Oui parce que finalement la devise parisienne s'accorde bien à la préparation d'un bateau. En effet ce n'est pas de tout repos malgré ce que vous pourriez penser sous le ciel bas et gris de notre belle capitale. Parce que si je jouis ici de quelques degrés supplémentaires il me faut à certains moments m'armer de patience et de persévérance pour éviter de sombrer dans les casses-tête des travaux. Alors résumons, je vous ai laissé en fin de semaine dernière, mon diagramme d'instrumentation fait et validé, un schéma électrique à peu près clair dans ma tête et depuis plus rien. Tout de même certains choses ont avancé, en particulier le régulateur d'allure a été installé. Ce n'est pas moi qui ai réalisé les travaux mais Eric, le canadien à qui je l'ai commandé. Je vous ai déjà parlé de cet objet qui est, pour moi, une preuve du génie humain. Mais j'avais été un peu avare d'explications renvoyant les passionnés au site du fabricant. Donc cette fois je ne me défile pas et photo à l'appui je vous explique comment ça marche.

Pour bien comprendre le concept il faut garder à l'esprit que tout est dans le nom de l'objet, si vous comprenez le nom vous comprenez le principe. Comme chacun sait un voilier avance grâce au vent, c'est donc le vent qui commande la marche d'un voilier, par sa force et sa direction. Plus le vent est fort plus on réduit la taille des voiles (on dit qu'on prend des ris). Selon la direction du vent et l'endroit où l'on veut aller on va régler les voiles d'une certaine manière. Le seul endroit où l'on ne peut aller c'est exactement là d'où vient le vent, cela paraît logique mais ça va mieux en le disant. Celui qui trouve un moyen d'avancer à la voile face au vent m'appelle (en ligne droite j'entends!!). La manière de régler les voiles revient à conserver un angle par rapport au vent. Mettons que le vent viennent de l'est (90° sur la rose des vents), si je veux aller au sud (180°) je vais faire du vent de travers puisque le vent viendra à la perpendiculaire du bateau. Si je veux aller à l'ouest (270°) je ferais du vent arrière puisque cette fois le vent viendra de l'arrière. Évidemment je ne peux pas aller à l'est en ligne droite, je suis obligé de louvoyer. L'angle que fait mon bateau par rapport au vent s'appelle l'allure. Maintenant vous comprenez pourquoi je vous ai parlé de tout ce baratin (ça a pas l'air comme ça, mais c'est construit cette explication qu'est-ce que vous croyez). Donc le régulateur d'allure comme son nom l'indique conserve l'allure, il maintient l'angle par rapport au vent constant. Il a donc besoin de savoir d'où vient le vent. Et qui donne ça ? Il y en a une sur tous les clochers de nos villages, en forme de coq... la girouette évidemment. On l'appelle l'aérien dans notre cas.

L'aérien c'est le petit truc blanc tout en haut!! La pale c'est le long truc blanc tout en bas... pas de mauvais jeu de mots...

Une fois le bateau sur son allure on règle la girouette dans le lit du vent. Cette girouette peut pivoter librement sur un axe, si bien que lorsque le bateau s'ecarte du vent, la girouette voit tout d'un coup un vent qui l'a fait pivoter sur son axe. Ok si vous êtes toujours en train de lire on vient de décrire la commande du régulateur, mais maintenant que l'on sait que le bateau est en train de changer d'allure, il faut le faire revenir dans le droit chemin. Et pour ça il faut agir sur la barre du bateau, avec une certaine force. Il faut de la puissance. Question où trouver cette puissance ? De quelle énergie dispose-t-on ? Celle du vent : pas assez importante pour tirer sur la barre du voilier, électrique : ben non sinon ce serait pas aussi génial comme ça, et puis c'est pas écologique;). Nucléaire ? Non j'ai pas ça à bord mais j'y travaille. Hydraulique ? Ah là ça devient intéressant, si on prend comme fluide l'eau. En fait on va se servir de la force hydrodynamique qui est suffisamment importante pour tirer sur une barre. Il y a donc une deuxième partie au régulateur, son organe de puissance, qui est une pale immergée dans l'eau, l'axe de cette pale est directement relié à celui de la girouette, lorsque la girouette est dans le lit du vent, la pale est dans le lit de l'eau la force de chaque côté de la pale est identique, rien ne se passe. Lorsque la girouette pivote sur son axe, la pale dans l'eau pivote aussi sur son axe. La pale est donc inclinée dans le lit de l'eau, elle a un intrados et un extrados, c'est-à-dire que cette fois l'eau va emmener la pale d'un certain côté (celui de l'extrados). La pale va ainsi pivoter perpendiculairement à son axe, c'est là qu'est la puissance. Ensuite pour actionner la barre il suffit de mettre en place des ficelles renvoyées sur un quadrant puis sur la barre au moyen de poulies et le tour est joué.

Le quadrant fixé sur l'axe de rotation de la pale

Enfin le système de drosse (ce sont les cordes) et de poulies reliées à la barre pour diriger le bateau!!

Tout ça pour dire, que ça y est Cody a l'équivalent d'un pilote automatique, mais mieux parce qu'il ne consomme pas une once d'un pouce d'un ampère : il utilise ce qui existe déjà et permet aux éléments de se parler. C'est juste génial.

Et maintenant what else ? Ce qui m'occupe cette semaine c'est l'électricité : installation des panneaux solaires (enfin un sur les deux parce qu'il me manque un cadre de fixation que je vais chercher vendredi prochain). Ce faisant j'ai plongé ma tête dans le fouillis de fil qui me tient lieu de tableau de contrôle et comme c'est pas archi claire j'ai entrepris de mettre les choses un peu au claire : plus de servitudes en prise directe sur les batteries, tout doit aller au tableau. Pour ceux que ça intéresse j'ai fait un schéma électrique cible du bateau il est dans dans la page schémas: ici. En plus mon circuit AC (alternative current) fait des siennes et veut pas marcher du coup j'essaie aussi de trouver le problème (un court jus sur l'une des broches de ma prise de pont pourrait être la raison, réponse demain après changement de la prise).

Demain est aussi prévu le démâtage, pour lequel j'ai longuement hésité, mais je vais écouter ma raison et faire un examen minutieux du mât et des haubans, voir les changer. Cela me permettra de changer les réas en tête de mât, de changer l'antenne VHF et le cable VHF et d'installer mon feu de navigation à LED.

Ensuite il restera l'installation des instruments de bord dont je prévois de passer la commande vendredi prochain, la liste étant déjà prête. Enfin je crois que je vais faire changer quelques boulons de quille mais sans déquiller histoire de m'acheter une tranquillité d'esprit. Et après tout ça (ce qui n'est pas une mince affaire) après avoir beaucoup sué et réfléchis je devrais être prêt à partir !!! Autant vous dire que j'ai hâte d'y être...  Je fluctue mais ne sombre pas!!!