La première vague des vacanciers métropolitains s'achèvent et je reviens à la torpeur d'une marina avec les joies de l'escale technique. Trois semaines depuis mon dernier post, trois semaines où, loin de Sotchi et de la place Maïdan je suis parti à la découverte de Karukera, l'île aux belles eaux en indien caraïbe. Les saintes, Marie-Galante, Basse-terre, le grand cul de sac marin. Pour la plupart ces noms rappellent les chansons de Laurent Voulzy et pour les plus chanceux travaillant pour la compagnie nationale ces noms se rangent derrière Ivry et pont de Rungis comme une extension de la banlieue d'Orly. Je faisais figure d'exception puisque je ne suis jamais venu en avion, et de l'avis de tous les guadeloupéens avait mauvaise réputation. Passée à la loupe du marin, cette idée reçue a du mal à tenir. Certes il plane un certain flegme dans les villages de pêcheurs mais si on va vers l'autochtone avec courtoisie, on a une bonne chance de pas terminer dans la marmite d'un indien caraïbe, grands cannibales devant l’Éternel aux dires des espagnols. Prenez ce vendeur de sorbet coco sur le marché Sainte-Rose. Visiblement descendant d'esclave africain comme 72% de la population (données wiki, merci wiki!!) il ne me tient pas du tout rigueur de ma visible ascendance métropolitaine, malgré un hale à faire pâlir 99% des métropolitaines (il faut dire que rien dans mon arbre généalogique ne m'apparente de près ou de loin au gouverneur Lacrosse... bon lui aussi faut aller chercher dans wiki: il a rétabli l'esclavage sur ordre de Napoléon en écrasant dans le sang la rébellion menée par son propre aide de camp Louis Delgres qui dira "vivre libre ou mourir" et se suicidera avec une poignée de fidèle... Forcément ça calme). Mais revenons à mon vendeur de sorbet, donc il ne s'est pas suicidé devant mon faciès caucasien, au contraire il m'a servi plus que copieusement de son sorbet exquis et m'en a donné les secrets dans les menus détails, recette, quantité, sorbetière, bref un autochtone très sympa. Je vous le recommande chaudement si vous venez à Sainte Rose, sur la place du marché.

Mais il faut que je sois honnête, mes contacts avec la population locale sont encore rarement allés au delà de la relation commerciale. Il faut dire que les dernières navigations ont été plutôt tournées vers la découverte des beautés aquatiques que vers une découverte sociale. Ceci étant je ne rechigne pas à nager avec les tortues ou plonger dans une réserve naturelle qui se révèle être un véritable aquarium tropical. Je vous épargnerais la monotonie d'une description façon guide du routard et ne peux que vous engager à venir découvrir par vous même. Encore quelques semaines à ce rythme et j'aurais ma carte à l'office du tourisme de Point-à-Pitre "Charter Jo vous emmène..."

bel exemple de bénitier...

 Mais qu'on le croit ou non une année sabbatique passe vite et je profite d'une annulation de réservation de dernière minute pour entreprendre encore quelques bricolages sur Cody. Car lui et moi on apprend à se connaitre de mieux en mieux et comme le mois de mai approche à grand pas et avec lui LA transate je m'assure que Cody est prêt à traverser les horses latitude, ces latitudes de calmes plats où les équipages en venaient à manger les chevaux du bord pour survivre. Au programme, carénage pour éviter de freiner le bateau avec la barbe qui pousse aussi bien sur le capitaine que sur son bateau, petite révision moteur, vérification du safran, installation de nouvelles poulies pour les écoutes de génois, vérification des voiles, et éventuellement changement des passe-coque. En ligne de mire, les Açores, ce qui était encore hier un simple archipel sur une carte perdue au milieu de l'Atlantique devient une route, un cap, des probabilités de vent sur les pilot charts, bref une réalité qui se dessine peu à peu où j'imagine déjà ce que pourrait être la vie à bord fort de mon expérience entre la Floride et les îles vierges.

Et sinon les photos ici