Maio est une petite île (20 x 7 km) à l'autre bout de l'archipel, réputée à la fois tranquille, peu peuplée, dunaire et peu montagneuse. La plage en face du bateau, qui fait office de port, résume bien à elle seule l'ambiance, avec des couleurs de rêve et deux petites paillotes.

Le village est également petit et tranquille. Les enfants jouent au foot en tongs dans la rue. Il y a très peu de commerces et de nombreuses maisons sont inachevées en dehors de quelques belles bâtisses. Pour acheter du pain, il faut se faire expliquer quelle est la maison qui fait office de boulangerie, et le comptoir se trouve au fond du salon. Le "restaurant" où nous avons mangé un excellent poulet grillé est la terrasse de la maison voisine où le barbecue tient compagnie aux chaises et à la table de la cuisine, sorties pour l'occasion.

Le lendemain nous avons trouvé un camion-benne qui faisait office de taxi, et qui nous a déposé dans un village à une dizaine de km. Nous avons fait le chemin retour en marchant-courant (comme d'habitude) pour découvrir les petits ports, villages, marais salants et dunes du bord de mer, c'était superbe. A mi-chemin nous nous sommes arrêtés au village de Calheta pour boire un verre dans un "café", en réalité terrasse d'une maison particulière où nous sommes devenus l'attraction, en essayant de nous faire comprendre (mais pourquoi rigolent-ils tous quand Bernard dit, en pointant l'index sur sa poitrine, "moi, cap'tain !") dans un endroit où l'on parle un créole portugais.

Puis il y a eu l'île de Santiago, avec Praia, la capitale, où l'escale était nécessaire pour faire un changement d'équipage entre Philippe (avec qui nous sommes arrivés jusqu'ici) et David (avec qui nous irons jusqu'à La Barbade). Mais nous n'avons pas trouvé la ville très sympa, et encore moins le mouillage, très venté, dans une eau trouble, au fond d'une anse ourlée de sable noir et en face d'un taudis de pêcheurs (au demeurant très accueillants). Donc pas de photo !

Le vent nous a poussés dès le lendemain quelques miles plus loin à Cidade Velha, où, si le mouillage était un peu plus technique (pas de carte de détail, récifs face au village, plage de gros galets basaltiques où déferlent les rouleaux de la houle), ...

... le petit port et le village n'en ont été que plus charmants.

Cidade Velha fut longtemps la capitale de l'île, notamment parce qu'elle est encore le siège de belles fortifications érigées pour résister aux attaques de pirates vers les XVII-XVIIIème siècles,

mais aussi parce qu'une source y coule, ce qui lui donne un air d'oasis au milieu d'un arrière pays particulièrement aride.

Nous avons beaucoup hésité à aller découvrir aussi l'île de Fogo dont la silhouette volcanique, au coucher du soleil, faisait frémir nos envies d'explorateurs. Mais la perspective d'un retour le vent dans le nez nous a incité à la sagesse. Bien nous en a fait,

car le jour d'après nous avons fait une superbe ballade avec un guide à partir d'un village de pêcheurs voisin, Ribeira da Barca, qui a également tiré une grande partie de ses richesses d'une source-cascade dans l'arrière pays : cultures de cannes à sucre, manioc, maraichage ...

et aussi de très beaux oiseaux, plus faciles à photographier que les premiers singes signalés par notre guide, mais dont nous n'avons vu que la queue !

Toujours sur la même île de Santiago, encore à une nouvelle demi-journée de voile un peu plus au nord, nous avons découvert le village de Tarrafal, très pittoresque par sa belle plage de sable blanc et ses cocotiers, et sur laquelle s'alignent les barques de pêcheurs multicolores.

D'ailleurs , nous avons assisté au retour de la pêche, depuis la paillote où nous dégustions, pieds dans le sable, un délicieux poulet-légumes-riz-frites. Il y a avait beaucoup d'animation : les femmes qui jouent aux cartes assises sur des rondins sous les cocotiers en attendant le retour des bateaux, les chiens qui se courent après, quelques enfants qui traînent, les allées et venues des uns et des autres pour vendre des gâteaux ou les premiers poissons pêchés ...

... jusqu'au moment où l'agitation s'est concentrée à une extrémité de la plage, avec des cris des femmes qui s'agitaient avec leurs bassines sur la tête. Nous avons fini par comprendre qu'elle étaient en concurrence pour avoir leur part de poissons, venant d'une barque tout juste remontée du rivage, au fond de laquelle gisait un épais tapis de poissons tous juste pêchés du matin.

Retour  vers le nord,  par une belle navigation de 20h travers aux alizées sur un autre Tarrafal, sur l'île de Sao Antao,  village de pêcheur très reculé. On y accède en effet soit par la mer au péril de se faire retourner par de grosse déferlantes sur la plage (ni port, ni jetée), soit par 3 heures de routes très escarpées, qui sont en réalité des piste de gros cailloux seulement praticables en 4x4. 

Mais nous avons découvert une fois de plus ce qui donnait sa raison d'être à ce village isolé : des sources d'eau abondantes, conduites dans des lévadas qui nous ont rappelé Madère,

et qui permettent ainsi de nombreuses cultures (ici un petit semis de d'oignons et de tomates dans une mini-terrasse le long d'une lévada) qui donnent à l'ensemble un sentiment d'une certaine "richesse", malgré l’extrême sécheresse des montagnes voisines et l'impression de pauvreté qui se dégage du reste du village.

Nous nous apprêtons maintenant à partir pour 2-3 semaines (a dit le cap'tain") de traversée vers la Barbade, la tête déjà pleine de souvenirs de beaux paysages et de découvertes.

BDG, SN

 PS: merci à tous pur vos commentaires qui nous encouragent à rechercher des connexions internet pour alimenter le blog. Simone

A bientôt aux Caraïbes !