Le multi, c'est le bateau rêvé pour de vraies vacances!
Le multi, c'est le bateau rêvé pour de vraies vacances!
Dans un monocoque, il arrive forcément un moment où la promiscuité et le manque d'espace pour préserver un peu d'intimité se font sentir, à moins de posséder le Phocéa ou un bateau de ce genre. (Le propriétaire d'un tel bateau ne va pas lire ces lignes, alors, entre nous, nous parlerons de bateaux dont la taille reste dans le raisonnable).
Sans vouloir faire une comparaison absolue entre un monocoque et un multicoque, je vais essayer, sans être totalement certain d'être objectif, de donner quelques arguments en faveur du catamaran puisque la question nous est souvent posée: '' Pourquoi avez vous choisi un catamaran?' '
Cette question semble normale venant d'un ami qui ne pratique pas la voile et qui s'interroge, cela mérite une réponse. Mais lorsque la même question vient d'un plaisancier habitué au monocoque, ce n'est pas une réponse qu'il faut donner, c'est une mise au point!
Dernièrement encore, un voisin de ponton me demandait si on ne risquait pas de chavirer avec notre cata. La preuve qu'il faut donner quelques explications.
Tout d'abord, Il faut pour répondre à cette question voir les choses sous deux aspects différents:
Premièrement, l'aspect utilisation au port ou au mouillage : l'espace offert à bord synonyme de confort.
Deuxièmement, l'aspect utilisation en mer : la facilité de navigation, de manœuvre.
Bien évidement la question du ''pur plaisir de la voile'' se pose et pourrait faire l'objet d'un autre article, mais ici nous parlons de croisière côtière ou hauturière pendant lesquelles le temps de navigation est bien inférieur au temps passé à bord, que ce soit dans un mouillage sauvage ou dans une marina.
Commençons par le premier point, celui du confort :
Dans un multicoque, il y a de la place pour tout le monde, chacun à son espace, la coque bâbord pour les enfants et la coque tribord pour les parents par exemple. Avec une ou deux salles de bain et surtout le carré situé entre les deux coques, dans la nacelle centrale, avec vue imprenable, pratiquement à 360° sur tout l'horizon. On est bien loin du carré d'un monocoque situé ''à l'étage inférieur'' , 5 à 6 marches en contre bas du cockpit, pour ne pas dire en sous sol. Avec dans le meilleur des cas, une vue possible de chaque coté par de minuscules panneaux. Sans parler de la ''descente'' qui isole totalement l'espace habitable du cockpit, laissant le cuisinier ou la cuisinière a ses obligations tandis que le barreur profite seul des ''joies'' de la navigation. Et quand je dis profite, c'est aussi bien profiter des embruns, de la pluie que du plaisir d'être sur l'eau.
Sur un cata, la convivialité, c'est autre chose. Entre le carré et le cockpit situés au même niveau, on peut communiquer, circuler, se voir, se parler. Souvent sur un cata le cockpit est abrité par un bimini rigide qui agrandit l'espace disponible, protégé de la pluie ou du soleil. De plus sur un cata, à longueur égale, on a deux fois plus de place avec la hauteur sous barreau partout.
Que dire maintenant du trampoline situé à l'avant entre les deux coques. Ce sont les enfants qui en parleraient le mieux. Si cet espace est pris d'assaut par les enfants dès leur montée à bord, on peut dire que ce n'est pas un espace qui leur est uniquement réservé. Je connais bien des adultes qui savent goûter au plaisir d'une sieste, bien calés sur ce filet, qui bien souvent suscite un peu d'inquiétude lorsqu'on s'y aventure pour la première fois. Comment vais-je garder l'équilibre? Quelle sensation vais-je ressentir? A quoi vais-je bien pouvoir me tenir? Ces hésitations et ces questions ne durent qu'un instant car l'endroit est vite prisé pour le bain de soleil ou pour y trouver un peu de fraicheur car une ventilation naturelle se met en place entre les mailles du filet.
La fraîcheur, on la trouve également lorsque la mer se creuse un peu et que les embruns vont inexorablement, tôt ou tard, passer eux aussi entre les mailles du filet pour arroser les imprudents qui sont restés aux premières loges pour profiter du spectacle. Généralement, le capitaine conscient de ce qui se prépare, commence à savourer le moment qui va provoquer sur l'équipage au repos sur le trampoline, les cris de surprise pour ne pas dire de désarroi. Il faut bien garder un souvenir de la sortie en mer.
Passons maintenant au deuxième point, celui de la facilité de manœuvre:
La stabilité est un avantage. Finie la gîte sur un cata. Plus besoin de tout caler, ce qui peut devenir parfois une erreur fatale car s'il n'y a pas de gîte due à la force du vent dans la voile, l'état de la mer peut évidement secouer le cata comme tous les bateaux.
Beaucoup de personnes veulent faire un tour en cata, alors qu'une sortie en monocoque fait davantage réfléchir, la peur de la gîte sans aucun doute.
Naviguer à plat est plus sécurisant, d'autant que la place sur le pont ne manque pas.
Plus de place également dans le cockpit pour accéder à toutes les manœuvres.
Plus de facilité pour manœuvrer dans un espace restreint avec un moteur dans chaque coque, le cata pivote sur place. Marche avant d'un coté et marche arrière de l'autre et le tour est joué, la barre à roue devant rester bloquée pendant la manœuvre afin de simplifier les choses.
Cela ne veut pas dire que ce soit pour autant si facile que ça car il y a plus d'inertie, plus de prise au vent, plus de fardage. Si on n'a pas une barre centrale, le coté opposé au poste de barre est loin du barreur avec une vue souvent approximative ce qui complique sa tâche pour s' amarrer par exemple.
Dernier mot à propos de la motorisation, deux moteurs diminuent le risque de panne mécanique ce qui n'est évidemment pas à sous estimer.
Parlons maintenant un peu voile :
Les sensations ne sont pas les mêmes c'est évident et le nier rendrait toutes comparaisons partiales.
Faire du cap au près avec un mono c'est quelque chose pour le barreur et pour les équipiers qui en veulent, c'est certain. Mais franchement, en navigation familiale, combien d'équipage vont préférer le près aux allures portantes? L'allure portante est l'allure reine pour le cata, non pas que le cata ne remonte pas au vent, des progrès ont été fait depuis déjà longtemps, mais c'est le mode de vie à bord qui veut cela : pas de stress, profiter de la vie à bord et voilà tout. Dans ces conditions l'usage du spi amuré sur les deux étraves sans besoin de tangon est un plus. Pour simplifier au maximum, pour notamment un équipage réduit (ou vieillissant), le génaker sur emmagasineur est idéal. Bien souvent par paresse, pour de petite distance, nous déroulons seulement le génaker sans hisser la grand voile, et souvent nous marchons à 4 ou 5 Kts sans effort ni pour rouler, ni pour dérouler la voile.
Les places de port sont chères pour les catas, c'est vrai, le prix à longueur égale avec un monocoque est souvent multiplié par 1,5 ce qui est dissuasif surtout en pleine saison. Mais le cata est idéal pour le mouillage sauvage depuis 4 semaines, nous ne sommes allés qu'une fois dans une marina.
Je n'ai pas parlé des performances : pour le près, faut-il absolument faire du cap ou abattre de quelques degrés pour retrouver de la vitesse? La question reste posée mais en croisière on n'est pas en régate bien que l'on a toujours envie d'aller plus vite que le voisin. Et s'il faut à tout prix faire du cap pour se dégager d'une côte sous le vent, rien n'interdit de faire un peu de moteur au flotteur sous le vent car le cata ne gîte pas et le moteur peut tourner sans dommage. Pour les allures débridées, je n'irai pas jusqu'à dire que le cata est une bombe, cela dépend de sa conception, de son poids qui le plus souvent est élevé pour un cata de croisière où l'on veut trop souvent le charger au maximum pour le sacro-saint confort à bord. Quoiqu'il en soit, c'est son allure préférée et le sillage témoigne souvent qu'il ne se traîne pas!
Un mot avant de conclure sur la sécurité, en cata, on navigue différemment, il faut absolument réduire avant d'y être obligé car ce n'est pas la gîte qui donne l'alerte mais plutôt l'expérience du skipper.
Voilà quelques réflexions pour répondre aux personnes qui se demandent pourquoi avoir choisi un cata. Alors convaincu? Ce n'était pas notre but mais expliquer, informer, certainement.
Ces propos personnels, ont également été inspirés par un article paru dans le programme officiel du salon des multicoques de Lorient de 2010 sous la plume de Delphine Fleury.
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