Présentation du projet Plankton Planet, un projet d’océanographie 2.0 dans la continuité de Tara-Oceans
Vous qui vous êtes émerveillés à la vue du sillage phosphorescent de votre bateau par une belle nuit de navigation, que diriez-vous de contribuer à la compréhension de ce monde mystérieux ?
L’océan est le plus vaste écosystème sur Terre. Son extraordinaire richesse repose sur le plancton, un ensemble hautement diversifié de microorganismes qui colonisent l’ensemble des océans et dérivent au gré des courants. Le plancton produit grâce à la photosynthèse la moitié de l’oxygène présent dans l’atmosphère (autant que les forêts) et permet la séquestration d’une grande partie du CO2 atmosphérique, garantissant ainsi un équilibre essentiel à la vie sur notre planète. Il est également à la base de la chaîne alimentaire dans les océans.
Et si je vous disais que vous, simple navigateur, pouvez aider à mieux comprendre ce monde incroyable en permettant aux scientifiques d’acquérir les données qui leurs font défaut ?
C’est l’idée ingénieuse d’un groupe de scientifiques ayant participé au programme Tara-Oceans (2009-2013 — www.taraexpeditions.org) qui vous propose aujourd’hui de contribuer à l’étude de l’évolution spatio-temporelle du plancton.
En effet, les prélèvements réalisés à bord du voilier Tara ont permis, grâce à des analyses moléculaires de fragments d’ADN, de constituer un annuaire des virus, bactéries, protistes et métazoaires qui composent le plancton à travers toutes les mers du monde et de mettre en évidence leur incroyable biodiversité, une richesse totalement insoupçonnée jusqu’à ce jour.
Les premiers résultats ont été publiés dans un numéro spécial de la prestigieuse revue Science — Marine biodiversity surveyed by the schooner Tara, Science — le 22 mai 2015
Vous pouvez trouver un résumé ici : http://planktonplanet.org/?p=17418&lang=fr
et une vidéo
https://www.youtube.com/watch?v=tClNUf7UoVQ
Cependant, malgré ces nouvelles découvertes, on ignore encore totalement comment cette biodiversité évolue au cours du temps et dans l’espace, en fonction des courants, de la température, de l’acidification progressive des océans et de la pollution.
Et donc, quoi de plus efficace pour multiplier ces prélèvements que de solliciter les centaines de plaisanciers qui sillonnent en permanence toutes les mers du monde ?
Les techniques de séquençage de l’ADN à haut débit permettent aujourd’hui de traiter un très grand nombre d’échantillons simultanément et de dresser un catalogue de toutes les espèces présentes dans une masse d’eau, en les concentrant sur un simple petit filtre à l'aide d'un filet, d'un filtre, d'une pompe à vide, et......d'une poêle (!) le tout dans un laboratoire qui ne sera autre que l’évier de votre cuisine !
Le projet Plankton Planet (http://planktonplanet.org/) va solliciter la contribution de nombreux navigateurs du grand large dans les années à venir.
Une étude pilote sur l’année 2015, menée avec une trentaine de voiliers, arrive bientôt à son terme.
Un kit, ultra simple ne nécessitant ni produits chimiques, ni énergie et permettant de collecter le plancton sur un filtre a été mis à disposition des navigateurs volontaires : les Planctonautes. Actuellement, 222 filtres ont été collectés. La moitié a déjà été traitée dans le laboratoire du CNRS de la Station Biologique de Roscoff (extraction de l’ADN contenu sur les filtres et son séquençage) et les résultats seront très bientôt disponibles.
Pour l’année 2016, l’équipe de Colomban de Vargas, qui pilote ce projet, est à la recherche de plaisanciers volontaires naviguant dans les zones polaires et subpolaires (sur la période de 2016-2018) et souhaitant participer à l’opération Polar Plankton. Quelques volontaires se sont déjà manifestés, mais il reste à trouver de 15 à 20 bateaux, dont les trajets seraient répartis équitablement entre le pôle Sud et pôle Nord.
L’équipe recherche également des bateaux qui programment une traversée transatlantique ; les deux sens les intéressent car il s'agira d'échantillonner sur la boucle complète Est-Ouest.
Ils ambitionnent d’équiper une centaine de bateaux au total. Ce nombre dépendra en grande partie des financements qu’ils pourront obtenir pour l’achat du matériel indispensable à la constitution des kits. Cependant, les navigateurs potentiellement intéressés peuvent d’ores et déjà se manifester. Ils seront recontactés dès l'année prochaine pour un lancement de ce programme en 2017.
Si vous souhaitez participer à l’un ou l’autre de ces projets, merci de m’envoyer un courrier à sciencesetoceans@stw.fr, je transmettrai vos demandes
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Jean-Yves
8 Novembre 2018 - 4:15pm
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