Difficile de raconter une transat, tous les jours sont identiques, le vent ne change pas, la température non plus. Le soleil se lève et se couche de plus en plus tard (3 heures de décalage). Les repas variés du début font suite à la monotonie et on finit par manger ce qui reste. On rêve de steack de banana-split de gâteaux au chocolat de bière... Heureusement sont rentrées clandestinement les bouteilles des copains: Bordeaux, Côtes du Rhône, Cognac et Rhum. Autant appréciées, qu'elles sont rares... les Sudistes font les crêpes, les bretons mangent les olives. Au bout de 3 jours, Rémy est toujours nauséeux, ses envies de fraises et sa susceptibilité nous font craindre le pire. Mais le 4 ème jour, tout revient dans l'ordre. Marin et Benj ont aussi repris des couleurs. Mais il n'y a guère que Yan et moi pour supporter la corvée de cuisine. Les 3 autres compères se relaient d'abord sur la cuvette des toilettes puis sur la plage arrière du bateau pour la vaisselle. l'éolienne et l'alternateur d'arbre d'hélice tournent à bloc, les 1/4 de barres se transforment en 1/4 de lecture (Tolstoï, Zola, Balzac, Baudelaire, Salinger, mais aussi le Monde de Narnia et Harry Potter s'invitent à bord). Au fur et à mesure que la confiance en nos batteries revient, la musique et la lumière réapparaissent à bord. Nous finirons même par remettre le frigo en route pour le plaisir d'y plonger les bras puisqu'il est resté vide. Côté cuisine, nous avons particulièrement apprécié les crêpes "made in Montpellier" au goûter, le confit de canard avec les lentilles vertes du Puy et compoté d'oigons rose de Roscoff, paëlla de poulpe ( en boîte le poulpe, les lasagnes de thon (du vrai), daurade coryphène crue au citron vert, curry de chair de crabe (en boîte), et thon au lait de coco, risotto, poissons frais et on en a un peu marre des salades de riz au thon à l'huile (sans légumes) et des pâtes sauce tomates au thon à l'huile aussi.

A Mindelo, avant de partir, nous avions chacun rempli une bouteille de 8 litres pour nous rincer à l'eau douce, après le savonage à l'eau de mer. Nous avons pris 4 douches en 2 semaines. Les 400 litres du réservoir avant ont servi à la vaisselle et à la cuisine, les 280 litres du réservoir arrière n'ont pas été utilisés. Le bateau est resté super propre... On s'était mis d'accord avant le départ sur le soin constant à apporter au rangement et à la propreté, n'ayant à bord ni mère, ni femme, ni copine, pour nettoyer les WC!!!! Nous nous sommes donc obligés à pisser assis. A l'arrivée, on aurait pu manger dans la douche/WC. Comme quoi, sans me vanter, un bon skipper, qui plus est excellent manager, peut faire faire n'importe quoi à une bande de parfaits gorets!!

Le vent a soufflé de 20 à 35 noeuds max, sous les grains toujours au portant. Notre mat de J24 à 75 euros, transformé en tangon, a été installé dès les première heures de navigation est est resté en place jusqu'en Martinique. Nous avons empanné 2 fois, une demi-heure de manoeuvre à chaque fois! Le tangon nous faisait presque gagné 1.5 noeuds et nous poussait entre 5.5 et 9 noeuds. Le spi assymétrique est en fait un spi symétrique lourd... Le vent étant trop fort, on l'a juste envoyé 2 fois pour la photo.

Puis tout à coup, la chaleur est arrivée, le soleil est devenu vraiment agressif, on a vu un fou (oiseau), puis un paille-en-queue (oiseau aussi) et des lueurs dans le ciel, à gauche La Barbade et Sainte Lucie, devant la Martinique. Toute la nuit, nous nous sommes approchés et au petit matin, on rentrait au soleil levant dans le cul de sac du Marin, c'était super beau. Pour finir la transat en beauté, le hasard a bien voulu que nous nous amarrions presque à couple de "Leïla" beaufort 18, avec lequel j'avais traversé en 1994/95.

 Yan, Rémi et Benj ont quitté le bateau, laissant un grand vide derrière eux. Pendant 24 heures, Marin et moi ont déprime au bar... Puis les filles sont arrivées... Une autre forme d'aventure commence...