DIMANCHE 8 JUIN

Nous entrevoyons une accalmie entre les nuages et le vent frais qui ne cesse de balayer les cimes des collines avoisinantes, de courte durée d'ailleurs car la météo confirme nos craintes: nous n'en avons pas encore fini avec cette dépression... qu'importe ! Patrick pêche sur le ponton (sans succès d'ailleurs...) et j'en profite pour faire un peu de couture sur le pont...

Un dimanche banal si ce n'est le panorama, sympa quand même ??

LUNDI 9 JUIN

Robinson sortit un vieux bocal de l'armoire et tendit un billet de 5 euros à Patrick... Je vous l'avais dit, un vrai personnage de roman notre hôte de Pobra do Caraminal ! A l'heure d'internet on se dit que le temps passe au ralenti dans quelques endroits du monde...  Pas désagréable d'y retourner de temps en temps pour remettre les priorités en place et d'autant plus que ce marin  était très serviable et disponible.

Nous enfilons par précaution nos vestes et pantalons de ciré, par habitude ou plutôt par instinct, et mettons le cap vers la baie de Vigo distante de 30 miles...

Notre attention est attirée par une myriade de barques avec à leur bord des hommes tirant de grands manches de dragues à coquillages

Les couleurs de la ria sont éblouissantes et nous admirons la beauté et la violence des flots qui inlassablement battent les rochers isolés.

Un nombre impressionnant de « viveros », viviers sur bouées où sont élevées les moules, tapissent chaque recoin de la ria. Le balai incessant des bateaux de ces travailleurs de la mer nous accompagne jusqu'à l'île d'Ons qui surgit sombre sous la menace d'un grain qui arrive en notre direction

Rappelez-vous notre réflexe d'endosser nos tenues de cirés !! Instinct et expérience du marin vaut mieux que grand discours...

Du jamais vu même au large des côtes bretonnes ! Trois grains fondent tour à tour sur nous avec une telle rapidité et une telle quantité d'eau que la mer en devient blanche d'éclaboussures et que le ciel noircit comme en fin de journée...

Heureusement nous avions pris un ris dans la grand voile et enroulé le génois bien avant cet épisode... La visibilité entre le littoral et l'île est quasi nulle et le passage balisé est difficilement perceptible,

sauf sur notre tablette Ipad et sa coque waterproof (merci les garçons !)

Le ciel bleu revient après une heure de tourmente, la vision enchanteresse des côtes et de l'île d'Ons réapparaît, nous sortons d'une autre dimension... c'est aussi cela la mer !!

Notre navigation de ce jour nous transporte dans la baie de Vigo sous un soleil de fin d'après-midi idyllique, les îles Cies à nôtre tribord, plages de sable doré et collines accueillant des colonies d'oiseaux protégés dans un parc naturel, à notre bâbord le littoral bordant Vigo,  la première ville de Galice.

Les petits bateaux de pêche prennent la mer vers le large et débordent les roches de Las Serralleiras comme nous ne faisons aussi  non sans avoir été impressionnés par la houle écumant sur les roches.

L'ensenada de Baiona surplombée par ses fortifications nous accueille.

21 H au port, apéritif à l'heure espagnole ...

MARDI 10 JUIN

Séchage et nettoyage au programme ce matin. La journée s'annonce ensoleillée, heureusement car après la journée apocalyptique d'hier nous avions besoin de chaleur …

La visite touristique s'impose car c'est dans ce port qu'un des lieutenants de Christophe Colomb annonça la découverte du nouveau monde et la réplique d'une de ses caravelles, la Pinta, est amarrée dans le port. Rien à voir avec notre frégate de l'Hermione qui a si fière allure et que des marins du Crouesty, membre de l'association qui l'a fait naître et rencontrés à Viana ont déjà visité à plusieurs reprises !

La balade sur les remparts crénelés de la Forteleza de Monterreal avec vue sur la baie et l'archipel des îles Cies est tout simplement... MAGNIFIQUE !!

Il y a des moments où l'on ressent une émotion liée à la beauté du paysage qu'on ne se lasse pas d'admirer , le panorama que nous a offert cette balade en était un...

Fin de soirée, nous ne sommes plus seuls  sur le ponton de la marina car « Lady Joséphine » et Jacky, son skipper, nous y ont rejoint.

 Descendant vers Porto notre voisin de ponton à la Rochelle a fait halte à Baiona et nous naviguerons ensemble jusqu'à Povoa. Beaucoup de choses à se raconter de nos traversées du Golfe et des premières étapes autour d'un bon verre , chose faite le soir même.

L'éclairage de fin de journée sur la baie de Vigo et les ombres des îles Cies est un spectacle dont on ne se lasse jamais...

MERCREDI 11 JUIN

Départ en fin de matinée sur une mer d'huile sans grand vent, la journée s'annonce au moteur...

Nous avons troqué définitivement notre tenue BC-BD (botte-Ciré et bonnet-doudoune) pour le short et tee-shirt, avec un plaisir réel d'autant plus qu'aujourd'hui nous fêtons la date de notre premier mois de navigation !

Le vent s'est levé en début d'après-midi avec une houle légère qui nous a porté en quelques heures de douce navigation ...

... et de louvoiements entre les casiers innombrables le long des côtes du Portugal.

Viana do Castelo nous accueille après une petite remontée du Rio Lima et une brise de fin de journée tonique,

Nous découvrons la vieille ville avec ses ruelles et ses faïences bleues sur les frontons de maisons; l'ambiance est à la fête qui se prépare pour les quatre jours à venir, des banderoles aux couleurs chatoyantes s'élancent d'une maison à l'autre, les stands et boutiques se décorent de bouquets d'immortelles tressées à des lianes de raphia couleur paille, un charmant garçon de café où nous nous attablons nous explique dans un français académique que ce sera la fête jusque tard dans la nuit...

L'accueil au Portugal est plaisant, le premier contact au port est sympathique même si le rapport entre le service offert et le prix payé nous questionne: amarré sur un ponton d'accueil loin des sanitaires et du wifi  nous nous acquittons d'une taxe équivalente à une place de port !

La température au bord de l'eau est agréablement douce, c'est l'étale et le vent est tombé avec la fin du jour. Nos deux voiliers sont amarrés solidement car le courant est fort entre flux et reflux...

JEUDI 12 JUIN

Nous avons repris la mer vers 11h, précisément 10h heure locale (moins une heure) afin de profiter de la marée descendante. Une plage de sable fin défile sans interruption deViana à Povoa de Varzim et ce n'est que qu'une succession de station balnéaire avec des grands immeubles en bord de plage... Vous avez dit réchauffement climatique ?

Une rencontre étrange en pleine mer ! Une éolienne géante posée sur des installations pétrolières désaffectées

Et sa balise (cage à poules).

Nous faisons la connaissance du fameux port que nos marins de La Rochelle affectionnent tant et dont ils louent les qualités. Une de ses premières qualités est de nous permettre de retrouver « Blue wave «  et son skipper Joël qui revient tout juste d'une traversée de cinq jours depuis Madère. Nous avions très peu de chance de croiser sa route car les aléas météo de chacun laisser penser que nous aurions des routes différentes: la marina va retentir pendant quelques jours des conversations animées et conviviales des marins rochelais en escale...

VENDREDI 13 JUIN

Audilien III est transformé en bateau-lavoir !!

Eh oui nous sommes confrontés aussi aux contraintes de la vie quotidienne et aux soucis ménagers !

Les marins ne font pas que naviguer, ils font aussi la lessive … quand le port permet de trouver une machine à laver disponible, ce qui est le cas à Povoa.

Ravitaillement et remise au propre du bateau et... des marins !! Sortie en ville entre hommes pour voir un match de la Coupe du Monde de football sur grand écran et commentaire en portugais... Ambiance encore fraîche le soir sur la place du Casino, les aficionados préfèrent être confinés dans un de leurs innombrables bar décorés de drapeaux du Portugal …

SAMEDI 14 JUIN

Nous partons pour la ville … de Porto.

Une heure de métro sympa et pas cher et nous voilà propulser dans la chaleur et le bruit , les semaines en plein air et dans des espaces sonores plus doux nous ont fait perdre cette habitude !

Nous déambulons au cœur du vieux Porto et le long des rives du Douro comme d'ailleurs de nombreux touristes, en admiration devant les bâtiments et les azulejos qui décorent les maisons et édifices.

Le marché si typique grouille d'une vie qu'animent les petits étals multicolores et odorants

 Le délabrement et la vétusté des vieilles maisons ne font qu'accentuer l'idée que ce patrimoine, inscrit au registre universel par l'ONU, doit subsister pour que les générations à venir puissent découvrir l'histoire, l’ingéniosité des hommes face à des rives inhospitalières et son adaptation à des conditions de vie précaire et insalubre. Le tout donnant à ce site une beauté en dehors du temps et de l'espace...

L'équipage d'AUDILIEN III

A bientôt