La Martinique – les Grenadines

21 décembre 2012 : Mélanie (Mel) est arrivée ce matin. A peine a-t-elle posé son sac à bord que nous larguons les amarres pour Sainte-Lucie, l’île située au sud de la Martinique. Quatre heures de navigation au portant paisible pour les Atlanticos aguerris, un peu plus délicates pour les minettes. Cependant, les sourires reviennent vite quand approche le mouillage de Rodney Bay à l’abri du vent et de la houle. La grande plage et la marina cachée derrière la bande littorale accueille les derniers arrivants de l’ARC. A terre, l’ambiance est très british et manque un peu d’authenticité. Yan et moi, recherchons  vainement un moteur HB. Il nous faudrait 3 ou 4 jours d’escale, alors on préfère ramer… Après une nuit aux sons des rasta parties sauvages sur la plage face à notre mouillage, nous faisons route vers les Grenadines, pleines de promesse. 

Lors de la pause dînatoire et baignades à Soufrière Bay, nous ramassons des noix de coco et achetons les derniers fruits et légumes, qui seront introuvables dans 24 heures. On mange donc tranquillement avant d’attaquer une nuit de navigation. Gitana, un des voiliers du Baron de Rotschild, fait de même. Nous naviguons donc toute la nuit afin d éviter Saint Vincent et sa déplorable réputation. A 6h30, nous arrivons à Béquia pour les formalités d’entrée (clearance) et pour changer quelques dollars Caraïbes (EC dollars). Nous ne passerons pas la nuit ici, le mouillage est bondé. On se demande pourquoi, alors qu’à quelques miles de là, des endroits de rêve nous sont promis.

En fin d’après-midi (le23 décembre au soir), nous rentrons dans la minuscule anse de Salt Whistle Bay sur l’ïle de Mayreau (anse carte postale). On fait connaissance avec Freddy, notre « boy boat » de Noël qui arrangera un réveillon « pays » : restaurant clandestin sur la plage, sous une vieille voile déchirée entre des barques de pêcheurs colorées, tréteaux et bois flottés, BBQ et glacières, langoustes au menu et bananes plantin.

Nous finissons la soirée dans un bar de plage entourés d’une dizaine de Bob Marley de tous âges, au son de Madonna et de ce cher Bob, bien entendu !!

Le lendemain, c’est surf et baignades entre les grains, il pleut presque toute la journée de Noël … Mais le moral reste au beau fixe, car une chose est certaine, cela ne durera pas. Le 24, en guise de cadeau de Noêl et en dignes naïades des Caraïbes, les filles (Louise et Jeanne) ont opté pour une coiffure de tresses africaines!! Elles adorent, leur père moins… Il les trouve un peu poulpe! Mel et Isa les trouvent trop belles.

Le lendemain, c’est au tour des Tobago Cays de recevoir notre pioche, point culminant de cette croisière dans les Grenadines. Il y a autant de tortues que de bateaux au mouillage. Et ici, il y a pas mal de bateaux. Les raies manta, elles, se font désirées. Les Tobago Cays, c’est aussi le pays de cocagne de la boulangerie : non pas que sur les atolls coralliens, on y cultive un blé exceptionnel, mais parce qu’il y coule à flot pour le boulanger français qui y vend son pain. La baguette est à 5€ et le 4/4 à la banane à 12€. D’où nous sommes encrés, nous voyons presque toutes les îles des Grenadines, 3 semaines de sauts de puces et même pas le temps d’être malade entre 2 mouillages. Le Paradis de la voile !

27 décembre : nous voici à Union, à Chatham Bay. Des sommets recouverts de forêts luxuriantes nous entourent. Au pied de la végétation, sur un fin cordon de sable, 4 lolos typiques se disputent les quelques marins de passage. Dans l’eau cristalline, des tortues broutent l’herbier marin. Tandis qu’au dessus, des pélicans et des frégates ses disputent leur pitance. Nous sommes quasiment seuls et décidons que c’est d’ici que nous lancerons notre expédition tomates et beurre salé. Rendez-vous est pris pour le lendemain matin à 10 heures avec un taxi. Il nous faudra gravir un col à pied au sommet duquel il nous attendra, car notre plage paradisiaque n’est accessible que par la mer ou par le sentier des chèvres. 

Le 28, Isa, Yan, Mel, Marin et Jeanne se lancent à la rame, à pied et en taxi vers Clifton, capitale de cette île de 7 km² avec  200 habitants , au relief accidenté et élevé, verdoyante et cultivée et où l’on espère trouver une épicerie. Ce sera chose faite le front de mer regorge de boutiques, bars et supermarchés en tous genres. Rencontre dans une boutique avec des français installés à Union depuis 1979. A l’arrivée à Clifton, nous nous sommes pris le bec avec notre chauffeur de taxi, qui avait vu en nous de riches résidents US et nous demandaient la modique somme de 120 EC dollars (40€) pour 20 min de trajet AR. Yan en baroudeur averti, nous a vite dégoté un nouveau taxi pour la moitié du prix ! Bien nous en a pris car au retour nous avons fait la connaissance de Tony, restaurateur de la plage de Chatham Bay. Nous l’avons aidé à transporter les victuailles pour son restaurant  par le sentier des chèvres et 15 min plus tard, nous faisions partis de sa famille. Rendez-vous est pris pour l’happy hour vers 17h. Rencontre avec le vrai Boss du resto : King, qui nous a raconté l’histoire de son île : indépendance de Union  le 27 octobre 1979, sa vision du devenir des Grenadines,... Un moment fort, une parenthèse de partage et de grandes accolades avant de se séparer.

Le 29 décembre, nous quittons Union pour Carriacou, où nous faisons escale à Tyrell Bay pour les fêtes et anniversaires.