La nuit, tous les chats sont gris
Sans doute qu'ici aussi mais on n'en croise pas beaucoup! On a déjà évoqué les algues bioluminescentes, qui pavent notre route et nous font voir d'où l'on vient. Elles illuminent aussi les crêtes d'écume au sommet des vagues. Si la lune est absente, l'univers horizontal se réduit aux quatre mètres carrés du cockpit, éclairé par les instruments et la lueur rouge de la boussole. On ne voit plus la houle, il faut la sentir, ou subir son chahut... Pendant la traversée, le ciel aura été plutôt couvert. L'exception existe et nous offre le magnifique spectacle de cette voûte céleste qu'il faut découvrir, apprendre, bien plus au sud qu'à notre habitude. Parfois les vagues s'entrechoquent et font un son différent qui attire l'oreille: y a-t-il quelque chose là? Jamais rien. Parfois, l'air se fait plus marin, plus crustacé ambiance poissonnier d'Astérix, peut-être quelques dauphins passés là en coup d'évent et repartis aussi secs. Une fois, il est arrivé qu'on arrive à les sentir avant de les voir, mais après 15 jours de mer, ce sont plutôt eux qui doivent nous sentir, et de loin! Parfois, un poisson-volant, aussi grisé que nous par l'immensité de son univers, aussi certain que nous que tout lui appartient, vole sans se poser de question et nous percute. Pas le bateau, mais nous, infime probabilité et pourtant: effrayant sur le coup... Quand la lune se lève, en croissant, demi ou pleine, les étoiles s'effacent un peu mais tout réapparaît: le bateau, les voiles, la houle derrière, l'océan devant. Se détache alors sur un fond argenté, l'ombre de ces oiseaux de haute mer qui nous auront accompagnés plus d'une semaine, présents à tous les quarts. Peut-être voient-ils dans le bateau un leurre à la curiosité des poissons et jugent-ils intéressant de rôder autour de nous. En tout cas durant tout ce temps, pas une touche sur la ligne. Ou plutôt si justement, puisqu'ils ont pour Melindeux un appétit non négligeable. A propos, un petit requin de 2m a essayé il y a quelques jours de s'en faire un apéritif: déception plastique pour une mâchoire auquel l'hameçon n'a pas accroché. Parfois aussi, si la lune est bien placée, elle projette en ombre chinoise sur le génois le profil agrandi de ces oiseaux quand ils viennent à planer derrière nous: les fantasmes de monstres marins ne sont plus très loin. Et puis les poissons-volants, toujours eux, tirent entre les vagues des flèches de lumière. Bonne nuit. Alexandre. Position : http://www.google.ch/maps/place/16.267632N,57.724082W
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Anonyme (non vérifié)
23 Mai 2014 - 12:00am
Alex! En un mot comme en 100:
Anonyme (non vérifié)
23 Mai 2014 - 12:00am
Ca y est, vous y êtes! Plus
Anonyme (non vérifié)
23 Mai 2014 - 12:00am
Mince, l'avis d'Alix a croisé
Anonyme (non vérifié)
23 Mai 2014 - 12:00am
Que c'est beau..On aimerait y
Anonyme (non vérifié)
23 Mai 2014 - 12:00am
C'était un peu triste à lire,
Anonyme (non vérifié)
25 Mai 2014 - 12:00am
je ne te connaissais pas ce