Les Canaries centrales

Les Canaries centrales

Posté par : Tanguy
12 Février 2014 à 17h
Dernière mise à jour 31 Décembre 2014 à 12h
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La Gomera, nouvelle île, nouveaux décors, nouvelles habitudes de navigation. Nous mouillons au pied d'une magnifique falaise, il n'y a que deux autres bateaux, et quelques personnes sur la plage. Le mouillage est rouleur, comme trop souvent dans les Canaries, et les rouleaux sur la plage nous interdisent de débarquer. C'est pourtant sans doute le seul mouillage praticable de l'île en ce moment... Nous ne restrerons pas longtemps. Ce sera suffisant cependant pour toucher un peu de la magie du lieu, d'une autre manière de vivre.


Le soir, les personnes entrevues à terre ne quittent pas la plage, mais se retirent dans des grottes laissées dans la falaise par des bulles de gaz, lorsque la lave a commencé à se solidifier. Un peu partout, des petites lumières naissent qui ne s'éteindront que tard dans la nuit. Il n'y a pas de route, à peine quelques sentiers, le village est loin et la distance décourage sans doute la majorité des candidats à la solitude. Sauf ceux-là, qui restent plusieurs jours à profiter de la vue extraordinaire et de la quiétude totale des lieux. Quant aux autres bateaux mouillés, vu leur persévérance à pêcher, ils ne doivent pas mettre souvent le nez dans un port...

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Nous quittons cet endroit à la fois inconfortable mais tellement enchanteur pour San Sebastian, la capitale de l'île. C'est là que Colomb s'est ravitaillé pour trois de ses voyages. La faute aux charmes de la Comtesse, paraît-il, jeune veuve qui, contrairement à son mari, avait tout juste échappé à un lynchage quelques années plus tôt. Une répression déterminée plus tard, et tout est rentré dans l'ordre, si l'on peut dire. Sauf le mari, bien sûr, et la petite histoire voudrait qu'elle ait offert un peu plus que le gîte au célèbre explorateur. San Sebastian a peu à offrir en termes de culture: quelques vielles pierres, un ou deux musées, et c'est à peu près tout. L'architecture sans âme des maisons est égayée par leurs couleurs vives, mais l'intérêt de la ville réside pour nous dans sa qualité de base de départ pour explorer l'île, et de port très abrité. On trouve un peu de tout, y compris quelques départs de randonnées, des voitures de location, et deux plages de sable noir anthracite, dont l'une est très abritée et permet aux enfants de jouer en toute sécurité.

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Nous louons donc une voiture, pour une petite journée d'exploration. On nous avait dit que la Gomera avait beaucoup de charme, nous n'avons pas été déçu! A nouveau, la côte nord est extrêmement fertile. Mais elle est cette fois constituée de profonds ravins, et de vallées escarpées au fond desquels poussent palmiers, bananiers, cannes, avocatiers et autres orangers. A nouveau, les vues coupent le souffle, et chaque tournant réserve son lot de surprises. A nouveau, le sud est plus aride avec des pentes, comme au nord, presque toutes aménagées en terrasses, mais ici, faute de jeunes pour reprendre des exploitations sans doute peu rentables, elles sont abandonnées aux figuiers de barbarie, aloes, agaves et yucas. Mais la plus grande surprise vient sans doute de la forêt humide qui couvre le sommet de l'île. Dernière forêt vierge d'Europe, paraît-il, classée au patrimoine de l'UNESCO, cette forêt de lauriers, plongée en permanence dans une brume épaisse, humide et froide, dénote totalement avec les paysages que nous avions vu jusque-là. Les arbres morts couverts de mousse, les écheveaux de lichen accrochés au branches, les essences endémiques dont certaines n'existent que sur La Gomera plongent le visiteur dans un monde inattendu et mystérieux, où tous les repères disparaissent les uns après les autres.

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L'île est circulaire, une infinité de vallées partent de son sommet, le brouillard cache le soleil, le vent tourne dans tous les sens. Il serait si facile de se perdre, n'étaient-ce les sentiers parfaitement balisés mis à la disposition du touriste ignorant et imprévoyant. Mais y en a-t-il vraiment sur la Gomera, des touristes comme ceux-là? Le petit aérodrome étant anecdotique, le seul vrai moyen de venir sur l'île reste le bateau. Trois quarts d'heure ou une heure selon la compagnie de ferries à partir de Tenerife, sans compter le temps de déplacement jusqu'au port de départ. Alors, on y vient en voyage organisé pour un jour en bus, sans prendre le temps de se promener, ou alors pour un vrai séjour, mais ce n'est plus par hasard...

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Un rendez-vous sur Tenerife nous obligera à quitter La Gomera plus tôt que prévu. Nous partons sous deux ris et trinquette, une configuration que nous adopterons maintenant systématiquement, vu la force du vent dans les zones d'accélérations. 35 nœuds de travers, 3 mètres de houle plus la mer du vent, le début de la traversée est inconfortable, mais on sait que ce n'est que pour une bonne heure, le temps de retrouver l'abri de Tenerife pour le reste du trajet. Sauf qu'évidemment, ce jour-là, le vent souffle sur tout le bras de mer, et se renforce même à l'approche de Los Cristianos, pour atteindre 45 noeuds (9 Beaufort, c'est beaucoup...). On arrive, pas grave. En fait, le bateau se comporte même franchement bien. Il n'y a pas de rafales, la houle diminue, alors une fois l'équilibre trouvé, ça se passe plutôt bien. On profite de l'abri d'un récif pour affaler, on constate qu'il n'est pas possible de se poser à Los Christianos ni dans les environs - et pour cause - reste à se rabattre sur la côte sud qui n'est pas bien loin, juste un cap à passer. Au portant sous trinquette seule, on déboule sur le cap, on lofe pour le tourner, et paf... pétole! Plus un souffle, plus un soupir, plus rien! On n'ose pas imaginer comment ceux qui font route inverse vont se faire cueillir par l'accélération... Il paraît que c'est ça, les Canaries, qu'il faut toujours être prêt à tout. La leçon est apprise, on gréera le troisième ris à la prochaine escale...

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Deux jours plus tard, direction Gran Canaria. Le groupe électrogène, qui nous joue des tours depuis bien trop longtemps, doit subir l'opération de la dernière chance. Navigation de travers, 30 nœuds, rien à signaler, on s'y est fait. Puerto de Mogan, la plus à l'ouest des stations de la “riviera”, nous ouvre ses portes et ses charmes. Nichée à l'embouchure d'un “barranco” – une vallée encaissée – cette station balnéaire construite dans les années 80 sur les bases d'un ancien port de pêche, artificielle, presque kitsch, a tout compte fait beaucoup mieux vieilli que bien d'autres. Les peintures sont fraîches, les bougainvilliers ombragent agréablement les ruelles, et le vieux quartier, à l'arrière, a gardé un certain charme.

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Terrible déception par contre, le groupe est déclaré en mort cérébrale: le moteur tourne, mais la génératrice ne donne plus de courant. Beaucoup de temps, d'argent et d'efforts pour le faire revenir à la vie après une dure navigation en mer du nord au cours de laquelle il avait bu de l'eau de mer, tout ça pour rien. Dur, dur. On avait hésité à le changer en juillet, c'est ce qu'on aurait dû faire, mais on ne pouvait pas savoir... Retour à La Gomera, pour digérer la nouvelle et prendre une décision. Re-pétole, re-30 noeuds, re-pétole, re-35 nœuds, et revoilà San Sebastian. Pour une plus longue escale, cette fois, la faute à un coup de vent qui nous amène sans doute plus de 50 nœuds à la sortie du port. Et puis, on y est bien à San Sebastian. Même si la marina est un trou à vent et qu'il fait souvent couvert l'après-midi, on y retrouve des équipages connus, on en découvre d'autres, les enfants jouent ensemble sur les pontons ou la plage, on fait des vraies randonnées sur les crêtes alentours, on apprend à faire du pain, on s'échange les cours des enfants, des cours d'espagnol, des photos, on parle assurances, projets, déboires et bonheurs, on y est bien. Une randonnée ventée et une autre humide plus tard, il est temps de reprendre la route de Tenerife, puis de Gran Canaria. On commence à connaître le chemin!

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Après un arrêt prolongé à Los Cristianos, une grosse station balnéaire avec une longue plage abritée et... bondée d'adeptes du bronzage intensif, direction Gran Canaria, et Las Palmas. Dur, dur: on a l'impression de revenir au point de départ, comme d'avoir fait un tour pour rien. C'est faux, bien sûr: on a découvert Tenerife et La Gomera. On a fait des belles rencontres. On a vu les parents d'Anne-Sophie. Mais ce retour à Las Palmas qui décidément a peu à offrir flanque un vrai coup au moral. Il faut bien, cependant: le nouveau groupe nous y attend... Drôle de navigation: vent de Nord-Ouest annoncé, fraîchissant en virant Nord, ça s'annonce plutôt bien, puisqu'on doit aller vers l'Est. Un petit vent de travers, le bateau va courir sur l'eau et la traversée sera confortable... sauf qu'évidemment on est dans les Canaries: Au lieu du Nord-Ouest, on a de l'Est! Autrement dit, nous voilà à faire du près, et à partir de plus en plus vers le sud, au fur et à mesure que le vent vire! On finit par virer de bord, se trouver tribord amure, exactement le contraire de ce qui était prévu!!! C'est ça, les Canaries. Le vent, au lieu de fraîchir, mollit et finit par mourir complètement. On terminera au moteur... Soizic, qui ne voulait pas naviguer le jour de son anniversaire, n'aura pas eu de chance: non seulement on a navigué, mais ce fut une des plus longues navigations qu'on ait faites au Canaries! Désolés... Consolation: des globicéphales, des dauphins en nombre et de drôles de bébêtes appelées "galères portugaises" ont un peu égayé la traversée...

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Quelques jours plus tard, la grosse opération commence, avec la sortie de l'ancien groupe, et l'installation du nouveau. Plus rien ne nous empêche maintenant de faire route vers le sud, puis l'ouest!

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vous êtes un bon groupe qui sait nous tenir au courant, merci !!

En esperant que ce soit le ddernier gros gros investissement je vous souhaite bonne route. bon anniversaire Soizic ... As-tu toujjours de jolies boucles dans tes beaux cheveux ? Tte Cecile

Tous ces beaux reportages m'intéressent beaucoup et je vous souhaite une bonne continuation de votre périple en espérant que toutes les pannes appartiennent dorénavant au passé ! Bon anniversaire à Soizic avec 6 jours de retard.

En esperant que ce soit le ddernier gros gros investissement je vous souhaite bonne route. bon anniversaire Soizic ... As-tu toujjours de jolies boucles dans tes beaux cheveux ? Tte Cecile

merci pour les nouvelles et souhaitons une bonne navigation vers le sud puis l'ouest. merci aussi aux enfants pour les commentaires en anglais, les petits amis de la Haye les liront certainement..

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