Santiago de Cuba

Posté par : Pierre
16 Février 2013 à 22h
Dernière mise à jour 11 Décembre 2014 à 15h
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Album correspondant : Santiago de Cuba

Enfin du vent de Nord-est après 10 jours d'attente.

Départ à 10 heures du matin, je sais ce n’est pas trop tôt mais on est en vacances. Moteur pendant 3 heures puis le vent arrive. La nuit aussi d'ailleurs, comme souvent en fin d' après-midi.

En fin d'après-midi une dorade énorme mord. Je la ramène mais elle se bat comme jamais. Il y en a deux comme souvent. Je dois avoir pris le mâle, mais la femelle suit exactement ses mouvements. Ça plonge, ressort va d'un bord à l'autre et finalement mon émerillon casse net. Damned.

On longe Long Island de nuit et au petit matin on est au large de Crooked Island. Je suis en forme et j'ai assuré la veille toute la nuit. En début d'après-midi on passe au Sud d'Aklins mais il arrive une ligne de grains et on passera six heures à naviguer au milieu des orages et de la pluie. Du vent fort puis plus rien, puis encore du vent puis plus rien etc etc. Vers 23 heures Jupiter allant voir ailleurs (cf Brassens le marchand de parapluie) les vents d'Est reviennent et au petit matin on arrive en vue de la plus Sud des iles des Bahamas: Great Inagua. Tove a fait le quart de 20 heures à minuit et moi le reste. On a fait  232 miles.

Great Inagua: comme les autres iles du Sud; Tout plat, très peu de végétation, 1500 habitants, mais un peu plus riche car il y a une énorme usine qui extrait du sel d'immenses marais salant. Donc les routes sont bien et les bâtiments un  peu mieux qu'ailleurs. Mais, comme à Cat Island ils ont pris Sandy de plein fouet. Il y a encore des toitures à réparer. L'autre spécialité de l'ile après le sel: les flamands roses. Mais il n'y a qu un guide motorisé et il est absent pour la journée donc on ne verra pas les flamingos.

Le vent est bon pour aller à Cuba donc on lève l'ancre à deux heures du matin, assez tôt pour pouvoir arriver à Santiago de Cuba de jour.

On galère au départ pendant six heures à cause de grains. Vent, pas vent, vent de face, puis d'arrière, bref pas le pied. Puis en matinée le ciel se nettoie (c'est donc son frère. Je sais elle n'est pas terrible).

Le vent s'établit à 15/18 nœuds de travers et c'est une super traversée.

On aperçoit la pointe Est de Cuba  qui est a 27 miles vers 11 heures. On la doublera en fin d'après-midi. Entre temps on aura aperçu Haiti à 47 miles.

On longera l’ile toute la nuit, à la voile et un peu au moteur durant les accalmies. On la longe d'un peu trop près même car en face de la célèbre base Américaine de Guantanamo on se fait sortir par deux vedettes à moteur. On est a deux miles de la cote, et les vedettes arrivent, projecteur à fond ce qui fait que on ne sait même pas a qui on eu affaire. Pas d'appel à la VHF. Uniquement vocalement ordre nous a été donné de faire cap au Sud pendant un mile puis de reprendre notre route. Motif: sécurity zone. Bien sûr on obéit sans faire les malins et 1 vedette nous accompagne jusqu'à la limite de la zone de sécurité.

A 11 heures du matin on accoste à la marina de Santiago de Cuba.

Nous avons parcouru 395 miles depuis Cat Island aux Bahamas.

On est le premier voilier arrivant du Nord après Sandy. Il y a devant nous un voilier basque de Bilbao. A son bord Joé, pompier à la retraite mais il arrive depuis Curaçao.

Une fois amarrés, le responsable de la marina nous dit gentiment mais fermement de ne pas sortir avant la visite du docteur qui va voir si nous sommes assez sains pour fouler le sol de Cuba.

Demi-heure après ce dernier arrive. Très cordial, on papote un peu puis voici son collègue démoustiqueur qui s'annonce. Hé oui faut pas importer de moustiques étrangers à Cuba. Mais nous, au dernier mouillage aux Bahamas on en a eu plein. Il en reste trois ou quatre mais il fait semblant de ne rien voir. On boit une bière et ils donnent l'autorisation à leurs collègues de monter à bord vu que nous sommes sains et démoustiqués.

D'abord la Guarda, genre de police de frontières: d'où on vient, ou on va, passeports, enregistrement du bateau etc., etc. Bref une heure de papiers, et tout à recopier en 3 exemplaires faute de papier carbone.

Puis l’immigration qui nous donne un visa d'un mois.

Puis la douane: 3 chiens à bord l'un après l'autre. Dont un labrador qui laisse des poils partout. Il y en a un qui s'est blessé à la patte(le chien pas le douanier) en se baladant sur le pont. Ils ne trouvent rien. C'est vrai que Emil et ses copains ne sont pas venu à bord depuis longtemps.

Après ça ils sont montés à huit à bord et la fouille a commencé. Ça a duré deux heures. Mais pas efficace. Dès que c'était un peu dur ils laissaient tomber. Par exemple, la couchette navigateur, ou mon coffre qui est assez grand et où il y a un bazar ou seul je me retrouve.

Par contre dans la cabine avant: tous les vêtements déplies et repliés, chaque poche inspectée (j' avais du sable dans une poche qui les a intrigué), chaque livre épluché, les bières des trois pack de 24 secouées une à une. Et dans le carré idem. La cuisine, pareil.

Et ça m'a couté 20$ en plus.

On a eu aussi la visite de la vétérinaire. Hé oui il faut contrôler les œufs et la viande en boite.

Puis une charmante dame: la phytosanitaire. Elle est chargée de voir si nos fruits et nos conserves sont sains. Très gentille elle nous fera même cadeau le lendemain d'une bouteille d’hippoclorito pour traiter l'eau. En effet elle n'est plus potable depuis le cyclone Sandy.

Ici il a frappé fort. Onze morts et des milliers de toitures envolées. Cela fait maintenant deux mois mais on voit bien les arbres déracinés ou les branches cassées. Et les Cubains en parlent beaucoup.

Dans tous les magasins ou banques ou autre il y a, à l'entrée, une personne qui vous présente une bouteille de savon avec un bouchon percé, puis après une bouteille d'eau idem pour rincer et pour finir un peu de chlore. Tout ça pour éviter le choléra et d'autres maladies tant que l'eau ne sera pas redevenue pure. Donc Sandy les occupe encore.

La marina est à 13 Km de centre-ville et il faut prendre le bus. Dénommé Gua Gua ici.

On nous dit qu'il passe à huit heures. Mais à huit heures quinze arrive Pédro qui habite en face de la marina. Lui il dit qu'il passe à neuf heures et entre temps nous invite à boire l’institution locale: le café cubano.  Sa femme Rosa nous propose de faire la lessive contre quelques dollars.

En fait Pédro a l'habitude des plaisanciers à qui il manque toujours quelque chose. Joe et lui viennent avec nous en ville. Finalement le gua gua arrive à dix heures. Faut pas se plaindre il y a des jours où il ne vient pas.

Ici tout est usé, cassé, maintes fois réparé. Même les maisons sont en piteux état à part quelques bâtiments au centre-ville.

On fait la queue à la banque pour changer des Euro. Ici il faut faire la queue pour tout. Bus, magasins, banque, téléphone. Le dernier arrivé demande: ultima? Et celui qui répond est celui qui te précède  d'une place. Comme ça il peut aller boire un café cubano et reprendre sa place.

Dans le pays il y a deux monnaies. Le CUC qui, depuis 2004, est la monnaie des touristes: on a 1,28 pour 1 Euro soit à peu près la valeur d'un dollar. Puis le peso cubano: on en a 24 pour un CUC. Et avec lui on achète tout ce qui est sur les marchés, et la nourriture vendue dans la rue style pizza ou autre.

Pour résumer pour nous: taxis, tout ce qui n'est pas indispensable (bière, coca cubain, musée, resto, carburant, marina) se paye en CUC et est assez cher, à peu près comme chez nous. Le reste, c'est à dire surtout toute la nourriture de base plus le bus se paye en pesos.

Exemple, ce foutu gua gua pour aller à Santiago passe à 9 heures le matin, mais souvent c'est entre neuf et dix, et ne coute que 0,20 pesos soit moins d'un centime d'Euro. Mais pour revenir quand tu es fatigué ou chargé de courses et que tu n'as pas envie d'attendre plus d’une heure tu prends un taxi qui vaut 7 CUC soit 5,6 Euro. Ce qui explique que les Cubains passent leur vie à chercher des CUC.

Et n'en ont donc que ceux qui sont en contact avec les touristes. Un Cubain gagne par mois en moyenne 15 Euro.  Cela explique aussi que beaucoup de profs ou ingénieurs bossent dans le tourisme. Ou ont ouvert un genre de chambre d’hôte ou de resto à la maison, les paladars qui sont autorisés depuis peu par le gouvernement.

Un repas au resto à touriste est au minimum à 15 CUC et une excellente pizza dans la rue a 5 Pesos soit 0,20 Euro. On voit bien que tout fonctionne à deux vitesses.

Et le touriste lambda n'aura jamais besoin de Pesos. A part nous pauvres marins qui avons besoin de frais, de pain et à qui il manque toujours une pièce ou qui avons besoin d'une réparation  quelconque.

Heureusement pour eux les soins sont gratuits ainsi que l'école. L'espérance de vie est la même qu'en Europe ce qui est plutôt rare dans ces régions.

La ville de Santiago possède de belles maisons coloniales, mais à de rare exception près, elles sont toutes en mauvais état. Mais la ville est très vivante, il y a du monde à toute heure et de la musique un peu partout.

On visite quelques musées dont deux liés à la révolution des Barbudos. Car c'est ici que tout a commencé.

On écoute pas mal de musique, on est dans la ville de Compay Secondo. Ici les concerts commencent en fin de matinée et ça continue jusqu'à deux heures du matin. Le samedi on fait une sortie le soir. Les rues sont bondées, beaucoup de jeunes et aussi beaucoup de familles avec enfants. Il y a de la musique dehors mais beaucoup d'électro et de reggaeton(mélange de reggae et de rap) , ce qui donne une autre image de la musique cubaine. Beaucoup de petits stands de nourriture de rhum et de bière. Ça rappelle un peu le Brésil mais bien que ce soit très gai il manque la joie de vivre des Brésiliens.

Il y a bien sur toutes ces vieilles voitures américaines des années 50, certaines  en bon état, d'autres complètement délabrées, mais qui roulent encore. Un vieux break nous ramène un soir à la marina. On est sept dedans. Je demande à voir le moteur: c'est un moteur de bus Toyota acheté et monté il y a 8 ans. Et il était d'occasion bien sûr.

En fait les Cubains manquent de tout à cause de l'embargo Américain qui les étrangle depuis 50 ans.

Mais ça n'explique pas tout: il y a aussi cette bureaucratie énorme et contre-productive qui fait tout trainer et entraine une perte de temps et d'énergie considérable.

Quant aux Cubains eux même, dès qu'on sort du centre-ville et de ses éternels vendeurs de faux cigares, faux rhum, de rabatteurs de taxis, ils sont très sympa et curieux. Comme le marina est dans un quartier très paumé et très pauvre on voit la vraie vie Cubaine.

On s'entend bien avec Pédro et Maria. Pédro nous aide pour les courses, pour changer la monnaie et nous solutionne tout un tas de problèmes. Il ne fait rien normalement, tout a la débrouille. Si on veut des fruits il ne va pas au marché mais dans la rue, la dinde de Noël vient de la montagne, etc, etc.

On passe la semaine avec un couple Américano/Canadien et on mange quasiment tous les soirs chez Pédro. En gros on offre la nourriture et le rhum et Maria cuisine parfaitement.

Ce qui nous permet en plus de voir les infos a la télé et de comprendre qu'ils sont vraiment coupés du monde au niveau information. Ils ne parlent que de Cuba ou de Chavez au Vénézuéla.

Le repas de Noël se passe chez Pédro et Maria puis le lendemain matin départ à 6 H30, direction les Jardin de la Reine sur la côte Sud de Cuba.

Emplacement

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