Retour aux Marquises

Retour aux Marquises

Posté par : Alain
04 Diciembre 2015 à 14h
Última actualización 05 Enero 2016 à 09h
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le 03/12/2015

Le 22 juin 2015, Frankiz a appareillé de Oa Pou aux Marquises à destination des Tuamotu et de Tahiti. Après 4 mois à naviguer entre dans les îles de la Société (Tahiti, Moorea, Huhine, Raïatea, Tahaa, Bora-Bora), Frankiz a repris la route pour les Marquises le 8 novembre 2015 au départ de Papeete.
Pourquoi un retour aux Marquises ? Ben souvenez vous que déjà en mai, une semaine après notre arrivée à Hiva Oa, devant toute la beauté de ces îles, de l'accueil reçu, j'avais pratiquement décidé d'y revenir en novembre, et il y avait aussi ce fameux festival des arts Marquisiens que toute une population nous demandait de rester pour assister à cet énorme et grandiose événement. Pourquoi pars-tu sitôt ? M'a t'on demandé si souvent, tu n'es pas bien chez nous ? Reste avec nous pour le festival, là bas à Papeete c'est la ville, c'est pas bien, il y a des voleurs ! Puis El Ninio est passé par là. Est arrivé cette alerte cyclonique avec 98 % de chance de toucher la Polynésie Française, les Marquises étant dans une zone non touchée par les cyclones. Un cyclone peut naître au large de Marquises, mais avec une très faible probabilité et ce déplacer vers les Tuamotu, le seul risque se sont des vents forts de l'ordre d'un "coup de vent", 40 noeuds et une forte houle, cela Frankiz est parfaitement apte à le supporter et l'a déjà fait une fois dans un mouillage en Grèce ! 
A Papeete, j'ai embarqué un jeune couple Breton, Cécile et Pierre, à la recherche d'un voilier à destination des Marquises pour assister au festival et visiter les îles. Au début j'étais parti pour naviguer seul, mais Josiane qui était sur le départ vers la France ne voulait pas que je sois seul à bord, donc voilà Cécile et Pierre ont embarqué et c'est sans regret !
Donc le 8 novembre 2015, Frankiz a appareillé de Papeete avec pour première destination l'Atoll de Rangiroa.
Après 240 milles nautiques de navigation au près, vent de face et Frankiz gîté au maximum dans une mer très agitée durant tout le parcours, nous sommes arrivés à Rangiroa le 10 novembre à 4h du matin. Vous avez pu lire notre passage précédemment sur Facebook. (billet: que dire de Ahe?)
Le 15 novembre, le vent et la mer deviennent un peu plus supportables, je décide de quitter Rangiroa pour l'Atoll de Ahe, distant de 83 milles nautiques plus à l'est sur la route des Marquises. Mais là aussi toutes les prévisions météo nous ont mentis ! donc c'est 123 milles que nous allons parcourir en 24 h toujours dans une mer formée et un vent oscillant entre15 et 20 noeuds voir 30 en rafale.
A Ahe, nous sommes restés 9 jours. Quel accueil de la part des habitants, revoyez ce passage que j'ai décrit sur Facebook, encore un Atoll où il fera bon d'y revenir !
Mais voilà, vers le 22 novembre, les fichiers grib météo sur 8 jours ne m'annonçaient rien de bon à venir, je n'en parlait pas trop, mais commençait un peu à craindre le pire. Aux environs du 28, je voyais se profiler des vents de 30 à 40 noeuds dans la zone nord des Tuamotu, là où nous étions, et plus nous nous approchions, plus cela se confirmait, c'était la   dépression tropicale "Tuni" en formation à l'ouest de la Polynésie Française et se déplaçant vers le sud-est, donc vers les îles sous le vent et les Tuamotu. Au nord des Tuamotu, au contraire, c'est une zone plus calme qui se profilait, mais voilà, le vent est sud-est soufflait très fort encore et la mer était forte, ceci jusqu'au 24. Je serais bien parti le 23, les vents étaient plus sud-est mais voilà je ne voulais pas exposer dès le départ mon jeune équipage à une mer plutôt inconfortable pour des novices ! Donc décision de reporter au 25 novembre l'appareillage.
Entre temps, à Ahe, j'ai fait la connaissance d'une Américaine, elle voulait aussi rejoindre les Marquises. Elle connaissait bien la mer, équipière chevronnée sur des charters. Bon là encore j'étais hésitant, 4 à bord, ça faisait beaucoup. Suite à une rencontre d'un Français, responsable d'une ferme perlière à Ahe, ce monsieur très sérieux m'a convaincu d'embarquer cette équipière, et puis cela ne ferait pas de trop, j'aurai au moins quelqu'un pour me faire à manger de temps en temps, car je savais qu'il ne fallait pas compter sur Cécile ou Pierre pour aller dans la cambuse préparer les repas ! Vous qui lisez cela, ne riez pas SVP, je ne vous donne pas 1 minute, enfin mes amis non navigateurs, pour tenir devant la cambuse pour mettre les pattes ou riz à cuire dans ces conditions de navigation !!! Shuuuuuuttttttt, pour la petite histoire, c'est moi qui durant 3 jours étais dehors et à la cambuse et souvent seul à déguster mes pattes, riz et toutes ces bonnes choses qui calent l'estomac des marins ! Eh oui hôtesse sur un catamaran c'est pas un monocoque de 12 mètres qui gîte et tape dans les vagues. 
Voilà, j'ai donc appareillé le 25 novembre de Ahe, pour rejoindre les Marquises, oh où ? Là où le vent nous mènera ! A bord, moi bien sur, Cécile, Pierre et Delilah l'Américaine.
Déjà, la sortie du l'atoll par l'unique passe a fait dressé plus d'un cheveux sur la tête, un gros clapot et un courant violent barrait la passe, mais visiblement ce n'était qu'impressionnant, nous sommes sortis tranquillement, Frankiz filait entre 3 et 4 noeuds, très manœuvrable en plus, sitôt franchit le seuil de 5 m, la mer est devenue calme, enfin juste durant 1 heure, le temps de nous dégager de la protection de l'atoll. 
Nous sommes partis pour une route de 500 milles nautiques environ, navigation prévue au près, avec un 1er long bord de 120 milles et ensuite le vent étant tellement capricieux avec de nombreux grains (pluie), parfois violent. Les conditions étaient à peu près celles que m'annonçaient les fichiers grib que je prenais tous les matins via le téléphone satellite et aussi aux prévisions de météo France Polynésie que m'envoyaient matin et soir ma fille Sandrine (Merci ma fille). Nous naviguions souvent avec 2 ris dans la Grande Voile et génois à 1/2 enroulé, Frankiz gîtait toujours de plus belle, surtout dans les rafales atteignant parfois 30 noeuds, moi je le voyais, mais ne disais rien à l'équipage car j'estimais que Frankiz tenait correctement la mer et que mon seul souci était de dégager en toute sécurité cette zone qui pouvait devenir dangereuse à tout moment. Le problème était les nombreux virements de bord, certainement une trentaine sur les 3 premiers jours, car je devais enrouler   le génois à chaque fois à cause de l'étai largable toujours en place, cela est une sécurité en cas de problème sur l'étai avant (câble où est fixé le génois). Un autre gros problème aussi, étaient ces brusques changement de vent pouvant aller   en quelques secondes de 90 °, même le pilote "Charles" n'arrivait pas à contrer cela et oust un brusque demi tour, génois à contre !
Ouff, 3 jours de navigation et nous voilà bien Nord, loin des prévisions de vent fort, je voyais bien progresser la tempête tropicale "Tuni". Les bulletins météo commençaient à annoncer un grand frais, puis coup de vent via les BMS (Bulletins Météos Spéciaux). Précision : point de réception radio VHF sur toute la zone ! Bon ces coups de vents restaient bien loin au sud de notre zone de navigation. 
Vu que nous utilisions beaucoup le pilote, surtout la nuit, un problème de charge batterie est revenu et difficile d'utiliser le moteur pour rechareré car Frankiz gîtait beaucoup et ça les moteurs n'apprécient pas. Donc au bout de 2 jours j'ai du arrêter le frigo, aie, aie le lendemain beaucoup de nourritures fraîche  est partie nourrir les poissons ! Et cela ne sentait pas très bon dans le frigo !
Au 4ème jour l'état de le vent et l'état de la mer se calmaient, même parfois un vent nul avec un mer houleuse et peu agitée, là 2 solutions : soit vous attendez et vous vivez dans un shaker ! Ou alors une petite risée Yanmar pour avancer et avoir un voilier stable presque à plat. 
La vie à l'intérieur de Frankiz s'améliorait, l'équipage commençait à s'amariner. 
Moi j'ai pu nettoyer en grand le frigo, prêt à le remettre en marche pour nous assurer au moins une bonne bière fraîche à notre arrivée aux Marquises !
Notre progression   vers les Marquises se faisait lentement toujours avec ces nombreux virements de bord. Ma destination prévue étant Hiva Oa. Au matin du 30 novembre, soit 5 jours après notre départ, une haute île apparaît à l'horizon dans les nuages, Oa Pou. Allez après plusieurs calculs, estimations d'arrivée à Hiva Oa dans la journée du 1er décembre encore distante de 80 milles environ, je décide de mettre le cap sur Oa Pou à 30 milles, là le vent nous laisse un peu tomber, encore des virements et des virements en perspectives. A 20 milles de Oa Pou, je décide d'en finir au moteur, abandon ! 
Alors que nous faisions route sur Oa Pou au moteur, j'entends un appel sur la VHF, oui c'est bien quelqu'un qui appel Frankiz et oh surprise c'est le voilier Chrispater qui nous contacte!  Un bateau copain parti 24 havant nous de Rangiroa. Il nous annonce avoir pêché un tazard de 1.30 et nous invite à le partager au dîner à notre arrivée à Oa Pou. Nous décidons de nous rejoindre dans la baie Ouest de Vaiehu, réputée abri calme avec de la houle d'est.
Vers 14h30 Frankiz et Chrispater arrive ensemble dans la baie de Vaiehu, île de Oa Pou. 
Après rangement des voiliers, qu'elles étaient bonnes et fraîches les bières !!! 
Nous revoilà aux Marquises, un total de 745 milles nautiques parcourus, vent de face pour une route directe de 500 milles entre Tahiti et les Marquises.
L'équipage était pressé d'aller marcher un peu à terre et ensuite Pierre lui s'est mis à pêcher, avant la nuit et a sorti quelques belle caranques, mais ici faut se méfier des pêches locales, pouvant être dangereuses, donc a rejeté à la mer toute sa pêche.
Je ne vous parlerai pas du dîner de tazard que nous avait préparé Camille à bord de Chrispater, non je ne voudrais pas faire des envieux, mais avant nous avons quand même fêter ce retour aux Marquises par un bon ti'punch local à bord de Chrispater !
Après une nuit bien reposante au mouillage, je décide de rejoindre le petit port de Hakahau au nord est de l'île, là où nous étions en juin dernier. Mais ici les 9,5 milles seront effectués au moteur, cela nous a permis d'observer la beauté de l'île !
Ici, maintenant, dans le port, ce n'est pas très confortable, ça roule un peu avec une petite houle entrante, mais bon c'est tellement magnifique et proche de tous les commerces.
En fin d'après midi, un petit tour à la gendarmerie locale, aie, aie très pointilleux le chef mais très correct, comme tous gendarmes, hein Sandrine ! :" Mais votre équipage n'est pas le même qu'en juin, où sont les autorisations de débarquement et d'embarquement ? Ben Monsieur, en juillet je suis allé à la PAF de l'aéroport de Tahiti, là un gentil policier m'avait dit qu'il n'en avait rien à foutre de ça et qu'ils verraient bien que mon équipage partirait lorsqu'ils prendront l'avion et m'avait refermé la porte au nez, voilà monsieur le chef (il n'avait pas de galons) avec tous mes respects, sachez que moi on me le dit pas 2 fois. Bon ne vous en faites pas cela va s'arranger !"
Ensuite plusieurs rencontres, dont plusieurs connaissances de juin dernier, déjà cette question : Quand partez vous ? Jeudi ou samedi (jamais vendredi) répondais je. Pas possible que vous partiez avant dimanche car il y a une fête samedi soir dans le cadre de la préparation du festival, donc vous restez et vous venez avec nous ! Et voilà, c'est parti pour le festival, allez attendons lundi pour rejoindre Hiva Oa et faisons la fête ici avec eux ! 
Par contre je me gratte les cheveux car j'ai été averti que le Taporo, cargo desservant l'île passe par Oa Pou et nécessite beaucoup de place et en plus il y a d'énormes travaux de réfection des quais ! Bon espérons que la houle va se calmer et que je vais pouvoir reculer Frankiz de 50 mètre dans des fonds de 2.50m en mettant une ancre par l'arrière.
Voilà tout cela pour vous dire que : LES MARQUISES SE MERITENT que se soit par l'est ou par l'est.

Alain

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