu'ici c'est tout ou rien, encore la risée Yanmar qui va travailler. Nous faisons route sur Ibiza. Nous alternons tantôt les voiles et tantôt le moteur. Pour traverser le rail de navigation au large du Cabo De La Nao, nous sommes obligé d'utiliser le moteur pour rester manoeuvrant, car les cargos sont nombreux. Enfin dans la soirée le vent se lève et prend une direction sud est, nous faisons route dans le 75, le speedo s'énerve un peu, atteint même les 8 nœuds avant de se calmer à l'approche d'Ibiza. Nous décidons d'aller au mouillage dans la baie de Sant Antoni à l'ouest de l'île. Les phares des îles Bleda Plana et Conejera nous guident. Sur cette côte les îlots et gros rochers sont nombreux, de nuit il faut une attention particulière. Vers 3h le mercredi matin, nous sommes mouillés par 3 mètres de fond, le vent est faible, nous allons pouvoir finir notre nuit tranquillement dans nos bannettes. Nos avons parcouru 95 milles entre Alicante et Sant Antoni, Ibiza.
Mercredi 6 octobre
Journée au mouillage. Le manque d'annexe se fait cruellement sentir, nous sommes bloqués dans le voilier. Cette journée sera mise à profit pour effectuer les petites réparations qui pour certaines s'avèrent plus importantes. Les réas du chariot de grande voile sont tous bloqués, ce qui rend les manœuvres difficiles. Certains réas ont comme axe une vis parker. Une réparation provisoire est effectuée. Le winch d'écoute de génois tourne difficilement, un nettoyage est nécessaire. Finalement la journée a été bien occupée, nous restons au mouillage pour la nuit.
Jeudi 7 octobre
Dès le matin, le beau temps est là. Faire route sur le sud de la Sardaigne n'est pas d'actualité, un vent d'est de force 5 à 6 souffle sur cette zone, et les prévisions prévoient au moins encore 3 jours dans cette direction. Cela nous obligerait à tirer des bords de près dans une mer formée. Nous appelons la capitainerie de la marina de Sant Antoni, qui nous répond qu'il n'y a pas de problème, il y a de la place pour nous. Ici encore très bon accueil et aide efficace du "marineros". Le tarif à la journée est correct, 23 € tout compris et en plus la 3ème nuit est gratuite.
Suite à plusieurs coups de vent, ici sur Ibiza ou sur la zone météo Sardaigne, nous sommes restés là jusqu'au 13 octobre. Nous avons profité de visiter l'île de long en large par taxi et bus.
Cette longue escale nous a permis de discuter le prix d'une annexe neuve et de son moteur hors bord chez un Shipchandler local. Après plusieurs discussions et remises de plus en plus importantes au bout de trois jours, l'annexe et le moteur font partis maintenant de l'équipement de Frankiz. Bienvenue les mouillages !
La nuit du samedi 9 au dimanche 10 octobre vers 1h, à peine étions nous allongés dans nos bannettes après une sortie à Eivissa, capitale de l'île, un grain violent est survenu avec un vent très puissant d'ouest. Frankiz était vautré sur une vedette à bâbord, tirait très fort sur la pendille et est venu taper dans le quai occasionnant quelques grosses éraflures sur la jupe arrière. Après de gros efforts, nous avons réussi à protéger la jupe avec plusieurs pare battages. L'anémomètre à ce moment là indiquait 45 nœuds, et cela avait du être plus fort encore au début. Lorsque le vent s'est calmé légèrement nous avons éloigné Frankiz du quai en raccourcissant la pendille. Nous étions tout les trois trempés. Que d'émotion !!!! Les grains et le vent ont duré toute la nuit.
Mercredi 13 octobre
Les fichiers météo Ugrib laissent apparaître une bonne fenêtre pour les 3 jours à venir mais avec des vents forts pour la journée du 16 octobre sur la zone Sardaigne. Ce matin l'orage gronde fortement. Bon, nous n'allons pas rester ici éternellement, 8 heures, appareillage. Dehors la mer est forte à l'ouest d'Ibiza, une houle de nord ouest nous malmène beaucoup. Une fois dépassée Isla Conejera, pour rejoindre le sud de l'île, nous longeons la cote au ras des cailloux, la mer est devenue belle. Vers 10 h, le ciel s'est obscurcit soudainement devant nous, les éclairs fusent dans tous les sens, nous avons eu juste le temps de nous mettre à l'abris au mouillage dans une petite baie, la Cala Tarida, de couper tous les équipements électronique et de nous enfermer à l'intérieur. Un orange nous est tombé dessus, déversant trombe d'eau et éclairs. Au bout d'une petite heure l'orage s'est éloigné et nous reprenons notre route vers le passage Freu Grande entre Ibiza et Formentera. Vers 12 heures, nous laissons derrière nous les îles d'Ibiza et Formentera, devant nous : la Sardaigne à 330 milles, 3 bonnes journées de navigation.
La navigation au large prend le dessus très vite, quart, repas, croisement des cargos, pêche fructueuse, Jean Paul et moi nous refaisons notre transat 2009. Comme météo, nous avions les fichiers GRIB du mercredi matin avant le départ et nous écoutions la météo le soir sur France Inter à 20h04, puis à mi distance nous captons la météo Italienne en continue sur la VHF. Un coup de vent est prévu pour le samedi 16 sur le nord de la zone Sardaigne glissant doucement vers le sud. Nous sentons Danièle heureuse de naviguer au large malgré l'orage qui gronde en permanence. Au sujet de ces orages, nous avons vécu une chose extraordinaire, nous devons avoir une bonne étoile quelque part. Durant ces 3 jours, particulièrement les nuits, nous sommes entourés d'orage, les éclairs éclataient en gerbes au nord, est, sud et ouest, le ciel était sombre, mais pratiquement en permanence le ciel est dégagé au dessus de nous, les nuit était bien étoilée. Finalement nous n'avons vu ces orages que de loin, jamais sur nous. Nous sommes sur nos gardes quand même, au moindre éclair proche, nous éteignons l'électronique, ce qui nous oblige à barrer en permanence dans ce cas là, cela c'est produit 2 ou 3 fois seulement.
Le samedi matin commence doucement, puis le vent monte crescendo pour atteindre 6 à 7 beaufort en milieu de journée, il est de nord nord-ouest et nous faisons route vers l'est, Frankiz file vite vers la Sardaigne. Jean Paul et moi prenons les quarts, nous nous remplaçons tous les 10 milles, cela est parfais car la mer formée rend la barre assez dure, cela nous fait des quarts de 1h ¼ environ. Vers 16 heures nous distinguons la Sardaigne, l'île Isola Di Pietro, grosse masse sombre, la visibilité est mauvaise à l'approche des côtes. Le port d'atterrissage choisi est Portoscuso, le plus pratique d'après les documents pour une arrivée de nuit. 20h, la nuit est là et nous sommes guidés par les nombreux phares et feux existant dans cette région, le lecteur de carte Raymarine est d'une grande aide aussi. 21h, nous entrons prudemment dans le port de Portoscuso, un agent de port nous dirige vers la seule place de libre a quai entre un chalutier et un bateau de la réserve naturelle. Bien sur formalité obligatoire à la capitainerie, l'agent est très aimable et ne note que quelques renseignements et me signale que je pouvais revenir demain ou lundi, de toute façon il m'annonce un coup de vent sur la zone pendant au moins 2 jours, donc j'avais le temps de régler plus tard. Nous pouvons déjà signaler le très bon accueil de cette marina.
Une fois de plus, le vent va nous contraindre de rester au port durant 5 nuits. Que cela ne tienne, nous mettrons à profit la visite de cette région de la Sardaigne, ainsi que la ville de cagliari. Dans cette ville, le jour de notre passage, se déroulait une grande manifestation de "Pastori", éleveurs de chèvres, moutons et bovins visiblement très mécontent de leur sort et des cours du lait. En souvenir des quelques discutions que nous avons eu avec eux et dégustations de leurs fromages, Danièle reçue un pavillon de leur association.
Jeudi 21 octobre
Ce matin le vent se calme, après 4 jours de coup de vent, il était temps. Avec 15 nœuds de vent de travers, nous nous dégageons avec difficulté de notre place. Les fichiers météos prévoient pour les jours à venir des vents faibles. Allez route sur la Tunisie, Bizerte comme port d'entrée. Il fait beau, la mer devient de plus en plus belle. Nous naviguons grande voile haute avec génois déroulé. Nous longeons la cote sud de la Sardaigne, qu'ils sont magnifiques ces paysages, dommage que nous n'avons pas pu naviguer plus et profiter des mouillages, se sera pour une prochaine fois. Route au 140, Bizerte à 125 milles devant, 24 heures de navigation, dernière traversée de l'année. Le vent est faible avec une direction variable allant du sud-ouest au sud, voir en cours de nuit au sud est. La vitesse est lente, une moyenne de nœuds. A l'approche des cotes tunisiennes les cargos se font de plus en plus nombreux, pour la traversée du rail nous naviguons au moteur. Le vent tombant complètement nous gardons le moteur. A 20 milles de Bizerte, je fais un point et consulte le Bloc Marine afin de me remémorer les conditions d'accès dans le port de Bizerte, à ma grande surprise je lis qu'il est fermé à la plaisance car une nouvelle marina est en construction. Le port le plus proche est Sidi Bou Saïd, cela nous rallonge notre route de plus de 35 milles par rapport à notre position, donc il nous reste 60 milles encore à parcourir à 6 nœuds de moyenne, il est 11 heures, donc cela nous fera une arrivée vers 21 h. Allez nous n'avons plus le choix route Sidi Bou Saïd. Nous utilisons le moteur jusqu'au cap Farina, dans le golfe de Tunis souffle une petite brise d'est de 10 nœuds, ce qui nous permet de remettre le génois et de faire route à la voile jusqu'au port de Sidi Bou Saïd. 20 heures, passage du Cap Carthage, 21 heures nous sommes amarrés au pont d'accueil de la marina. La police est la sur le quai, un agent monte à bord pour le contrôle et nous prend nos passeport, mais chose bizarre, il n'y a pas de douanier. Je me rend au poste de police pour terminer les formalités, je pose la question de la douane, comme réponse "ici pas besoin de douanier, c'est nous qui vous donnerons le manifeste lorsque vous quitterez Sidi Bou Saïd". Par contre un des agent en tenue n'a pas oublié de me demander un petit cadeau, en numéraire bien sur. Par la suite cet agent se fera de plus en plus collant jusqu'à ce que je lui dise que je ne donnerai rien et plus tard à Hammamet je comprendrai pourquoi que la police de Sidi Bou Saïd n'avait pas fait venir les douaniers.
Du 22 au 27 octobre
Jean Paul prend l'avion le 26 à Tunis. Les prévisions météo pour les jours à venir ne sont pas des meilleurs, vent d'est assez fort suivi d'un coup de vent de nord ouest. Nous ne pourrons continuer notre route vers Hammamet qu'à partir de 27, donc pour Jean Paul les navigations s'arrêtent ici pour cette année.
Nous profitons de nous balader dans Sidi Bou Saïd et de visiter Tunis et Carthage durant ces quelques jours.
Danièle et moi constatons un grand changement, depuis 2006, notre dernier séjour en Tunisie. La gentillesse et l'accueil sont toujours de rigueur mais nous sentons une nervosité dans le comportement des Tunisiens, ils se plaignent souvent de leur sort, même un employé du port me signale que leur salaire a été abaissé.
Jean Paul est parti le 26, Danièle et moi souhaitions reprendre la mer le 27, c'est fichu, car le vent de nord ouest est toujours assez fort et la mer très formée.
Jeudi 28 octobre
Le vent a tendance à se calmer. La capitainerie me conseille d'attendre demain. Les fichiers météo sont clairs, aujourd'hui 20 nœuds de nord ouest et demain plus de vent. Je vais voir un pêcheur professionnel qui vient de rentrer au port, il me signale que la mer est agitée mais maniable et surtout de raser la cote au cap Bon, si non gare au courant et à l'état de la mer.
Allez oust ! Il est 9h nous appareillons après avoir récupéré le manifeste à la police sans l'échange du petit cadeau. Nous faisons du gasoil à la station située dans le chenal d'accès, mais à sidi Bou Saïd il ne faut pas être pressé, finalement il est presque 10h lorsque nous sortons de la marina. Route sur le cap Bon et Kelibia. Dans le golfe de Tunis la mer est belle à peu agitée, un vent de 15 nœuds, finalement les conditions sont bonnes. Nous naviguons grande voile haute et génois déroulé par vent de travers, Frankiz file bien, par moment nous dépassons les 8 nœuds. Plus nous approchons du cap Bon, plus le vent forci et plus la mer se forme. Entre l'île de Zembra et la cote, la mer est formée, le vent entre 25 et 30 nœuds, j'ai enroulé un peu de génois, Frankiz file toujours à plus de 8 nœuds mais à tendance à partir au lof sur les vagues. Bien sur c'est l'heure où Danièle choisi d'aller dans la cambuse, pas de problème me dit elle. Sauf qu'à un moment, lors d'une rafale, je n'ai pas pu empêcher le départ au lof et voilà que dans la cambuse tout c'est trouvé sans dessus dessous, Danièle ne râle pas, mais j'ai eu pitié, nous avons pris un ris dans la GV, du coup le voilier était plus stable et la barre moins dur. Eh oui ! Nous attendons toujours le dernier moment pour réduire, c'est un reste de mes nombreuses régates, on ne peut pas s'empêcher d'aller à la limite. Après un bon déjeuner, merci Danièle, nous approchons le cap Bon je suis les conseils du pêcheur et longe la côte d'assez près en laissant quand même la pointe nord à bonne distance, la mer déferle bien sur un cailloux de ce coté là. Très vite l'état de la mer devient de mieux en mieux, le vent se calme, après l'empannage, nous remettons toute la toile car nous sommes drôlement ralenti. A 18h, les gardes cotes de la marine Tunisienne nous appelle pour identification. 20h entrée dans le port de Kelibia, bien sur après avoir demandé l'autorisation aux autorités. Nous nous mettons à couple avec une vedette, un homme vient nous aidé, il se surnomme lui même "Che Guevara" et comme petit cadeau nous demandera un peu de vin, pas grand chose, même ouverte nous dit il. Visite de la police et douane, simple petite formalité, ils emportent le manifeste avec eux. Ha si ! Le douanier regarde bizarrement sous toutes les coutures le manifeste et me demande si je n'ai rien d'autre, non lui répondis-je, comme d'habitude à Sidi Bou Saïd ils ne savent pas rédiger les papiers me rétorque t'il et s'en va en nous souhaitant bien venu à Kelibia et bonne nuit. Effectivement, nuit calme dans le port, même pas entendu les allées et venues des bateaux de pêche, c'est vrai que nous étions à l'abri avec l'imposante la vedette.
Vendredi 29 octobre
Après avoir réglé la somme de 5,083 Dinars Tunisiens (2,60 euros) et récupéré le manifeste au poste de police nous sommes autorisé à quitter le port et la police veille au grain, elle surveille si nous partons bien ou si plutôt nous n'embarquons pas un clandestin avec nous.
Route au sud ouest sur Hammamet, les 34 derniers milles de l'année 2010 pour Frankiz. Journée agréable à la voile entrecoupé de quelques milles au moteur faute de vent par période. Aujourd'hui nous avons eu 2 appels de la marine nous demandant de confirmer si nous allons bien sur Hammamet. Enfin les 15 derniers milles ont été avalé à la voile, quel plaisir de finir une année comme cela, finalement Danièle et moi étions prêt à rester dehors pour en profiter encore un peu de ce vent. Mais voilà, nous étions attendu dans la marina de Yasmine Hammamet par les autorités portuaires. Une heure avant notre arrivée, j'ai contacté la capitainerie qui m'a répondu qu'ils nous attendaient. Effectivement, un canot pneumatique avec un marin du port nous attendait à l'entrée du port et nous guida directement à notre emplacement dans le canal de Yasmine. Faut aussi signaler le passage de 2 ponts levant, pour le 2ème j'ai bien eu peur que Frankiz ne passe pas, car le passage est très étroit, les pares battages frottaient les planches de protection de chaque bord. A notre arrivée, quelle surprise de nous retrouver à couple avec Syssi I, un voilier Breton de Lorient. A signaler aussi, aucun contrôle de police et douanes à notre arrivée à Hammamet.
Frankiz est mis sous douanes Tunisiennes, ce qui permet de cumuler 2 ans de présence effective sur le territoire. Mais c'est ici que j'ai compris la petite histoire du policier de Sidi Bou Saïd. Comme je n'avais pas donné un petit cadeaux, ce monsieur n'a pas appeler les douanes Tunisiennes pour effectuer toutes les formalités douanières d'arrivée en Tunisie et je me suis trouvé en face d'un douanier à Hammamet qui voulait me renvoyer là bas pour les effectuer, après discutions, sans petit cadeaux, tout s'est arrangé, maintenant nous verrons cela lors de la sortie du territoire tunisien ?
Voilà fin d'une année de navigation bien remplie pour Frankiz.
Quand à Danièle et moi, nous avons profité de la belle vie Tunisienne durant 2 semaines, sympathisé avec Nicole et Yves du voilier Syssi I et fait la connaissance de navigateurs vivant l'hiver ici sur leur bateau.
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