Note de lecture :

« Ma vie de marin a commencé dès mon plus jeune âge…mais voila, je n’avais encore jamais franchi le Cap Horn. J’entretenais donc depuis si longtemps un vieux rêve de marin … ».

Dans la bibliothèque bien fournie des récits de voyages hauturiers, ce livre est original à plus d'un titre. D’abord le format qui est celui d'un album 22x32 cm à l'italienne, dont chaque page de droite est une splendide photo. Le texte en regard correspond à une page de blog centrée sur un événement. Il en résulte un texte concis qui se limite à quelques coups de projecteur sur des épisodes significatifs ou des émotions marquantes.

Original, ce voyage l'est également par l'itinéraire (une boucle autour de l'Amérique du Sud pour passer le Cap Horn).  Fanch Guillon nous relate toute sa navigation en solitaire qui débute en octobre 2012 de Royan et se termine à Sète en fin d’année 2015 après un franchissement du « Cabo de Hornos » le 26 juillet 2013.

 Par le bateau (un ordinaire Sun Fizz des années 80), un voilier de série au doux nom de  «Chanic » qui va devenir sa compagne au fil des milles parcourus, à laquelle il s’adresse en permanence.

Et par le skipper (un sexagénaire solitaire).

 Et peu habituelle est la somme d'incidents et d'avaries intervenus au long de ces 22 000 milles. Voiles déchirés, étais et enrouleurs cassés à plusieurs reprises, pilotes rendant l’âme régulièrement jusqu'à la découverte des régulateurs d'allure, semblent pointer une certaine inexpérience marine.  Finalement, le Horn ,il ne le verra pas , parce qu’il sera obligé de le passer à 30 milles dans son sud en raison d’une météo démentielle qui se traduira par des vents à 50/70 nœuds , des vagues déferlantes énormes, dont l’une couchera Chanic.

Le récit, passionnant, montre combien Fanch Guillon avait la volonté constante de se dépasser pour se confronter à cette nature maritime qui est parfois d’une grande violence

Mais l’inexpérience est assumée et dépassée par Fanch Guillon, un homme attachant dont on retiendra le courage, la force d'âme et une énergie formidablement tournée vers la vie et le positif.

Un livre agréable à lire et à re-feuilleter régulièrement. Ce carnet de voyage donne envie au lecteur d’aller lui-même détacher les amarres sans avoir forcément un objectif si ambitieux…

Merci à Fanch Guillon, de nous avoir fait vivre son exceptionnelle aventure et de faire rêver tous les amoureux de la mer.

Jean-Michel Sautter et Jacques Rey pour la commission Livres De Mer