CROATIE partie 1 mai-juin 2017
CROATIE partie 1
IDEMO dans la baie de Lumbarda
Préambule
80 semaines. Soit l’équivalent de 20 mois. Voilà le temps que j’ai passé en ex-Yougoslavie entre 1966 et 1987. En 66 mon père avait monté sa belle Mercedes sur un petit bateau de pêche avec 2 planches en bois…pour traverser vers l’île de Brac depuis Split. Jusqu’en 82, nous louions une charmante petite maison à Supetar, le chef-lieu, au bord de la mer. Lorsque les nudistes et les touristes sont devenus trop nombreux, nous avons migré vers le village de Splitska, toujours sur l’île de Brac, dans une jolie maison toujours au bord de l’eau. En ex-Yougoslavie, j’ai connu mes premiers amours et à force, j’ai réussi à baragouiner plus ou moins convenablement le serbo-croate. Deux de nos bateaux ont porté un nom yougo : l’ETAP 23 s’appelait « SUPETAR » et notre voilier actuel le SUNBEAM 42 « IDEMO ».
Sabine a découvert en ma compagnie ce formidable pays en 82, 86 et 87.
IDEMO ayant hiverné au sud de l’Adriatique, il nous a semblé intéressant de remonter cette mer imprévisible afin de réaliser un pèlerinage vers l’île de Brac pour « boucler la boucle ».
D'autant plus que j'y avais déjà songé à la fin de notre TOUR DU MONDE www.lagrandeparenthese.com/
Et ce, malgré toutes les mises en gardes et les infos négatives reçues par d’autres amis navigateurs concernant la Croatie.
Mais bon, on se disait même que si cela nous plaisait, on pourrait y passer plus de temps et remonter jusqu’à Venise.
Voici le récit de ce qu’il est advenu et ce que nous avons ressenti.
Nous avons fait notre entrée en Croatie à Cavtat le 23 mai. Cavtat est une ville de vacances jolie et donc très touristique. Il y a tellement de parasols aux nombreuses terrasses que l’on a du mal à distinguer les maisons. La Croatie faisant partie de l’Europe mais pas de l’espace Schengen, il est nécessaire d’effectuer des formalités d’entrée. Police portuaire, douane et capitainerie. Accueil mitigé.
Ils veulent voir nos passeports mais ne les tamponnent pas. Pour 3 mois, le droit de navigation et les taxes diverses s’élèvent à 1.500 kunas soit +- 210 euros. Ca commence bien !
Nous quittons immédiatement cet endroit trop touristique pour nous et arrivons à la fameuse ville de Dubrovnik où il est totalement impossible de se rendre en voilier. Notre ami « SHERPA » qui nous précède est déjà ancré puis amarré au fond de la rivière Dubrovnicka. C’est normalement interdit mais le plan semble bon sauf que les profondeurs sont très faibles. Sherpa est un dériveur avec 1,00 m de tirant d’eau et il me fait savoir qu’il y a des patches de 1,60 m. Idemo est un quillard avec 2,00 m de tirant d’eau et lorsque nous passons devant la marina, un des employés nous dit qu’il est impossible de continuer. Nous y allons quand même mais décidément on se fait un peu peur et nous retournons en marche arrière jusqu’à hauteur de la marina. A tout hasard, je lui demande le prix d’une nuitée. Il me répond 120 euros. Je lui dis « ti si lud » c-à-d tu es fou !
Bon, la soirée arrive et il va falloir nous trouver un mouillage. Nous essayons au yacht-club de Gruz où notre présence n’est manifestement pas désirée. Finalement, nous trouvons une baie à quelques miles au nord de Dubrovnik où nous mouillons notre ancre.
baie de Zaton
Ami navigateur :
Il faut savoir que la politique globale envers les bateaux de plaisance en Croatie, et ils l’écrivent « noir sur blanc », est la suivante :
Il faut faire du FRIC !
Il y a de nombreuses marinas. Comptez entre 80 et 120 euros la nuit pour un bateau de 12-13 mètres. Il y a des quais publics avec pendilles, comptez entre 60 et 80 euros. Dans les belles baies et dans les endroits fréquentés, ils ont placé d’innombrables bouées sur corps-morts. Comptez entre 20 et 30 euros sans aucun service. Il y a même des zones où il faut payer pour utiliser sa propre ancre !!!
Que reste-t-il alors pour des bateaux de voyage qui utilisent leur ancre et veulent faire du mouillage forain ?
Des endroits paumés et/ou mal abrités.
On pourrait évidemment croire que cette politique va faire baisser le nombre de voiliers croisant dans les eaux croates. Pas du tout, car il faut savoir que sur 10 voiliers rencontrés en Croatie, 9 (neuf) sont des charters avec 6, 8 ou 10 personnes à bord et qui sont là pour une semaine ou maximum deux. Donc, pour eux, cela n’est pas un problème.
Par contre, pour nous qui vivons 6 mois par an sur l’eau, c’en est un et un gros.
Finalement, nous restons 4 jours dans la baie de Zaton, ancré avec une amarre à terre sur un ponton privé. On nous laisse tranquille. L’arrêt du bus pour la gare routière de Dubrovnik est à 50m. De là, il nous faut prendre un autre bus qui nous conduit à la vieille ville.
Dans la vie, tout est question de relativité. La phrase n’est pas mienne mais je la confirme. Nous pensions qu’il y avait beaucoup de touristes à Corfou…c’était sans connaître Dubrovnik ! Enfin moi je la connaissais, je l’avais visitée en 1979…
Donc, résumons, la « perle de l’Adriatique » vaut effectivement le déplacement. L’ancienne Raguse est considéré comme l’un des joyaux du patrimoine architectural mondial. Perchée sur un rocher et ceinturée par de hauts remparts, la ville fortifiée mérite, avec ses ruelles étroites, ses nombreux monuments historiques, ses musées plus d’une journée de visite. De toute manière, cela s’impose car le flot incroyable de touristes est difficile à supporter en une fois. De ces deux jours de visite, nous retiendrons particulièrement le tour des remparts (1H30) avec des vues superbes, le monastère des Franciscains et le musée ethnographique Rupe avec la vie d’autrefois et les costumes traditionnels.
fontaine d'Onofrio
monastère des Franciscains
musée ethnographique
Nous continuons notre remontée de l’Adriatique et jetons la pioche dans la baie de Slano.
Ami navigateur :
Toutes sortes de vents sévissent en Adriatique mais les deux plus redoutés sont la BORA (un vent frais de Nord-Est qui descend des montagnes en rafales atteignant parfois la force de la tempête et le YUGO(sirocco), un vent fort du Sud qui amène du mauvais temps. Le régime normal, le régime de beau temps, est le MAESTRO, un vent de Nord-Ouest léger qui peut devenir modéré l’après-midi. En général, en soirée, le vent tombe tout à fait.
Tout cela pour dire que la baie de Slano qui est bien abritée est, malgré tout, un accélérateur de Bora…Il y a une marina, chère bien sûre, où nous réussissons à faire la lessive, à prendre une douche à l’œil sans rien débourser hormis les jetons de machine à laver. On n’a pas osé aller jusqu’à profiter de la piscine…
le parc naturel avec la baie de Polace
et le monastère bénédictin Sv.Marija
avec l'équipage de "Sherpa"
Nous retrouvons « Sherpa » sur l’île de Mljet ( à prononcer avec un chewing-gum en bouche) dont une bonne partie est classée parc naturel. Le merveilleux mouillage de Polace est immense et en cette fin mai il n’y a pas encore trop de monde. Dans le prix du ticket d’entrée au parc est compris un trajet en bus et puis en barque jusqu’au monastère et aux lacs. Très bien. Petit resto à midi où nous faisons découvrir à nos amis JP, Bernard et Michèle une des spécialités yougo, le « cevapcici » . Des boulettes de viande pimentées servies avec du « ajvar », une purée de poivrons, des oignons roses crus et des frites. Autre spécialité, le « rajnici », des brochettes de viande grillées au feu de bois…
Et évidemment, les poissons qui semblent plus nombreux qu’en Grèce.
Sherpa s’en va vers l’île de Korcula, nous restons. Nous sommes tellement bien avec nos amarres à terre dans ce décor merveilleux qui sent la pinède à des kilomètres. On en prend un grand « snif ».
Par mail, JP nous apprend qu’il existe une baie à côté de la belle ville fortifiée de Korcula, une autre perle architecturale de l’Adriatique. Evidemment très prisée. Nous ancrons à 17H00. A 19H00 s’en vient un gros dinghy piloté par un officiel en costume qui accoste les 2 autres bateaux à l’ancre. Je vois les proprios descendre chercher de l’argent. Lorsqu’il vient chez nous, il me demande 25 euros. Je lui dis que je suis sur ma propre ancre et que je ne compte pas payer. Comme je baragouine le croate, il me fait un prix à 20 euros. Je lui dis non, que c’est une question de principe et aussi « ti si lud » ce qui veut dire tu es fou. Il ne nous reste plus qu’à dégager à la nuit tombante et à trouver un abri pour la nuit. Je suis très, très énervé et mon cœur n’aime pas ça.
La mer, dernier espace de liberté…mon œil !
Je maudis le gouvernement croate.
Cette déconvenue, qui peut paraître anodine mais qui s’ajoute aux autres, signe en fait le début de la fin.
vues de Korcula
Mais la baie de Lumbarda est vraiment sympa même si nous devons prendre le bus pour visiter la ville de Korcula, une représentation miniature de Dubrovnik.
Fortifications, beaux édifices, chapelles et surtout la cathédrale St-Marc (Sveti Marko) avec sa rosace, sa frise sculptée par Mario Andrijic, l’un des meilleurs tailleurs de pierre du 15 ème siècle. Le portail central s’encadre de 2 lions soutenus par Adam et Eve.
Voici un exemple de l’avidité du gain envers les touristes. Pour entrer dans l’édifice = 20 kunas. Pour s’asseoir dans la nef = 20 kunas. Pour monter dans la tour de l’horloge = 25 kunas.
Pour parler dans la cathédrale = 15 kunas. Bon, là pour la dernière, c’est vrai, j’invente.
A quelques miles vers le nord, nous allons avoir une belle surprise. Nous mouillons dans une anse qui ressemble à un lagon polynésien, Uvala Kneza. Il y a une petite île. Sur l’île, il y a une petite maison. Dans la petite maison, il y a Miro, son fils, sa belle fille et son petit bébé.
Nous sympathisons. Miro m’entraîne avec sa barque jusqu’au konoba (restaurant taverne) local où il me présente à tout le monde. Petit vin blanc et conversations. Enfin, la Yougoslavie que j’ai connue.
Le soir, nous partageons le repas avec un très bon vin, comme le sont la plupart des vins croates. A côté du très convenable Plavac, il faut essayer le Dingac et le Postup, des grands crus. Nous quittons cet endroit magique au bout de 2 jours en nous promettant d’y revenir.
Uvala Kneza et IDEMO mouillé devant la maison de Miro
Miro et sa petite famille
Escale suivante : l’île de Skedro. Mouillage à la turque (amarres aux arbres ou aux rochers). Déjà beaucoup de charters.
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Paco
8 July 2017 - 9:37am
Bonjour ,comme nous, ou nous
René VB
8 July 2017 - 7:12pm
Croatie
Borêval
10 July 2017 - 8:54pm
Remarques