Le carnet viking - Anita Conti - Editions Payot

Le carnet viking - Anita Conti - Editions Payot

Posté par : LIVRES DE MER
11 Septembre 2018 à 19h
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  Note de lecture :

“le carnet viking” Quel bon livre !

Les notes d’Anita Conti sont restées très longtemps dans un coffret. A son retour de campagne de pêche sur Viking, chalutier fécampois, 20 août 1939, les préoccupations sont d’un tout autre ordre. La guerre sera déclarée début septembre.

 En 1960 Anita reprend ses carnets et c’est cette très belle publication que nous découvrons aujourd’hui. Les notes –et les photos- d’Anita Conti sont d’une richesse passionnante. Sur un quotidien multiple et en même temps unique. La vie des hommes de la campagne transformés en pêcheurs, à la tâche violente et automatique ; travail à la chaine, loin de tout , près du froid, du ciel, des couleurs de l’eau, du bateau, des poissons… des humains déguisés pour trois mois, des odeurs, des ordres, des éclairs, des brumes, des échanges humains –rares- et des chansons connues par tous. Les marins voient-ils encore quelque chose. ? Et puis La TSF Superbe découverte !

Ce témoignage est d’autant plus intéressant qu’il s’inscrit dans une problématique récurrente depuis cette époque. De plus en plus de chalutiers et une ressource halieutique qui s’appauvrit et dont la qualité fait parfois défaut. Il faut aller toujours plus loin sans avoir l’assurance de trouver des morues de tailles acceptables. Lorsque les ébreuilleurs les étripent, ils trouvent de plus en plus souvent des estomacs vides. A l’issue de sa campagne sur le chalutier Viking, Anita Conti remet un rapport au directeur de l’Office scientifique et technique des pêches maritimes présentant entre autre les avantages à se rendre en mer de Barents et à l’île aux ours  pour pêcher la morue. Elle y évoque également les résultats des campagnes précédentes. 

Ces carnets sont très bien écrits et c’est un véritable plaisir que de les lire. Les phrases sont courtes, empreintes de poésie. Anita Conti est extrêmement sensible à la lumière, à la couleur et ses nuances. Blanc de la lumière du jour qui ne s’éteint jamais complètement sous ces latitudes, rouge du sang des poissons, vert des tripes, etc.. Elle est également sensible aux odeurs qui se cumulent sur un chalutier de la taille de Viking, odeurs liées aux hommes, mais aussi au poisson, au moteur, etc.  Tout le carnet est émaillé de descriptions liées au ressenti. Nous vivons avec elle sur Viking et partageons les angoisses des marins pêcheurs liées aux déchirures du chalut, à l’inquiétude de ne pas trouver la morue après laquelle on court, à l’absence des familles, etc.. La sensibilité d’Anita Conti apporte une ouverture sur d’autres hommes qui ne sont pas si étrangers aujourd’hui,  à nous qui la lirons dans nos maisons avec canapé et frigo !

Et puis, la préface –pour nous forcément émouvante- de Catherine Poulain qui ouvre l’accès au monde insolite de la pêche en Atlantique nord (encore plus en 1939), quoi de plus logique que de lui demander à elle de préfacer cet ouvrage. Après avoir hésité, Elle le fait avec beaucoup de talent et toute l’admiration qu’elle a pu porter à Anita Conti. 

 

Françoise Tran et Brigitte Eude pour la commission Livres De Mer

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