Après le passage du mécano et une tomate-crevettes (Ostende oblige) et une tentative de départ avortée qui nous a vu mouiller en urgence dans l'avant-port d'Ostende, nous voilà de retour au ponton pour un second tour de mécanique. En dépit du bon sens, alors que les sauveteurs en mer étaient à côté de nous et prêts à nous aider, il a fallu faire venir une vedette de Blankenberge pour nous remorquer sur les 300 m qui nous séparaient du ponton. La raison? Pas d'urgence: la situation est sous contrôle puisque nous avons mouillé. Allez comprendre... Ca nous donne en tous cas l'occasion d'admirer le dévouement de ces jeunes volontaires qui se mettent au service des marins. Comme les pompiers...

Bilan: plein de crasses dans un des réservoirs (ça, on savait), et plein d'eau dans l'autre (ça, c'est une mauvaise surprise)! Et un moteur diesel, aussi robuste soit-il, n'est pas fait pour fonctionner à l'eau. Ca se saurait... Bon, vidange et rinçage des réservoirs, conduites, et autres filtres, remplissage des réservoirs avec quelques litres de diesel frais, et c'est reparti, la bonne cette fois! Direction Ouest! Enfin, à peu près, ou plutôt: au près. Louvoyons, louvoyons. Deux fois la distance, trois fois le temps, quatre fois la peine, dit-on. Après un passage remarqué devant Koksijde, on arrive à hauteur de Calais bien fatigués, trop pour commencer à enchaîner les virements de bord entre le Cap Gris-Nez et l'autoroute de la mer. Direction Calais, où nous nous prenons un coffre (amarrage sur bouée) et passons la nuit, avant de gagner le port le soir pour recharger les batteries du bateau et de l'équipage. Douches superbes, visite de politesse aux six bourgeois, et départ pour Boulogne... que nous décidons de dépasser, l'horaire étant favorable pour tenter de pousser jusque Dieppe. Long bord le long de la côte qui nous permet d'admirer les stations balnéaires de Picardie, pétole en baie de Somme, et c'est au Tréport que nous choisissons de rentrer, aux dernières lueurs du jour, et aux premières illuminations des falaises... féérique! Visite de la plage, leçon de géologie appliquée avec les galets de silex, l'érosion des falaises, etc, visite du funiculaire, petite leçon d'histoire et retour au bateau pour un départ le lendemain plutôt agité vers Cherbourg.

Longue, longue navigation. Trente heures au plus près dans 1 à 2 mètres de creux. Partis du Tréport, on traverse une partie de l'autoroute de la mer histoire d’apercevoir les côtes anglaises, avant de virer de bord pour profiter d'une rotation du vent qui nous amène en vue des plages du débarquement. Juste de quoi mesurer l'exploit de ceux qui ont fait le même chemin il y a presque septante ans... Nouveau virement de bord... et passage d'un front inattendu, avec la pluie et le vent de circonstance. Ca rince les voiles, le bateau... et le skipper! Le matin nous amène un ciel immaculé, et la journée magnifique qui suit nous voit arriver à Cherbourg avec le courant... et sans moteur!!! Coup d'adrénaline, volée de jurons, il ne reste qu'à mouiller à la voile entre la zone militaire et le brise-lame, un mouchoir de poche... Mais on s'y est glissés!

Résultat des courses: deux moteurs pleins d'eau! Et décidément, de l'eau dans des moteurs censés tourner au diesel, ça ne marche pas! Apparemment, le bateau n'aime pas rester trop longtemps à la gîte, ce qui expliquerait les problèmes déjà régulièrement rencontrés. Deux vannes devraient faire l'affaire, essais les prochains bords de près, pas tout de suite si tout va bien... Enfin, tout ça donne l'occasion à Tanguy de suivre un cours pratique et appliqué accéléré sur les moteurs...

Prochaines destinations: les îles Anglo-normandes puis la Bretagne!