Jose L
BALAN
Arrivé au port, le bateau des bretons rencontrés à Safi est à couple de deux autres bateaux juste à l?entrée. Ils me disent d?aller me mettre plus loin à cause du mauvais temps qui arrive et du ressac qui va pénétrer dans le port (dans ces conditions il est impossible de tenir à quatre). Je me mets donc à couple du bateau de sauvetage de la marine. Les deux autres bateaux sont un couple de portugais (qui a vendu son entreprise pour naviguer vers le Brésil) et un couple de français (artistes intermittents qui a acheté le voilier en vu d?y faire un spectacle aux Canaries) avec une fille de 9 mois accompagnés par un moniteur de voile. En sortant du port, je suis impressionné de voir plus de touristes que de marocains (on m?avais prévenu que c?était touristique, mais à ce point !) : en fait je suis tombé sur des bus touristiques qui avaient lâché les « fauves » ! Le port et la ville sont beaux, mais il y a beaucoup de touristes quand même (un de plus avec « moa » !!!!?.).On retrouve tous les objets artisanaux confectionnés à Safi, mais étrangement le prix est doublé (sans doute le coût du transport !!!). Le lendemain le vent commence à souffler, et les bateaux de pêche manoeuvrent dans le port comme si ils allaient bloquer l?entrée en se mettant à couple. Visiblement ils ont l?habitude du gros temps ! Le vent souffle à plus de 40 n?uds avec des rafales qui durent plusieurs minutes à plus de 60 n?uds. Le bateau est secoué par le ressac, mais je n?ai pas à me plaindre car je suis plus protégé que les trois autres voiliers à l?entrée que je vois secoués comme des pruneaux ! Le premier commençant à monter sur le ponton, nous sommes obligé de détacher le troisième qui va se mettre à couple d?un bateau de promenades touristiques derrière moi. Et le vent continue de souffler et de nous secouer alors que le ponton ondule sous l?effet du ressac. Nous sommes à la limite de la tempête et la météo annonce de la houle de 9m au large ! Petit à petit cela se calme au bout d?une semaine, et je décide de partir direction Graciosa aux Canaries en compagnie des couples portugais et français, les bretons restant là pour aller visiter Marrakech. La météo annonce force 5 /6 avec une houle de 2m. Les deux autres bateaux partent uniquement avec leur génois, alors que je suis obligé de mettre toute la toile pour essayer de les suivre. Au bout d?un moment je suis obligé de mettre deux ris, puis plus tard de baisser la grand voile, car le vent atteint force 6/7 et la houle 2,5m. Je n?arrive plus à les suivre, et reste donc en contact radio avec eux. Au cours de la nuit, une vague déferle dans le cockpit, me mouillant uniquement les pieds, car cette fois ci j?ai mis la porte. Le vent faiblit le lendemain force 4, avant de devenir quasi nul à la tombée de la nuit. Je finirais la traversée quasiment au moteur !!! Le deuxième jour au matin une quinzaine de dauphins me tiennent compagnie pendant un bon moment. C?est la première fois depuis le début du voyage que je les aperçois, alors que je pensais en voir bien avant ! Ils filent avec une agilité et une vitesse incroyable sous l?avant du bateau, et c?est un délice que de les regarder !!! Vers midi, d?autres viendront me tenir compagnie, puis d?autres encore à la tombée de la nuit !!! Ils me gâtent !!! L?océan est devenu lisse et l?eau bleu turquoise : quel changement en comparaison du départ? Je suis en vue des Canaries au bout de 3jours de navigation, et de loin on a l?impression de voir toutes les îles, alors qu?en m?approchant, ils ne s?agit que des cônes des volcans de Graciosa et des falaises de Lanzarote et des petites îles autour !!!! L?eau a pris 2 degrés et monte à 21°. L?arrivée est somptueuse, avec sur la gauche les hautes falaises de couleur rougeâtre puis vertes au loin de Lanzarote et sur la droite l?île désertique de Graciosa, surmontée par ses superbes cônes volcaniques ! Cette île est presque paradisiaque de par sa tranquillité (pas de routes et pratiquement pas de voitures !). Seulement deux petits villages de pêcheurs sur l?île, et le petit port de pêche est vraiment relaxant?L?idéal pour oublier le stress et se reposer ! Les habitants sont accueillants et ne souhaite pas par contre être envahis par les hordes de touristes qui troubleraient leur tranquillité ! Le site est d?ailleurs protégé et les habitations ne dépassent pas un étage. Souhaitons que çà dure !!!! Cependant durant les trois semaines que j?y passerait (on ne voit pas le temps passer !!!), il y aura pratiquement constamment le vent du nord qui soufflera. Aux Canaries il y a des zones soudaines et brutales d?accélération du vent très étendues (ou la vitesse du vent peut être supérieure jusqu?à 25 n?uds de sa vitesse initiale) qui sont dues aux reliefs et à la position des îles entre elles. Durant plusieurs jours il sera assez fort, notamment une nuit avec des rafales continuelles de 40 n?uds, où malgré que le bateau soit amarré de toutes parts, le vent le fera pencher de sorte que par le hublot intérieur je vois le dessous du ponton ! J?ai même dû au cours de la nuit emprunter deux gros pare battage au bateau voisin car les miens trop petits passaient par-dessus le ponton et j?étais obligé sans cesse de les remettre pour qu?ils protègent le bateau.. Mais cela n?est rien par rapport aux pontons brisés et aux bateaux démâtés vestiges de l?ouragan qui a eu lieu il y a deux mois aux Canaries. Du haut des volcans on a une vue panoramique des alentours, mais il est difficile de se tenir debout à cause du vent ! Départ pour l île de Gran Canaria au sud-est avec un arrêt prévu entre les îles de Lanzarote et Fuerteventura pour plonger. Malheureusement je ne pourrais faire cet arrêt à cause du vent et de la houle qui s?engouffrent entre les deux îles et qui interdisent donc tout mouillage. Traversée de deux jours qui se passe bien, malgré un petit orage en cours de nuit. Mais peu de vent et j?ai donc du mal à dormir ! En arrivant au large de Las Palmas, alors que je suis entouré d?un ciel bleu, l?île est surplombée par des nuages et je la distingue à peine. Mais ce qui attire mon regard, c?est plus au loin, des nuages avec un grand cône blanc qui les dépasse. Il s?agit du volcan El Teide sur l?île voisine de Tenerife qui culmine à plus de 3700m et dont la cime est encore enneigée. Arrivé à Las Palmas, il fait beau et pratiquement pas de vent ! En fait les nuages que je voyais sont accrochés à la cime des sommets, et il y avait une petite brume qui masque le paysage de loin. Le port est en ville et que de bruit (je n?avais plus l?habitude !) ! C?est le carnaval qui dure trois semaines, avec la fête pratiquement tous les soirs.Le défilé dans la ville des chars et troupes musicales et de danse style latino sud américain dure plus de 8 heures ! Cela ressemble énormément à ce que j?ai pu voir du carnaval de Rio? Ce qui est par contre extraordinaire, c?est que presque tous les spectateurs sont aussi costumés !!! Et il y a une ambiance superbe qui dure jusqu?au petit matin, avec des spectacles presque tous les soirs et de nombreux groupes sud américains. A la fin du carnaval, le manque d?ambiance rend soudain la ville plus morose. Le port est plein de bateaux étrangers, (alors qu?on m?avait dit qu?à cette époque il n?y avait presque personne) dont de nombreux français, qui soit attendent pour traverser, soit vont laisser leur bateau pour le faire l?année prochaine. Ils en profitent pour terminer les derniers travaux qu?ils n?ont pu faire avant le départ, et je fais de même ! Je voulais sortir mon bateau pour faire le carénage et de petites bricoles, mais c?est trop cher : d?ailleurs contrairement à ce que j?avais entendu, presque tout est cher ici pour les bateaux ! Nous sommes partis avec le moniteur de plongée dans un port un peu plus au sud, où se trouve une épave que nous n?avons pas trouvée à la première plongée depuis le bateau ! Nous avons donc pris l?annexe pour remonter depuis la digue, sans plus de résultats, et au retour le courant nous a fait dériver à l?intérieur du port dont nous avons eu du mal à sortir. Le long de la digue il y avait de beaux poissons de toutes les couleurs, quand soudain j?ai senti que je remontais : j?ai replongé, et cette fois j?ai senti ma jambe gauche tirée vers le haut très fort ! Je venais d?être pêché par deux pêcheurs 50 m plus loin qui quand ils ont vu leur prise étaient tout embêtés? Bonjour, je suis rentré en méditerrannée vers Marseille Suite du récit dans 3 semaines A bientot
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