Bonito et le Pantanal

Bonito et le Pantanal

Posté par : Tanguy
27 Février 2015 à 13h
Dernière mise à jour 02 Mars 2015 à 13h
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Nous laissons le spectacle grandiose des chutes pour nous diriger, en bus cette fois, vers Bonito. Destination modèle de l'écotourisme brésilien, Bonito est vantée pour l'extraordinaire transparence de ses rivières, ses activités “aventure” et la chaleur de son accueil. Il y a tant à y faire que le capitaine s'y est réservé plus d'une semaine, histoire de pouvoir visiter les sites les plus emblématiques et profiter pleinement de cette nature si bien préservée.

Quelle déception! Plus un mètre de rivière, plus une cascade, plus un endroit un tant soit peu intéressant n'est librement accessible. Quel que soit l'”activité” sélectionnée, il faut un guide, un transport, et surtout, surtout réserver bien à l'avance, les places étant limitées. L'organisation est parfaite, centralisée, impossible d'y échapper. Tout est payant, et c'est cher. Regrettable, sûrement. Nécessaire pour protéger les lieux des ravages des touristes brésiliens encore trop peu sensibilisés à l'écologie, sans doute. Profitable, indubitablement.

Tout est aseptisé, sécurisé, encadré, surveillé. C'est énervant, mais compréhensible: Ca répond à la demande paradoxale de ces touristes qui cherchent l'"aventure", mais sans en accepter ni les imprévus, ni les risques, et qui sont prêts à payer cher pour être sûr que, tout compte fait, rien n'arrive. Résultat: On finit par tomber dans la caricature: pour une promenade de 900m à plat, un gardien format brésilien (lire: bien en chair) en uniforme impeccable se fend de tout un briefing de sécurité! Avec, en vedettes, la chute de l'appareil photo ou des lunettes de soleil, ou, en prime, une possible exposition aux intempéries! Des fois que...

Non, vraiment, ce n'est pas pour nous. Le capitaine se refuse à payer pour aller nager dans une rivière, aussi transparente soit-elle! Et ce, malgré la chaleur étouffante. Il fait 42 degrés! Quelques risées viennent heureusement sécher la transpiration. De gros cumulus s'élèvent dans le ciel, uniformément gris et mats même dans les hauts, taches antracite prenant peu à peu possession de l'azur, alourdissant encore plus l'atmosphère. Pour trouver un peu de fraîcheur, nous changerons de pousada et irons à l'auberge de jeunesse du coin qui, elle, dispose d'une grande piscine.

Heureusement, un couple de restaurateurs compréhensif aura la gentillesse de nous emmener une après-midi sur un bout de rivière dont ils sont copropriétaires, et nous nous rendrons à la “piscine municipale”, un bras de rivière transparente sur les berges de laquelle sont installés hamacs, lanchonetes (l'équivalent brésilien de nos baraques à frites)... et l'inévitable musique populaire brésilienne, à fond la caisse.

Ah, la musique populaire brésilienne! Ca c'est vraiment chouette! Et ca va toujours très, très fort! Tout le monde a sa sono, qui dans le coffre de la voiture, qui sur le toit, qui dans une charette à bras, mais tout le monde abreuve tout le monde de décibels à des volumes qui feraient bondir n'importe quel ORL occidental! Heureusement, il faut rendre à César ce qui appartient à César, ce sont des sonos de très bonne qualité, et la musique ou tout ce qui est balancé dans la rue est rarement saturé. Ca change de la Gambie...

Cette “piscine” est évidemment hyper-populaire, et, à petite dose, c'est franchement réjouissant: Les moustiques obligent à des plongeons inopinés, les singes empêchent quiconque de manger en paix, le thé glacé se partage avec force sourire, et le spectacle de jeunes gens en gilet de sauvetage, lunettes de soleil et casquette se laissant descendre dans le courant, effrayés par les poissons excités par des mies de pains lancées de la rive est hilarant. Grincheux s'abstenir!

Mais c'est finalement avec bonheur que nous quittons Bonito pour une destination dit-on plus “nature”, voire sauvage! Direction le Pantanal, un immense marécage dont on dit qu'il regorge d'espèces plus spectaculaires les unes que les autres. On ne sera pas déçus! Malgré l'organisation speedée et bien rodée de la pousada qui nous éberge, on profitera pleinement des piranhas (qu'on ira jusqu'à pêcher et manger, si, si!), jacarés (caïmans), capibaras, toucans, tapirs, tarentules, aras, coatis, iguane, fourmilier géant et bien d'autres qui seront au rendez-vous de nos balades à pied, pirogue ou voiture. Et puis il y a tout ceux qui nous auront fait rire ou sourire, comme ces grenouilles arboricoles qui sautent dans les hamacs pendant la sieste ou des perroquets qui viennent vous piquer la pitance dans l'assiette...

Logés confortablement dans des hamacs suspendus à l'étage d'un bâtiment dans l'ensemble plutôt spartiate et à l'hygiène franchement douteuse, séparés de l'extérieur seulement par une moustiquaire, on profite pleinement des bruits de la nuit, et surtout du concert matinal lancé par un oiseau très en voix qui semble posé juste à côté de nos couchages...

Nous terminons notre séjour par une ballade à cheval. Les enfants sur de grands chevaux maigres, Tanguy sur un petit cheval trapu – c'est une question de poids, paraît-il, l'ensemble avait drôle d'allure –, et nous voilà dans les herbes hautes à chercher des traces de jaguar, mais surtout, pour les enfants, à s'essayer à diriger leurs montures. Ce qui fonctionne plutôt bien! De retour au campement, l'un de nos hôtes fabrique aux enfants un bracelet en fibre d'une broméliacée cueillie la veille.

...et c'est reparti pour trois quarts d'heure de piste rectiligne en plein cagnard dans la benne découverte d'un camion hors d'âge! Au menu, soleil, poussière et cahots, avant de retrouver le confort du minibus climatisé qui nous amène à Campo Grande, d'où nous serons téléportés le lendemain à Brasilia.

Emplacement

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