Grand Tarajal (Fuerteventura)
Nous voilà en terre canarienne depuis maintenant presque 1 mois, mais avec depuis 2 jours, une étape très spéciale, celle de Fuerteventura.
Nous sommes arrachés de l'île de la Graciosa presque à regret et même la météo voulait nous y faire rester. La fenêtre était très étroite et nous nous y sommes engouffrés presque à contre coeur.
Et après une journée de nav et un p'tit mouillage comme je les adore, seuls devant la falaise, au sud de Lanzarote, les premiers paysages de Fuerteventura ont défilés comme les souvenirs devant mes yeux...
Après une arrivée musclée, non pas par la force du vent mais par une mer fort désagréable car ne sachant pas où elle voulait aller, nous avons retrouvé Christophe et Chantal arrivés quelques jours plus tôt.
La tradition reste immuable, présentation du port et de sa hiérarchie, signalisation des équipages français connus ou inconnus, indication des points stratégiques, le "ternet" point wi-fi gratuit, les codes piratés des wi-fi voisines, le bar sympa, les tapas les meilleures, le supermercado le plus grand et le moins cher, le coiffeur pour ces dames, tout ça plus quelques cancans très féminins (oups) et nous voilà devenus en 5 mns presque des régionaux de l'étape. Mais avant ces présentations pratiques, les présentations administratives sont à régler au plus tôt. Ici le capitaine étant absent, c'est le "vigilante" (prononcez virilanté) qui en a charge. De ma vie je n'avais vu un "bureau" plus petit. Très simple à calculer: la largeur de mes épaules que multiplie trois profondeurs de chaises, la chaise du milieu étant remplacée par un abattant charniérisé pour servir de table ! En règle générale, le fait de parler espagnol, alors que peu font l'effort, m'élève systématiquement au grade de traducteur du port, les vigilantes n'ayant qu'un anglais de type Noceto.
Donc formalités administratives, c'est fait. Passation de pouvoir pratique, c'est fait... alors … A... PERO !!!
La fière équipe va se reconstituer à nouveau puisque Christian et Evelyne sont attendus pour le lendemain. Et ils n'arrivent pas les mains vides puisque juste avant de rentrer au port Christian a sorti un thon de 35 Kg
(une paille...!!!...)
La découpe s'effectue à peine les amarres posées, et à la distribution le Gin Tonic coule à flot avant d'aller fêter l'événement au plat du jour d'à côté. Evelyne en guise de cadeau d'arrivée nous y gratifiera d'un streap tease mémorable puisque faisant rougir notre commandant qui a pourtant du en voir d'autre...
Progressivement la quotidienneté s'installe... Tit café au bar à Wi-Fi, la boulange, la ferreteria (droguerie, bricolage) la natation matinale, la bricole, la salade, la p'tite sieste avec lecture ou écriture, ballade visite ou champêtre, la mission (trouver le truc qui te manque et que tu sais que ça va être le challenge de la journée tellement que c'est impossible qu'ils l'aient dans z'un p'tit pueblo comme ça et que en fin de compte c'est ça qui te fait connaître les gens du cru tellement t'es obligé de demander à droite à gauche en décrivant le truc car tu connais pas le nom … et ça fait rire l’autochtone)
D'ailleurs j'ai fait connaissance de Grand Tarajal en discutant avec un papy qui lui aussi aller à la «ferreteria» tout en passant avec lui par la poissonnerie, par la boulange et autre commerce où il me présentait comme «el francese» (lire él fransséssé). Voilà comment on se fait un copain.
Impatient de retrouver les endroits familiers d'il y a 30 ans, après quelques ballades en bus, nous louons une voiture en passant par internet car le prix en passant par un voucher y est divisé par 2 ou par 3!!! (Mystère de notre civilisation moderne)
Et nous voilà partis sillonner l'île en essayant de ne pas laisser un cm de bitume que les roues de notre splendide 207 HDI n'ait foulé.
Puis vient la corvée de gaz, bouteilles françaises, bouteilles espagnoles , bouteilles canariennes, normes de recharges européennes, (encore un mystère de notre civilisation capitalistiquement moderne)
Suit ensuite la corvée des nourrices de gas-oil, le port gardant le sien pour ses pêcheurs.
Fuerteventura restera ce coup çi pour moi empreint de sentiments disparates. Les retrouvailles avec Inma et sa maman qui ont fait parti de ma vie canarienne en 1982 et que j'ai retrouvé avec le même cœur gros comme ça. Le p'tit village de Coralejo qui a été défiguré et est devenu une verrue germanotouristique tentaculaire. Notre plage secrète de Sotavento où il ont trouvé le moyen de foutre un germanotel d'où partent les blaireaux non plus en chameaux mais en troupeaux.
Phénomène amusant, dans tous les mouillages et les ports empruntés, nous sommes toujours arrivés le jour de la fête locale soit parce que les madériens et les canariens n'arrêtent pas de faire la fête soit parce que nous amenons avec nous la joie et la bonne humeur (prétentieux mais j'aime bien la deuxième hypothèse)
La lecture est elle aussi un paramètre important du voyage. La tradition du bateau voyage qui échange avec d'autres les livres déjà lus sans oublier de marquer sur la première page le nom du bateau la date de l'échange y rajoute un côté bouteille à la mer que j'aime bien... Imaginons nous quelques années plus tard retrouvant notre bouquin qui aurait parcouru quelques milliers de miles et serait passé dans des mains de quelques pôtes bateau... amusant, non ?
Les emmerdes techniques font elles aussi parties de la quotidienneté et du voyage:
Réparation du moteur de l'annexe, gicleur de ralentie bouché et coupe circuit coupant tout le temps, étanchéité du câblage électrique 220V du port, chauffe eau récalcitrant car quelque peu entartrisé, tuyau d'évacuation du chiotte (joli challenge aussi le tuyau de 38mm) à changé car emmerdisé... Et quand tu t'es emmerdé à en faire un, le lendemain c'est l'autre qui te rappelle à son bon souvenir!!! Brèfle toujours quelque chose à faire.
Je me souviens de la phrase de Didier constructeur amateur de son cata de 16m qui me disait «qu'il partirait que quand il n'aurait plus rien à faire car il ne voulait plus bricoler» (on peut le comprendre après 5ans de travaux forcés...) mais que le temps va lui paraître long sans son cruciforme et sa clef de treize !
Voilà en quelque sorte la journée type du nomade voileux voyageur...
Un régaaal (Nène dixit) que du plaisir pour repartir vers de nouvelles aventures...
_____________________________028 12.4444 N 014 01.5802 W_____Les Nomades_____
Vous devez vous identifier pour laisser un commentaire : cliquez ici pour vous connecter .