Rio de Janeiro et le Minas Gerais

Rio, nous y voilà. Le temps de bien ficeler les sacs avant de sortir de la gare routière grande lignes pour éviter de tenter le diable, de nous faufiler entre les rabatteurs de taxi qui tentent de nous vendre la course trois fois le prix, et nous voilà à Santa Theresa, un quartier de grandes maisons art déco à moitié en ruines et totalement couvertes de graffitis en tous genres.
On accède à la pousada (auberge) par un long escalier en marbre blanc qui se termine sur des carreaux de faïence à grandes fleurs. La vue sur le centre, par-dessus Lapa, le quartier en vogue de la ville, est stupéfiante. Le quartier est paraît-il en plein re-devenir: Beau quartier abandonné aux squatteurs pendant des décennies, il commence de toute évidence une nouvelle vie, grâce à nombre d'artistes en tous genres et une vie nocturne très branchée. Bref, pour tout qui a vingt ans, c'est là que ça se passe!
Rio regorge de lieux immanquables. Notre sélection nous amènera tout d'abord au Christ rédempteur, sur le Corcovado. A la montée en minibus ou en train à crémaillère (50% de réduction pour qui peut montrer un billet du train de la Jungfrau!), nous préférons l'effort d'une courte ascension pédestre. Nous prenons un bus pour le parc Lage, d'où part un sentier qui nous emmène au coeur de la forêt atlantique. La promenade est splendide. Des singes, des écureuils, des papillons bleu électrique, des fourmis coupe-feuilles disciplinées qui préfèrent emprunter un “fourmi-duc” - deux arbustes se rejoignant en formant une arche sous laquelle passent les promeneurs - histoire d'éviter la traversée du sentier, suicidaire. 700m de dénivelé que nous avalons en 1 heure 20.
Il fait chaud, on transpire, l'effort est soutenu mais supportable, et la récompense est au rendez-vous: la vue du sommet est indescriptible, et la horde de touristes arrivés en train ou en bus n'arrive pas à nous gâcher le plaisir. Pas de vent, il fait chaud, nous ne sommes pas pressés, nous attendons que la foule s'éclaircisse pour profiter pleinement du site et admirer ce paysage époustouflant auquel aucune photo ni carte postale ne peut rendre justice. Les contrastes sont saisissants. Vraiment, si haut par rapport à cette immense ville en contrebas au sein de laquelle s'agitent six millions d'âmes, on se sent plus près du ciel...
Du centre, nous ne visitons que la cathédrale, volcan moderniste de 100m de haut sur 100 de diamètre. Elle abrite un immense Christ qui plane, immobile, dans la lumière de 4 gigantesques vitraux. Malheureusement, le grondement continu de la circulation qui pénètre par les quatre immenses portes et d'innombrables ouvertures pratiquées dans les flancs est trop important pour rendre le moment vraiment agréable.
Nous faisons aussi une promenade à Copacabana, une plage de cassonade où la silouette de la Carioca du lundi midi a malheureusement bien souffert de la malbouffe. Les Brésiliens qui le peuvent mangent sans mesure, et mal. Quel changement avec le Cap Vert et la Gambie, où personne ne mange plus que nécessaire! A notre mesure, ici, on commande un plat pour deux, voire trois personne.
Avec le pain de sucre en arrière-plan, les photos des enfants tiennent de la carte postale.
Puis vient Ipanema, similaire et pourtant tellement différente. La garota chantée par Tom Jobim existe toujours, mais il faut bien la chercher...
Nous changeons de crèche. La première pousada est décentrée par rapport à nos centres d'intérêts, et surtout l'absence d'ascenseur nous oblige à des ascensions que le médecin consulté suite à une inflammation au pied de Soizic nous déconseille fortement. Nous décidons donc de nous rendre à Ipanema, nous pourrons plus facilement rejoindre la plage, même si ça nous éloigne du centre-ville. Ipanema, "vagues sauvages", porte bien son nom. On prend beaucoup de plaisir dans de gros rouleaux, mais il faut vraiment se montrer prudent en ce début de printemps.
Vingt-neuf. Ils sont vingt-neuf, alignés sur le trottoir, le nez rivé sur leur smartphone, comme quand chez nous on fait la file chez le boulanger le dimanche matin, le smartphone en moins: le dimanche, il ne chauffe pas de si bonne heure...
Ils attendent le bus. On entre par l'avant, on sort par l'arrière. Entre les deux, un tourniquet qu'un préposé actionne contre payement. Ici, pas de confettis, mais on croirait quand même voir le poinçonneur des Lilas. Resquilleur, passe ton chemin! Et un emploi en plus par bus. Au salaire minimum. 200 euros par mois.
Nous visitons aussi le jardin zoologique, malheureusement “à l'ancienne”, avec des cages nues en béton. Dommage qu'il s'en trouve toujours l'un ou l'autre pour taquiner les animaux enfermés... Sur le trajet, un passage devant le musée de l'artillerie réveille quelques souvenirs chez le capitaine! Le jardin botanique, quant à lui, est magnifique. Des plantes confinées à l'intérieur de nos appartements et maisons s'épanouissent ici en toute liberté, gigantesques.
Finalement, Rio n'est pas la cité de tous les dangers que l'on dit. Les voitures s'arrêtent aux feux rouges, les gens déambulent nonchalamment, s'adonnant au lèche-vitrine. Bien sûr, des mendiants exhibent leurs infirmités pour solliciter la générosité du passant, et bon nombre dorment dans la rue. Mais à aucun moment nous ne nous sommes sentis en insécurité. Les favelas et l'extrême pauvreté sont là, mais ces différents mondes sont très cloisonnés. Le reste de la ville s'apparente à n'importe quelle grande ville européenne. Seule l'omniprésence de la police militaire, en gilet pare-éclat et parfois la main au pétard, rappelle – ou suggère – que la violence pourrait trouver son chemin jusque dans les beaux quartiers.
Pour ne pas se limiter à la ville, mais aussi découvrir ses environs, nous partons pour Sao Joao del Rei, à sept heures de bus. Sauf qu'on le rate. Et qu'il faudra en changer. On aura trois heures de retard à l'arrivée.
Une fois regrimpé la route vers Pétropolis, nous partons vers la gauche, cette fois. Nous étions venus de droite. L'érosion est partout, qui lacère le sol de profonds sillons ocres, ou arrache des pans entiers de collines. Et les brûlis continuent...
Brésil, pays où les collines sont des visages glabres ou hirsutes, balafrés et couverts de termitières.
Tiens, le bus a deux classes. Ceux de devant reçoivent une couverture. Pas nous. Nous arrivons finalement vers minuit. C'est vendredi soir. La gare n'est pas trop loin de l'hôtel, on y va à pied. Sacs au dos, frigorifiés par un petit vent bien glacé, nous longeons une usine dont les métiers à tisser remplissent le quartier de leur rengaine lancinante. Le lendemain, nous gagnons la gare ferroviaire et son petit musée. Après la visite, nous embarquons pour faire le trajet jusque Tiradentes au rythme de la locomotive du XIX, le long duquel quelques prospecteurs cherchent encore de l'or.
Tiradentes doit son nom à un dissident de l'Inconfidência, révolte contre des impôts jugés trop élevés, arracheur de dents de son état. C'est une jolie petite ville, avec un cachet certain, mais figée dans son passé, à l'instar de certains villages provençaux. Quelques artistes semblent lui donner un peu de vie. Le reste est destiné aux touristes.
Chez moi, c'est près de ma Stella! Inbev, la mondialisation, et nous voilà entrain de boire une imitation brésilienne de Leffe, sur des chaises à l'effigie de la pils louvaniste. “Brassée selon le savoir-faire de moines Belges”. Pas mal. Bien mieux en tous cas que tout ce que le capitaine a pu découvrir jusqu'ici! Ah oui, il y a même un café “Delirium” à Ipanema!
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Anonyme (non vérifié)
21 Décembre 2014 - 12:00am
Merci pour les commentaires.
Anonyme (non vérifié)
22 Décembre 2014 - 12:00am
Bravo pour vos commentaires
Anonyme (non vérifié)
23 Décembre 2014 - 12:00am
C 'est toujours agréable de
Anonyme (non vérifié)
23 Décembre 2014 - 12:00am
Merci encore pour l'agreable
Anonyme (non vérifié)
24 Décembre 2014 - 12:00am
Bonne année aux découvreurs